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17 décembre 2011

Tati et l'architecture moderne

Après avoir fait un cours sur "la ville inventée" à travers Métropolis, voici le cours sur "la ville critiquée, interrogée" ; pendant ce cours, nous avons vu le générique du début du film Le chat de Granier Deferre, réalisé en 1971 : au terme d'un long travelling, pendant lequel on traverse le quartier de la Défense en chantier et avec ses tours en construction, on découvre un quartier ancien, en passe d'être démoli, et on aboutit à une maison tarabiscotée, sur laquelle le destin ne fait aucun doute ... ce long travelling rappelait celui que nous avez montré Georges avec le film de Jim Jarmush ... cela évoque aussi, encore !, les barbapapas dont on parlait dans un précédent billet (http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/06/11/2010/Barbapapa-et-la-critique-de-l-architecture-moderne-...)

Et voici le cours que nous avons fait sur Tatit, à travers les extraits de Mon Oncle (1957) et Playtime (1967) 

I/ La villa Arpel incarne la modernité

Voir l'extrait sur youtube où Mme Arpel présente sa maison à la voisine :

http://www.youtube.com/watch?v=nmTnJFLZJtA (vous noterez une phrase que je cite souvent à propos de cette maison « vous voyez tout communique »)

A.    Une maison moderne

 

-          le plan libre : «c’est moderne, tout communique ! » : la maison des Arpel est dessinée suivant un plan libre, place autour d’une entrée-salle-à-manger-salon la cuisine, la chambre de Gérard et la salle de bain. Un escalier partageant l’espace principal permet d’accéder à la chambre des parents.

-          Les matériaux modernes : acier, verre, béton

-          La façade blanche (« le nudisme ») / pas d’ornements

-          Formes géométrique, cubisme

-          Toit terrasse

 

La villa Arpel

La villa Arpel

 

 

B.    Le mobilier

 

-          Mobilier intégré

-          C’est un mobilier moderne, futuriste ; le fauteuil ci-dessous fait penser au fauteuil de le Corbusier, sauf qu’il n’est pas positionné de la même manière … On retrouve ce type de mobilier dans playtime, voir notamment la scène où Mr Hulot est dans la salle d’attente.

-          Ameublement très sobre : ni tapis au sol, ni tableau, ni miroir au mur. «Ca fait vide».

 

Le fauteuil de la villa Arpel

 

Le fauteuil de le Corbusier

 

C.    Des gadgets modernes

 

La cuisine fourmille de gadgets fonctionnels. On retrouve ces gadgets dans playtime, avec les objets présentés à la foire internationale: balai à phares, poubelle greek style et portes silencieuses.

 

II/ Une maison cependant très différente de l’architecture moderne par son esthétique

La villa Savoye

A.    Une maison moderne

 

-          le plan libre : «c’est moderne, tout communique ! » : la maison des Arpel est dessinée suivant un plan libre, place autour d’une entrée-salle-à-manger-salon la cuisine, la chambre de Gérard et la salle de bain. Un escalier partageant l’espace principal permet d’accéder à la chambre des parents.

-          Les matériaux modernes : acier, verre, béton

-          La façade blanche (« le nudisme ») / pas d’ornements

-          Formes géométrique, cubisme

-          Toit terrasse

 

La villa Arpel

La villa Arpel

 

 

B.    Le mobilier

 

-          Mobilier intégré

-          C’est un mobilier moderne, futuriste ; le fauteuil ci-dessous fait penser au fauteuil de le Corbusier, sauf qu’il n’est pas positionné de la même manière … On retrouve ce type de mobilier dans playtime, voir notamment la scène où Mr Hulot est dans la salle d’attente.

-          Ameublement très sobre : ni tapis au sol, ni tableau, ni miroir au mur. «Ca fait vide».

 

Le fauteuil de la villa Arpel

 

Le fauteuil de le Corbusier

 

C.    Des gadgets modernes

 

La cuisine fourmille de gadgets fonctionnels. On retrouve ces gadgets dans playtime, avec les objets présentés à la foire internationale: balai à phares, poubelle greek style et portes silencieuses.

