C'était une belle journée d'été pour se promener. Les cigales chantaient, les oiseaux m'offraient de douces mélodies. Le ciel bleu sans nuage illuminait les beaux oliviers de Nyons. Et je humais le doux parfum des plantes en fleur. Cela faisait du bien de prendre le soleil après un rude hiver passé sur Paris. Je reprenais du plaisir à me balader. Mais le soleil brillait étonnement fort, il était stupéfiant, j'en avais certainement perdu l'habitude. Mon amie et moi étions ravies par ce magnifique paysage. Nous avancions gaiement à travers les vignes et les vergers.

Comme nous avions un peu faim, nous décidâmes de nous arrêter déjeuner au pied d'un grand chêne à l'orée d'une forêt. Nous nous cachâmes à l'ombre de crainte d'attraper un coup de soleil. J'enlevais mon pain de son emballage et commençais à mordre dedans quand je me senti soudainement fatiguée. Cela ne m'étonnait guère, je n'avais pas beaucoup dormi la nuit dernière. Mais il me semblait que le soleil m'éblouissait de plus en plus, je sentais ma vue se troubler et mes paupières s'alourdir. Le ciel azur et l'herbe de la prairie me paraissaient se disputer et tournoyer autour de moi. Je perdais tous mes repères et l'épuisement s'emparait peu à peu de moi.

Alors que je reprenais petit à petit mes esprits, il me sembla sentir comme une présence, comme si l'ombre d'un objet m'enveloppait. Je levai prudemment les yeux et vis une immense statue qui demeurait à une petite distance de moi. Un petit frisson d'effroi me fit tressaillir. Car, aussi étrange que cela puisse paraître, je ne pensais par l'avoir remarquée auparavant. Elle paraissait pourtant impressionnante et d'une beauté à vous couper le souffle. On croirais voir une femme représentée, ou bien une nymphe. Il me sembla qu'elle portait une tunique de la Rome antique. Je distinguais un talisman qu'elle tenait dans sa main gauche et elle brandissait dans l'autre un bâton qui, je pensais; était orienté en direction du soleil. Cette mystérieuse créature semblait vivante. Bien que crispée de peur, je ne pouvais m'empêcher de l'admirer.

Alors que je tournais la tête avec angoisse, je m'aperçus que ma camarade n'était plus là, il ne me restait d'elle que sa trace sur l'herbe sèche. Je ne pouvais pas croire qu'elle était partie sans moi; j'en conclus hâtivement qu'il lui était arrivé un malheur. Mes pensée se bousculaient dans ma tête. Je ne pouvais plus me maîtriser. Il m'était impossible de trouver une quelconque explication rationnelle. Mon cœur battait de plus en plus vite. J'avais de plus en plus chaud. Je transpirais de froides gouttes de sueur. Était-ce la peur? Oui, j'avais très peur. Cette statue m'effrayait. J'étais apeurée. Éblouie, je ne voyais plus rien. Mais mon regard affolée cherchait en vain quelque chose. Je luttais pour ne pas perdre connaissance.

Alors que j'étais terrifiée, je put soudain distinguer un nuage passer devant le soleil. Je me levai avec angoisse mais rapidement, pris mes affaires et m'enfuyais en courant. Je ne pouvais plus m'arrêter. Je ne voulais plus m'arrêter. Je dévalais les pentes et enjambais les côtes. J'essayais d'ignorer cette atroce douleur qui me rongeait de l'extérieur. Mes bras et mes jambes m'apparaissaient rouges et irrités. Ma nuque, mon front et mes épaules me brulaient terriblement. Je n'avais jamais ressenti ce mal auparavant, et j'aurai préféré ne jamais le ressentir...

J'entendis soudain une voix qui me semblait familière. Elle me demandait pourquoi je me mettais subitement à courir. Je ne le savais pas. Je ne le sus jamais.