18 avril 2008

East of Eden

A l'est d'Eden, on y pense longtemps après l'avoir refermé. D'abord parce qu'il est écrit dans un anglais ample, magnifique, et surtout parce qu'il est écrit avec ce qui en l'homme est intemporel. Il est écrit comme le serait l'âme si elle était un livre.

Il s'agit de l'histoire parallèle puis commune de deux familles aux État-Unis entre la fin du XIXè siècle et le début du XXè siècle (première Guerre mondiale). Il y a les Trask dans l'Est, au Connecticut et les Hamilton, immigrants irlandais, dans l'Ouest, dans la vallée de Salinas en Californie (près de San Francisco).

C'est une grande fresque familiale, de génération en génération. Les personnages doivent affronter en eux leur propre fragilité, et surtout leur penchant au mal. La dichotomie du bien et du mal qu'interroge Steinbeck dans son roman s'enracine dans le récit de la Genèse avec la lutte fratricide entre Abel et Caïn, lutte reprise ici entre frères de deux générations différentes: Adam et Charles d'abord, puis Aron et Caleb, les fils d'Adam.

Le style de Steinbeck est inimitable, et la force de ce roman réside dans l'humanité des personnages, qui sont tous en définitive en quête profonde d'amour. Le personnage le moins manichéen de l'histoire, Caleb, est aussi le plus attachant.

Mais de grâce! Lisez-le en Anglais, c'est tellement mieux!

21 mars 2008

Les TPE

ça y est: la date fatidique des oraux blancs est là, et la fièvre des derniers préparatifs vous gagne tous. Pour vous éviter quelques surprises et déconvenues voici quelques anecdotes (fictives) qui peuvent arriver à tout le monde, mais qui sont génératrices d'angoisses. Racontez-nous les vôtres!

« Heu..M’dame ! On peut imprimer, là ? » Bien sûr qu’ils peuvent, mais oh ! l’imprimante souffre déjà d’une sorte d’épuisement chronique, et oh ! Déjà…plus d’encre ! « Non, mais vous savez M’dame, c’est urgent ! ». Non, je vous rassure, ils ne disent pas ça tout le temps…Mais je dois dire, en ce moment, ils abusent…. « Oh ! Attendez, c’est pour un TPE, j’imagine ?! » « Ouiiiiiiiiiiiii ! Nan, c’est vrai quoi Madame, là, je vous assure, c’est urgent ! » Bon, ben voilà, on ne va pas les laisser souffrir tous seuls, on va les aider bien sûr. On imprime, déjà, quand soudain : « aoh, nan, c’est pas vrai ! » Un élève s’énerve…Ouh làlà… Il tape frénétiquement sur son clavier…Un autre lui répond : « Keskispass ? » Ils se penchent tous les deux sur l’écran, la mine catastrophée. « ca veut pas liiiiire ! » « quoi ?! Ca veut pas lire ?! » « Oui, nan, ça veut pas. » Ah oui, si ça veut pas, c’est sûr, ça va être dur. Je me hâte d’aller me pencher au chevet du document malade quand l’élève demande à son copain: « Oah, tu crois pas k’ça a planté, si ?! » Effectivement, le document a été enregistré sous la toute dernière version de Word, c’est pas compatible. Je le leur dis. Il me regardent, hagards, et la mine déconfite. « Et on fait comment, madame ?! » Je leur suggère de revenir une autre fois et si possible d’enregistrer sous un format compatible, cette fois-ci….

Nous imaginons une autre situation : des élèves entrent paisiblement dans le CDI. La documentaliste ne sait pas que le jour fatidique de l’oral blanc est arrivé. Le binôme s’installe aux ordinateurs et cherche frénétiquement quelque chose sur Internet. Et qui plus est : les élèves veulent graver. Ca s’annonce mal. Très mal, n’est –ce pas ? « Yaaaarh ! C’est qwâ, cette machine ? » « Beuh, madame, ça veut pô graver. » Alors, heu, c’est normal. Il n’y pas de graveur sur la machine. Il vaut mieux prévoir de travailler longtemps à l’avance et de tester le produit fini sur le PC du lycée et prévoir assez de temps pour éventuellement corriger à la maison.