 

II/ Une maison cependant très différente de l’architecture moderne par son esthétique

La villa Savoye

Villa Savoye

Villa Harpel

Parc, laisse place à la nature, nature sauvage

jardin géométrique et entretenu

Jeu de couleurs primaires villa Savoye

pas chez Le Corbusier

Villa Savoye sur pilotis ac le garage et les sanitaires ss les pilotis

au contraire villa Harpel bien implantée ds le sol

la villa Savoye répond aux 5 points de l'architecture moderne définis par Le Corbusier, c'est à dire les pilotis, le plan libre, les fenêtres en bandeau, le toit terrasse et la façade libre

Dans la villa Arpel on retrouve le plan libre (peut-être) et le toit terrasse.

Ccl la villa Savoye : une "boîte sur pilotis" tout le long de laquelle filent des fenêtres horizontales discontinues, pourvue d'un toit terrasse et bénéficiant d'un plan et d'une façade libre grâce au système de piliers porteurs. Elle propose une vision horizontale. Il y aussi dans la villa Savoye la dimension d’une promenade architecturale : la maison est un lieu de promenade, est chaque espace offre un point de vue différent.

Ccl la villa Harpel est un gros bloc construit à même le sol, ne laissant deviner ni pilotis, ni piliers et ne possédant pour fenêtre que deux hublots au 1er étage. Elle propose une vision verticale.

 III/ Une maison très différente du projet social de l’architecture moderne

 A.    Une modernité qui complique la vie

 

La modernité est vue co porteuse de contraintes :

 

La maison / le jardin : les circulations st compliquées ; chaque espace est dédié à une fonction (zoning) qui contraint du coup tous les mouvements ; l’enfant ne peut faire du vélo que derrière les barreaux

 

Les gadgets technologiques : gadgets qui, à force de cibler trop précisément leur usage, deviennent grotesques.

 

Le mobilier :

  - le canapé boudin :

  Madame Dubreuil : «Oh, mais c’est original : on peut s’asseoir ?»

  Madame Arpel : «C’est fait pour ça!»

  Le fauteuil : «Donk».

 

  - les sièges type «Le Corbusier» :

    «Schioutt»          

            

  - le siège filaire : Hulot lui préfère une chaise toute simple

 

  - le divan Le Corbusier et Charlotte Peyriard (1929) :

Hulot, pour y dormir, le renverse.

Des différences : chez les Harpel, la modernité représente une contrainte, les steaks qui sautent automatiquement, gadgets technologiques

 

Très différent des ambitions des architectes modernes, qui veulent apporter du confort hygiénisme / produire des meubles en série qui st simples etfonctionnels, créer une machine à habiter.

 

B.    Une maison destinée aux plus riches  

 

-          Une rue de desserte permet aux habitants d’accéder à leurs maisons,  qui, entourées de jardins et cachées derrière murs et portails, semblent austères. Ce lotissement pour nouveaux riches des années 50 accuse les traits des architectures des années 30, celle de la rue Mallet-Stevens, par exemple (décalage entre la création des modèles avec leur assimilation par la population).

-          La maison des Harpel est une maison pr les riches ; les pauvres d’ailleurs ne comprennent pas son fctt

 

Très différent des ambitions des archit qui ont des ambitions sociales : faire une maison pr ts, la maison dom’ino.

 

C.    Une modernité qui produit de l’uniformité

Voir la bande annonce de Playtime : http://www.youtube.com/watch?v=DHEOIVKdSPY

-          Tout est pareil

-          Avec cette architecture en transparence, tout le monde peut s’observer (voyeurisme) et se donner à voir (exhibitionnisme).

