08 mars 2018

Le projet

Les élèves de la classe de seconde 3 ont interviewé deux comédiens imaginaires du XVIIème siècle qu'ils ont baptisés Mademoiselle Cassiopée de La Grange et Monsieur Charles Vallon.

Les groupes, répartis en différentes équipes d'un même magazine imaginaire intitulé "La Gazette richelienne", ont interrogé les comédiens autour de différents thèmes liés au théâtre du XVIIème et plus spécifiquement à l'époque de Molière.

Les sources utilisées pour ce travail sont consultables ici.

Mme Le Bret – professeure de lettres

Mme Gautier – professeure documentaliste

Lycée Richelieu – Rueil-Malmaison - 2017/2018

07 mars 2018

La vie de Molière

Interview réalisée par Nargès, Emanuel et Mathilde

256px-Moliere2.jpg
Portrait de Molière par Coypel

 

G.R.Bonjour, serait-il possible de m’accorder quelques minutes de votre temps afin de répondre à mes questions à propos de la vie de Jean-Baptiste Poquelin que vous connaissez si bien ?
 

Monsieur Charles Oui, avec plaisir !
 

G.R.Quel est son nom de théâtre ?
 

Monsieur Charles En 1646, Jean-Baptiste Poquelin prend le pseudonyme de Molière. Celui-ci deviendra son nom de scène et d’auteur.
 

G.R.Comment Molière est-il venu au théâtre ?
 

Monsieur Charles Il entre au collège de Clermont, l’actuel lycée Louis-Le-Grand. Il poursuit ses études et, poussé par son père, il se tourne vers le droit : il obtient sa licence en 1642. Mais le jeune homme est depuis longtemps attiré par le théâtre et ne manque pas une occasion de voir jouer le comédien italien Tiberio Fiorelli, dit Scaramouche, et il va même renoncer à la vie bourgeoise comme à la carrière d’avocat. 

 

G.R.D’où vient cette passion de Molière pour le théâtre ?
 

Monsieur Charles Depuis petit son grand-père l’a initié car comme il a perdu sa mère très jeune et que son père, tapissier du roi, avait une charge très lourde à la Cour, c’est son grand-père qui s’occupait principalement de lui.
 

G.R.Les débuts ont-ils été faciles ?
 

Monsieur Charles En 1643, il fonde, avec la famille Béjart, l’Illustre théâtre. Ses débuts à Paris sont difficiles et la troupe, dont il est directeur, part sur les routes de France à la recherche d’un succès qui tarde à venir. Protégé par le prince de Conti, puis par le gouverneur de Normandie il connaît enfin le succès à Lyon, avec L’étourdi et, en 1656 à Béziers avec Le dépit amoureux. La misère et les voyages fatigants sont oubliés et l’Illustre théâtre regagne Paris.
 

G.R.Comment Molière attire-t-il l’attention de la Cour ?
 

Monsieur Charles En 1658, le roi assiste à une représentation de la troupe : il lui accorde une petite pension, la rebaptise Troupe de Monsieur et lui attribue la salle du Petit-Bourbon. 
 

G.R.Quels sont ses premiers succès ? 
 

Monsieur Charles La pièce Les Précieuses ridicules (1659), une caricature des mondains inspirée de la farce, obtient un grand succès. La renommée de Molière est assurée ! Son répertoire compte aussi des petites comédies, proches de la farce, comme Le Médecin volant.
 

G.R.Et quels ont été ses premiers ennuis ?
 

Monsieur Charles En 1662, il épouse Armande Béjart, plus jeune que lui de vingt ans, et il s’impose avec une comédie en cinq actes et en vers : L’Ecole des femmes. Cette pièce sera controversée et Molière prendra sa défense en 1663 dans une petite comédie intitulée La Critique de « L’Ecole des femmes ». 
 

G.R.Qui le protège à cette époque où le théâtre est mal vu ?

 

Monsieur Charles Molière est protégé par le roi : Louis XIV lui attribue en effet, en 1661, après la démolition de la salle du Petit-Bourbon, le théâtre du Palais-Royal, qu’il partage avec des comédiens italiens. Cette protection ne met pas Molière à l’abri des critiques de ceux qui sont jaloux de son succès ou se sentent visés par ses comédies.

 

G.R.Deux de ses pièces ont été interdites mais pourquoi ? 
 

