Phèdre aux Amandiers

Les critiques...

... par Léticia Moura et Sibylle Vidalainq

 

Phèdre
Phèdre, déc. 2013

Le Jeudi 28 novembre, nous avons assisté à la tragédie Phèdre de Racine aux Théâtre des Amandiers de Nanterre, accompagnées de Madame Jouanne et des élèves de classe de Première.

 

Phèdre est une tragédie en cinq actes écrite en vers par Jean Racine, représentée pour la première fois en 1677. Thésée est roi d’Athènes. Hippolyte est son fils, né de l’union de son premier mariage avec la reine des Amazones. Au début de la pièce Hippolyte annonce son départ pour fuir sa belle-mère, Phèdre, ainsi que l’amour qu’il a pour la jeune Aricie, un amour impossible étant d’un clan ennemi. On apprend également que Phèdre est amoureuse de son beau-fils. Alors qu’un jour on lui apprend la mort de Thésée, Phèdre avoue alors ce qu’elle ressent à Hippolyte, il la repousse avec horreur. Le bruit se répand alors que le roi Thésée n’est pas mort et qu’il rentre bientôt ; il est alors accueilli froidement par son fils et son épouse et exige des explications auprès de la nourrice de Phèdre, Oenone. Celle-ci ne trouve aucun autre moyen que de mentir et d’accuser Hippolyte. Thésée, fou de rage, accable son fils de malédiction et implore même le Dieu Neptune. On apprend peu de temps après la mort d’Hippolyte, tué par un monstre. Rongée de remords Phèdre accourt dévoiler la vérité, mais alors qu’elle finit de se confesser, elle meurt au pieds de son époux, en effet elle s’était empoisonnée avant.

Nous avons assisté à la pièce de Phèdre dans la salle transformable. La scène était au centre et s’étendait sur toute la longueur de la salle, entourée de gradins de chaque côté. Sur le côté gauche il y avait un mur de pierre et sur le côté droit un tapis rouge et deux chaises (ou deux trônes) symbolisant le pouvoir. Sur l’une de ces chaises, nous pouvions voir une épée qui pouvait représenter la guerre, la violence et le sang. La forme de la salle était un choix judicieux car elle permettait ainsi aux comédiens d’aller et venir par plusieurs endroits. Parfois, il y avait une vraie proximité avec le public lorsque les personnages arrivaient par les escaliers qui séparaient les gradins en deux parties. Le metteur en scène, nommé Jean-Louis Martinelli, a choisi des comédiens très talentueux pour représenter les personnages de la tragédie. Ainsi, Mounir Margoum interprétait le rôle d’Hippolyte, le fils de Thésée. Son costume était simple, composé d’un pantalon noir, d’une longue écharpe qui lui permettait de “jouer” avec et qui était parfois remplacée par un long peignoir marron pailleté. Il était toujours torse nu. Le choix correspondait bien avec la position du personnage dans la pièce. D’ailleurs, son père, le roi Thésée incarné par Hammou Graïa était lui aussi lors du dernier acte torse nu, avec un peignoir rouge. C’est le seul a avoir eu un costume avec une couleur vive. Pour Thésée, lors de son entrée sur scène, il portait une armure doré avec une cape rouge car il revenait de la guerre. Étant le roi d’Athènes, il doit porter des vêtements qui lui donnent de l’importance en accord avec son rang. Sa voix était forte, pour montrer qu’il était bien le roi mais cette même voix pouvait aussi rendre le personnage ridicule. Phèdre, personnage éponyme de la pièce était représentée par Anne Suarez, une femme blonde, plutôt belle et jeune afin de pouvoir tenter de séduire Hippolyte. Elle portait tout au long de la pièce une robe couleur chair, qui se fondait avec sa peau.

 

 

Phèdre2
Phèdre2, déc. 2013

Parmi les personnages secondaires il y avait Œnone, joué par Sylvie Milhaud : c’est la nourrice de Phèdre, une dame assez âgée. Phèdre avait également une femme de suite, Panope, incarnée par Gaëlle Voukissa. Aricie, “l’amoureuse” de Phèdre, représenté par Sophie Rodrigues était jeune et jolie. Elle avait une robe bleue comme sa confidente Ismène jouée par Delphine Cogniard. Enfin, Théramène, le gouverneur d’Hippolyte, était interprété par Abbès Zahmani.

