La rentrée littéraire du lycée Corneille, par les élèves de première littéraire
Par Lucie Jouanne (Lycée Corneille, La Celle saint-Cloud) le 22 septembre 2014, 17:46 - Littérature - Lien permanent
Le rapport de brodeck de Philippe Claudel
Avec le rapport de Brodeck, Philippe Claudel, l’un des meilleurs auteurs contemporains, nous livre un roman sur la noirceur humaine et sur la mémoire vu au travers des yeux de son héros Brodeck un homme simple empreint d’une grande sagesse.
Philippe Claudel est né en 1962 en Lorraine. Il fait partie des auteurs contemporains les plus renommés. Agrégé de lettres moderne il a enseigné dans des prisons et centres pour handicapés. Il est actuellement maître de conférence à Nancy 2. Il a écrit son premier livre, Meuse d’oubli, en 1999, mais c’est en 2003 que sa carrière décolle grâce à l’écriture de son livre Les âmes grises qui remporte le prix Renaudot. En 2007, il publie Le rapport de Brodeck pour lequel il obtient le prix Goncourt des lycéens. Aujourd’hui il a à son actif une vingtaine d’ouvrages traduit dans une trentaine de langue.
Dans Le rapport de Brodeck, Philippe Claudel nous fait partager la vie présente et les mémoires de son héros, Brodeck. Celui-ci, de retour dans son village après avoir été déporté dans un camp, est chargé par le maire de rédiger un rapport sur un évènement survenu au village, l’Ereignis. La rédaction de ce rapport suite à la mort de l’Anderer amène Brodeck à se pencher sur son passé, sa vie d’étudiant, sa rencontre et son amour pour Emélia, le rôle joué par les villageois dans sa déportation, sa vie au camp.
L’un des atouts de ce livre est le fait qu’il n’y ait pas de cadre spatio-temporel précis. On peut juste faire des suppositions, des déductions. Les noms des personnages et des lieux étant fictifs et ayant une consonance allemande, on peut imaginer que l’intrigue se passe en Allemagne ou dans une région comme l’Alsace par exemple, après la seconde guerre mondiale. Toutes ces réflexions permettent de laisser une plus grande part à l’imagination. Ce mystère permet également de rendre ce roman universel, car même si l’on s’imagine en Allemagne après la nazisme, le fait que l’auteur nous laisse sans cadre spatio-temporel précis m’amène à me dire que cette histoire peut arriver n’importe ou, n’importe quand y compris dans notre futur.
La façon d’écrire de l’auteur est agréable à lire. Son style parait léger. A travers ce style Philippe Claudel nous dépeind Brodeck comme un homme simple, qui ne demande rien au autres. Au départ on a l’impression qu’il est là un peu par hasard, que s’il n’avait pas été obligé par les autres habitants du village d’écrire ce rapport suite à l’Ereignis, il n’aurait peut être pas eu l’idée d’écrire en parallèle l’histoire de sa vie.
Brodeck est un personnage très attachant. Malgré les choses horribles qui lui sont arrivées, il reste quelqu’un de bon et surtout d’humain.
Si au début du livre, on peut avoir l’impression que Brodeck est très timide, qu’il n’est pas à l’aise et qu’il n’ose pas “nous” raconter certaines choses de sa vie dont il a sûrement honte, au fil de l’oeuvre, il devient de plus en plus confiant et se dévoile alors complètement.
C’est ce personnage, sa mémoire et sa vie présente qui rendent ce roman passionnant.
Daniela Micic
Le Sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari
Avec Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari a obtenu le prix Goncourt 2012. Né à Paris en 1968, auteur de plusieurs romans publiés chez Actes Sud (Dans le secret, Un dieu un animal…), il a enseigné la philosophie en Corse et en Algérie.
C’est justement des études en philosophie que ses héros choisissent d’abandonner pour reprendre la gestion d’un bar, le transformer en un monde prospère et convivial. Un monde qui, comme tant d’autres – comme la Rome Antique – connaîtra un début et une fin. Mais “peut-être Rome n’a-t-elle pas péri si les Romains ne périssent pas”, suggère saint Augustin lors de son sermon, des siècles auparavant. Et peut-être les hommes sont-ils destinés à reproduire les mêmes actions indéfiniment… Les mots de Jérôme Ferrari nous dépeignent une boucle infernale, prouvant que l’Histoire peut se répéter malgré nos efforts.