Monsieur Charles En effet, en 1664, la comédie en vers Tartuffe est interdite dès la première représentation. Molière y dénonce l’hypocrisie et les défenseurs d’une religion stricte font pression sur le roi, qui condamne la pièce. Il faudra que Molière attende cinq ans, cinq années de combats pour que la pièce soit enfin jouée en 1669. Entre-temps, Molière doit assurer la survie de sa troupe. Il monte rapidement en 1665 Dom Juan, une pièce à grand spectacle sur un thème à la mode. Mais comme il ne peut s’empêcher de reprendre les thèmes de Tartuffe, religion et hypocrisie, la pièce sera également censurée.
 

G.R.Quand écrit-il ses plus grands succès ?

 

Monsieur Charles Molière continue à obtenir un grand succès auprès du public avec Le Misanthrope et Le Médecin malgré lui (1666), L’Avare (1668), Le Bourgeois gentilhomme (1670), Les Fourberies de Scapin – une comédie très proche de la commedia dell’ arte (genre de théâtre populaire italien) –, Les Femmes savantes (1672).
 

G.R.Et pour finir, qu’en est-il de la mort de Molière ?
 

Monsieur Charles En 1669, Tartuffe, entièrement remanié, est finalement autorisé et reçoit un accueil triomphal. Mais la santé de Molière ne cesse de se détériorer. Il se sent abandonné par ses proches et par le roi. Gravement malade, il compose et met en scène, en 1673, Le Malade imaginaire, une comédie dans laquelle, jouant le rôle du faux malade, il dénonce une dernière fois les incompétents et les prétentieux… Le 17 février 1673, à la quatrième représentation de la pièce, il est pris d’un malaise et meurt quelques heures plus tard à Paris.

 

 

Les différentes troupes de théatre à l'époque de Molière.

Interview réalisée par Marina, Julie et Mathilde

 

G.R. – Bonjour, Mademoiselle Cassiopée De La Grange. Serait–il possible de nous accorder quelques minutes de votre temps afin de vous poser quelques questions sur les différentes troupes de théâtre à votre époque ?

Mademoiselle Cassiopée – Avec plaisir, je vous accorde avec joie un peu de mon temps.

G.R. – D’après vous, de combien de troupes était composé le théâtre du 17e siècle ?

Mademoiselle Cassiopée – D’après moi, il y avait quatre troupes de théâtre à mon époque.

G.R. – Vous rappelez-vous des noms de ces quatre troupes ?

Mademoiselle Cassiopée – Oui, fort bien, il y a donc quatre troupes qui se partagent trois salles : la troupe royale joue à l'Hôtel de Bourgogne, la troupe du Marais dans la salle du Jeu de Paume et les comédiens italiens ainsi que la troupe de Molière - aussi appelée Troupe du Roi - jouent au Palais Royal.

G.R. – Ont-elles été créées en même temps ?

Mademoiselle Cassiopée – Non, il me semble que la troupe des comédiens italiens a été créée en 1550, quant à la troupe royale elle a été formée vers 1629, la troupe du Marais entre 1630 et 1640 (j’ai un petit doute) et la Troupe du Roi en 1665.

G.R. – La troupe du Marais s’est formée en 1634, mademoiselle. Quel est le genre de pièce de théâtre que joue la troupe royale ?

Mademoiselle Cassiopée – Elle joue des farces et des comédies mais après la disparition de ses trois principaux comédiens elle se met à jouer des pièces tragiques de Corneille et Racine.

G.R. – Reçoit-elle quelque chose en échange de ses représentations ?

Mademoiselle Cassiopée – Oui évidemment la troupe royale joue des pièces en échange d’une pension de la part du roi.

G.R. – Quelle est la spécialité de la troupe du Marais ?

Mademoiselle Cassiopée – La troupe du théâtre du Marais est spécialisée dans les farces et les pièces à machines.

G.R. – Qu’est–ce que les pièces à machines ?

Mademoiselle Cassiopée – Les pièces à machines sont des pièces qui ont recours à des effets de mise en scène spectaculaires, elles permettent de faire voler les comédiens ou bien de les faire disparaître. Elles me plaisent beaucoup ainsi qu’au public parisien.