Nous avons plutôt bien apprécié la pièce dans l’ensemble malgré quelques tirades parfois assez longues.

Léticia Moura et Sibylle Vidalainq

... Par David Ebray et Nathan Van Laere

 

Phèdre est le chef d’oeuvre incontesté de Racine, qui atteste parfaitement de sa maturité théâtrale. La scène de déroule alors en Grèce, durant l’Antiquité. Hippolyte, fils du roi d’Athènes Thésée, annonce à son gouverneur Théramène qu’il veut quitter Trézène. En réalité, il aime Aricie, princesse déchue que des raisons politiques l’empêchent d’aimer. Parallèlement, Phèdre, femme de Thésée, souffre d’un mal existentiel qui la ronge : elle s’est éprise de son beau-fils. C’est alors qu’on annonce la mort du roi. Voilà aussitôt Phèdre qui se décide à déclarer sa flamme au jeune Hippolyte, qui finit par la rejeter. Cet aveu est le noeud de l’intrigue, qui sera la cause de toutes les conséquences tragiques ultérieures.

Dès notre entrée dans la salle, le premier élément de mise en scène, tout à fait particulier et unique en son genre, frappe le spectateur: Les gradins sont divisés en deux parties placées face à face avec la scène en leur milieu, s'étendant sur toute la longueur de la pièce. Sur scène sont déjà présent les symboles des grandes valeurs évoquées dans la pièce. L'épée, placée au milieu du plateau représente la violence, la guerre, la confrontation, mais également la mort. A l'une des extrémités de la scène se trouvent deux sièges, deux trônes, symboles de pouvoir et annonçant l'arrivée de rois et reines, de princes et valets, de dames et de suivantes. A l'opposé est placé un gigantesque roc, une pierre tout à fait imposante symbolisant la force, la puissance ainsi que la stature du roi d’Athènes.

La pièce débute dans la pénombre. Hippolyte est le premier personnage sur scène; il est d’ailleurs présent avant même le début de la pièce. Dès ses premières répliques adressées à Théramène, il s’empresse de saisir l’épée; cela conforte l’idée de confrontation, d’affrontement qui aura lieux dans la pièce. Arrive ensuite, Phèdre, jeune, belle et attirante: les raisons pour lesquelles Hippolyte a su se laisser tenter par les avances de cette dernière sont donc plus susceptibles d’être crédibles vis-à-vis du spectateur.

Enfin, c’est au tour de Thésée de se présenter sur scène, revenant d’entre les morts et vêtu d’une imposante armure dorée et couvert d’une cape d’un rouge flamboyant. Après plusieurs procédés de lumière et d’effets comme le tonnerre qui gronde, la chute du roc, ou la pluie dans le dos de Thésée, nous apprenons la mort des différents personnages dans une ambiance tout à fait  sombre.

De gauche à droite : OEone, Phèdre, Thésée, Hippolyte et Théramène.

 

Nous avons trouvé la pièce assez inégale dans son ensemble : l’originalité de l’organisation scénique fut un des points fort de la pièce. Toutefois, le jeu des personnages nous a un peu laissé sur notre faim. J’aimerais mettre l’accent sur l’un des choix du metteur en scène Jean Louis Martinelli. Sa volonté de choisir une Phèdre jeune, d’un âge semblable à celui d’Hippolyte, ce qui est contraire à la logique prônée par le texte, rend l’aveu incestueux de Phèdre plus probable. En effet, dans l’acte II scène 5, ivre de volupté, de tendresse et d’horreur, elle déclare sa flamme au jeune homme, muet de stupeur.

 

Le personnage de Thésée a manifestement lieu d’être jugé et commenté. Incarné par Hammou Graïa, il n’arrivait pas à maintenir sa voix. Seul personnage à apporter une touche comique dans cette tragédie, Thésée est le héros tutélaire de l’Attique qui s’est défait de nombreux monstres mythologiques tels que le Minotaure. Lors de son retour à Trézène et qu’il doit faire face à un accueil glacial de la part de Phèdre, il ne sait que penser de tout cela : il représente en quelque sorte la bonne brute niaise, dont la seule occupation est de terrasser ses adjuvants.

David Ebray et Nathan Van Laere.

 

 

 

 

 

 

 

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