"A confesse" (Chloé Rignault)

      A présent, il réfléchissait, reconsidérait à chaque instant les deux choix qui se présentaient à lui et envisageait avec soin chacune des deux propositions. Fallait-il s’arrêter là, se rendre à la justice et reprendre une existence paisible dans le recueillement ? Ou au contraire partir, mais partir loin. Loin de tout être, de toute chose et profiter au mieux de cette opportunité. Sa pensée devint trouble, son corps ne lui appartenait plus et sa conscience s’alourdissait à chaque instant. Il avait tant rêvé de ce moment, de cette liberté, de cette nouvelle vie et pourtant il ne trouvait plus la force en lui, de quitter ce décor serein et embaumé. Son angoisse croissait au fur et à mesure de sa réflexion et malgré les interminables moments où son esprit s’acharnait à mettre fin à ce dilemme, il ne trouva pas d’issue à celui-ci ! Il avait accumulé tant de mensonges et de trahisons depuis des années à commencer par ses premiers pas dans ce cercueil aux murs de pierre. Ce choix il l’avait fait afin d’obéir à son père. En même temps il avait renoncé à elle et à ses projets personnels d’étude. Comme il regrettait ! Le mensonge s’était transformé en quotidien ; chaque parole prononcée sonnait faux en lui. De fait, il fallu qu’il dissimulât pendant toute cette vie, cette mauvaise foi ! Un jour pourtant il lui vint une brillante idée.

         Il s’agissait d’organiser une vente de charité qui rassemblerait les plus influents et les plus fortunés. Cette œuvre de bienfaisance n’en aurait que l’air. En réalité, il en récupèrerait les gains. L’année suivante, il fit de même avec les dons adressés à toute une campagne de restauration. Pour parfaire ses plans, il se mit à revendre certains biens qui en réalité de lui appartenaient pas tels des dorures, des ornements, des statues. Bien entendu, tout cela il le fit dans la plus grande discrétion.

         Peu à peu il amassa une fortune colossale qui lui permettrait de vivre aisément jusqu’à la fin de ses jours. Après plus de plus vingt-cinq ans toutes ces escroqueries représentaient plus de neuf cent milles euros !  Mais le temps pressait. Il arrivait sur ses cinquante ans et l’envie de liberté touchait alors son paroxysme. C’était décidé ! Dans quelques jours il partirait et s ‘envolerait au bout du monde laissant ainsi derrière lui des années d’un carcan infernal.

        Soudain, un bruit retentit dans l’immense édifice. Son écho résonna comme à l’habitude. Le jour peinait à poindre ainsi, seul un mince faisceau de lumière permit de lui éclairer le visage de l’inconnu. Il reconnut une figure familière qui lui était fidèle. La voix de la vieille femme perça le silence :

-        Bonjour monsieur le curé.