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Nous avons eu la chance de pouvoir interviewer un astronome français, Vincent Coudé du Foresto. Il travaille à l'Observatoire de Meudon.

Voici ses réponses à nos questions :

 

1) Qu’est ce qui vous a donné envie de devenir astronome ?
On pourrait dire que je suis tombé dedans quand j'étais petit ! J'ai toujours été passionné par les étoiles... Enfant j'étais astronome amateur, adolescent j'ai construit mon propre télescope, et j'ai toujours voulu en faire mon métier.


2) Quelles études avez vous suivies ? Ont-elle été rudes ?
J'ai fait un baccalauréat scientifique (série C, équivalent à S maintenant), puis Math-Sup, Math-Spé, une école d'ingénieur physicien à Marseille, un DEA (qu'on appelle Master maintenant) d'astrophysique et techniques spatiales à l'observatoire de Paris, puis une thèse... C'est long (bac+12 à la fin de la thèse!) mais, via les stages, j'ai commencé à travailler dans le milieu de l'astronomie professionnelle dès la troisième année d'école d'ingénieur (donc au niveau bac +5), ce qui est très motivant. Le plus dur était l'année de Math-Spé (que j'ai redoublée), c'était très scolaire et j'en avais marre de bachoter. Cependant le fait de savoir précisément ce que l'on veut faire aide beaucoup pour se motiver à entreprendre des études longues et difficiles.


3) Avez vous déjà repéré des planètes à l’aide d’un télescope ? Si oui lesquelles ?
Oui bien sûr, tous les astronomes amateurs font cela, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne sont facilement visibles à l'oeil nu et magnifiques dans un télescope. Mercure est plus difficile à voir (toujours près du Soleil), et Uranus et Neptune ne peuvent vraiment être vues qu'avec un télescope.


4) Avez vous découvert des étoiles ?
Oui et non ! C'est une question fréquemment posée, mais "découvrir" une étoile n'est pas essentiel pour un astronome. Il y a tellement d'étoiles dans notre galaxie (au moins cent milliards) qu'il est très facile d'en trouver une qui n'est pas encore répertoriée (c'est à la portée de n'importe quel télescope amateur). C'est un peu comme si on disait qu'on découvrait un grain de sable sur une plage, simplement par ce qu'on l'a ramassé. Ce qui compte c'est de comprendre comment sont faits les corps célestes, quelle est leur histoire etc. Quand on annonce dans la presse la "découverte" d'une étoile, il s'agit plutôt de la découverte d'une propriété particulièrement intéressante d'une étoile particulière (par exemple parce qu'elle est très petite, très grosse, très chaude, ou bien qu'elle a des planètes etc.).


5) Avez vous découvert des galaxies ?
Il y a au moins autant de galaxies dans l'univers que d'étoiles dans notre galaxie (la Voie Lactée)... on peut donc faire la même réponse que pour la découverte d'une étoile. Même si trouver une galaxie non encore répertoriée nécessite un télescope un peu plus gros que les télescopes amateurs habituels.


6) Il y a-t-il des trous noirs près de la Terre ?
A priori il n'y a pas de trou noir dans le système solaire, heureusement ! Il y en a plusieurs dans notre galaxie mais suffisamment loin. La plupart sont des coeurs d'étoiles supergéantes qui se sont effondrés après l'explosion de leur enveloppe (un phénomène qu'on appelle supernova -- mais toutes les supernova ne donnent pas des trous noirs, la plupart finissent en étoiles à neutrons). Le trou noir le plus impressionnant se trouve au centre de la Voie Lactée. Il a la masse de plusieurs millions de soleils et "avale" régulièrement les étoiles qui se trouvent à proximité. Heureusement, à 30000 années lumière nous sommes suffisamment éloignés pour être en sécurité ! Mais comment un trou noir aussi monstrueux a-t-il pu se former, quel est son rôle dans l'histoire de la galaxie, sont des problèmes qui passionnent les astronomes en ce moment -- et je travaille à la mise en service d'un instrument dédié à ces questions sur le VLT (très grand télescope européen dans le nord du Chili).


7) Avez vous beaucoup voyagé pour aller dans différents observatoires ?
Oui, beaucoup, et c'est un des aspects du métier que j'aime particulièrement. Les observatoires sont souvent situés dans des endroits reculés (montagnes au milieu du désert). De plus en plus cependant on mène les observations à distance, via internet, ce qui enlève du charme mais permet d'économiser beaucoup de temps et de fatigue de voyage. Dans la recherche, on se déplace souvent aussi pour aller présenter ses résultats dans des colloques, qui généralement ont lieu dans des villes universitaires.


8) Avez vous trouvé des planètes qui serait similaires à la Terre ?
Non, mais j'aimerais bien ! Ceci dit ce n'est pas l'objectif principal des expériences sur lesquelles je travaille, alors c'est peu probable.


9) Avez vous participé a la découverte récente des 7 planètes semblables à la Terre ?
Pas directement, mais j'ai un de mes anciens étudiants qui est impliqué dedans et je connais bien ces équipes.


10) Pourquoi est-ce que la découverte de 7 autres planètes est-elle cruciale pour nous les Terriens ?
D'une part ces planètes sont proches de nous (à l'échelle galactique...), il est donc envisageable, contrairement à la plupart des autres planètes de type terrestre connues jusqu'à présent, de pouvoir étudier leur atmosphère éventuelle avec des très grands télescopes ou des observatoires spatiaux. D'autre part Trappist-1 (l'étoile-hôte) est une naine rouge, un type d'étoile très courant : 80% au moins des étoiles de la galaxie sont des naines rouges, plus petites et nettement moins lumineuses que le Soleil. Qu'il existe des planètes dans la zone tempérée autour de ces étoiles-là ouvre beaucoup le champ des possibles pour la recherche d'habitats dans la Voie Lactée.

Merci encore pour vos réponses !

Nicolas et Elsa

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