Latin et grec ancien à Daubigny

Journal du voyage en Campanie

Vous trouverez dans cette catégorie des nouvelles du voyage en Campanie, du 6 au 11 mars 2017.

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Vendredi 10 mars : journée 100% napolitaine

19mars

Ce matin, le réveil est plus difficile : il faut se lever plus tôt pour ranger toutes les affaires et ne rien oublier. Nous quittons l'hôtel avec regret, et rangeons nos valises dans la soute, pour ne les retrouver que samedi soir.

Direction Naples, et son Musée archéologique dans un premier temps. Nous avons un peu de retard, et commençons notre visite par la galerie Farnese, au rez-de-chaussée.Les élèves sont impressionnés par les statues colossales, réunies par le pape Paul II (Alexandre Farnèse) et issues des fouilles des thermes de Caracalla au XVIe siècle, comme l'Hercule Farnese ou le taureau prêt à piétiner Dircé. La nudité des statues les perturbe un peu, et la Vénus callipyge ne suscite guère l'enthousiasme, malgré tous ses efforts...

Ils retrouvent leur intérêt en passant à l'étage, devant les mosaïques aux tesselles minuscules : le memento mori avec la Roue de la Fortune a été vu par certains en cours de français, et ils admirent la gigantesque mosaïque de la bataille d'Issos, où Alexandre le Grand affronte Darius, qu'ils ont vue reproduite sur le sol de la Maison du Faune à Pompéi. Mais l'intervention inexpliquée d'une gardienne hystérique jette un froid ; les élèves ont pourtant un comportement presque irréprochable, mais les préjugés contre les touristes français ont la vie dure...

Fait rarissime au musée archéologique : toutes les salles sont ouvertes ! Nous pouvons donc visiter les salles où sont exposées les statues de bronze provenant de la Villa des Papyrus, à côté d'Herculanum, avant de passer dans le grand salon, salone della meridiana. Un cadran solaire au sol, permet, à midi, d'indiquer la période de l'année et le signe du zodiaque correspondant. La majesté de la salle est impressionnante, mais la fatigue et la lassitude gagnent du terrain chez élèves, qui se précipitent à l'assaut du moindre banc. Nous les entraînons néanmoins dans les galeries consacrées aux fresques, où ils retrouvent "en vrai" la plupart des illustrations croisées dans les manuels ou présentées en cours, telles les fresques du mont Vésuve, de la poétesse Sappho, de ce couple d'érudits ou des combats devant l'amphithéâtre de Pompéi.

Nous terminons la visite (qui aura duré 3h !) par la maquette de Pompéi, et par les salles d'objets issus des fouilles : verres miraculeusement conservés, objets du quotidien comme ces clés de bronze, statuettes de dieux Lares destinées au culte domestique...

L'après-midi est consacrée à une promenade dans Naples. Nous nous rendons tout d'abord au Duomo, où est conservé le trésor de San Gennaro, évoqué en SVT, puisque son sang, et le "miracle" de sa liquéfaction, est censé protéger les Napolitains de l'éruption du Vésuve. Le baroque éclatant de l'église fascine les élèves, et la chapelle de l'ancienne basilique avec sa mosaïque paléochrétienne offre un contrepoint intéressant.

La balade se poursuit, entrecoupée de longues pauses pour acheter des souvenirs dans les boutiques de la Via Tribunali, l'ancien decumanus major de la cité grecque devenue alliée romaine en 326 avant notre ère. Les élèves achètent des pâtes de Gragnano, où était situé notre hôtel, du limoncello pour les parents, des pendentifs en forme de piment rouge, réputés protéger du mauvais oeil, et plus généralement tout ce qui arbore l'inscription ITALIA... Nous nous arrêtons sur la piazza del Plebiscito, devant l'église San Fransceso da Paola, qui mêle le dôme du Panthéon de Rome et les ailes de la basilique Pierre et Paul du Vatican.