 

Par opposition : voir Mon Oncle :http://www.dailymotion.com/video/xdhfgm_mon-oncle-jacques-tati-intro-generi_shortfilms  les quartiers anciens : Le vieux bourg s’organise autour de la grand-place : une église, deux cafés et des habitations, et plus loin un petit mail et une épicerie. On suit Mr Hulot qui rentre chez lui, en suivant un espace labyrinthique, faisant une véritable « promenade architecturale », pour rejoindre son appartement sous les combles d’un immeuble de type «Vieux Paris». et comme on ne s'en lasse pas, vous pouvez regardez cette promenade image par image sur ce blog http://skildy.blog.lemonde.fr/2010/09/18/la-promenade-architecturale-de-monsieur-hulot/ dont j'ai extrait ici une photo, j'espère que l'auteur ne m'en voudra pas ...

 

 

Tati critique l’urbanisme moderne qui produit de l’uniformité. Là encore c’est très différent des ambitions des architectes du style international, qui voulait produire en masse des maisons ttes sur le même modèle pr faire des économies, pr construire moins cher …

 

Ccl

La villa Harpel est une caricature de l’architecture moderne :

-          La villa Savoye répond à un projet social, apporter à tous les hommes une maison fonctionnelle, confortable et bon marché

-          La villa Arpel étouffe l’homme avec des espaces immenses mais vides au fond, avec une technologie superflue et un mobilier où il ne trouve plus ses repères : c’est une maison aux objectifs plus esthétique que pratique, plus technologique qu’humain. Elle est une illustration des dérives du style moderne en France, car ce type de construction s’est multiplié après la Seconde guerre mondiale, en même temps que l’essor technologique. Ce style moderne largement critiqué aussi ds …Barbapapa

 

Qd on disait à Tati qu’il n’aimait pas l’architecture, il s’en défendait … : «Quand on voit la maison des Arpel, on dit que je suis contre l’architecture moderne, je crois que c’est faux parce que cette villa, c’est le comportement de monsieur Arpel dans cette villa.»

Villa Savoye

Villa Harpel

Parc, laisse place à la nature, nature sauvage

jardin géométrique et entretenu

Jeu de couleurs primaires villa Savoye

pas chez Le Corbusier

Villa Savoye sur pilotis ac le garage et les sanitaires ss les pilotis

au contraire villa Harpel bien implantée ds le sol

la villa Savoye répond aux 5 points de l'architecture moderne définis par Le Corbusier, c'est à dire les pilotis, le plan libre, les fenêtres en bandeau, le toit terrasse et la façade libre

Dans la villa Arpel on retrouve le plan libre (peut-être) et le toit terrasse.

Ccl la villa Savoye : une "boîte sur pilotis" tout le long de laquelle filent des fenêtres horizontales discontinues, pourvue d'un toit terrasse et bénéficiant d'un plan et d'une façade libre grâce au système de piliers porteurs. Elle propose une vision horizontale. Il y aussi dans la villa Savoye la dimension d’une promenade architecturale : la maison est un lieu de promenade, est chaque espace offre un point de vue différent.

Ccl la villa Harpel est un gros bloc construit à même le sol, ne laissant deviner ni pilotis, ni piliers et ne possédant pour fenêtre que deux hublots au 1er étage. Elle propose une vision verticale.

 III/ Une maison très différente du projet social de l’architecture moderne

 A.    Une modernité qui complique la vie

 

La modernité est vue co porteuse de contraintes :

 

La maison / le jardin : les circulations st compliquées ; chaque espace est dédié à une fonction (zoning) qui contraint du coup tous les mouvements ; l’enfant ne peut faire du vélo que derrière les barreaux

 

Les gadgets technologiques : gadgets qui, à force de cibler trop précisément leur usage, deviennent grotesques.

 

Le mobilier :

  - le canapé boudin :

  Madame Dubreuil : «Oh, mais c’est original : on peut s’asseoir ?»

  Madame Arpel : «C’est fait pour ça!»

  Le fauteuil : «Donk».

 

  - les sièges type «Le Corbusier» :

    «Schioutt»          

            

  - le siège filaire :

  Hulot lui préfère une chaise toute simple.

 

  - le divan Le Corbusier et Charlotte Peyriard (1929) :

  Hulot, pour y dormir, le renverse.