G.R. – Ah je vois ce que c’est ! Aujourd’hui, on appelle ça des effets spéciaux ! Quels sont les dramaturges des pièces jouées par la Troupe du Roi ?

Mademoiselle Cassiopée – Ils sont trois : Molière, Racine et Corneille.

G.R. – Quels genres théâtraux propose la troupe des comédiens italiens ?

Mademoiselle Cassiopée – Ils proposent des spectacles comme la Commedia dell’arte, c’est un genre de théâtre populaire où des acteurs masqués improvisent des comédies marquées par la naïveté, la ruse et l'ingéniosité.

G.R. – Maintenant pouvez-vous nous parler de la Comédie-Française ?

Mademoiselle Cassiopée – Oui évidemment, je sais que les troupes jouent à l’Hôtel de Guénégaud.

G.R. – Quand a-t-elle été fondée ?

Mademoiselle Cassiopée – Il me semble qu’elle a été créée en 1680.

G.R. – Qui a créé la Comédie-Française ? Et pourquoi ?

Mademoiselle Cassiopée – C’est Louis XIV qui l’a fondée après la mort de Molière dans le but de fusionner la Troupe du Roi et la troupe du Marais, car elles se faisaient concurrence. En effet elles jouaient en même temps les mêmes pièces et se volaient les comédiens à la mode.

G.R. – Quelles sont les premières pièces jouées par la troupe de la Comédie-Française ?

Mademoiselle Cassiopée Phèdre de Racine et Les Carrosses d’Orléans de La Chapelle ont été jouées pour cette troupe.

G.R. – Que se passe-t-il le 5 janvier 1681 ?

Mademoiselle Cassiopée – Les Comédiens-Français se lient entre eux afin de régler le problème lié aux pensions des comédiens retraités.

G.R. – Pourquoi les Comédiens-Français sont obligés de quitter leur lieu de représentation en 1687 ?

Mademoiselle Cassiopée – Ils se font exclure car les ecclésiastiques trouvent la proximité de l’Hôtel de Guénégaud trop proche du collège des Quatre-Nations.

G.R. – Donc où va-t-elle jouer à présent ?

Mademoiselle Cassiopée – Ils s'installent rue des Fossés-Saint-Germain.

G.R. – Mais maintenant elle s’appelle la rue de l’Ancienne-Comédie. Merci beaucoup de m’avoir consacré du temps, à bientôt.

Paris_Comedie-Francaise.jpg

La Comédie-Française en 1790

512px-Peeter_van_Bredael_Commedia_dell_arte_Szene_Detail_Buhne.jpg

La Commedia dell'arte


Les comédiens de la troupe de Molière

Interview réalisée par Solène, Manon et Clara

 

G.R.Qu’est–ce–que « L’Illustre théâtre » ?
 

Monsieur Charles« L’Illustre théâtre » est une troupe de théâtre créée par un acte d’association, signé le 30 juin 1643, à Paris. Composée de dix comédiens, six hommes et quatre femmes dont Madeleine Béjart et le jeune Jean-Baptiste Poquelin, futur Molière, elle n’eut qu’une existence éphémère.

 

G.R. – Pouvez-vous nous présenter les comédiens des différentes troupes de Molière ?
 

Monsieur Charles – Bien sûr. Les comédiens se nomment : Molière, Joseph Béjart, Louis Béjart, René Du Parc, dit Gros-René, Charles Dufresne, La Grange et Edme Villequin, dit De Brie. Et les comédiennes sont : Madeleine Béjart, Marquise Du Parc, Catherine De Brie et Geneviève Béjart, dite Mlle Hervé. La troupe est rémunérée en dix parts égales.
 

G.R. – Comment la troupe et Molière ont-ils connu un tel succès ?
 

Monsieur Charles – En réalité, la troupe n’a pas connu un succès instantané. Au départ, la troupe a essayé de s’implanter dans la capitale en 1645. Mais cette tentative a échoué. Alors, la troupe s’est dispersée. Molière a quitté Paris au mois d’octobre, suivi des Béjart, quelques mois après. Tous ont rejoint la troupe itinérante dirigée par Charles Dufresne en 1646. Entre 1646 et 1658, cette troupe a parcouru, avec un succès de plus en plus présent, une partie du royaume. Ces douze années de voyage en Province ont fait naître de nombreuses légendes. Et les quatorze ans qui suivent, pendant lesquelles la troupe s’est produite dans la capitale, n’ont fait qu’augmenter leur succès monumental. Par exemple, grâce aux excellents comédiens qui font partie de cette troupe ou encore grâce aux rôles écrits sur mesure. La troupe a marqué les esprits en se produisant dans des endroits tels que Le Petit-Bourbon ou encore Le Palais Royal.
 