Il manque au roman cette touche d’espoir qui permet aux lecteurs de prolonger le livre, de rendre l’univers plus vaste et de repousser les limites de l’imagination. Tous les personnages sont des êtres résignés, ou de faux optimistes – qui se mentent à eux-mêmes. La plupart cherchent vainement le bonheur, se persuadent qu’ils l’ont trouvé sans parvenir à se faire d’illusions, sans laisser le lecteur s’en faire lui-même.
L’un des personnages principaux manque de vivacité et de réaction. On s’attendrait à plus de remous dans certaines scènes où il reste les bras ballants.
On trouve aussi quelques longueurs, notamment lorsqu’on suit le personnage de Marcel Antonetti, qui a participé à la guerre d’Algérie. Une abondance de dates, lieux et événements rendent bien souvent le récit ennuyeux. Dommage.
Le dénouement, enfin, pourrait manquer de vraisemblance.
Cependant,
le point de vue de l’auteur sur le monde est intéressant ; et de jolies
métaphores doublées d’un superbe style d’écriture posent les décors
entre deux inspirations, absorbent le lecteur et l’entraînent aux côtés
des héros, lorsqu’il accepte de les suivre.
Marie Semin
Le voyage de Chihiro, Hayao Miyazaki
Hayao Miyazaki nous montre, une fois encore, toute la beauté des mangas à travers son livre, Le Voyage de Chihiro. Il est connu pour ses autres oeuvres telles que , Princesse Mononoké ou Kiki la petite sorcière, qui ont été adaptées au cinéma. Hayao essaye de nous montrer à travers ses livres, la relation de l’humanité avec la nature, l’écologie ainsi que la difficulté du pacifisme dans un monde de guerre.
L’histoire parle de Chihiro, une fille de 10 ans, qui , part un “portail”, arrive dans le monde des esprits. Ses parents, étant transformés dans ce monde en porcs, elle est condamnée à travailler chez une sorcière, Yubaba, en échange de retrouver ses parents et repartir dans le monde des humains. La tache s'avère plus compliquée que cela lorsqu’elle se rend compte que la sorcière ne veut en fait pas la laisser partir. Elle rencontrera alors un garçon, Haku, qui cache un secret bien à lui… Au fur et à mesure de la lecture chaque secret sera dévoilé et l’histoire comprendra alors des révélations inattendues.
Ayant lu le livre et vu le film, j’avoue avoir préféré la version cinématographique de cette histoire. J’ai pu ainsi mieux comprendre certaines choses. Cependant quelques éléments du livre ne sont pas insérés dans le film, comme tout bon lecteur qui se respecte nous savons bien que les films ne sont jamais fidèles à 100%. Dans tous les cas, livre ou film, les deux sont tout aussi bien. Chacun ses préférences.
Hayao Miyazaki donnera une leçon de morale aux lecteurs et pour ceux qui connaissent déjà cet auteur, beaucoup savent que ses histoires veulent dénoncer des événements ou des faits qui nous entourent au quotidien. Le voyage de Chihiro, est accessible aux enfants tout comme aux adultes. Une belle histoire pleine de rebondissements et de magie qui fera rêver petits et grands. Ce “voyage” est édité en plusieurs “tomes” et bien entendu, adapté au cinéma. A lire !
Baptiste VIOLLE.
Le Diable au corps, Raymond Radiguet
Raymond Radiguet, enfant prodige de la littérature, souvent comparé à Arthur Rimbaud, écrit Le Diable au corps à l’âge de 16 ans, peu de temps avant sa mort en 1923. Il écrit également, trois années avant son chef-d’oeuvre, Les Joues en Feu, recueil de poèmes.
Roman d’amour, roman autobiographique, roman à scandale et bien plus encore, Le Diable au corpsraconte l’histoire que va vivre ce jeune adolescent de seize ans avec une femme plus âgée que lui en 1918. La jeune femme, Marthe est mariée à un homme, Jacques, qui est au front. C’est l’amour fou, absolu entre les deux amants. Malheureusement, l’aventure d’un homme va devenir très difficile à vivre pour ce jeune homme. Au fur et à mesure du livre, le narrateur tente d’expliquer ses actions et les sentiments qu’il éprouve. Il devient de plus en plus froid, puéril avec Marthe.