La nuit tombe sur Naples, dont nous avons apprécié le pittoresque en empruntant la via Toledo le long des quartiers espagnols. Après être passés par le port, où le vent manque d'emporter les élèves, nous jetons un dernier coup d'oeil au Castel Nuovo (pas si neuf que cela car construit en 1280 par Charles d'Anjou) et nous regagnons la pizzeria Ciro a Medina. Chacun se régale d'une pizza Margherita, cuite au feu de bois, la pizza traditionnelle inventée à Naples en 1889 en l'honneur de la reine d'Italie Marguerite. 

Notre chauffeur Pascal nous a rejoint au restaurant et nous guide jusqu'au car, où nous nous installons aussi confortablement que possible, pour une nuit plus reposante, selon les élèves, qu'à l'aller.

Jeudi 9 mars : une journée digne du héros Hercule

10mars

La journée a commencé avec l'expédition tant attendue par les élèves : l'ascension du Vésuve ! Le temps était idéal et promettait une vue dégagée.

Comme tout au long du séjour, les Italiens ont été très serviables : une voiture a permis à l'ensemble du groupe de parvenir au sommet. La montée pour les piétons fut rude ! Nous étions en nage en arrivant à 1180 m, mais un petit vent froid a eu tôt fait de nous rafraîchir ... Le guide qui nous attendait était très clair et intéressant : il a présenté dans un français impeccable l'histoire du Somma et du Vésuve. Les élèves ont vu un guide descendre dans le cratère pour effectuer des relevés, fragile point rouge évoluant à 230 m au-dessus du vide, attaché par une simplement corde. Nous avons tous ramassé des pierres (le Vésuve a dû perdre 1m de hauteur après notre passage ...), et les élèves apportaient leur butin à Mme Gesnouin pour que, munie de sa loupe, elle identifie les minéraux. Le panorama était exceptionnel, embrassant toute la baie de Naples et celle de Pouzzoles, de Capri à Cumes.

La descente s'est  bien déroulée, entrecoupée de haltes pour acheter des souvenirs, prendre quelques photos et, surtout, continuer notre razzia de cailloux !

Commentaires des élèves à l'issue de l'expédition : "c'était grave bien !" (ndlr : une matinée enrichissante à tous points de vue).

Nous avons ensuite pique-niqué à l'ombre des oliviers et des grenadiers devant le site archéologique d'Herculanum.

La visite s'est déroulée sous un soleil radieux : le contraste avec la température en haut du Vésuve et l'absence de coins ombragés ont occasionné quelques coups de chaud, heureusement sans gravité. 

La progression était ralentie par d'autres groupes de visiteurs, bien plus bruyants que nos élèves ! 

Nous avons néanmoins pu admirer une cité mieux conservée que Pompéi, avec ses maisons à étage, ses balcons, et son mobilier carbonisé par les nuées ardentes.

Nous avons été troublés par la vue d'une centaine de squelettes regroupés sous les voûtes de la ville : les malheureux habitants d'Herculanum avaient tenté de trouver refuge dans les entrepôts portuaires qui longeaient à l'époque la mer, mais les nuées ardentes les ont saisis et les ont figés dans des positions qui révèlent l'horreur de leur mort.

Revenus de nos émois, nous sommes repartis, au pas de course, pour le Musée archéologique virtuel, où des reconstitutions numériques ont permis aux élèves de mieux appréhender la vie quotidienne des habitants des cités antiques croisées lors de notre périple.

Dans le bus, Louise a animé avec brio la route du retour grâce à des quizz sur les dessins animés et Harry Potter !

 

Mercredi 8 mars : une journée d'un jaune chaleureux

8mars

Réveil à 7h, les élèves ont passé une bonne nuit. Les visages sont reposés et souriants. 8h, un bon petit-déjeuner copieux est servi dans la belle salle blanche de réception de l'hôtel degli ulivi.

Départ en ce matin ensoleillé en direction de la villa d'Oplontis, la villa de Poppée. Sur la route, nous croisons des vendeurs ambulants de bouquets de mimosa (ndlr: jaunes, donc). Nous nous interrogeons ...