G.R.Comment Molière s’entoure-t-il des meilleurs comédiens ?
 

Monsieur CharlesEt bien Molière sait s’entourer d’excellents comédiens qui mettent leur talent au service de son écriture et de sa mise en scène. Molière écrit certains rôles spécifiquement pour eux.
 

G.R.Les comédiens s’entendent-ils bien entre eux ? Molière dirige-t-il bien sa troupe ?
 

Monsieur CharlesIl est vrai que Molière a fait partie de diverses troupes tout au long de sa carrière, et il en est toujours le chef, qu’il s’agisse de L’Illustre Théâtre, de ses débuts, de celle du Duc D’Epernon, de celle de Monsieur, qui devient ensuite Troupe royale. Les comédiens de Molière font plus que vivre en bonne intelligence, ils sont de véritables amis, ne serait-ce que pour la fidélité qu’ils témoignent à Molière, dans les périodes difficiles. Mais des tensions sont apparues, il faut savoir que Molière vit avec sa femme, Armande Béjart. Dans cette même troupe se trouve la mère ou la sœur d'Armande, Madeleine Béjart, avec qui il a vécu une relation amoureuse.

En outre, on lui prête également une autre relation cachée avec Catherine De Brie. Cet adultère a créé beaucoup de tensions entre Armande Béjart, qui était jalouse de cet amour, et Catherine De Brie. En tout cas, nous savons pourquoi cette rivalité entre les deux jeunes comédiennes a débuté.
 

G.R.La troupe avait-elle un ou plusieurs rivaux ? Si oui, qui sont-ils ?
 

Monsieur CharlesIl faut savoir que le roi conserve son appui à Molière dont la troupe devient troupe du roi en 1665, en concurrence avec la Troupe royale de l’hôtel de Bourgogne et celle du Marais.
 

G.R. – Nous avons entendu parler d’un journal, tenu par La Grange, un comédien de la troupe de Molière. En savez-vous plus ?
 

Monsieur Charles – Certainement. La Grange, de son vrai nom Charles Varlet, intègre la troupe de Molière à Pâques 1659, en même temps que Du Croisy, Mlle Du Croisy, les frères L’Espy et Jodelet. À cette époque, après treize années passées à parcourir les provinces, Molière affronte victorieusement le public parisien. La Grange n’a alors que vingt-quatre ans, et devient très rapidement l’ami, le confident et le fidèle collaborateur de Molière, interprète brillant des rôles amoureux et de marquis précieux, dont celui de Dom Juan, qui n'est pas le moindre. Il entreprend la rédaction d’un journal quotidien de sa vie de comédien, ainsi que celle de la troupe. Il résume en trois pages l’histoire de la troupe de son arrivée à Paris en octobre 1658, puis donne systématiquement sa composition à chaque début de saison, les dates de représentations, les pièces représentées, et les recettes enregistrées. Il parle également des « Affaires de La Comédie » : les naissances, les mariages et les décès. Ce registre est une pièce très précieuse et unique.
 

G.R. – Qu’est-devenue la troupe après la mort de Molière ?
 

Monsieur Charles – Il faut savoir que sa mort a entraîné un bouleversement dans la vie de tous les comédiens, et dans la vie théâtrale à Paris. Armande Béjart et La Grange ont tous deux essayé de sauver la troupe. Ils ont engagé le comédien Rosimond, qui vient du Marais, pour reprendre les rôles que tenait Molière. Ils ont loué ensuite le théâtre où deux ans plus tôt a été crée La Pomone de Cambert et Perrin, rue Guénégaud, et Armande a prêté à la troupe la somme pour racheter le droit au bail et une partie du coût des décors et des machines, que réclamaient le marquis de Sourdéac et son associé le sieur de Champeron pour leur céder la salle.