Raymond Radiguet dit de cette oeuvre que c’est une “fausse autobiographie” ; je cite : “Ce petit roman d'amour n'est pas une confession, et surtout au moment où il semble davantage en être une. C'est un travers trop humain de ne croire qu'à la sincérité de celui qui s'accuse ; or, le roman exigeant un relief qui se trouve rarement dans la vie, il est naturel que ce soit justement une fausse autobiographie qui semble la plus vraie.”
Ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce livre, c’est le scandale qu’a provoqué ce livre à cette époque : en effet les relations de ce type étaient mal vues. Certaines profitaient de l’absence de leur compagnon pour se divertir avec d’autres hommes.
De plus, c’est un roman rétrospectif et Raymond Radiguet rejette ce fait que son histoire puisse être possible car il était jeune lors ce l’écriture de son livre : c’est la polémique suscitant les critiques qui m’a surtout attiré.
C’est la raison pour laquelle je vous conseille ce livre.
Arthur Lemonier
Corniche Kennedy (2012) Maylis de Kerangal
Maylis de Kerangal est une auteur du 20e siècle. Elle fut couronnée en 2010 par le prix Franz Hessel et par le prix Médicis pour Naissance d’un pont. Ses oeuvres sont toujours en rapport avec la réalité vue ou vécue.
Corniche Kennedy raconte la vie intrépide de jeunes vivants sur la Côte d’Azur française et d’un vieux commissaire envahi par son travail et qui ne cesse de les surveiller. Il consacre sa vie à la justice et au bien d’autrui, c’est pour cela qu’il intervient directement avec ces jeunes de la corniche mais aussi en mission périlleuse. Ce roman est à la fois prenant, bouleversant, et touchant par son côté enfantin qui nous remémore notre passé.
Pour
ma part je trouve cette oeuvre très intéressante, par son écriture très
ressente, fluide mais aussi pour la simplicité du vocabulaire employé,
ce qui de surcroît est rare pour un roman dédié aux “grandes personnes”
qui pour la plupart du temps sont très difficiles , de compréhension.
Je finirais par dire que ce roman est idéal pour un large publique
habitué ou non à la lecture de roman.
Edgard Pagès
Hygiène de l’assassin, Amélie Notomb
Hygiène de l’assassin, premier roman d’Amélie Notomb (1992), va marquer le début de 23 ans d’écriture romanesque et décalée qu'apprécient particulièrement les lecteurs de cette dernière.
Avec un humour subtil et parfois même des oeuvres autobiographiques (Métaphysique des tubes par exemple), les roman de l'écrivain ont tous du succès dès leur partition.
Hyginène de l’assassin est un roman qui a été adapté au cinéma, et au théâtre. Mais, c’est au livre que se dirige ma critique aujourd’hui.
Prétextat Tach est un évrivain mondialement connu et adoré de tous. Atteint d’un cancer, il sait que ses jours sont comptés et des journalistes vont s’empresser de se rendre à son domocile afin d’obtenir une interview. Prétextat est un homme qui cache bien des secrets et Nina, une journaliste qui a déjà fait des recherches sur le passé de l’écrivain, est bien décidée à les découvrir.
Surprise : dès le premier chapitre de l’oeuvre configuré principalement en dialogues, j’ai tout de suite été happée par ce personnage odieux qu’est Prétextat Tach.
Je pense que, pour apprécier un livre, il est important d'éprouver de l’affection pour son personnage principal. Certes Monsieur Tacht est un homme méchant et qui se joue des faiblesses de ses interlocuteurs, mais c’est en cela qu’il est passionnant. A chaque nouveau journaliste, une question se pose : Comment va-t-il encore se comporter pour faire fuire tous les journalistes qui osent se présenter à lui ? Car Tacht est un manipulateur qui sait qu’il n’a plus rien à perdre en raison de son décès imminent. Et c’est principalement ce côté du personnage qui m’a plu et qui a fait que j’ai lu cette oeuvre en seulement quelques heures. Passionnant, et particulièrement bien écrit, ce roman d’Amélie Notomb nous plonge dans un univers cependant sombre et lugubre.
