"Le mauvais jour" (Coline Paquereau)

En allant me coucher, je repense à ce fabuleux week-end que je viens de passer : pas de devoirs, mais des sorties avec mes amis.  Ça y est, il est vingt et une heures ; l’heure d’aller me coucher comme chaque dimanche soir afin de ne pas être fatigué le reste de la semaine. Je prépare mon sac, y mets toutes mes affaires pour gagner du temps demain matin. Je règle donc mon réveil à six heures quarante-cinq pour prendre le bus de sept heures vingt qui me déposera devant mon lycée à l’heure. J’éteins ma lumière et m’endors.

          Pour une fois j’ai l’impression d’avoir bien dormi et je ne suis pas fatigué. Je me réveille doucement, sans me presser… J’ouvre les yeux et lis l’heure qu’indique mon réveil : sept heures dix. Je ne réagis pas puis, ouvre les yeux une seconde fois, relis attentivement plusieurs fois pour être sûr de ne pas me tromper. Non il est bien sept heures dix. Je saute alors de mon lit et cours prendre une douche. Plus d’eau chaude ! Je retourne dans ma chambre et enfile les premiers vêtements qui me passent sous la main. Je me hâte à la cuisine, ouvre le placard et à ce moment-là je me rappelle que j’ai terminé hier le paquet de céréales. Bien évidemment, j’ai aussi vidé le sachet de barres chocolatées.  Je décide de partir avec le ventre vide. En sortant, après avoir mis mes chaussures, mon manteau et pris mon sac, je me rends compte en passant devant la grande vitre que je porte une chemise avec un jogging. Tant pis ! Il vaut mieux être mal habillé que d’arriver en retard.

           Je sors de chez moi en courant et m’aperçois qu’aujourd’hui, il pleut. Je continue à courir et me mets à accélérer en voyant le bus à l’arrêt. Je ne suis plus qu’à quelques mètres des portes ; assez proche pour les voir se fermer et s’éloigner. Je me mets à réfléchir sur l’alternative la plus rationnelle possible pour arriver à l’heure. Ma mère n’est pas levée et mon père est déjà au travail. Une seule solution : y aller à pied.

             Je commence à longer la route en marchant afin de réfléchir à l’itinéraire le plus rapide pour rejoindre le lycée. Je me souviens d’un petit sentier qui passe par la forêt et qui débouche juste derrière le lycée ; là où se trouve  une porte secondaire. L’ayant déjà emprunté quelques fois  pendant l’été, à vélo, je me dis qu’il me faudra moins d’une vingtaine de minutes pour rejoindre le bout. Je commence donc à courir vers le sentier en m’enfonçant dans la forêt.

             En arrivant près de ce dernier, je ralentis le pas en voyant qu’il est parsemé de feuilles et qu’avec la pluie qui continue de tomber, le passage est devenu assez glissant. En sortant mon téléphone portable pour regarder l’heure, en plus de me rendre compte qu’il est déjà sept heures trente-cinq, je découvre trois appels manqués de ma mère. Je tente de la rappeler mais dès lors que mon téléphone se colle à mon oreille, au lieu d’entendre les « bips » habituels, je vois s’afficher le message : « Réseau indisponible ». Je me dis que si elle m’a appelé c’est sûrement pour me prévenir que j’ai oublié quelque chose. J’ouvre mon sac, récapitule tous mes cours et regarde chaque cahier qui correspond. Non, je n’ai rien oublié… Mon carnet !!! C’est ça ! Je n’ai pas mon carnet ! Malheureusement, je n’aurais jamais le temps de rentrer pour le récupérer et arriver à l’heure. Je décide de continuer ma route malgré tout.

            J’aperçois la route avec la grille de l’autre entrée au bout du chemin.  Je me mets à courir et arriva ce qui devait arriver… Je glisse sur les feuilles trempées et tombe sur le dos sur le sol boueux du sentier. En me relevant, je sens une douleur au poignet. Je récupère mon sac qui lui, a roulé quelques mètres plus bas. Il n’échappe pas au même sort que mes vêtements qui sont recouverts de boue. Mes cahiers, ma trousse, tout est sale.  J’imagine déjà la tête que fera ma mère quand je rentrerai ce soir.

           Ça y est, je respire enfin en arrivant devant la grille. J’attrape la poignée mais celle-ci refuse de s’ouvrir. Je continue à forcer, à tenter de tourner la poignée dans tous les sens. Elle refuse de s’ouvrir. Je commence à courir pour faire le tour de l’établissement, regarde l’heure en même temps. Plus que cinq minutes pour arriver en classe ! Je manque de me faire renverser par une voiture mais continue à courir. J’arrive devant la grille principale. J’ai juste le temps avant d’essayer de la pousser, d’apercevoir un panneau avec un unique mot inscrit : « Férié »