"L'affaire énigmatique" (Darnika Selveswaran)
Par L. Bueno-Lahens (lycée Hoche, Versailles (78)) le 25 février 2016, 12:01 - Nouvelles réalistes à chute - Lien permanent
Aujourd’hui la journée fut particulièrement épuisante. Toute la matinée, les médias nous sont tombés dessus à cause d'une affaire importante qui nus a été confiée. Elle présente une fin intrigante impliquant une personne importante dont la disparition daterait d'une semaine maintenant. C'est une vieille dame au nom de Kristina Debine. Autrefois, elle faisait partie des personnes puissantes. C'était une femme belliqueuse et son esprit revêche l'a rendait redoutable. Il y a quelques années, des rumeurs courraient qu'avec l'âge, la vieille serait devenue folle. Des balivernes selon moi: je ne comprenais pas comment une personne d'une telle renommée serait devenue folle. Mais malgré la chute de sa célébrité, elle restait haut placé grâce à son passé remarquable. Le procureur général nous a confié ce dossier en demandant de ne pas l'ébruiter.
C’est après une longue journée de travail que je rejoignais ma gare pour renter chez moi. C'était une très grande station avec une architecture banale mais que j’appréciais beaucoup. Tous les jours elle était bondé d'une masse compacte et mouvante. Elle était animée par des scènes de le vie quotidienne, les discussions, les disputes entre collègues et parfois même des scandales. Avec le temps, le commençais à me familiariser aux visages habituels que je rencontrais chaque jour.
Ce soir-là, je suis arrivée plus tôt que prévu; à la gare, il était dixneuf heures vingt ; j'avais donc une vingtaine de minutes avant l'arrivée du train. Je décidais alors d'aller faire un petit tour sur le quai pour vérifier les horaires de la semaine prochaine. Après quelque égarement, je trouvais enfin le planning que je recopiais sur mon carnet. En consultant ma montre que remarquais qu'une vingtaine de minutes s'étaient écoulées. Je décidais de rebrousser le chemin lorsque mon attention se porta sur l'apparition d'un nouveau visage dans cette station, qui m'était pourtant familier. C'était une mendiante. Elle était assise sur le quai, percluse de froid, dans un coin sombre, appuyée contre un de ces murs crasseux de la gare. Elle mendigotait auprès de chaque personne qui croisait sont regard et même ceux qui passaient tout simplement devant elle. La plupart poursuivait leur route en l'ignorant et quelques rares passants ayant pitié d'elle s’arrêtèrent pour lui donner une pièce et l'écouter radoter. En m'approchant, j’aperçus que son visage ressemblait étrangement à celui de Mme Debine, mais j'étais certaine de rien car sa figure était recouverte de saleté. Elle était enveloppée de la tête au pied d'une couverture, sûrement à cause du froid. Je commençais donc à la fixer pour clarifier mes doutes. C'est alors que la pauvre m’interpela. Surprise, j'allais la rejoindre en espérant qu'elle puisse m'aider à l'identifier. La mendiante, ravie de mon arrivée, dressa un sourire sur son visage qui laissa paraître ses dents jaunâtres. Intriguée par sa réaction, je décidais de prendre la parole, mais elle m’interrompit et dit d'une voix chevrotante : « Le jour de ma mort, Dieu viendra prendre plusieurs de ses innocents enfants ». Ses paroles m'affolèrent... je me disais que la misère l'avait rendue folle et, sans m'attarder à lui demander des explications, je continuai mon chemin à travers la masse. Plus que trois minutes avant le départ, c'est au pas de course que je regagnais mon arrêt. Une fois confortablement assise à l'intérieur, je jetais un coup d’œil à la gueuse par la vitre, troublée par ses propos. Elle était toujours assise à la même place, avec son sourire glacial et son regard plongé dans le vide.
Le lendemain j'arrivai de bonne heure au travail avec l’empressement de boucle l'affaire mais je voulais surtout confirmer mes incertitudes sue la mendiante. C'était en ouvrant le dossier de Mme Debine que j’aperçus que les deux femmes avaient un visage allongé, les même joues caves et un teint blafard, mais ses yeux certifièrent mes soupçons. En effet elles avaient toutes les deux le même regard, des exorbités pleins de menaces. J'étais persuadée que c'était elle !
J'allais faire part de ma découverte à mes collègues et nous partîmes à sa recherche. Une fois sur les lieux, il n'y avait aucune trace de la mendiante. En revoyant les enregistrements des caméras de ce soirlà, je restai pétrifiée ; sur aucun la clocharde n’apparaissait. On me voyait effectivement en train de parler mais non pas à la mendiante, à ce fameux mur crasseux sur lequel elle était appuyée.
De retour au bureau le directeur demanda à me voir. C'était un homme rustre et perspicace. Il était très mécontent de cet incident, il me reprocha mon teint bilieux et me conseilla de rentrer me reposer. Il était quinze heures lorsque j'arrivai chez moi. Je posais mes affaires, me débarbouillais e visage et me mis au lit.
Des heures s'étaient écoulées sans que je puisse trouver le sommeil. Je pensais à la disparition de la mendiante et à sa fameuse phrase. Voici trois jours et nuits qu'elle m’obnubilait. Finalement, je ne réussissais pas à m'endormir à cause de tous ces tourments. Au petit matin, je me fis une petite tisane pour m'apaiser ; je la buvais toute chaude sur mon divan lorsque le téléphone sonna. Je me précipitai pour le décrocher en essayant de ne pas renverser ma tasse. C'était le directeur, il m'apprit qu'on venait de retrouver le corps de Mme Debine depuis quelques heures seulement. Cependant le directeur nous mit sur une autre affaire tragique. En l’entendant, je me précipitai sur la télécommande. En allumant le télévision, mon sang se glaça; j'étais horrifiée, épouvantée par la nouvelle. Je lâchai ma tasse qui se renversa sur le plancha en faisant un bruit sourd. J'apprenais que la nuit précédente plus de cent trente vies innocents avaient été prises. C'était l'attentat du 13 novembre 2015.
Commentaires
Joli final !!! Un certain hommage aux attentats on peut dire !!
Je ne sais pas si cela existe mais je pense que pour cette nouvelle, on peut parler de "nouvelle engagée"!!!
Merci beaucoup Léanna! Je ne savais pas que ce terme existait mais merci pour ta remarque :-).