Une fin étonnante et un personnage principal révélé au fil des chapitres, c’est un livre que je conseille pour son originalité et pour son humour. Oui, Pretextat Tach est un homme odieux mais c’est justement par sa méchanceté qu’il en devient drôle. Un grand Oui pour Hygiene de l’assassin d’Amélie Notomb !
Mathilde L. Première L
J.R.R. Tolkien, Le Silmarillion
Publié en 1977 à titre posthume, Le Silmarillion fut rédigé par le célèbre écrivain britannique J.R.R. Tolkien durant toute sa vie.
En effet, cette grande oeuvre prend place dans l’univers non moins célèbre des Terres du Milieu, univers cher à l’écrivain britannique puisqu’il y introduisit sa trilogie du Seigneur des Anneaux, oeuvre maintes fois récompensée, et adaptée au cinéma par le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson.
Cependant, Tolkien n’aura jamais eu l’occasion de parachever son oeuvre, ne la trouvant jamais assez complète. Il s’éteignit en 1973 à l’âge de 81 ans, laissant derrière lui son oeuvre incomplète.
C’est en 1977 que son fils Christopher décida de publier l’oeuvre sous forme de roman - encyclopédie, afin que le travail de son père ne soit pas oublié. Le livre obtint un an plus tard le Prix Locus du meilleur roman de fantasy.
Le Silmarillion conte l’histoire d’Eä, l’univers de Tolkien, de sa création par les Valars, des divinités, au temps du retour de Sauron, sorte de maître du mal (époque du Seigneur des Anneaux). Avec très peu de dialogues, Tolkien narre le destin de nombreux personnages, parfois éphémères, parfois déterminants au futur d’Eä.
C’est donc sous la forme d’une grande légende, d’un mythe géant, d’un conte féerique que Tolkien narre l’immense histoire qui accompagne ce monde imaginaire. Batailles épiques, évènements magiques, tragiques et héroïques ; le Silmarillion ravira tout passionné du genre Heroic-Fantasy, et plus encore donnera idées et imagination au lecteur découvrant cette univers si unique, si réel et pourtant impossible.
Bref, même si l’oeuvre n’est pas à mettre dans les mains de tout le monde, elle servira de base du genre, et symbolisera l’imagination débordante que possédait l’auteur britannique, de son retour de guerre à sa mort.
Thomas LESTEVEN
Le diable au corps de Raymond Radiguet
Raymond Radiguet né en Juin 1903 et mort en Décembre 1923, est un écrivain romancier et poète aîné de ses 6 frères et soeurs en grandissant ,il se désintéressera des études.
A l’âge de quatorze ans , celui-ci aura une liaison avec Alice la fille de ses voisins elle est alors mariée à un soldat partit pour le front,
cela lui inspirera le Diable au corps. Il écrira son deuxième et dernier roman le bal du compte d’Orgel en 1921.
Lors de la première guerre mondiale , le narrateur de l’histoire François âgé de quinze ans, fait la rencontre de Marthe une jeune femme de dix-huit ans. Celle-ci est mariée à un soldat, Jacques qui a été mobilisé sur le front.
Marthe “traitera” François comme un enfant , ce qui lui déplaira il décidera donc de la séduire pour la “provoquer” et obtenir d’elle qu’elle le voit comme un homme.
S’ensuivra donc une liaison secrète et interdite.
C’est un livre que je conseille, car les émotions qui y sont transcrites sont intenses, plus on le lit plus on veut savoir ce qu’il adviendra de ces jeunes amants malmenés par le “monde” , en particulier leur entourage.
Ce livre m’a énormément touchée surtout par la situation de Marthe qui est manipulée et malmenée par son amant , elle rejette finalement son mari sa famille pour lui alors que c’est un enfant immature et égoïste.
Toutes ces tragédies ne seraient pas arrivées si la guerre n’avait pas eu lieu, celle-ci a ravagé le coeur des hommes les a rongés, mais a aussi détruit les familles , touchées par l’absence d’un père, d’un fils, d’un frère ou en l'occurrence ici d’un mari.
On y voit l’autre côté des conséquences de la guerre.