Du fait de la dissolution de la troupe du Marais, tous les acteurs ont dû rejoindre, par décret royal, l'ancienne troupe de Molière, dite depuis 1665 Troupe du Roy, et désormais forte de dix-neuf comédiens et comédiennes. Puis, en 1680, la fusion, ordonnée par Louis XIV, de la Troupe du Roy à l'Hôtel Guénégaud avec celle de l’Hôtel de Bourgogne donne naissance à la Comédie Française.

 

 

Le statut des comédiens au XVIIème siècle

Interview réalisée par Diana et Mareva

 

G.R. – Être comédien, est–ce un métier facile au XVIIème siècle ?

Mademoiselle Cassiopée – Non, être comédien n’est pas un métier facile à mon époque car ils sont souvent pauvres et passent pour des gens immoraux. Cette mauvaise réputation tient à l’excommunication que l’Église fait peser sur eux.

G.R. – Mais pourquoi donc l’Église se montre-t-elle si sévère ?

Mademoiselle Cassiopée – Au XVIIème siècle, la société est chrétienne, or les comédiens forment une communauté de marginaux dont le mode de vie choque les autorités religieuses.

G.R. – Sont-ils tous aussi mal vus ?

Mademoiselle Cassiopée – Non bien sûr ! Il existe des cas à part comme, par exemple, les Comédiens du Roi qui sont souvent issus de la bourgeoisie. Ceux-là se marient à l’église et font baptiser leurs enfants. Il n’empêche que, pour être enterré religieusement, il faut avoir renoncé à sa profession, quitte à ce que ce soit dans les derniers instants.

G.R. – En ce qui concerne leurs conditions de vie que vous me décrivez si difficiles, il y a quelque chose que je ne comprends pas : au XVIIème, le théâtre est à la mode, il y a beaucoup de représentations, alors, pourquoi les comédiens sont-ils si pauvres ?

Mademoiselle Cassiopée – Tout simplement parce qu’au départ, les comédiens n’étaient pas payés ! Les charges des directeurs de troupe étaient si importantes – location des salles, costumes... – qu’ils n’avaient pas les moyens de rémunérer les comédiens. Peu à peu, cependant, les recettes des troupes s’améliorent et les comédiens se partagent les gains entre eux. L’auteur reçoit également une part.

G.R. – Comment expliquer cette amélioration du statut des comédiens ?

Mademoiselle Cassiopée – Elle est due en grande partie au Cardinal de Richelieu, qui était féru de théâtre et qui a cherché à promouvoir cet art. Pour cela, il a cherché à donner aux comédiens une place plus honorable dans la société.

G.R. – Vous qui avez connu Molière, pouvez-vous nous parler de sa mort et de son enterrement ?

Mademoiselle Cassiopée – Molière s’est effondré sur scène pendant la représentation du Malade Imaginaire. Transporté chez lui, deux prêtres ont refusé de se déplacer pour lui administrer les derniers sacrements. Le troisième prêtre n’a pas eu le temps d’arriver que Molière était déjà mort, sans prononcer sa renonciation officielle. Molière n’a donc pas eu le droit à une sépulture religieuse. Finalement un compromis a été trouvé par le curé de St Eustache : il a été enterré mais de nuit et sans cérémonie, au cimetière St Joseph.

 

MOLIERE_PERE_LACHAISE.JPG
La tombe de Molière au Père-Lachaise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

gr_9a.jpg
Inscription sur la tombe de Molière au Père-Lachaise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                      

Le lieu-théâtre et les spectateurs

 

Interview réalisée par Maël et Antoine

 

 

G.R. Bonjour mademoiselle, nous désirerions vous poser quelque questions sur votre vie. En effet, vous êtes comédienne dans une troupe de théâtre du XVIIème siècle et vos informations peuvent nous être très utiles dans nos recherches.

 

Mademoiselle Cassiopée Bonjour messieurs, c’est avec grand plaisir que je vous répondrai.

 

G.R. Tout d’abord, nous aimerions savoir quelles sont les salles de théâtre les plus populaires à Paris au XVIIème siècle et si le théâtre est accessible à tout type de public.