Des différences : chez les Harpel, la modernité représente une contrainte, les steaks qui sautent automatiquement, gadgets technologiques

 

Très différent des ambitions des architectes modernes, qui veulent apporter du confort hygiénisme / produire des meubles en série qui st simples etfonctionnels, créer une machine à habiter.

 

B.    Une maison destinée aux plus riches  

 

-          Une rue de desserte permet aux habitants d’accéder à leurs maisons,  qui, entourées de jardins et cachées derrière murs et portails, semblent austères. Ce lotissement pour nouveaux riches des années 50 accuse les traits des architectures des années 30, celle de la rue Mallet-Stevens, par exemple (décalage entre la création des modèles avec leur assimilation par la population).

-          La maison des Harpel est une maison pr les riches ; les pauvres d’ailleurs ne comprennent pas son fctt

 

Très différent des ambitions des archit qui ont des ambitions sociales : faire une maison pr ts, la maison dom’ino.

 

C.    Une modernité qui produit de l’uniformité

Voir la bande annonce de Playtime : http://www.youtube.com/watch?v=DHEOIVKdSPY

-          Tout est pareil

-          Avec cette architecture en transparence, tout le monde peut s’observer (voyeurisme) et se donner à voir (exhibitionnisme).

 

Par opposition : voir Mon Oncle :http://www.dailymotion.com/video/xdhfgm_mon-oncle-jacques-tati-intro-generi_shortfilms  les quartiers anciens : Le vieux bourg s’organise autour de la grand-place : une église, deux cafés et des habitations, et plus loin un petit mail et une épicerie. On suit Mr Hulot qui rentre chez lui, en suivant un espace labyrinthique, faisant une véritable « promenade architecturale », pour rejoindre son appartement sous les combles d’un immeuble de type «Vieux Paris». et comme on ne s'en lasse pas, vous pouvez regardez cette promenade image par image sur ce blog http://skildy.blog.lemonde.fr/2010/09/18/la-promenade-architecturale-de-monsieur-hulot/ dont j'ai extrait ici une photo, j'espère que l'auteur ne m'en voudra pas ...

 

 

Tati critique l’urbanisme moderne qui produit de l’uniformité. Là encore c’est très différent des ambitions des architectes du style international, qui voulait produire en masse des maisons ttes sur le même modèle pr faire des économies, pr construire moins cher …

 

Ccl

La villa Harpel est une caricature de l’architecture moderne :

-          La villa Savoye répond à un projet social, apporter à tous les hommes une maison fonctionnelle, confortable et bon marché

-          La villa Arpel étouffe l’homme avec des espaces immenses mais vides au fond, avec une technologie superflue et un mobilier où il ne trouve plus ses repères : c’est une maison aux objectifs plus esthétique que pratique, plus technologique qu’humain. Elle est une illustration des dérives du style moderne en France, car ce type de construction s’est multiplié après la Seconde guerre mondiale, en même temps que l’essor technologique. Ce style moderne largement critiqué aussi ds …Barbapapa

 

Qd on disait à Tati qu’il n’aimait pas l’architecture, il s’en défendait … : «Quand on voit la maison des Arpel, on dit que je suis contre l’architecture moderne, je crois que c’est faux parce que cette villa, c’est le comportement de monsieur Arpel dans cette villa.»

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03 novembre 2011

Une bonne idée : comparer deux architectures de deux époques différentes et montrer qu'elles utilisent le même "motif"

Oriane et Odile ont eu une bonne idée : elles ont choisi deux immeubles que 100 années séparent et elles ont montré qu'ils utilisaient un "motif" identique pour traiter l'angle : la figure de proue : voici les deux immeubles : 

Un immeuble fin XIXème s, 26 rue du 4 septembre à Paris

 

et l'Angle de J.P Viguier à l'angle de la rue Yves Kermen et de la rue du Vieux Pont de Sèvres construit en 2008 : 

 

Il aurait été également possible de rajouter cet immeuble que nous avions vu ensemble : 

L'immeuble a été construit par G.Pingusson en 1934 à l'angle de la rue Denfert Rochereau et de l'allée des Pins (Boulogne), sur un projet initial de Le Corbusier, qui a d'ailleurs réalisé la base du bâtiment. On retrouve l'avancée en forme de figure de proue ... le style paquebot était très utilisé dans les années 1930 ...