PONCELET Lorène
Zéro le monde
Auteur du roman Sauf quand on les aime de Frédérique Martin paru en août 2014, ou encore Grand Prix Littéraire Villepreux 2012 Roman épistolaire. Le vase où meurt cette verveine, aussi auteur du roman Zéro le monde et bien d’autres. Dans tous ces romans, elle dénonce ou créer une morale autour d’un thème choisit (comme celui sur une jeunesse meurtrie en quête de liberté et d'avenir qui est un thème commun entre Sauf quand on les aime et Zéro le monde ).Elle montre les portraits de personnages subtils en détaillant les relations complexes qu'ils nouent du point de vue de la psychologie, de l'affectif, de la solidarité.
Zéro le monde ou un livre qui a touché beaucoup de jeunes, écrit en langage courant. L’intrigue nous prend des le début du livre avec cette question “ Pourquoi ruine-t-il sa vie?“ et plus nous avançons dans le livre plus l’intrigue change d’aspect. A 12 ans, Dominic a la haine. La haine contre le monde injuste qui l'entoure et auquel il a décidé d'administrer un "zéro pointé" bien mérité. Et rien ne saurait lui faire changer d'avis et de regard. Certainement pas son père qui noie son mal-être dans ses innombrables canettes de bière quotidiennes, qui offre à Dominic une première fois qu'il conclura laconiquement d'un "Bienvenue chez les fous". Certainement pas sa mère non plus, dépressive et à la recherche d'un emploi.
je m'attendais à quelque chose d'extraordinaire quand j'ai ouvert Zéro le Monde. Et c’est ce que j’ai ressenti car c’est une oeuvre très émouvante, et la manière d’écrire de Fédérique Martin nous introduit directement dans le contexte. Même si c’est une oeuvre destiné au adolescents. Mais la tournure du récit est inédite, et le livre n’est pas lourd et vraiment rapide a lire. Je conseillerai ce livre, car l’histoire est intéressante et reflète des problèmes de tous les jours et se lit comme passe temps dans le train, bus ect…
Melaab W L
Corniche Kennedy,Maylis de Kerangal
Maylis de Kerangal est l’auteur de quatre oeuvres aux Éditions Verticales dont Je marche sous un ciel de traîne (2000), La vie voyageuse (2003), Corniche Kennedy (2008), Réparer les vivants (2014), et d’un recueil de nouvelles Ni fleurs ni couronnes (“Minimales”, 2006). Aux Éditions Naïve, elle a conçu une fiction en hommage à Kate Bush et Blondie, Dans les rapides (2007). Elle est d’ailleurs membre de la revue Inculte. Naissance d’un pont a été couronné en 2010 par le prix Franz Hessel et par le prix Médicis.
L’histoire se déroule dans les sous-quartiers de Marseille, plus exactement un dénivelé de rochers séparant des villas huppées d’une mer sans plage aménagée nommé “Corniche Kennedy” dont le nom est le titre du roman. C’est à cet endroit que des adolescents vont y trouver refuge pour accomplir des sauts périlleux, interdits par les forces de l’ordre. Plusieurs bandes vont se former dont celle d’Eddy qui va transformer ces sauts en une sorte de rite initiatique. Profitant de l’adrénaline et des chassés-croisés avec les forces de l’ordre, ces adolescents vont s’attirer des ennuis plus rapidement qu’ils ne le pensent.
Pour ma part, Maylis de Kerangal a parfaitement su nous transmettre l’aspiration à la liberté et à la lumière de ces adolescents intemporels. Leur volonté d’oublier leurs tracas, le temps d’un été, ainsi que le saut initiatique qui n’est pas qu’un rite mais une conquête, “comme une figure libre qui ferait le pari de la transcendance inversée”. En contrebas, elle intègre le monde des adultes via un commissaire qui est aussi ténébreux et terre à terre que les adolescents solaires et aériens. La lecture est assez facile malgré la multitude d’images. Je vous conseille ce roman.
Sariaka Rabesohely
Une fille est une fille de Henri Lenormand
L’humanisme à son paroxysme dans une oeuvre où même l’auteur reste méconnu : Écrivain de l’entre-deux guerres, Henri Lenormand nous fait partager la vie de Renée, une jeune femme nocturne qui travaille dans les décombres de Rouen. Favorite des officiers, elle vit paisiblement loin des bombardements dans une vie où la luxure se monnaie, jusqu’à ce qu’elle le rencontre. Lui, le libéré de camp artiste-graveur qui avait été traumatisé par la guerre, qu’elle aurait tout fait pour changer. Mais alors qu’il était censé lui apporter plus de sérénité dans ce monde de vices et de fous, il ne fait que l’empirer à ses détriments.