 

Mademoiselle Cassiopée Premièrement, il y a trois salles permanentes à Paris, celle de l’Hôtel de Bourgogne, celle du théâtre du Marais puis celle du Palais-Royal où joue Molière. Ensuite, oui, le théâtre est ouvert à tous mais l’emplacement des spectateurs diffère selon la classe sociale. Les nobles ou les grands bourgeois sont installés dans les loges, la petite bourgeoisie prend place dans les gradins disposés en amphithéâtre, le public populaire reste debout dans le parterre qui occupe la partie centrale de la salle. Cette partie de la salle était la moins agréable car souvent, l’assistance est agitée et bruyante. Pour finir, les meilleures places sont réservées aux jeunes gens à la mode qui ont le privilège de s’installer sur la scène même.

 

G.R. Très bien, merci de votre réponse. Voici notre deuxième question, à quoi servent les entractes ?

 

Mademoiselle Cassiopée – Les entractes servent principalement à changer les bougies qui servent à éclairer la scène. Ensuite, avant 1640, ils servaient à changer les différents décors mais désormais que la règle de l’unité de lieu a été instaurée, le décor représente la salle unique où se déroule l’action.

 

Les personnages de Molière

 

Interview réalisée par Marguerite, Azania et Lorenzo

 

 

G.R. Pourriez-vous nous parler des personnages des pièces de Molière ?

 

Mademoiselle Cassiopée Très certainement mes amis. Je vais vous parler des plus connus. En effet, les personnages de Molière se répartissent sous différentes catégories et classes sociales représentatives de la société de mon époque. 

 

G.R. Pourriez-vous nous éclairer sur ces différentes classes ?
 

Mademoiselle Cassiopée – Bien sûr ! Tout d’abord, laissez-moi vous introduire la classe sociale des paysans. Ces derniers apparaissent rarement, sauf quand Molière a besoin de personnages dotés d’accents provinciaux, comme Pierrot dans Dom Juan. Pierrot est un de mes personnages préférés. Son histoire est celle d’un paysan qui souhaite épouser Charlotte. Il joue alors le rôle de l’amoureux transi, incompris et trompé. Sa position inconfortable, la maladresse de son langage paysan peuvent faire sourire mais suscitent aussi la pitié. Il ne peut faire le poids face à Dom Juan, le personnage principal de la pièce, qui lui est supérieur par son rang. Ce personnage qui est donc censé appartenir au registre comique se retrouve être un personnage des plus dramatiques. Son rôle est donc unique et très intéressant dans la pièce.

 

G.R. En effet, c'est un personnage qui dépasse les clichés… 

 

399px-Les_Fourberies_de_Scapin_11.JPG

Les Fourberies de Scapin

Mademoiselle Cassiopée Oui, absolument. J'en viens à vous décrire maintenant la catégorie des domestiques et des serviteurs. Ceux–ci sont, chez Molière, des personnages aussi importants pour l'action que pour les effets comiques. Vous apprendrez qu'ils viennent autant de l'image qu'ont donnée d'eux les farces latines et italiennes que de la réalité de tous les jours. Un des personnages emblématiques des pièces de Molière reste Scapin dans Les Fourberies de Scapin. Assurément, le domestique est fourbe, insouciant et cupide. Ce n'est finalement rien d'autre qu'un valet qui manipule à sa guise. Cependant, par sa fourberie, il rend parfois service à ceux qui le lui demandent en effectuant toutes sortes de stratagèmes plus élaborés les uns que les autres. Un exemple d'une de ses fourberies préférées serait celle où il cache Géronte dans un sac. Scapin effraie Géronte en lui faisant croire que le frère de Hyacinthe veut maintenant le faire mourir. Scapin cache alors Géronte dans un sac en lui ordonnant de ne pas se montrer, et se propose de l'amener discrètement chez lui. En cours de route, Scapin fait croire qu'il rencontre des ennemis et frappe le sac à coups de bâton pour faire croire qu'on l'attaque. 
 

G.R. – Nous vous avouerons que ce personnage attise notre curiosité. À présent, pourriez-vous, s'il vous plaît, nous présenter les classes sociales dominantes de votre époque ?
 

Mademoiselle Cassiopée Bien sûr. Tout d’abord, sachez que la classe des bourgeois est la classe sociale la plus représentée et analysée par Molière. De surcroît, c’est dans la cellule familiale bourgeoise que Molière situe les événements qui l’intéressent : la question du mariage, de l’autorité du père, des relations entre époux et enfin des désirs d’indépendance des enfants. Molière a peint toute une galerie de bourgeois différents. Parmi tous, celui qui les illustre le mieux est, sans nul doute, Harpagon, que l’on retrouve d'ailleurs dans la pièce L’Avare. Harpagon qui, dévoré par sa passion de l’argent, nuit à sa propre vie car il est mauvais père, mal–aimé de ses enfants et mauvais époux.