 

Mais impossible d'être exhaustif ! Quand on commence à remarquer un motif, on ne voit plus que lui ... si vous repérez un immeuble avec ce type de motif, postez un commentaire !

02 novembre 2011

Paysage urbain à Boulogne : les photos !

Voici les photographies prises par les élèves de terminale de l'option HIDA pour montrer la diversité du paysage urbain à Boulogne : architecture haussmanienne et posthaussmanienne, architecture régionaliste, architecture moderne des années 1930 qui se développe en même temps que l'architecture "art déco", et enfin architecture moderne aujourd'hui dans le quartier du Trapèze ... Pour les élèves, l'exercice (http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/29/09/2011/Paysages-urbains-%C3%A0-Boulogne-%3A-le-concours-de-photographie-%21) a été difficile car toutes ces "boites" que nous avons ouvertes (haussmanien, régionaliste, art déco, "moderne" ...) n'ont pas été si simples à utiliser comme en témoignent les questions de Marie (http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/16/10/2011/Qu-est-ce-que-l-art-d%C3%A9co-en-architecture) et de Pierre (http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/10/10/2011/Qu-est-ce-que-l-avant-garde-en-architecture) : elles ont posé des problèmes de définitions, de datations. C'était aussi le but de l'exercice : ça a permis de se replonger dans le cours et en même temps d'en voir les limites : pas simple de faire du rangement en histoire des arts ! Ce sont des catégories qui ont été construites, qu'il faut connaître et en même temps être capable de déconstruire ... pour pouvoir se les approprier !

Voici le résultat :

Architecture post-haussmanienne, 32 rue Molitor à Paris, architecte L.Salvan, 1891, photo Hortense/ Priscilla 

Architecture posthaussmanienne, 26 rue du 4 spetembre à Paris, photo Oriane / Odile

Architecture posthaussmanienne bis : photo Pierre

 

Architecture régionaliste, 62 route de la Reine, architecte Barret, photo  de la maquette au musée des années 30, par Oriane / Odile

J'aime bien cette photo parce que c'est une photo d'une maison que nous avons vue lors de notre sortie dans le quartier des Princes, et que nous avons revue en maquette dans le musée des années 30. Ici c'est la photo de la maquette.

Architecture régionaliste, 15 rue Gutemberg à Boulogne, photo Hortense / Priscilla


Architecture moderne : la photo de Pierre ... une maison tout en béton

 

Architecture moderne des années 30 : la villa Cook de Le Corbusier. Photo Hortense /Priscilla

 

Architecture contemporaine ... Le Trapèze à Boulogne : la tour de Jean Nouvel par Pierre

 

Architecture contemporaine à Boulogne dans le quartier du Trapèze, 27 cours de l'Ile Seguin : photo Hortense / Priscilla

 

Architecture contemporaine dans le quartier du Trapèze (siège social de l'Equipe) : l'Angle de J.P Vigiuer, angle rue Y.Kermen et rue du Vieux Pont de Sèvres, 2008, photo d'Oriane et Odile ...

 

 

23 octobre 2011

Que dire sur la typographie du Bauhaus ? La typographie et le mouvement moderne

En regardant la photographie du Bauhaus ci-dessous, nous nous demandions comment décrire la typographie ... après "quelques" recherches (en réalité on croit toujours que ça va aller vite, mais le sujet est toujours beaucoup plus vaste qu'on imagine), voici ce qu’on pourrait en dire (et la typographie moderne pourrait tout à fait être un sujet de dossier pour le bac !)


Le Bauhaus : ici ce qu'il faut regarder c'est l'inscription "Bauhaus" à droite ...

 

De nouveaux caractères


-          La typographie est minimaliste : le choix est celui de la sobriété

-          C’est une écriture "linéale", ou « grotesque », c'est-à-dire sans empattements (les empattemants sont les petites extensions qui forment la terminaison des caractères ; ces empattements permettaient aux Romains d’accentuer les jeux de lumière dans la gravure sur pierre)

 

Un exemple d'empattement : en haut avec ; en bas sans ...