Une fille est une fille : un ascenseur émotionnel qui fait monter au septième ciel, où l’on redécouvre la solitude d’un instant, la jalousie de posséder un corps et l’amour d’une passion dangereuse qui traverse une époque explosive ; Lenormand place dans un contexte sombre la plus vieille profession du monde sans pour autant lui ôter ses charmes.
Par DOS SANTOS Eliana.
Patrick Süskind, Le Parfum
Patrick Süskind est un auteur allemand contemporain au style pourtant très classique. C’est néanmoins un touche à tout qui écrit aussi bien pour le théâtre que pour la télévision, en passant par le roman, bien sûr.
Malheureusement, à l’heure actuelle, l’histoire de l’oeuvre de Patrick Süskind Le Parfum se fait connaître grâce au film éponyme. Le roman n’a pourtant rien à envier au film, au contraire. Jean-Baptiste Grenouille transmet bien mieux son don sur papier qu’à travers le cinéma.
France, XVIIIe siècle. Jean-Baptiste Grenouille est un orphelin parmi tant d’autres à Paris, ce gamin a tué sans le vouloir sa mère, à cause de quelques pleurs. Le monde le prend pour un imbécile. Mais Grenouille cache un don que personne n’a et n’aura jamais après lui. Grenouille sent, Grenouille intériorise et Grenouille retient. Il retient absolument toutes les odeurs, du plus atroce relent d’égout à la plus agréable odeur de rose. Alors Grenouille veut apprendre, apprendre à faire les parfums qu’il a créés à partir de ses souvenirs. Seulement, Grenouille est un monstre, et les essences à sa disposition ne lui suffisent plus…
Avec Le Parfum, Süskind nous réconcilie avec un sens oublié, souvent rejeté, prit pour accessoire. Il nous offre une vision neuve du roman en général, nous forçant à fouiller dans des souvenirs que nous avons omis de juger importants… Essayez donc de vous rappeler l’odeur de la rue où vous habitiez enfant, de vous remémorer le parfum de votre grand-mère ou simplement l’odeur que vous associez à votre plat favori ! Süskind va au delà : il détaille avec brio tous les effets d’un sens qui pourtant nous est très difficile à exprimer en temps normal. Il n’est pas rare de s’arrêter à certains passages pour essayer de “visualiser” une odeur.
Il n’est pas désagréable de se laisser manipuler par l’auteur qui nous plonge dans un univers à la fois si délicat et si sombre où l’on se perd à la fois dans une douce nostalgie et dans un flot d’idées noires...
Hortense Belmer
Jérôme Ferrari, Le Sermon sur la chute de Rome.
L’action se déroule dans un bar, situé dans un village de Corse. Deux amis d’enfance, Matthieu et Libero, natifs de l’île, abandonnent leurs études suite à la mauvaise gérance de l’endroit pour venir le sauver de la faillite.
La tête pleine de rêves, ils veulent faire de cet endroit le “meilleur des mondes possibles”.
En parallèle, le grand-père de Matthieu, Marcel, très âgé, nous dévoile son passé. Nous apprenons alors que, si les aïeux de la famille souhaitaient à tout prix quitter la Corse, la nouvelle génération, au contraire, n’aspire qu’à y revenir.
Ce livre émouvant retrace la désillusion des deux jeunes hommes, décidés à vivre leur jeunesse jusqu’au bout. Abreuvés d’amour, d’amitié et d’argent, ils ne voient pas l’étau qui se resserre petit à petit sur eux, celui de la fatalité, “qui conduit les mortels à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient et à refonder sans trêve”.
Jérôme Ferrari nous pousse ici à nous interroger sur un évènement antique, celui de la chute de Rome, qu’il définit comme un éternel recommencement.
Jérôme Ferrari a reçu le prix Goncourt en 2012 pour son roman Le Sermon sur la chute de Rome. Écrivain depuis 2001, il a toujours été passionné par la philosophie, matière qu’il enseigne, et a vécu en Corse, langue dans laquelle il réalise des traductions. Son écriture est très accessible et parvient à emmener le lecteur dans son univers et à faire passer des émotions intenses.