 

G.R. Oui ! Tout le monde connaît ce personnage. Et pour la représentation de la noblesse, qu'en est-il ? 
 

Mademoiselle Cassiopée Molière était le dramaturge le plus sévère envers les nobles.  Je dirai même qu'il est véritablement cruel à leur égard. Cependant, vous saurez qu'il a personnellement beaucoup souffert de l'arrogance et de la suffisance de ces personnes. À travers ses pièces, il trouve donc l'occasion de se venger de tous les courtisans appartenant à l’aristocratie par le moyen de ses personnages comme Dorante. Ce dernier apparaît effectivement dans Le Bourgeois gentilhomme comme un manipulateur malhonnête, et qui emprunte de l’argent sans le rembourser. Molière dégrade alors, par la création de personnages nobles malhonnêtes, l'image si respectée des puissants de son époque.
 

G.R. Nous vous remercions donc pour toute l’attention et le temps que vous nous avez accordés. Cette interview à travers le temps était très enrichissante. Merci beaucoup.
 

Mademoiselle Cassiopée C’était avec grand plaisir mes chers amis. Je vous dit au revoir et peut-être à une prochaine fois.

 

 

L'affaire Tartuffe

Interview réalisée par Clément, Julien et Yazid

 

G.R. – Mademoiselle Cassiopée de La Grange, vous jouez le rôle d’Elmire dans la pièce Tartuffe. Vous n’avez pas pu continuer à jouer votre pièce à cause d’une polémique. Pourrait-on avoir plus de détails sur l’affaire ?

359px-Tartuffe_Brissart_Sauve.jpg

Frontispice du Tartuffe

par Pierre Brissart

(1682)

Mademoiselle Cassiopée – Eh bien, sachez que je suis outrée, mais avant de vous parler de cette polémique qui m’a mise à la rue, je me dois de vous dire de quoi il est question dans cette pièce : elle met en scène une famille bourgeoise qui accueille un pauvre, nommé Tartuffe, dans leur maison. Il leur enseigne des principes religieux, alors que celui-ci ne les respecte pas ! Ce faux dévot cherchera à faire expulser la famille d'Orgon de leur propre maison pour s'en emparer. Mais heureusement, Tartuffe sera finalement arrêté sur ordre du roi.

G.R. – Cette pièce est donc pleine de rebondissements ! Mais dites-moi, pourquoi y a-t-il eu une polémique autour de cette pièce ?

Mademoiselle Cassiopée – La Compagnie du Saint-Sacrement, un groupe catholique extrémiste, a décrété que cette pièce critiquait la religion en mettant en scène un faux dévot qui ne respecte pas une famille. Et cette Compagnie n'a pas apprécié ! Le roi a donc dû censurer la pièce, à contrecœur.

G.R. – Mais enfin, pourquoi Molière a-t-il créé cette pièce s'il savait que son personnage principal serait mal vu ?

Mademoiselle Cassiopée – Le but de Molière au travers de cette pièce n'est pas de faire la satire de L’Église, comme cela a été interprété par les religieux, mais plutôt de faire la satire des hypocrites ! Le public était censé se moquer de Tartuffe, le personnage principal.

G.R. – Je vois. Cependant, la représentation a été annulée, donc vous n'allez pas gagner d'argent et puis Molière doit certainement être fou de rage après cette Compagnie du Saint-Sacrement ; alors qu'allez-vous faire ?

Mademoiselle Cassiopée – Je m'attendais à cette question. Molière est en ce moment même en train d'écrire une pièce de substitution, Dom Juan, pour nous payer, prouver sa bonne foi et régler ses comptes avec les extrémistes religieux, de manière subtile, bien évidemment...

 

 

Molière et Dom Juan

Interview réalisée par Arthur et Paul

 

Édition de Dom Juan de 1682 illustrée par Pierre Brissart

512px-Don_Juan__Moliere_.jpg
 

 

G.R. – Monsieur Charles, expliquez-nous l’écriture de Dom Juan.