Autre cas de figure. Un élève survolté entre en coup de vent dans le Cdi. Il n’arrive pas à articuler, il est visiblement très (op) pressé. Bon, on va faire de notre mieux pour l’aider… « madame, faut qu’j’imprime un truc ». Il s’installe au PC. Il clique sur le moteur de recherche Internet et là ! Oh le drame ! Il me regarde, paniqué : « Faut qu’j’imprime et j’peux pas ! » Moi, posément (parce que ça arrive souvent malheureusement) : « J’imagine que ton document n’est accessible que par Hotmail, non ? » « Oui, c’est ça, pourquoi j’peux pas ? » Tout simplement parce qu’Hotmail n’est pas accessible sur l’Intranet de l’établissement. Il faut se créer une adresse mail autorisée du type prénom.nom@laposte.net

« Iirk ! Madame ! Là, on est mal, mais vraiment très mal…On peut pas imprimer not’synthèse ? » Je les vois qui regardent avec une animosité non feinte les quelques-uns qui essaient de squatter devant les PC. Je suppose qu’ils réfléchissent à un plan d’action pour en assommer deux ou trois. C’est que c’est urgent, il faut croire. J’anticipe donc le moment crucial et je demande « Y a-t-il quelqu’un pour libérer un PC ? » Bien sûr, au lycée, il y atoujours quelqu’un pour être serviable et sympa. Voilà mes deux gaillards un tantinet rassurés. Mais cela ne dure pas. J’entends : « hein, tu l’as pas relue ? » puis « Wôh , non, le diaporama, il marche pas. » « J’y crois pââaas ! » Moi, prudente : « heu, et votre oral blanc, c’est quand ?... » « Ben là tout de suite… » je comprends mieux leur angoisse. Que faire dans ces cas-là ? Sûrement peut-être mieux planifier le travail à plusieurs ? Ou bien tenter le va tout ?

Partagez donc avec nous vos expériences trucs et astuces. Il y aura sûrement des preneurs et des gens qui vous sauront gré de leur éviter des surprises désagréables.

18 mars 2008

La Vie devant soi (et l'élégance du Hérisson)

Ce sont des livres qui posent le décalage des générations, non sur le mode de la confrontation et de l'incompréhension, mais comme une bizarre alchimie qui fonctionne bien. Dans la vie devant soi, Romain Gary évoque l'improbable rencontre entre Momo, petit garçon arabe avec Madame Rosa, qui l'a recueilli. Chez Madame Rosa, tous les enfants sont sans père, et s'appellent Moïse ou Banania". Momo raconte avec sensibilité à la fois l'âge, mais aussi la différence: Madame Rosa est juive, il est arabe, mais c'est la seule mère qu'il a au monde et il l'aime de tout son coeur. La phrase de Gary est tordue à dessein, pour mieux faire jaillir à la fois le rire, l'innocence de l'enfant, mais aussi l'absurde de leurs existences amusantes et bancales. Ici un extrait pour savourer la prose inimitable de Gary/Ajar:

" Je m'appelle Mohammed mais tout le monde m'appelle Momo pour faire plus petit. Pendant longtemps je n'ai pas su que j'étais arabe parce que personne ne m'insultait. On me l'a seulement appris à l'école.

La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu'elle ne se plaignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur.

Madame Rosa était née en Pologne comme Juive mais elle s'était défendue au Maroc et en Algérie pendant plusieurs années et elle savait l'arabe comme vous et moi. Je devais avoir trois ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la première fois. Au début je ne savais pas que Madame Rosa s'occupait de moi seulement pour toucher un mandat à la fin du mois. Quand je l'ai appris, ça m'a fait un coup de savoir que j'étais payé. Je croyais que Madame Rosa m'aimait pour rien et qu'on était quelqu'un l'un pour l'autre. J'en ai pleuré toute une nuit et c'était mon premier grand chagrin.

Bienvenue chez les Ch'tis

On ne le connaît pas encore, mais on le devine... des élèves semblent se (ré) approprier certaines des expressions du cru et ce, même au lycée. Il est vrai, je croise des collégiens quelquefois qui s'interpellent "hé, biloute!", mais les lycéens se racontent dans les couloirs quelques scènes amusantes. Je ne sais pas ce qu'est cet objet cinématographique non identifié, je ne sais pas plus ce qu'il vaut, mais j'entends qu'on l'aime, car "ch'é t'chi bin!"

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