Par Marine Drille
Corniche Kennedy, de Maylis de Kerangal
Maylis de Kerangal est l’auteur de quatre romans aux Éditions Verticales, dont La Vie Voyageuse (2003), Je Marche Sous Un Ciel De Traîne (2000), et également d’un recueil de nouvelles intitulé Ni Fleurs Ni Couronnes (2006). Aux Éditions Naïves, elle a écrit une fiction en hommage à Kate Bush et Blondie : Dans Les Rapides (2007).
Reconnue par Le Figaro comme “nouveau phénomène littéraire”, Maylis de Kerangal, avec son roman Corniche Kennedy, nous offre, le temps d’un été, les différentes visions de la vie vues par les adolescents et les adultes. Elle traite ce sujet avec légèreté, et utilise un registre de langage particulièrement familier, ce qui permet de rentrer dans la peau des jeunes personnages très facilement. Maylis de Kerangal nous explique, en quelques sortes, comment l’adolescent “fonctionne”, sa soif de liberté, le goût de l’interdit, ses rêves et ses espoirs.
L’auteur partage également le point de vue des adultes, incarné par le commissaire, qui est chargé de la surveillance de la dite Corniche. Partisan de l’autoritarisme, celui-ci représente les adultes de nos jours : l’inquiétude vis-à-vis de la génération d’aujourd’hui, cette tendance chez les jeunes à provoquer, tester ses limites, et parfois même braver l’interdit, dans l’espoir de “découvrir le monde”.
Dans Corniche Kennedy, l’auteur porte un oeil neuf et moderne sur la jeunesse. Elle comprend le besoin de liberté des jeunes du XXIe siècle, qu’ils viennent de milieux aisés ou défavorisés, d’origines et de cultures différentes. Ces adolescents sont fascinants, débordants d’imagination, et parfois même attachants. Maylis de Kerangal, avec son roman, nous plonge dans les réflexions adolescentes, et nous fait partager son point de vue très intéressant sur les héros de la Corniche.
Alexia Barthy de Courtenay
Nos étoiles contraires de John Green
John Green est un auteur américain de fiction pour jeunes adultes et blogger sur YouTube. Il a été numéro un de la liste des meilleures ventes duNew York TimespourNos étoiles contraires en 2011. Le titre original qui est “The fault in our stars”est tiré d’une scéne de Shakespeare,Jules César (1599), oùCassius dit àBrutus : “ The fault, dear Brutus, is not in our stars, / But in ourselves, that we are underlings”(« Si nous ne sommes que des subalternes, cher Brutus, la faute en est à nous et non à nos étoiles .”
L’histoire se déroule à Indianapolis. C’est un livre destiné plutôt aux adultes qui raconte l’histoire de deux jeunes âgés de 16-17 ans atteints d’un cancer qui se sont rencontrés un jour dans une réunion de soutien. Augustus Waters tombe sous le charme de Hazel Grace grâce a son originalité et sa beauté .C'est le début d'une grande histoire d'amour et d'amitié.
J'ai aimé ce livre car tout d'abord , j'ai trouvé l'histoire originale et attirante. Le livre est plein d’espoir , on pleure mais on rit à la fois, on referme le livre avec l’envie de profiter de la vie. Suite à cette lecture, on se rend compte de notre chance comme l’indique la phrase suivante : “je crois qu’on peut choisir dans la vie comment on a envie de raconter une histoire triste , et Augustus et moi avons choisi la manière drôle”. Ensuite, j’ai adoré l’humour qui se dégage de ce livre, les personnages sont extraordinaires mais pourtant ils sont loin d'être parfaits.
Nos étoiles contrairescomme le dit l’auteur n’est pas un simple livre sur le cancer mais c’est avant tout un livre sur l’amour, l’amour entre deux êtres, l’amour de parents envers leur enfant, l’amour entre deux amis et l’amour pour ces deux étoiles pour la vie.
Et pour finir, je partage avec vous une très belle citation qui m’a beaucoup marqué de Augustus qui dit : “ Tant qu’on ne l’allume pas, la cigarette ne tue pas [...] Et je n’en ai jamais allumé une seule de ma vie. C’est un sorte de métaphore. Tu glisses le truc qui tue entre tes lèvres mais tu lui donnes pas le pouvoir de te tuer” ou encore “Tu m’as offert une éternité dans un monde de jours limités, et j’en suis heureuse”.
Maysan GACEM