Les Français et la guerre d’Algérie, étude d’un ensemble documentaire

Voici le lien où vous pourrez retrouver le sujet du contrôle :

http://www.nathan.fr/manuelfrancoallemand/ressources/Fichiers/Fichiers/chap14_etude3.pdf

 

Voici un lien vers un cours sur la guerre d’Algérie que je trouve très bien fait et qui complètera utilement le mien :

http://www.andurand.net/eleves/terminale%20S/colonisation/La%20guerre%20algerie.pdf

Il a manqué en effet à certains d’entre vous des connaissances plus précises sur la guerre d’Algérie, qui vous auraient permis d’avoir une approche plus nuancée de la position complexe des Français pendant la guerre d’Algérie. Il y a peu de chance qu’un sujet tel que celui que je vous ai donné « tombe » au bac, qui privilégie les questions plus larges, en revanche, ce sujet vous prépare bien au « post-bac ».  Pour ce genre de sujets, mon cours ne suffit pas, je ne peux pas tout dire en classe … il faut donc compléter soit avec votre manuel soit avec d’autres livres … Les extraits du film la bataille d'Alger que nous avions vu ensemble (http://blog.crdp-versailles.fr/histargeo/index.php/post/05/12/2011/La-guerre-d-Alg%C3%A9rie-vu-par-G.Pontecorvo) vous ont partiellement induit en erreur car vous n'avez plus vu que ça : la guerre d'Algérie se résumait à la bataille d'Alger, alors qu'il y a eu d'autres batailles (la bataille d'Alger se déroule en 1957) et d'autres terrains d'affrontement (dans les montagnes des Aurès notamment)

Ce devoir demandait donc de restituer la complexité du jeu des différents acteurs pendant la guerre d’Algérie, jeu d’autant plus complexe qu’il évolue : les Français n’ont pas tous la même position face à la guerre d’Algérie et cette position se transforme pendant la guerre. Il fallait donc montrer cette évolution, et la situer chronologiquement : n’oubliez pas que vous êtes en histoire ; vous ne pouvez donc pas rendre des copies où n’apparaissent aucune date, ou alors seulement celles du début et de la fin de la guerre d’Algérie … ; non seulement vous deviez indiquer des dates (et le sujet fournissait des indications chronologiques très précises) mais aussi vous auriez pu tenter une périodisation : à quel moment se situe ce moment où l’opinion bascule vers l’idée d’indépendance ? Bien sûr, ça vous fait prendre un « risque » puisque vous devez faire un choix ... mais c'est précisément le travail de l'historien de découper le temps, le choix que vous ferez doit être argumenté ... et vous aviez beaucoup d’arguments dans les documents pour pouvoir justifier ce choix …

 

Les copies réussies étaient donc les copies qui réussissaient à mettre en évidence cette complexité, la position des différents acteurs et leur évolution, en utilisant des termes faisant apparaître un processus  (« au fur et à mesure » par ex) mais aussi en étant beaucoup plus précis, avec des dates et une périodisation.

C'étaient également les copies qui présentaient une vision nuancée de la position des différents acteurs : 

- ainsi, la position de De Gaulle (qu 2) évolue pendant la guerre : appelé au pouvoir en 1958, et fondateur d'une nouvelle République, De Gaulle prononce en 1958 le fameux "je vous ai compris" ... j'ai trouvé dans une copie le terme "ambigu" pour qualifier ce discours ... c'est exactement ça, c'est un discours ambigu, "je vous ai compris" peut s'adresser à tout les pieds noirs mais aussi aux algériens, et donc être interprété différemment par chacun. Quelles étaient les intentions de De Gaulle en 1958 ? Ce discours est-il destiné à rassurer les français alors que De Gaulle a déjà tranché en faveur de l'indépendance, la position de De Gaulle a-t-elle évoluée ? Peu importe, les pieds noirs interprètent ce message comme un message rassurant. L'année suivante, en 1959, De Gaulle propose un référendum sur l'autodétermination. Progressivement, il évolue vers l'idée d'une Algérie indépendante.

