Molière et la comédie-ballet

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07 mars 2018

Molière et la comédie-ballet

Interview réalisée par Léo et Monica

 

G.R. – Qu’est-ce que la comédie-ballet ?

Monsieur Charles – La comédie-ballet est le fait d’alterner des scènes chorégraphiées et des scènes dialoguées.

G.R. – Qui l’a inventée et comment ?

Monsieur Charles – C’est en partie Molière lui-même et Lully. Elle a été inventée lors d’une fête dans le château de Vaux-le-Vicomte, en l’honneur du roi. Vu que Louis XIV était très friand de ballets et comme les danseurs n’avaient jamais le temps de se changer, Molière a eu l’idée d’interposer des scènes de comédie entre les différentes représentations. C’est comme ça qu’est née la comédie-ballet.

G.R. – Pouvez-vous nous parler un peu de Lully ?

Monsieur Charles – C’est un musicien florentin qui est venu à la cour de France en 1643, grâce au duc de Guise. Après s’être rallié à Louis XIV pendant la Fronde, il est devenu son musicien attitré. Lully élabore son style par synthèses successives. Il apporte une structure plus précise et une écriture plus claire à la musique. Il simplifie l'art vocal, l'opposant ainsi à la tradition de l'air de cour et à l'ornementation instrumentale. De la tradition italienne, il retient le recitativo et tente de l'adapter au ballet de cour. L'avènement de l'opéra lui permet de procéder à une synthèse plus vaste encore des genres appréciés du public français : le ballet, la comédie et surtout la grande tragédie.

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Portrait de Lully par Paul Mignard

 

G.R. – Pourquoi avoir développé la comédie-ballet ?

Monsieur Charles – Elle a été développée pour les divertissements royaux car Louis XIV et la cour affectionnaient particulièrement ce type de spectacle.

G.R. – Pourquoi cela plaît tant ?

Monsieur Charles – Parce que le roi est lui-même un danseur.

G.R. – Pouvez-vous nous parler du lien entre le roi et la danse ?

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Louis XIV dans

Le Ballet de la nuit

Monsieur Charles – Oui, bien sûr, c’est une véritable passion au service de sa politique, la danse fait vraiment partie intégrante de sa vie. C’est à l’âge de sept ans que Louis XIV commence l’apprentissage de la danse. Le Roi-Soleil dansera, au total, dans vingt-sept grands ballets de cour avant de tirer sa révérence en 1670.

G.R. – Quelle a été la première comédie-ballet de Molière ?

Monsieur Charles – C’est Les fâcheux, cela a été un événement capital qui a déterminé une grande partie de la création moliéresque. Outre le fait que le roi éprouve une véritable passion pour la danse, il comprend aussitôt le parti qu’il pourra tirer pour rehausser son prestige politique de ce type de réjouissance.

G.R. – Que voulez-vous dire par « rehausser son prestige politique » ?

Monsieur Charles – Alors, un jour il a confié au dauphin qu’un roi de France doit voir dans ses divertissements autre chose que de simples plaisirs. Il a aussi dit que les peuples se plaisent au spectacle où, au fond, on a toujours pour but de leur plaire. À l’égard des étrangers, ce qui se consume en ces dépenses qui peuvent passer pour superflues fait sur eux une impression très avantageuse de magnificence, de puissance, de richesse, de grandeur tout simplement.

G.R. – Revenons sur Les fâcheux, de quoi parle cette pièce ?

Monsieur Charles – Elle parle d’Éraste, un gentilhomme amoureux d'Orphise, qui voit ses projets de mariage contrariés par le tuteur de celle-ci. Il doit se rendre à un rendez-vous amoureux avec elle, mais une dizaine d'importuns retardent, à des titres divers et sous les prétextes les plus variés, l'exécution de son projet. Enfin survient le tuteur d'Orphise qui s’appelle Damis, qui veux assassiner le jeune homme, mais il est lui-même attaqué par les valets d'Éraste. Le généreux jeune homme le tire de ce mauvais pas et obtient ainsi la permission d'épouser sa dulcinée.

G.R. – Sinon, quelles sont les pièces les plus connues ?

Monsieur Charles – Les pièces les plus connues sont bien évidemment Les fâcheux, Pastoral et Le sicilien, ou encore Le Bourgeois gentilhomme cependant ce ne sont pas les seules qu’il a écrites.

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Frontispice des Fâcheux par

Pierre Brissart (1682)