Ecriture d'invention - Ninon et Antonin
Par Antonin De Jesus le 10 avril 2015, 14:27 - Un autre regard sur l'adolescence - Lien permanent
Je sors de l'avion, monstre ailé immense et majestueux tel un vautour albinos. Le vent souffle, un vent qui me mord comme le ferait un chien enragé. Mon guide, gras et blanc, me fait marcher dans cet immense dédale, pour m'emmener à mes nouveaux parents. - C'est eux ! me dit-il en me montrant une famille de quatre personnes, une femme ronde aux cheveux noirs comme les ailes d'un corbeau, des yeux pareils aux splendides saphirs, un homme, le teint frais, grand et sec à la chevelure blonde en disparition, et deux grands enfants, semblables l'un à l'autre, des cheveux blonds et des yeux saphirs. Ils me sourient.
Nous sommes arrivés, le calvaire est terminé. Deux heures, interminables, coincé entre deux démons, aux oreilles douées de son et au visage angélique et lunaire, plein de cratères. Une maison, immense, nous ouvre ses portes comme par magie. Nous entrons.
Il fait nuit, et nous restons devant cette boîte, pleine de sons et d'images, comme un chien de berger devant son troupeau. Les deux grands enfants sont installés, avachis, les jambes emmêlées, bavant à moitié. Ils regardent des gens qui discutent entre eux, comme dans une basse-cour en effervescence, prêts à tout pour gagner un peu de blé.
Le coq a chanté. C'est le matin. Dans la chambre où j'ai dormi, le grand enfant, devant son miroir, crée de nouveaux cratères, explose des volcans, fait de nouvelles victimes. L'autre enfant, les cheveux combattant la gravité, se matache le visage de rouge, rose et noir. Elle se dirige ensuite vers le placard et l'ouvre. Une multitude de chaussures en sort comme une vague s'abat sur la plage. Et leur propriétaire se plaint de n'avoir pas celles qu'elle souhaite ! Même pas le quart me contenterait (maladresse d'expression).
Il est midi. Nous mangeons en famille, en compagnie des deux anges, en pleine compétition de mauvaise humeur. Quant tout à coup (1 faute), la fille sort son boîtier lumineux (je l'apprendrai plus tard, appelé portable), sourit, prend la pose et s'éclaire le visage (peu clair), pour continuer allègrement sa compétition. Je crois qu'à ce moment je la regardais d'un air fixe et ahuri.
Quatre heures de l'après-midi. Les deux grands enfants ont passé leur temps devant leurs portables lumineux, comme hypnotisés par ce bout de métal, sans exprimer la moindre émotion. Malgré de nombreuses tentatives, les parents, mes nouveaux parents, n'ont pas réussi à décoller les deux anges de leurs boîtiers respectifs, qui émet régulièrement des sons, semblables aux cris aigus des oiseaux. Leurs tentatives étaient d'ailleurs comiques : chacun à tour de rôle passait devant eux en un ballet synchronisé, et essayait d'attirer leur attention grâce à divers moyens plus inventifs et désespérés à chaque fois. Cela allait d'une machine roulante comparable à un éléphant par sa trompe aspirante, au passage du chien à moitié fou voulant absolument jouer, poursuivi par les parents - eux mêmes aussi à moitié fou je dois le dire (accord). Et nos deux anges d'ailleurs n'en étaient pas particulièrement dérangés, tout occupés qu'ils étaient par leur activité hautement épuisante j'en suis sûre.
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Les parents ont décidé d'aller manger quelque chose de meilleur que ce qu'ils avaient l'habitude de manger. Moi je pense surtout que par la même occasion ils fuient leurs deux grands enfants, j'ai d'ailleurs envie de faire de même mais malheursement pour moi ce luxe m'est pour l'instant refusé (1 faute). Ils me laissent donc avec mes nouveaux frère et soeur, alors particulièrement sages à l'annonce de leur départ.
Deux heures ont passé depuis le départ des parents. La maison a une autre allure : les portes et les murs, auparavant blancs, sont maintenant déguisés de multiples couleurs leur donnant un aspect des plus vivant et cauchemardesque (accord). La cuisine et le salon, pièces habituellement bien aménagées, sont maintenant retournées. Les meubles ne sont plus à leur ancienne place, et plusieurs d'entre eux sont d'ailleurs couchés, jonchant sur le sol (construction verbale), en compagnie de plusieurs adolescents, sûrement fatigués d'avoir bougé autant en si peu de temps, sous un bruit indescriptible et fort. Une odeur de goudron brulé à prendre à la gorge (maladresse d'expression) est d'ailleurs omniprésente et me fait pleurer. Le bilan est affreux : plusieurs meubles blessés et fracturés, deux murs saignants, un divan, meuble auparavant doux et confortable, agonisant. Les deux anges, étalés sur le sol, dans un état second, ne m'avaient pas prévenu qu'une telle chose allait arriver. Ce n'était que lorsque plusieurs adolescents étaient arrivés, des boissons sous le bras, et du bruit dans les mains que j'avais compris que la situation allait changer brutalement. Aussi, pour ne pas être intégré au bilan effroyable des victimes, j'avais décidé de me cacher dans une chambre. Je n'ai ainsi donc pas assisté à l'autodestruction de grande ampleur, mais je pus à loisir en contempler le résultat.
Un bruit sourd, plus encore que celui de la bataille menée par les deux anges, retentit alors. Un silence, fracassant, remplace bientôt l'horrible bruit guerrier. Ce silence est rapidement suivit par une panique générale de l'assemblée des adolescents (1 faute), jusqu'alors étendus sur le sol, qui prennent rapidement l'initiative de fuir les ruines de leur bataille. Les parents, étonnés de voir les nouvelles parures de leur mobilier, ne réagissent pas immédiatement, laissant ainsi à leurs enfants un petit temps de réflexion, suffisant pour imaginer le pire. Ce court instant est alors suivit d'une vive poursuite entre mes parents et les deux diablotins (1 faute), pour se finir par un discours et des pleurs des plus surprenants chez chaque parti. La peine capitale évitée, les deux enfants n'en sont pour le moins pas épargnés, et doivent se résoudre à effectuer la tâche la plus ingrâte : effacer les traces - trop nombreuses - d'une quelconque bataille, et soigner les quelques blessés encore accrochés à la vie.
La nuit est déjà bien avancée et les fenêtres ouvertes diffusent une agréable odeur de sous-bois, d'humus et de fraîcheur, calmante après les événements de la soirée. Mes parents, ceux-là mêmes qui, je l'ai cru, allaient découper en morceaux mes frères et soeurs (accord), me couchent avec une douceur contrastant avec leur humeur précédente. Ils partent de ma chambre. Et je m'endors heureux.
Commentaires
Bon début, votre texte est bien écrit (les métaphores et comparaisons en particulier). N’oubliez pas de vous inspirer des textes vus en classe !
9/10. Excellent travail !