Pour voir le discours de De Gaulle en 1958 : http://www.youtube.com/watch?v=vzm0APfrflk

- la position de Camus (qu 3) était également à nuancer : vous l'avez opposé à l'OAS et vous aviez raison ; Camus fait preuve d'une grande modération, et souhaite que les algériens aient les mêmes droits que les français en Algérie ... ce que les Algériens avaient réclamé tout au long des années 1930 ... mais il est trop tard ... l'OAS de son côté, souhaite comme Camus que l'Algérie reste française, mais tient un discours et mène des actions radicales (tract cf doc 5 mais aussi attentats), loin de la tolérance de Camus. Vous avez montré ces deux positions, mais il faut les carcatériser, par ex par les adjectifs modéré / radical. Il faut montrer sur quel point ces deux positions s'opposent et pas les juxtaposer, l'une après l'autre, sans établir de lien.

- dans les questions 4 et 5, attention à ne pas présenter la torture comme l'explication du renversement de l'opinion publique. Ce sujet était largement censuré, et ce n'est que très récemment qu'on a admis qu'il y avait eu de la torture pendant la guerre d'Algérie. La mémoire de la guerre d'Algérie est encore douloureuse, et c'est seulement depuis 1997 que l'on parle de guerre d'Algérie et non plus des "évènements" d'Algérie. On a tous en mémoire en mémoire les exactions commises au Vietnam ou plus récemment les évènements d'Abou Graib en Irak ... mais attention à ne pas lire la guerre d'Algérie avec l'aune de ces évènements : l'opinion publique était mal informée sur ce qui se passait en Algérie, malgrè les témoignages (cf doc 2 ou la question, d'H.Alleg, publié en 1958)


Pour la synthèse, certains d’entre vous n’ont pas traité le sujet… C’était votre première étude d’un ensemble documentaire cette année, et donc votre première synthèse, mais cela n’empêche pas de respecter certains principes élémentaires :

-          Une synthèse commence par une introduction, courte, dans laquelle le sujet est indiqué, ses enjeux formulés et pourquoi pas une amorce de plan. Inutile dans l’introduction de commencer par la colonisation de l’Algérie

-          Une synthèse est ensuite organisée autour d’un plan, qui permet une réponse progressive à la question posée. Ce plan peut être chronologique (et là on montre l’évolution de la position des Français pendant la guerre d’Algérie et on tente un découpage) ou thématique (et là on montre la position des différents acteurs : par exemple ceux qui sont contre l’indépendance, ceux qui sont pour, ceux qui basculent au cours du temps de l’un à l’autre … ou sinon les Français d’Algérie (les pieds noirs) et les Français de métropole …

-          Ensuite une conclusion, qui répond à la question posée et fait une ouverture : on pouvait ouvrir sur la guerre du Vietnam, qui va commencer … 


Merci aux élèves à qui je l'ai demandé de publier ci-dessous, dans les commentaires, des extraits de leur copie.

Commentaires

1. Le 17 décembre 2011, par Quentin

5/ L'opinion publique est marquée par la guerre d'Algérie. Les « morts » (doc5) en Algérie, civils et militaires, choquent.En effet, l'action des militants du FLN pour l'indépendance marque l'opinion. En outre, au vu des terribles « interrogatoires » (doc2) qui frappent ces derniers, l'opinion s'offusque, horrifiée par « la torture à longueur de journée ». Aussi, les attentats de l'OAS traumatisent les populations française et algérienne.
Bien qu'au début de la guerre, la population soit majoritairement contre l'indépendance, elle devient petit à petit pour, face à la radicalisation des actes des belligérants. A terme, la France gagne la bataille militaire, cependant elle perd la bataille psychologique en perdant son image de prestige auprès de l'opinion.

