"A un cheveu près..." (Léanna Pauly)
Par L. Bueno-Lahens (lycée Hoche, Versailles (78)) le 23 janvier 2016, 13:08 - Nouvelles réalistes à chute - Lien permanent
Paola était une belle jeune fille, allant sur ses vingt-trois ans. Elle avait un corps digne d’une vraie championne athlétique, un visage en forme de cœur, la peau aussi blanche qu’une poupée de porcelaine (visage qu’elle ne valorisait point cependant à l’aide d’un quelconque maquillage), de grand yeux bleus surplombés de sourcils bien dessinés, un petit nez retroussé et de fines lèvres roses. Un vrai visage d’ange ! Mais on la remarquait surtout parce qu’elle était chauve… Et cela la préoccupait énormément. Sa face de carême faisait un étrange contraste avec sa beauté hors du commun et ses grands yeux bleus étaient toujours prêts à verser une larme. Il est vrai qu’elle ne pouvait sortir sans être regardée de travers par les passants et ce depuis son plus jeune âge. Ses parents se faisaient des cheveux blancs et commençaient à désespérer de la voir un jour heureuse et épanouie. Ils avaient néanmoins eu recours à diverses techniques médicales mais, - demandez-vous pourquoi -, aucune ne fonctionnait. De nombreux spécialistes avaient également été contactés mais il semblait que tous s’accordaient, lui prescrivant le même « traitement» : une perruque ! Paola n’avait pas écarté cette solution et un beau jour, elle décida de se rendre chez le perruquier en compagnie de ses parents, afin de choisir la moumoute qui pourrait la libérer à jamais de cet embarras existentiel. Pendant de longues heures, elle la chercha parmi celle de tout poil et fini par la trouver : de somptueux et soyeux cheveux blonds, légèrement ondulés avec de nombreux reflets couleur or : le fruit de sa délivrance. Le vendeur lui expliqua qu’elle pouvait faire toutes sortes de coiffures sans crainte de les casser car ils étaient conçus avec les composants les plus résistants au monde. Il lui offrit même un magazine pour qu’elle y trouve son bonheur. Paola était aux anges ! Après avoir payé, elle s’empressa de se coiffer de cette merveille mais ressenti aussitôt une douleur aigue au crâne suivie de nombreuses démangeaisons. Elle enleva à contre cœur sa crinière et demanda au vendeur, non sans agressivité, ce qui lui arrivait. Il lui répondit que, oui, vraiment, c’était bien la première fois que ce genre de spectacle s’offrait à lui. Il la pria de revenir le lendemain et l’informa qu’entre-temps il aurait fait appel à l’un de ses amis qui pourrait sûrement comprendre et expliquer ce phénomène. Elle revint donc le lendemain et, après s’être faite longuement auscultée par l’ami du vendeur, ce dernier lui expliqua qu’elle était intolérante un composant de la chevelure. Quelle excuse tirée par les cheveux ! La pauvre Paola retomba dans la dépression. Et dire qu’elle avait été si proche du bonheur… Le monde était vraiment trop injuste. Elle savait pourtant que cela ne servait à rien de se lamenter sur son sort et décida de se reprendre en main. En l’espace d’une semaine elle reprit du poil de la bête ! On aurait dit une petite fleur fanée qui refleurissait ! Un jour qu’elle se rendait chez le coiffeur pour la énième fois -là encore demandez-vous pourquoi - ,un jeune stagiaire vint à elle et lui demanda avec ironie ce qu’elle désirait. Horripilée et voyant qu’il se moquait d’elle, elle rétorqua : - « Si vous parvenez à ce que j’aie ne serait-ce qu’autant de cheveux que vous en possédez, je vous paierais immédiatement cent mille euros. Je tiens juste à vous prévenir que les meilleurs spécialistes, coiffeurs et médecins ont tous échoué ! » L’effronté stagiaire réfléchit à s’en couper les cheveux en quatre, puis s’exclama : - « Marché conclu ! J’espère seulement que vous apprécierez le résultat final ! » Et sous les grands yeux bleus ébahis de Paola, il commença à se raser la tête.
Commentaires
Coucou Léanna ^^
Ta nouvelle est très sympathique ! Je trouve que l'histoire en elle-même, ainsi que la chute, sont bien trouvées ^^
J'ai bien aimé toute les références aux cheveux que tu as fait ("ses parents se faisaient des cheveux blancs", "Quelle excuse tirée par les cheveux !" ou encore "elle reprit du poil de la bête") XD
Le seul côté négatif, à la rigueur, serait que ton texte est présenté en un paragraphe compact qui ne donne pas très envie de lire.
J'ai trouvé ta nouvelle très comique et la chute est en effet inattendue et très bien! Le titre est également très bien trouvé! :-)