Critiques musicales "Bella Ciao : une version slave !"

(Label and copyright: Goran Bregović)

Bella Ciao dans une version très « Europe de l’Est » !
Il s’agit d’une version du chant révolutionnaire italien Bella Ciao interprétée par Goran Bregovic lors du festival hongrois Sziget de 2012. Le style musical de cette version est plutôt traditionnel. Il s’agit d’une version acoustique.  
Le chanteur principal joue de la guitare et il est accompagné d’un second chanteur à la batterie, tandis que cinq musiciens jouent des instruments à cuivre (deux cors et trois trompettes). L’ouverture du morceau a lieu lentement avec les cuivres puis le chant est entonné. Le tempo est d’abord lent, puis il s’accélère au deuxième couplet, pour aller de plus en plus vite, puis vraiment très rapidement. Tous les instruments sont joués à toute allure tandis que les chanteurs doivent suivre ce rythme infernal. Puis au troisième couplet, il y a comme une pause car le tempo est de nouveau très lent et une certaine tristesse apparait, le chanteur principal a des trémolos de style slave dans la voix. Au quatrième couplet, le tempo s’accélère de nouveau. Il y a un passage de nouveau extrêmement rapide où seuls les instruments jouent. Les cinquième et sixième couplets sont exécutés extrêmement rapidement par tout l’ensemble (voix et instruments), puis une dernière cassure du tempo est opérée avec une reprise très lente des deux dernières lignes du sixième et dernier couplet.  
Les changements de tempo dans cette interprétation de Bella Ciao sont d’un très grand intérêt : - tantôt cette version paraît excessivement festive, dans une ambiance de fanfare de cirque (avec le son des cuivres et de la batterie), - tantôt dans les moments beaucoup plus lents, une grande mélancolie apparaît, qui donne hâte que le tempo s’accélère de nouveau pour ressentir la liesse des moments très rapides.  
Cette version de Bella Ciao est vraiment très attirante. L’attention de l’auditeur est toujours maintenue en éveil grâce à tous ces fréquents changements de tempo. On apprécie l’alternance de grande joie et de mélancolie, on ne s’ennuie pas du tout en écoutant cette version. Il faut souligner que les chanteurs ont un timbre de voix très juste et expressif et que de plus l’interprétation des cuivres est très riche (ils sont nombreux et ont des partitions différentes) pour les accompagner. Il est vivement recommandé d’expérimenter au moins une fois l’écoute de cette version de Bella Ciao, l’idéal étant de la vivre directement en concert puisque le public semble alors en totale communion avec cette interprétation originale et vraiment « vivante ».  
Auteur de la critique musicale : Eva.
Vidéo de l’adaptation de Bella Ciao disponible sur Youtube sur le web :
https://www.youtube.com/watch?v=HSyV9f98qcU du début jusqu’à 3 min 42 s.

L’ex-rockstar yougoslave, Goran Bregović enflamme Paris avec sa reprise de « Bella Ciao » interprétée en live.    
          En 2013, Goran Bregović a réinterpréter à sa façon la célèbre chanson « Bella Ciao » au Zénith de Paris. Il l’a réinterprété dans un genre de musique de l’Europe de l’Est, accompagné de son orchestre : l’Orchestre des mariages et des enterrements.    
          Dans cette version de « Bella Ciao », G.Bregović utilise un style de musique balkan en rappel de ses origines yougoslave. Ce style donne encore plus d’énergie que la chanson originale. Il chante accompagné de son orchestre et d’un chœur composé de femmes bulgares. Lui joue de la guitare et chante au micro (ce qui amplifie sa voix) avec un homme jouant du tambour. Son orchestre joue avec des cuivres et des cordes frottées. Les cuivres sont beaucoup plus présents que les cordes frottées et donnent un certain tempo à la musique.    
          En ce qui concerne les paroles, G.Bregović utilise presque les mêmes que la chanson originale à quelques mots près (« —> » signifie « devient ») :  
• « mi sono alzato » —> « mi son svegliato » • « sulla montagna » —> « lassù in montagna » • « Cosi le genti » —> « E le genti » • « quest’il fiore » —> « questo è fiore »  
          Malgré ces changements le sens reste le même.
   