2. Le 18 décembre 2011, par Laura

3/ Il faut avant tout se souvenir que l’Algérie est une colonie française depuis le milieu du XIXe siècle et les pieds noirs y sont installés depuis des générations. Mais ils ne formaient pas une unité avec le peuple Algérien car ils étaient séparés, les colons étant favorisés. Lors des accords d'Evian, les pieds noirs sont donc indignés d'être expulsés de leur pays dans lequel ils sont depuis des générations.
Mais leur indignation est nuancée, certain espérant idéalement que les français et les arabes s'associent, comme Albert Camus.
D'autres vouent une haine aux algériens, comme on peut le voir dans le tract de l'OAS. Ceux-ci vont se tourner vers les attentats, comme ceux organisés par le FLN qui les visaient auparavant. .

3. Le 18 décembre 2011, par Chloé

Réponse organisée:

 La guerre d'Algérie a duré presque 8 ans, de 1954 à 1962. Elle a opposé le gouvernement de la métropole française au FLN, constitué d'indépendantistes algériens.

De quelle manière l'évolution de l'opinion publique a conduit au dénouement de la guerre?
Nous verrons dans un premier temps les différentes prises de positions entre 1954 et 1958 puis nous montrerons de quelle manière, à partir de 1958, l'opinion publique défend de manière assez soudaine l'indépendance.

 Lorsque la guerre débute en 1954, une grande majorité de français et d'algériens souhaitent que l'Algérie reste sous domination française. En effet....
 Un an après son célèbre discours, De Gaulle proclame le droit du peuple algérien à l'autodétermination. On assiste ici à un changement de point de vu radical qui est du à l'évolution de l'opinion publique à partir de 1958. En effet.....
 C'est donc l'évolution de l'opinion publique qui a conduit au dénouement de la guerre. En effet, le gouvernement français avait les moyens de gagner la guerre sur le plan militaire et ainsi garder l'Algérie sous domination française mais le gouvernement a perdu la bataille de l'opinion publique française et aussi le soutient des masses algériennes; c''est à dire la guerre psychologique et c'est pour cette raison que l'Algérie a pu redevenir indépendante.
4. Le 18 décembre 2011, par Léa

Question 4 :
Le document 3 est constitué de témoignages diffusés en mars 1957 sur les méthodes d’interrogatoire militaires en Algérie. « où ils étaient interrogés » : ce sont eux qui, devant une police débordée avec parfois 5 attentats par jour, mènent les interrogatoires de ceux que l’on soupçonne d’être des partisans du FLN. Ils utilisent, malgré l’illégalité de ces méthodes, la torture pour faire parler les suspects : « la torture à longueur de journée, pour faire parler ». Certains ont en horreur ce qu’ils sont en train de faire : « s’il existe un jour un nouveau tribunal de Nuremberg, nous serons tous condamnés », mais d’autres sont prêts à aller plus loin et ne le regrettent pas. Comme le montre le document 3, qui explique l’échec du coup de force des généraux à Alger en avril 196, sept mois après la proclamation du droit des peuples à l’autodétermination par De Gaulle. « un groupe d’officiers partisans ambitieux et fanatiques » : les officiers français en Algérie luttent contre le FLN, mais aussi contre leur propre gouvernement quand celui-ci change d’avis sur la question : doc.4 : « les négociateurs français ont renié tous les morts, ils ont sacrifié tous les intérêts »). Dans cette guerre, les militaires français ont pour rôle d’arrêter les opérations du FLN mais finissent par devenir, parfois, eux-mêmes des terroristes.

5. Le 02 janvier 2012, par Jasmine

Question 5 :

En métropole, l'opinion publique est informée par les évènements en Algérie par le biais principal de la presse. En effet, le document 1 constitue des extraits de lettres, envoyées par des soldats cotoyant la Guerre d'Algérie, réunis dans une brochure très probablement distribuée en France. Ensuite, le document 2 nous montre des soldats du contingent écoutant des informations sur leurs transistors, constituant une autre manière d'informer l'opinion publique en métropole. Enfin, la source du document 3 se rapproche de celle du premier document. En effet, il s'agit d'un tract diffusé en métropole. Ces trois manières constituent différentes manières d’informer les Français vivant en métropole, mais leurs contenus diffèrent cependant, variant aussi l'avis des français.