 

En effet, l’objectif est la sobriété et le fonctionnalisme : la forme doit épouser la fonction … on retrouve le même principe qu’en architecture (la maison doit être fonctionnelle, c’est une « machine à habiter », les façades sont lisses, blanches et sans ornementation …).

 


Un nouveau contexte : l'apparition de la typographie moderne


Cette typographie s’inscrit dans un courant de recherche et d’expérimentation d’une nouvelle typographie :

-          Les premières recherches sont menées en Russie , en 1920, après la Révolution Russe : on veut créer des objets utiles, fonctionnels et produits de manière industrielle … dans la typographie, cela se traduit par la suppression de la surcharge décorative.

-          C’est l’Allemagne qui prend le relais, car elle dispose de moyens industriels : en 1925, un professeur du Bauhaus, Herbert Bayer, propose un alphabet universel caractérisé par

o   ses lettres rondes - a, b, c, d, e, g, n, o, p, q, u – qui sont construites sur la base d’un cercle toujours identique, ; seules les droites qui permettent de les distinguer les unes des autres.

o   La suppression des empattements

o   La suppression des majuscules (considérées comme redondantes et donc inutiles) (pas très pratique quand on pense que l’allemand est la langue qui utilise le plus de majuscules !)

 

L'alphabet universel de Bayer, créé en 1925

 


       - En 1927, Paul Renner, proche des positions du Bauhaus, crée la police Futura

La police futura

 


L’idée, pour nos typographes avant-gardistes, c’est de créer une typographie débarrassé des connotations nationales, et qui soit donc supranationales … on se situe peu de temps après le traumatisme de la 1ère guerre mondiale, qui a vu s’affronter les nationalismes … comme je le disais en classe, l’art véhicule des idées et pas seulement des formes …



Une typographie moderne qui contraste avec la typographie très ornementée et dense qui s'était développée au XIXème s


Cette typographie moderne contraste fortement avec la typographie gothique, la plus répandue dans les années 1920. Au XIXème s s'était développée dans la typographie une sorte de course à l'ornement et des mises en pages surchargées, avec des marges insuffusantes et donc des ouvrages très denses

 

La police "gothique"

 

A la fin du XIXème, William Morris tente de revenir à un travail plus artisanal ; ses ouvrages sont dans l'esthétique Arts § Crafts : très ornementés, et chers car produits artisanalement. Cette expérience restera sans suite mais est considérée comme un chef d'oeuvre de conception éditoriale.


Double page page extraites de l'édition Kelmscott de 1896 sur les oeuvres de Chaucer

 

http://typographisme.net/post/La-typographie-asym%C3%A9trique-de-Jan-Tschichold



Une nouvelle mise en page


Cette nouvelle police de caractères est destinée à être utilisée dans la publicité. Mais la police n’est pas la seule à être bouleversée, la mise en page est aussi concernée par cette petite révolution : regardez cet extrait d'un livre d'un troisième grand nom de la typographie, lui aussi membre du Bauhaus, Tschiscold : voilà ce qu'il dit sur la mise en page : 


Ci dessous, selon Tschischold, c'est ce qu'il ne faut pas faire : la mise en page est symétrique

 


Et ci-dessous, c'est ce qu'il faut faire : la mise en page est ... asymétrique : l’idée c’est de créer un déséquilibre dans l’espace, afin d’attirer l’attention du lecteur ;  l’isolement d’un mot ou son placement à l’endroit le plus primordial pour l’œil le met en évidence plus efficacement qu’en changeant la taille ou la police.

