Les comédiens de la troupe de Molière

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07 mars 2018

Les comédiens de la troupe de Molière

Interview réalisée par Solène, Manon et Clara

 

G.R.Qu’est–ce–que « L’Illustre théâtre » ?
 

Monsieur Charles« L’Illustre théâtre » est une troupe de théâtre créée par un acte d’association, signé le 30 juin 1643, à Paris. Composée de dix comédiens, six hommes et quatre femmes dont Madeleine Béjart et le jeune Jean-Baptiste Poquelin, futur Molière, elle n’eut qu’une existence éphémère.

 

G.R. – Pouvez-vous nous présenter les comédiens des différentes troupes de Molière ?
 

Monsieur Charles – Bien sûr. Les comédiens se nomment : Molière, Joseph Béjart, Louis Béjart, René Du Parc, dit Gros-René, Charles Dufresne, La Grange et Edme Villequin, dit De Brie. Et les comédiennes sont : Madeleine Béjart, Marquise Du Parc, Catherine De Brie et Geneviève Béjart, dite Mlle Hervé. La troupe est rémunérée en dix parts égales.
 

G.R. – Comment la troupe et Molière ont-ils connu un tel succès ?
 

Monsieur Charles – En réalité, la troupe n’a pas connu un succès instantané. Au départ, la troupe a essayé de s’implanter dans la capitale en 1645. Mais cette tentative a échoué. Alors, la troupe s’est dispersée. Molière a quitté Paris au mois d’octobre, suivi des Béjart, quelques mois après. Tous ont rejoint la troupe itinérante dirigée par Charles Dufresne en 1646. Entre 1646 et 1658, cette troupe a parcouru, avec un succès de plus en plus présent, une partie du royaume. Ces douze années de voyage en Province ont fait naître de nombreuses légendes. Et les quatorze ans qui suivent, pendant lesquelles la troupe s’est produite dans la capitale, n’ont fait qu’augmenter leur succès monumental. Par exemple, grâce aux excellents comédiens qui font partie de cette troupe ou encore grâce aux rôles écrits sur mesure. La troupe a marqué les esprits en se produisant dans des endroits tels que Le Petit-Bourbon ou encore Le Palais Royal.
 

G.R.Comment Molière s’entoure-t-il des meilleurs comédiens ?
 

Monsieur CharlesEt bien Molière sait s’entourer d’excellents comédiens qui mettent leur talent au service de son écriture et de sa mise en scène. Molière écrit certains rôles spécifiquement pour eux.
 

G.R.Les comédiens s’entendent-ils bien entre eux ? Molière dirige-t-il bien sa troupe ?
 

Monsieur CharlesIl est vrai que Molière a fait partie de diverses troupes tout au long de sa carrière, et il en est toujours le chef, qu’il s’agisse de L’Illustre Théâtre, de ses débuts, de celle du Duc D’Epernon, de celle de Monsieur, qui devient ensuite Troupe royale. Les comédiens de Molière font plus que vivre en bonne intelligence, ils sont de véritables amis, ne serait-ce que pour la fidélité qu’ils témoignent à Molière, dans les périodes difficiles. Mais des tensions sont apparues, il faut savoir que Molière vit avec sa femme, Armande Béjart. Dans cette même troupe se trouve la mère ou la sœur d'Armande, Madeleine Béjart, avec qui il a vécu une relation amoureuse.

En outre, on lui prête également une autre relation cachée avec Catherine De Brie. Cet adultère a créé beaucoup de tensions entre Armande Béjart, qui était jalouse de cet amour, et Catherine De Brie. En tout cas, nous savons pourquoi cette rivalité entre les deux jeunes comédiennes a débuté.
 

G.R.La troupe avait-elle un ou plusieurs rivaux ? Si oui, qui sont-ils ?
 

Monsieur CharlesIl faut savoir que le roi conserve son appui à Molière dont la troupe devient troupe du roi en 1665, en concurrence avec la Troupe royale de l’hôtel de Bourgogne et celle du Marais.
 

G.R. – Nous avons entendu parler d’un journal, tenu par La Grange, un comédien de la troupe de Molière. En savez-vous plus ?
 

Monsieur Charles – Certainement. La Grange, de son vrai nom Charles Varlet, intègre la troupe de Molière à Pâques 1659, en même temps que Du Croisy, Mlle Du Croisy, les frères L’Espy et Jodelet. À cette époque, après treize années passées à parcourir les provinces, Molière affronte victorieusement le public parisien. La Grange n’a alors que vingt-quatre ans, et devient très rapidement l’ami, le confident et le fidèle collaborateur de Molière, interprète brillant des rôles amoureux et de marquis précieux, dont celui de Dom Juan, qui n'est pas le moindre. Il entreprend la rédaction d’un journal quotidien de sa vie de comédien, ainsi que celle de la troupe. Il résume en trois pages l’histoire de la troupe de son arrivée à Paris en octobre 1658, puis donne systématiquement sa composition à chaque début de saison, les dates de représentations, les pièces représentées, et les recettes enregistrées. Il parle également des « Affaires de La Comédie » : les naissances, les mariages et les décès. Ce registre est une pièce très précieuse et unique.
 

G.R. – Qu’est-devenue la troupe après la mort de Molière ?
 

Monsieur Charles – Il faut savoir que sa mort a entraîné un bouleversement dans la vie de tous les comédiens, et dans la vie théâtrale à Paris. Armande Béjart et La Grange ont tous deux essayé de sauver la troupe. Ils ont engagé le comédien Rosimond, qui vient du Marais, pour reprendre les rôles que tenait Molière. Ils ont loué ensuite le théâtre où deux ans plus tôt a été crée La Pomone de Cambert et Perrin, rue Guénégaud, et Armande a prêté à la troupe la somme pour racheter le droit au bail et une partie du coût des décors et des machines, que réclamaient le marquis de Sourdéac et son associé le sieur de Champeron pour leur céder la salle.

Du fait de la dissolution de la troupe du Marais, tous les acteurs ont dû rejoindre, par décret royal, l'ancienne troupe de Molière, dite depuis 1665 Troupe du Roy, et désormais forte de dix-neuf comédiens et comédiennes. Puis, en 1680, la fusion, ordonnée par Louis XIV, de la Troupe du Roy à l'Hôtel Guénégaud avec celle de l’Hôtel de Bourgogne donne naissance à la Comédie Française.