L’histoire est originale. Le temps de la montée d’un escalator, le personnage principal, joué par Kev Adams, imagine les étapes de sa vie avec une inconnue, jouée par Fanny Lucet, qu’il voit en haut des marches d’un escalier opposé.

Dans ce court métrage, le réalisateur filme un acteur qui se raconte lui-même un film. Il y a une opposition entre la courte durée de la montée de l’escalator et la longue tranche de vie qu’il imagine, de sa rencontre avec cette fille jusqu’à leur rupture.

Le récit est bien mené. L’histoire progresse en effet de façon idyllique au rythme de la montée de l’escalator. La chute est d’autant plus amusante qu’elle prend une tournure inattendue. Alors que je m’attendais à ce qu’arrivé en haut de l’escalator, il se précipite vers la jeune femme pour lui déclarer sa flamme, il termine son rêve en constatant qu’elle le trompe, et l’insulte vraiment. Cette insulte est d’ailleurs la seule parole du court-métrage. Elle montre ainsi que l’histoire vécue par le personnage n’était qu’un rêve et non la réalité. En la prononçant réellement, le personnage met fin à sa relation rêvée avec une fille qu’il ne connaît même pas.

Le jeu des acteurs est essentiel puisqu’il n’y a pas de dialogue. Ils expriment leurs émotions et leurs sentiments uniquement par l’expression de leur visage. Lui, bouche ouverte et yeux écarquillés, montre parfaitement le coup de foudre qu’il a pour cette fille. Elle alterne deux visages : indifférent en haut des marches, il exprime le bonheur lorsqu’elle est dans le rêve. L’humoriste Kev Adams accentue les expressions de son visage pour faire le spectateur.

Le court-métrage se décompose en huit plans, qui alternent la montée de l’escalator et le rêve. Chaque plan correspond à une étape dans la progression de l’histoire. Le premier plan est un plan d’ensemble, qui englobe à la fois les personnages et le décor. Puis les plans sont rapprochés et alternent la montée de l’escalator et la progression du rêve. Grâce à cette succession de plans, le réalisateur montre au spectateur la progression du rêve dans la tête du personnage. Dans le plan d’ensemble, très général, il aperçoit la fille et commence à rêver. Plus les plans se succèdent, et plus son imagination vagabonde. Le plan final, très précis, dans lequel l’insulte est prononcée marque la fin du rêve et le retour à la réalité.

La mélodie que l’on entend crée l’atmosphère romantique du rêve. Il n’y a aucun autre son jusqu’au moment de la chute, lorsque le rêve est terminé.

Le montage rythme bien le film. Chaque scène correspond à la progression de l’action et des sentiments du personnage, sur l’escalator et dans le rêve. Le réalisateur a recours à des ellipses temporelles et spatiales pour montrer au spectateur la projection de son personnage dans sa vie future avec la fille de l’escalier.

J’ai trouvé ce court-métrage très drôle. Il est fondé sur un humour visuel, qui repose uniquement sur l’expression présente sur les visages des personnages. Chaque étape du rêve de la rencontre à la rupture, correspond à des clichés. En effet, les différents moments de la vie de couple sont représentés de façon stéréotypée et simpliste, ce qui accentue l’effet comique du court-métrage. Il m’a beaucoup lu, car il montre la rapidité et la puissance de l’imagination. Même sur une durée très courte, un rêve peut nus emmener bien loin.