 


Et voici d'où sont extraites les deux images ci-dessus (Jean Tshcichold, Elementare Typographie, 1925):  

 


Concrètement, ça donne le type de mise en page ci-dessous (extrait de Jean Tshcichold, Elementare Typographie, 1925) 

 

in 

http://typographisme.net/post/La-typographie-asym%C3%A9trique-de-Jan-Tschichold

Décidément l’asymétrie était dans l’air du temps, rappelez vous ce que dit Bruno Zevi à propos de la symétrie en architecture … (cf http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/19/09/2011/Le-diktat-de-la-sym%C3%A9trie-selon-Bruno-Zevi-%3A-forme-et-fonctions-dans-l-architecture-moderne-...).  


B.Zevi, le langage de l'architecture moderne p.21: en haut c'est symétrique, la fonction épouse la forme, en bas c'est asymétrique, la forme épouse la fonction

 


Le principe d’harmonie qui gouvernait la mise en page typographique traditionnelle est remplacé par celui de contraste.


Il s’agit également de donner au texte l’apparence d’une image : dans cette affiche de Tschischold, on voit bien comment la composition du la page, disposée selon des lignes obliques et autour de formes géogmétriques (cercles, triangle) peut se rapprocher des peintures abstraites réalisées à la même époque.

 


Rappelez vous c'est pareil dans l'architecture ... comme le montre cet encadrement de fenêtre dans le couvent de la Tourette réalisé par le Corbusier en  1951 à la Tourette … un peu comme l’encadrement de fenêtres que je vous ai montré de Le Corbusier, qui semblait être un tableau …


 


Voilà ... la peinture abstraite est donc une racine commune à la typographie et à l'architecture modernes ... C'est le MOUVEMENT moderne dont on a parlé hier ...

Par la suite, Tschischold travaillera beaucoup pour la publicité. Son travail sera également repris par les publicitaires eux-mêmes ... mais l'utilisation de l'art par la publicité, c'est un autre sujet ...

Les sites consultés et leur adresse URL :


Je suis "tombée" sur beaucoup de très bons sites, qui plus avec une très belle mise en page ... typographie oblige ...

- Revue texte image   http://www.revue-textimage.com/04_a_la_lettre/philizot2.html#note_9_

- Typographisme http://typographisme.net/post/La-typographie-asym%C3%A9trique-de-Jan-Tschichold-%5B2%5D

- Un article dans Persée écrit en 1987 de Jadette Laliberté, la typographie moderne, conséquence de la révolution industrielle ?  http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1987_num_72_1_974

Comment faire un plan pour le dossier Histoire des Arts ? Forme et fonction ...

Voici la question d'Hortense : "j'aurais souhaité savoir si pour mon plan sur la salle pleyel je pouvais faire ma premiere partie sur l'architecture et la seconde partie sur l'acoustique et la scenographie ?" ... "Il correspondrait à : I/ Une Architecture légendaire des années 30 II/ Une Acoustique extraordinaire, connu dans le monde entier"

Ma réponse : ta première proposition est trop descriptive ...la deuxième est bien ... ; tu proposes un plan avec une première partie où tu étudierais la forme et une deuxième où tu étudierais la fonction du bâtiment ; ça me semble pertinent ... tu peux cependant problématiser un peu plus autour d'une question du genre : "en quoi la salle Pleyel est-elle une réponse esthétique et moderne (la forme) à une fonction de salle de concert (accueillir du monde / offrir la meilleure acoustique possible)."

I/ Un bâtiment dont l'esthétique est celle des années 30 : l'art déco (la forme)

Mettre en relation le bâtiment (extérieur / intérieur / mobilier - les ascenceurs par ex) avec la définition de l'art décoratif ; montrer que l'art décoratif est très répandu (expo arts déco 1925) / comparer avec d'autres bâtiments / d'autres objets de la même époque

Montrer la réception par les contemporains : ex de Le Corbusier

II/ Une acoustique révolutionnaire ?

Montrer le travail sur l'acoustique / mettre la salle en relation avec d'autres salles de concert de la même époque / antérieure pour montrer dans quelle tradition se place la salle Pleyel et quelles ont été les innovations : ne pas oublier la comparaison !

Conclure en montrant que la salle Pleyel est encore aujourd'hui une salle de concert ... une rénovation récente, preuve de la patrimonialisation ; que pensent les acousticiens de cette salle aujourd'hui ?

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