Dernier vendredi avant les vacances, nous nous rendons au musée d'Orsay pour une conférence sur l'académisme. Nous avons le droit à un petit historique du musée: en 1900 est inaugurée la gare d'Orsay, sa structure témoigne de l'avancée architecturale pendant l'ère industrielle. En effet elle est composée d'une structure métallique qui est cachée par de la pierre ainsi qu'un alliage de fer et de verre. Dans les années 40 la gare est délaissée puis transformée en musée en 1970. Les œuvres qui ont été entreposées sont essentiellement des dons et l'ensemble des collections s'étendent de 1850 à 1914.
Nous avons ensuite procédé à la visite où nous avons contemplé plusieurs œuvres telles que l'Olympia de Manet, Falaises d'Etretat de Courbet, déjeuner sur l'herbe de Manet toujours...
J'ai choisi d'étudier une œuvre de Thomas Couture, Les Romains de la Décadence, peinte en 1847. C'est une œuvre que j'ai particulièrement appréciée car il s'agit d'une peinture d'histoire et que ce tableau a une double lecture.
Th Couture, les romains de la décadence,1847, 472 X 772cm, musée d’Orsay
Le format choisi (presque 5m X 8m !) montre qu'il s'agit d'une peinture d'histoire, le sujet est l'empire romain (l'antiquité était un sujet très apprécié des peintres académiques), avec une beauté idéalisée. Les dimensions et la composition rappellent les Noces de Cana, de Véronèse.
Couture a mis 3 ans pour achever ce tableau. Une première lecture du tableau nous montre un banquet réalisé dans un palais romain que nous identifions grâce aux colonnes et statues. Les personnages sont allongés et festoient, nous sommes au milieu d'une orgie. Presque tous les personnages sont dénudés du haut. Le peintre montre ici la grandeur et la déchéance des romains.
Un des personnages les plus intrigants est sans doute la jeune femme qui nous regarde, ainsi que les deux hommes tout à gauche du tableau qui semble désapprouver le banquet.
A première vue ce tableau semble être banal... et pourtant il y a une deuxième lecture. A travers la toile, il dénonce la grandeur et la décadence de la société française, qui est alors sous la monarchie de juillet (1830-1848) où des émeutes menacent d'éclater car la société est corrompue.
Un premier point de fuite, nous renvoie aux genoux de la statue symbole de la splendeur passée et impuissante face au déclin de la société. Tandis que le second nous invite à poser nos yeux sur la coupe au centre et donc la décadence. Couture a fait un jeu entre l'horizontalité des personnages et la verticalité des statues.
Nous voyons que les romains ayant trop bu se moquent totalement des statues, qui pourraient également représenter des vertus morales. En effet ils s'abandonnent sans vergogne à la débauche et à l'immoralité. On voit également que la blancheur des statues, de la pierre contraste avec les couleurs des tuniques.
Enfin les deux personnages à droite sont des barbares qui désapprouvent l'orgie, mais on ne sait pas exactement leurs symboles.
Ce tableau m'a marquée par ses dimensions, et par sa symbolique. Une œuvre a toujours une signification qu'il faut déchiffrer et c'est ce que j'aime. De plus j'apprécie le musée d'Orsay pour sa muséographie qui est judicieuse.
Marine