          G.Bregović a un timbre de voix qui convient très bien avec cette musique et qui donne une certaine puissance à celle-ci. La chanson se divise en plusieurs parties :  
• La musique démarre avec un tempo et un chant très lent accompagné d’une seule trompette et un volume assez bas. La chanson nous paraît triste.  • A partir du moment où d’autres instruments commencent à jouer, le tempo et le volume de sa voix montent en crescendo et les nuances commencent à se former peu à peu. Les personnes du public participent aussi à ce changement de rythme, en tapant dans leurs mains de plus en plus vite (ce qui nous montre leur enthousiasme).  • Jusque-là, la mélodie était la même que celle de la chanson originale. Mais tout d’un coup, le chanteur se met à crier comme pour nous montrer sa « délivrance ». A partir de ce moment, la musique prend des airs de chansons de l’Europe de l’Est et nous fait ressentir une forte énergie et beaucoup de gaieté. • En plein milieu de la chanson, il y a deux couplets que le chanteur chante avec le rythme très lent du départ et, comme au début, le tempo et les nuances montent crescendo. Cette « coupure », permet d’attirer encore plus notre attention. • A la fin de la chanson G.Bregović chante deux foix le dernier couplet, mais la deuxième fois est beaucoup plus lente. Peut-être pour insister sur ces paroles, qui sont en quelques sortes les plus importantes de la chanson, ou tout simplement pour conclure la chanson.    
          Cette chanson n’est clairement pas une chanson à but commercial car tout d’abord, elle n’apparait dans aucun des albums de G.Bregović. Ensuite, lorsque G.Bregović a repris la chanson « Bella Ciao », elle n’était pas encore très connue (notamment grâce à la série « Casa de papel »). Et enfin car dans une interview faite en 2002 (par l’ « Humanité »), il
explique :  « Je n’[écris] pas pour le show-business et les films commerciaux ».    
          G.Bregović a une personnalité un peu extravagante en vue de ses styles musicaux. Toujours dans la même interview, il explique que son père était colonel et que son univers a sans doute été influencé par la musique militaire. En effet, G.Bregović a toujours aimé la musique et a d’ailleurs fondé son groupe de rock, le « Bouton blanc », à seulement 16 ans. Ses styles musicaux ont évolués au fil des années et notamment car il a dû écrire des bandes originales pour de nombreux films. Cela lui a fait se rendre compte qu’il avait un tempérament qui aime les choses calmes car pour lui le monde du cinéma est « hystérique » et crée une grande pression. C’est donc pour cela qu’il s’est mis a écrire pour le théâtre, dans un style plus classique. Pendant plusieurs années G.Bregović a fait une pause dans la musique. Mais en 2005, il décide de reformer son groupe le « Bouton blanc » car la passion de la musique et le fait de se produire sur scène lui manquait trop.  
          En tout, G.Bregović a utilisé plus de 10 styles musicaux différents dans ses œuvres musicales (classique, reggae, rock, pop, électronique, tango, Balkan…).    
          Cette reprise de « Bella Ciao » est l’une des plus originales, car elle est la seule à avoir été reprise dans ce style musical. Son avantage est qu’elle n’apparait dans aucun album, et que pour l’écouter il faut se rendre au concert de Goran Bregović. Nous vous aurions bien conseillé de vous y rendre, mais malheureusement aucun concert n’est prévu prochainement.    
Liens : • Interprétation de « Bella Ciao » par G.Bregović : https://m.youtube.com/watch?v=OyMA84-mowI
• Interview faite par le site l’« Humanité » : https://www.humanite.fr/node/270249     
Auteur : Sana.