"Horton", Sonia Kammoun, 6F

    Dans une forêt sombre et profonde vivait autrefois Horton, un monstre effroyable dont personne n’ignorait les pouvoirs. Il avait une tête de serpent, des yeux couleur de sang et une langue pointue et fourchue. Son corps était celui d’un ours, ses ailes et sa queue d’un corbeau. Ses griffes était acérées comme des couteaux prêts à couper en tranches. Ses dents étaient pointues et aiguisées; ses ailes puissantes pouvaient assommer un tigre en un seul battement. Son cri était celui d’un corbeau et de ses narines sortait un sifflement aigu. Horton attaquait chaque nuit les habitants de la ville mal protégés et sa faim terrible le poussait parfois à se servir de son venin pour empoisonner ses victimes...

    Le repaire du monstre était une grotte obscure. De minces filets de lumière entraient par la porte - si cette ouverture dans la roche pouvait être appelée porte.

    A l’intérieur, on sentait une odeur semblable à celle de l’œuf pourri, car le monstre ramenait ses proies pour les manger et abandonnait leur cadavre dans un coin. La nuit, on entendait les puissants ronflements de la bête, qui faisaient trembler les murs.

    Le voyageur égaré qui pénétrait dans ce lieu ressentait de la peur et de l’horreur, et il devait certainement avoir aussi très envie de sortir de là le plus vite possible. Il était dégoûté par les os entassés en vrac contre les murs.

    Mais pas Tom. Ce petit garçon s’était perdu en forêt alors qu’il se promenait avec ses parents. Il était entré dans la grotte sans savoir que c’était le repaire du monstre. Celui-ci n’était pas là : il était parti en quête de nourriture. Tom, épuisé, s’était installé contre le mur et s’y était aussitôt endormi.

    Deux heures plus tard, le monstre revint. Il n’avait pas trouvé de victimes à attaquer et avait le ventre vide. Il renifla. Il sentait une odeur d’homme. Une odeur toute proche. Puis il aperçut le petit garçon, allongé près de l’entrée. Celui-ci avait ouvert les yeux mais était trop endormi pour comprendre quoi que ce soit. Il se leva, s’étira et se frotta les yeux. Et enfin il remarqua le monstre, qui l’observait avec ses grands yeux rouges. L’animal s’avança vers lui en poussant son cri de corbeau et en battant des ailes. Tom cligna des yeux. «  Tu es le monstre. » , dit-il. Celui-ci s’arrêta, stupéfait. « Oui, tu es le monstre. Le célèbre Horton. » Il se mit à sauter sur place. « J’ai vu Horton, pour de vrai ! Quand je dirai ça à mes amis ... »

    La bête grogna. Son plan ne fonctionnait pas: cet enfant aurait dû s’enfuir en hurlant et en gesticulant comme tous les autres avant lui ! « Est-ce que c’est vrai que vous mangez les gens comme ça : Roarrcroccrocgloup ? Ce sont mes amis qui disent cela. Ils disent aussi que vous aspirez leur cerveau avec une paille. C’est dégoûtant. »

    Soudain, un grand homme chauve apparut. Il avait un nez crochu et le visage couvert de verrues. « Eh bien, qu’attends-tu ? Attaque ce gamin ! » ordonna l’homme. Horton recula puis fonça droit devant lui en attrapant Tom au passage. Il galopa jusqu’au centre de la forêt.

« Écoute, dit le monstre, tu... 

- Oh là là ! En plus tu sais parler ! »

Horton soupira. Il commençait à en avoir assez de cet enfant.

« Écoute-moi, dit-il. Cet homme que tu as vu, c’est lui qui me force à attaquer les tiens. Il veut se venger car, toute sa vie, il s’est fait rejeter par les autres parce qu’il est laid- très laid, même. Je n’ai l’intention de manger personne. Alors si tu veux sauver ta peau, retourne chez toi au plus vite. »

- Je ne peux pas, mes parents sont dans la forêt, quelque part. Tu sais où habite ce monsieur ? 

- Oui, dans une cabane en haut de cette falaise. 

- Emmène moi là bas. J’ai un plan pour l’arrêter. »

    Horton prit Tom sur son dos et s’envola. Bientôt, ils arrivèrent à la cabane. Le monstre donna un grand coup dans la porte qui s’ouvrit. L’homme était là: « Horton ! Tu n’as pas tué ce marmot ! Tu m’as désobéi ! »

   Tom essaya de lui rentrer dedans, mais il esquiva le coup. Horton en profita pour se faufiler derrière lui et le poussa dans le vide. Tom ouvrit de grands yeux. « On a réussi ! J’ai arrêté un méchant, aidé par un monstre, en haut d’une falaise ! Trop génial ! » Horton aussi était très fier de lui même. « Allons retrouver tes parents, dit-il au garçon. » Ils s’envolèrent au dessus de la forêt. Tom retrouva sa famille et, après s’être dit au revoir, chacun retourna chez soi.

   Sauf le méchant de cette histoire, qui s’appelait en fait Bernuz, évidemment.