Nous découvrons un espace grandiose, riche de fresques encore resplendissantes de couleurs chaudes, à la mesure de l'épouse de Néron, l'empereur de la Domus Aurea  (ndlr : la Maison Dorée).

Sous le soleil de midi, nous pique-niquons face à la villa. Les élèves en profitent pour travailler sur le carnet de voyage, et se prennent rapidement au jeu. L'heure du départ vers Cumes approche, un policier municipal au charme et à l'élégance italiens prend l'initiative de nous escorter et de faire la circulation afin de faciliter notre montée dans le car.

Nous avons la réponse concernant le mimosa ! La tradition en Italie est d'offrir un bouquet de mimosa aux femmes de son entourage pour la journée des droits de la femme.

Après notre passage dans l'obscurité de l'antre de la Sibylle, la visite du site archéologique de Cumes se déroule sous un soleil éclatant. La lumière est éblouissante, les dieux dont nous visitons les temples, Apollon (ndlr : dieu du Soleil) et Jupiter sont avec nous ! Le panorama qui s'étale sous nos yeux est tout simplement d'une beauté extraordinaire : la mer, les oliviers, la lumière, la montagne et les vestiges, tout cela nous rappelle que Cumes est une cité grecque.

Les gardiens du site sonnent la fin de la visite. Sur le chemin du retour, les vendeurs de mimosa se font rares. C'est le moment d'un cours de géographie sur la ville de Naples : l'autoroute, frontière entre le monde des affaires et les zones urbaines défavorisées. A notre arrivée à l'hôtel, c'est notre serveur à la cravate jaune qui nous accueille ! Le même serveur nous proposera plus tard, à la fin du dîner, le traditionnel limoncello ...

Mardi 7 mars : une journée qui a du pompéiench

7mars
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Toute la nuit, les élèves se sont montrés bienveillants et courtois les uns vis-à-vis des autres, respectant le sommeil de chacun. Le réveil fut cotonneux mais pas ronchon. L'arrivée à Pompéi nous offrit un premier aperçu d'espaces marginaux (ndlr : des bidonvilles) en périphérie de Naples.

Le chauffeur, Pascal, nous permit de prendre un petit-déjeuner à l'abri des intempéries dans le bus.

Quelques averses n'ont pas altéré la curiosité et la soif de découverte des enfants, qui ont vu l'amphithéâtre, le jardin des fugitifs, avec ses corps moulés dans le plâtre, le théâtre, l'odéon, les thermes de Stabie, les façades de maison peintes de slogans électoraux, le forum sous l'ombre du Vésuve, le temple d'Isis, celui d'Apollon, le temple de la Fortune Aguste, la maison des Vetii, la maison du Faune, les nécropoles de la porte d'Herculanum, les routes pavées, avec leurs passages piétons surdimensionnés, la foulonnerie de Stephanus, du mobilier d'époque, très rare, le lupanar, pour finir par la Villa des Mystères, où les élèves ont retrouvé un minuscule dieu Thot perdu dans le tablinum et un dessin qui est peut-être la première caricature connue.

Toutes ces visites se sont faites sous la surveillance scrupuleuse d'un authentique pompéiench (ndlr : chien errant à Pompéi) !

 

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Lundi 6 mars : 24 heures dans un car

7mars
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Tels des Jack Bauer de la route, nous avons affronté des éléments déchaînés : bourrasques de vent à plus de 120 km/h, pluies torrentielles, et tempête de neige au passage du col du Fréjus. Les enfants (et certains accompagnateurs) étaient ravis de faire une bataille de boules de neige, mais « malheureusement », la neige avait fondu à l'arrivée en Italie.

La première halte en Italie est un pique-nique nocturne sous un ciel étoilé. S'ensuit une nuit acrobatique, donc courbaturée pour les accompagnateurs, et peu reposante l'ensemble des voyageurs.

Tandis que d'autres ronflaient, certains découvraient, à l'occasion du passage de relais entre chauffeurs, les graffiti bolognais, témoins d'une tension revigorante dans l'appropriation du territoire urbain.