Imagine la suite... de Louise

    

Il s’agrippa à un bout de bois qui flottait à la surface de l’eau et il se mit à nager en direction du bateau qui continuait à avancer. Une brise marine se mit à souffler, il redoubla de vigueur, mais ne parvint pas à le rattraper. Il comprit qu’entre sa vie et le sinistre royaume des morts il n’y avait qu’un médiocre débris de bois à moitié décomposé. Il remit donc son sort au destin, puis s’évanouit.

 

     Le lendemain il se trouvait sur une île qui ne figurait sur aucune carte. C’était une île des plus singulière qui semblait déjà habitée. Il eut d’abord peur, mais très vite son âme curieuse reprit le dessus et il se hasarda à explorer cette île énigmatique. Les arbres semblaient se mouvoir et avaient quelque chose de très mystérieux. La nuit commençait à tomber, il fallait donc qu’il trouve asile.  Soudain, il aperçut une petite grotte à quelques pas de lui. Il s’y réfugia, mais il ne dormit pas, il était trop occupé à penser : « Pourquoi Baudelaire qualifie-t-il de prince des nuées ces oiseaux maladroits, rustres et haineux ? » Depuis l’incident de la veille il entretenait des relations très hostiles avec ces volatiles. Mais sa colère se dissipa très vite pour faire place à un profond sentiment de nostalgie qu’il n’avait jamais éprouvé auparavant. Il regrettait sa terre natale où s’était écoulée toute sa vie passée et il se mit à pleurer à chaudes larmes.

 

     Les jours s’écoulaient ainsi. Il menait une existence triste et monotone. Son seul plaisir était d’explorer l’île aux mille et une beautés. Il ne manquait de rien pour survivre, la terre y était très fertile. Son seul désir était de revoir sa terre natale. Ainsi vingt ans s’écoulèrent.

 

     Désormais, il avait soixante ans, mais son regard triste et éteint et son visage maigre et ridé lui en donnaient quatre-vingts. Il n’avait ni ambition, ni espoir, comme si l’esprit de l’île avait férocement dévoré son âme, jadis pleine de vigueur et d’une curiosité sans pareille. Un matin il avait ressenti un malaise épouvantable et le vent semblait siffler un funèbre chant. « La fin de mes jours est proche », dit-il. Soudain, sur la plage, à l’endroit où il s’était échoué, il vit quelque chose étinceler, c’était la fermeture de son portefeuille. Il le saisit d’un mouvement brusque et l’ouvrit. Il contenait un miroir, plein de petits objets futiles et un portrait de lui quand il avait six ans. Il se regarda dans le miroir et regarda la photo. Ses yeux éteints ne purent retenir la nuée de larmes qui coulèrent le long de ses joues maigres.

 

Commentaires

1. Le 03 avril 2020, 12:02 par Erwan

Bravo très joli texte.

2. Le 17 avril 2020, 20:23 par ninon

L'histoire est un peu triste mais j'aime beaucoup le vocabulaire choisi que tu emploies. C'est très joliment écrit. Bravo.

3. Le 24 avril 2020, 16:48 par romane

J'aime la façon dont tu exprimes ce récit assez triste mais réaliste. Bravo!