 

Monsieur Charles – Bonjour, le but pour Molière a été de prouver au roi et aux autres qui ont critiqué Tartuffe sa foi chrétienne en punissant son héros athée.
 

G.R.Pourquoi avoir repris un thème déjà utilisé auparavant ?

 

Monsieur Charles En effet cette histoire est déjà connue, le public en est friand, et c'est justement pourquoi Molière la reprend. C'est pour lui l'assurance de trouver le succès à la clé.

 

G.R.Cette pièce, selon-vous, respecte-t-elle les règles du théâtre ? 
 

Monsieur Charles – Non, car elle se déroule dans plusieurs lieux et en plus de vingt-quatre

heures. Par ailleurs, le héros meurt sur scène, ce qui contrevient à la règle de bienséance.

L'irruption du merveilleux, avec la statue du Commandeur, va, elle, à l'encontre de la règle de

vraisemblance.

 

G.R.En quoi la pièce est-elle tragique et comique ? 
 

 

Monsieur Charles Le coté comique de la pièce est souligné par le personnage de Sganarelle qui montre un caractère amusant, et aussi la naïveté des personnages qui ne se rendent pas compte du vrai visage de Dom Juan. Le coté tragique de la pièce est mis en avant par les mensonges de Dom Juan qui lui sont fatals et puis sa mort sur scène.

 

256px-Moliere_Mignard.png

Molière peint par Pierre Mignard

 

Les différents types de comédies chez Molière

 

Interview réalisée par Julie, Roman et Clélie

 

G.R. – Nous allons vous questionner sur les différents types de comédies que Molière a écrites. Pour commencer, nous allons parler de la comédie de farce. Qu’est-ce que la farce ?

Mademoiselle Cassiopée – La farce exagère et simplifie l’action et la nature des personnages : c’est ce qui fait rire immédiatement. Par exemple, Molière a écrit Les Fourberies de Scapin pour le plaisir du rire populaire. Mais comme l’action de la farce doit être courte et rapide, Molière a aussi écrit des comédies d’un genre plus étoffé où l’action et la psychologie sont plus développés comme la satire par exemple.

5282473834_0032f0af05_o.jpg

Dom Juan

G.R. – Dites-nous en plus à ce propos.

Mademoiselle Cassiopée – Molière, à travers la satire, se moque des contemporains. Il critique certains corps sociaux comme les religieux et les médecins. La catégorie des médecins est d’ailleurs celle que Molière a le plus critiquée car il considérait que c’étaient des menteurs, des charlatans, comme aussi certains religieux. C’est pour cela qu’il a écrit Tartuffe et Le Médecin Volant. Dans Les Précieuses ridicules, Molière stigmatise le milieu mondain, les personnes qui se font passer pour des personnes cultivées et bien élevées comme la catégorie des précieux. J’ai d’ailleurs joué le rôle de Magdelon dans Les Précieuses ridicules, c’était très amusant de jouer un personnage naïf et un peu idiot. Saviez-vous que Les Précieuses ridicules était aussi une comédie de mœurs ? Dans ces comédies, Molière parle surtout de la famille et du mariage, des relations entre parents et enfants, entre époux ou avec l’argent. Il parle aussi des domestiques et de leurs rôles et places dans la maison. Molière représente surtout le décalage entre les classes sociales. Aussi, les personnages dont le comportement est blâmable sont souvent punis ou ridiculisés à la fin des pièces.

G.R. – Maintenant, parlez-nous de ces personnages définis par leur caractère.

Mademoiselle Cassiopée – Ah, oui. Ces personnages font partie des comédies de caractère qui cherchent à mettre en évidence un type humain universel. Harpagon de L’Avare est par exemple la parfaite représentation de la personne prête à tout pour posséder et protéger son argent : il est donc uniquement défini par son avarice.

G.R. – N’y a-t-il pas aussi la comédie philosophique ?

Mademoiselle Cassiopée – Molière n’a pas à proprement parler écrit de comédie philosophique mais cette dimension existe dans certaines de ses pièces où il s’interroge sur la mort et la condition humaine. Dom Juan fait d’ailleurs partie de ces pièces car son héros remet en question l’idée de Dieu.

G.R. – Pour finir, pouvez-vous nous présenter en quelques mots la comédie-ballet ?

Mademoiselle Cassiopée – C’est une vaste question qui nécessite une autre interview !

 

- page 1 de 2