"Un dîner presque parfait" - Capucine Hochedez
Par L. Bueno-Lahens (lycée Hoche, Versailles (78)) le 06 février 2016, 17:27 - Nouvelles réalistes à chute - Lien permanent
C’était un vendredi, veille de vacances pour Jean-Pierre Bousanque, qui rêvait de se reposer après toutes ces semaines de travail. Pour l’occasion, il avait organisé un grand dîner le soir même, auquel il pensa toute la journée, famille et amis y étaient conviés. Il est vrai que le jeune homme n’avait pas un métier de tout repos… Qui aurait, un jour, rêvé d’être taxidermiste ? Passer ses journées à décarcasser des animaux, pour ensuite les remplir de paille n’avait rien d’agréable. Malgré le fait que ce métier en rebutait plus d’un, Monsieur Bousanque appréciait son travail. Il se considérait comme un magicien, ayant le pouvoir de donner une deuxième vie aux animaux.
Ce jour-là, Jean-Pierre reçut un appel d’un certain Marc Dupont, qui se présenterait vers midi. Cela arrangeait plutôt Monsieur Bousanque, qui n’avait pas beaucoup de travail en ce vendredi pluvieux. Comme prévu, Monsieur Dupont sonna à la porte à midi pile, un magnifique chat dans les bras. Malgré l’état dans lequel il était, ce chat était de loin le plus beau que l’empailleur ait vu de toute sa carrière. Monsieur Dupont lui confia l’animal, puis partit aussitôt… Il avait l’air bouleversé, et Jean-Pierre était décidé à rendre le chat encore plus beau qu’il l’avait récupéré. Il commença donc son travail en lui enlevant soigneusement la fourrure, pour la garder intacte. Il prit ensuite la bête et la descendit à la cave, où il conservait la plupart des animaux sur lesquels il travaille.Après avoir passé une bonne heure de travail sur le félin, Monsieur Bousanque s’accorda une pause déjeuner. Il partit en ville vers quatorze heures, pour rejoindre des amis.
La mère de Jean-Pierre était une femme plutôt envahissante, qui aimait son fils plus que tout. C’est donc sans grande surprise qu’elle vint lui rendre visite. Voyant que son fils s’était absenté, elle décida de lui faire une surprise. Comment pouvait-il travailler dans un désordre pareil ? Il fallait faire quelque chose. Elle rangea donc l’atelier, puis toute la maison, et comme son fils ne revenait toujours pas, elle eut l’idée de préparer le repas du soir. Cela tombait bien, elle venait d’acheter du lapin et des légumes ! Elle descendit le lapin pour le mettre au réfrigérateur, puis remonta dans la cuisine pour préparer les légumes.
Monsieur Bousanque rentra deux heures plus tard, et étonnamment, toute la maison était rangée. Il remercia sa mère et lui proposa de rester jusqu’au soir ; pendant qu’il travaillait, elle s’occuperait des derniers préparatifs du dîner. C’est avec joie qu’elle accepta, et qu’elle se remit à cuisiner en allant chercher le lapin au sous-sol.Pendant ce temps, Jean-Pierre était en train de finir l’empaillement d’un très beau labrador aux poils longs et soyeux. Son propriétaire vint le chercher à dix-huit heures, ce qui annonçait les vacances de Monsieur Bousanque.
Vers dix-neuf heures, tous les invités étaient présents, l’ambiance était chaleureuse et conviviale. L’entrée fut servie, puis le plat arriva. Les convives se régalaient avec le lapin farci, ce qui flatta la mère de Bousanque. La sonnette retenti, et Jean-Pierre alla ouvrir : à son grand étonnement, c’était Marc Dupont qui se présentait au pas de la porte. Ce dernier voulait savoir comment le travail avançait. Monsieur Bousanque l’invita d’abord à se joindre au dîner, ce que Marc accepta volontiers.
Après ce copieux repas, le taxidermiste proposa à Marc, comme convenu, d’aller voir l’avancement du travail qu’il effectuait au sous-sol. Celui-ci acquiesça, et c’est ainsi que tous deux descendirent les marches menant à la cave. Arrivés en bas, l’empailleur ouvrit le réfrigérateur où il avait placé le chat, mais à sa grande surprise, il y trouva seulement un lapin surgelé.