Germinal est le treizième volet de la série des Rougon-Macquart - Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire - écrit par Emile Zola en 1885. Il s’agit d’un roman naturaliste qui appartient au genre narratif. Commençons par établir les principales lignes du récit.
Germinal raconte l’histoire d’Étienne Lantier, jeune homme de vingt ans qui arrive par une nuit de mars 1866, dans le village de Montsou situé dans le Nord de la France. Issu d’une longue descendance d’alcooliques, il est le fils de Gervaise Macquart et d’Auguste Lantier. Grâce à Maheu, herscheur dans la mine, Étienne est embauché. Il découvre la dureté du travail ouvrier et fait la connaissance de Catherine, fille de Maheu, dont il tombe amoureux.
Après une inspection, les herscheurs sont sanctionnés pour mauvais boisage. Le salaire promet d’être à nouveau diminué. Étienne sent ALORS une force nouvelle porter les ouvriers : « Depuis qu’il se trouvait au fond de cet enfer, une révolte lente le soulevait ». Parallèlement, le lecteur découvre la vie des Grégoire et des Hennebeau, familles de rentiers actionnaires des mines de la région.
Au coron, Étienne soutient d’intenses discussions à la table de l’aubergiste Rasseneur avec Souvarine, machineur anarchiste. Après la diminution effective des salaires, Lantier prend la tête d’un mouvement de grève. La faim s’installe au coron et les mineurs de Montsou décident de marcher pour soulever toutes les mines de la région. La grève tourne à la révolte lorsque les mineurs s’en prennent aux bourgeois. Maigrat, un épicier sans scrupules profitant de la misère des ouvriers, est tué puis son cadavre est mutilé. La foule ne se dissipe qu’avec l’arrivée des gendarmes. Cependant les émeutes reprennent avec toujours plus de violence, l’une d’elle sera fatale à Maheu. Lorsqu’affamés Catherine et Étienne décident de redescendre à la mine, ils se retrouvent bloqués dans les galeries à cause d’un éboulement provoqué par la fureur destructrice de l’anarchiste Souvarine. Les secours arrivent six jours après mais Catherine est déjà morte. Acceptant alors les conditions de la Direction les mineurs reprennent le travail après deux mois et demi de grève. Étienne, qui croit toujours à la puissance inéluctable du mouvement ouvrier, décide de quitter la mine pour assouvir ailleurs son idéal de justice sociale.
Dans cette œuvre de la littérature populaire, Zola aborde des sujets qui en cette fin de Second Empire, font débat, comme la misère, la lutte des ouvriers et la grève.
Il est tout d’abord question de la misère qui accable les ouvriers et accentue le contraste entre les classes sociales. Zola parle de cette misère au travers de nombreuses descriptions réalistes du coron ou du logis des Maheu. Ainsi les mineurs ne sont pas assurés d’avoir du pain chaque jour. Cette misère atteint son paroxysme avec la baisse du prix de la berline. Zola exprime aussi les inégalités sociales en scandant son récit par de multiples antithèses. On retrouve ces antagonismes sociaux dans l’exposition du lever des Grégoire, puis des Maheu. Le confort matériel des Grégoire contraste avec la promiscuité du logis des Maheu. Cette opposition sociale constitue le fondement de la trame narrative et mènera à la révolte ouvrière.
Ensuite, Zola exprime la lutte du Capital et du travail à travers la lutte ouvrière. Il n’hésite pas pour cela à évoquer les récits mythologiques. Ainsi il joue sur l’homophonie partielle de la mine et du Minotaure, établissant une analogie entre le monstre légendaire nourri par les tribus d’Athéniens et le « Voreux » qui dévore les hommes : « dressant sa cheminée comme une corne menaçante, semble avoir un air mauvais de bête goulue, accroupie là pour manger le monde ». Si l’on suit cette comparaison, Étienne serait le nouveau Thésée. De fait, il est le guide des mineurs qui les aidera à sortir du labyrinthe social dans lequel ils vivent depuis des années. Cette lutte fait également écho dans L’Assommoir à la lutte de Gervaise. Malgré une condition similaire comme le travail manuel acharné, la précarité économique et la volonté de s’en sortir, Gervaise et la Maheude (la femme de Maheu) n’évoluent pas de la même façon. Gervaise se laisse mourir de misère tandis que la Maheude prend conscience et se révolte. Germinal se caractérise aussi par le développement des idéaux communistes parmi les ouvriers qui souhaiteraient se partager le capital. Zola présente ainsi dans Germinal une vision politique et économique de la société.
Enfin, la grève et ses conséquences sont les thèmes emblématiques de Germinal. Dans ce roman, la grève se caractérise par une violence autant verbale que physique. Dans les débats, Étienne ne souhaite pourtant aucune forme de violence, il prône avant tout la solidarité : « Moi, je suis prêt, si les autres sont prêts ». Rasseneur renchérit : « Il faudra que ça pête ». C’est lors de la marche à travers les campagnes que la foule se déchaîne. Plusieurs personnes sont tuées, lapidées, violentées, injuriées. Ainsi trois meurtres symboliques se déroulent dans Germinal, ceux de Cécile –la fille des Grégoire -, de Maigrat et d’une sentinelle. Mais la grève sera aussi source de solidarité. Ainsi, Jeanlin protège Etienne en le logeant dans une mine désaffectée ; les voisines échangent différentes victuailles. L’amour et la tragédie s’y mêlent aussi. L’amour de Catherine et Étienne est empêché par Chaval, ouvrier violent et instable. C’est après la mort de ce dernier et dans ce contexte de tensions sociales que leur idylle est enfin possible. La mort de Catherine peu après la brisera.
Germinal, succès retentissant à sa parution, expose donc cette « germination » d’idéaux nouveaux qui apparaissent dans cette société qui semblait jusqu’alors figée. Telle, la nature se réveillant de l’hiver qui l’avait figé de longs mois, les mineurs se réveillent après de longues années d’exploitation et de misère. En ce sens, l’auteur décrit dans le dernier chapitre, l’arrivée du printemps, un matin d’avril 1867. Pour ma part, je pense que Germinal est un chef d’œuvre, ouvrage épique et monumental, à la fois lyrique et social. J’ai particulièrement apprécié le dynamisme, la force de caractère et le réalisme désarmant de ce roman.