Chapitre 1. Les espaces productifs à l'échelle de la France / Etape 1. cours

Qu’est-ce qu’un système productif ?

Un système productif se définit comme « l’ensemble des facteurs et acteurs concourant à la production, à la circulation et à la consommation de richesses ». Ce concept, élaboré dans les années 1980, permet de dépasser la vieille répartition des activités économiques entre secteurs primaire, secondaire et tertiaire.

En fonction de caractéristiques économiques, spatiales et sociales qui ne peuvent être dissociées on peut établir une classification des espaces productifs. Ainsi il n’est pas envisageable aujourd’hui d’étudier un espace industriel sans le mettre en relation avec le secteur tertiaire qui l’environne car les activités sont désormais interdépendantes. Il en est de même pour le secteur agricole.

I. L’espace productif français dans la mondialisation.

 

II. Les acteurs et les dynamiques de localisation des espaces productifs. Téléchargez la présentation en PDF

Quelles sont les stratégies de localisation des différents acteurs et quelles sont les conséquences sur l’aménagement du territoire ?

A. Des infrastructures logistiques indispensables aux flux

            Les infrastructures logistiques sont indispensables à l’implantation des espaces productifs dans un contexte de mondialisation. Les acteurs économiques cherchent donc la proximité d’infrastructures de qualité leur permettant des communications et des flux (biens, informations et hommes) rapides. Les pouvoirs publics et les acteurs privés investissent dans ces infrastructures afin de rendre les territoires attractifs.

- Développement des ZIP (Zone industrialo-portuaire) en rapport avec la littoralisation des activités. Les grands ports français s’adaptent au gigantisme et une des premières compagnies de fret maritime mondial est française (CMA-CGM) a construit son siège social sur le port de Marseille.

- Aménagement de réseaux de transports terrestres et fluviaux : LGV, autoroutes, canaux… Ces infrastructures de très bonne qualité en France permettent d’assurer les communications à l’échelle nationale et régionale et d’assurer la redistribution des flux mondiaux.

- Développement des aéroports : dans le cadre de la mondialisation des échanges et de l’explosion du transport aérien, les grandes villes françaises tentent de se doter d’infrastructures aéroportuaires de taille internationales mais ces infrastructures entrent en concurrence à l’échelle de la France avec le réseau LGV et les aéroports parisiens concentrent toujours la majorité des flux aériens. La FTN Airbus est implantée à proximité de l’aéroport de Toulouse.

- Infrastructures de réseaux Internet et mobile. Dans le cadre du développement de l’économie numérique la connexion aux réseaux d’information est capitale : les pouvoirs publics et les grandes entreprises de télécommunications déploient ainsi à travers tout le territoire national la fibre optique et le réseau 5G.

- Aménagement de plateformes multimodales : l’interconnexion des différents modes de transports est aujourd’hui vitale dans le processus de mondialisation puisque les flux mondiaux doivent être redistribués à l’intérieur des pays. Ainsi les principaux hubs portuaires ou aéroportuaires sont des plateformes multimodales.

Exemple : la plateforme multimodale de Dourges

 

 

B. Espaces productifs et métropolisation

            Les grandes villes polarisent les espaces productifs et commandent de vastes espaces car elles concentrent des infrastructures indispensables au développement économique et elles attirent par leur aménité de nombreuses entreprises.

Les grandes villes sont des pôles administratifs et politiques qui concentrent donc la puissance publique et accueillent les principaux services publics de la sphère sociale indispensables aux systèmes productifs.

Les grandes villes disposent souvent de technopôles qui sont des espaces attractifs : ce sont des zones d’activités qui rassemblent des entreprises de fabrication ou de services dans le secteur des hautes technologies qui se localisent le plus souvent dans les périphéries des grandes villes. L’innovation est indispensable pour les entreprises pour être compétitive dans la mondialisation et les pôles de compétitivité ont souvent pour cœur une métropole.

Les activités financières se concentrent dans les grandes villes avec le développement des centres d’affaires qui se localisent généralement dans le centre-ville à proximité des gares TGV notamment.

Les grandes villes sont également des pôles touristiques importants et demeurent également des pôles industriels majeurs.

Cette polarisation des espaces productifs renforce le phénomène de métropolisation du territoire français.

Exemple : Toulouse

 

 

C. Espaces productifs, littoralisation et régions transfrontalières

            Les littoraux français profitent de la mutation des espaces productifs : ainsi les littoraux atlantique et méditerranéen sont parmi les espaces les plus dynamiques en France

Tout d’abord les littoraux profitent de l’aménité de leur espace : ensoleillement et proximité de la mer permettent le développement des espaces touristiques qui génèrent en France une très forte activité puisque la France est la première destination touristique mondiale. Ces territoires attirent également des activités diverses avec des entreprises qui s’installent dans ces espaces grâce à la bonne qualité de vie proposée.

Les littoraux sont également des espaces stratégiques dans la mondialisation des espaces productifs puisque la connexion au monde et notamment au trafic maritime est fondamental. La France dispose de deux façades maritimes ouvrant sur les grandes routes du commerce mondial et de la grande voie maritime conteneurisée. Les deux plus grands ports français sont Marseille et le Havre et ces deux ports desservent un arrière-pays à travers des axes fluviaux industrialisés : Le Havre connecte la vallée de la Seine et Marseille connecte la vallée du Rhône ; dans une moindre mesure le port de Saint-Nazaire connecte la vallée de la Loire et Bordeaux la vallée de la Garonne. La France dispose également d’une autre vallée connectée au monde : il s’agit de la vallée du Rhin reliée au plus grand port européen : Rotterdam.

Les régions transfrontalières sont également très dynamiques et notamment celles qui sont intégrées à la mégalopole européenne qui est l’espace le plus riche et dynamique de l’Europe : il s’agit de la région de Lille à Dunkerque, de la frontière avec le Luxembourg et de la vallée du Rhin ; les régions transfrontalières avec l’Espagne (pays catalan et basque) et avec l’Italie (Nice et certaines vallées alpines) profitent également des échanges croissants.

Exemple : Le port de Rouen

 

D. La mise en réseau des acteurs

            Face à la compétition internationale, entreprises et aménageurs privilégient la mise en réseau. La création de réseaux productifs à différentes échelles est ainsi encouragée afin de mettre en relation les différents acteurs de l’innovation travaillant dans un même domaine d’activité.

Les systèmes productifs locaux regroupent sur un territoire des entreprises et des établissements exerçant des activités proches et entretenant d’importantes relations entres elles. Exemple de système productif local, les clusters sont des groupes d’entreprises et d’institutions partageant un même domaine de compétences, proches géographiquement, reliées entre elles et complémentaires ; ce regroupement permet aux acteurs d’un cluster d’être plus compétitifs dans la mondialisation.

L’Etat favorise la mise en réseau des espaces productifs à travers une politique d’aménagement du territoire impulsée par la DATAR depuis 2004. Cette politique se fonde des appels à projets pour lesquels l’Etats attribue des aides financières. Les pôles de compétitivité en sont un exemple : ils visent la combinaison, sur un espace géographique donné, d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherche publiques ou privées engagées dans une synergie autour de projets communs au caractère innovant. Les Grappes d’entreprises (regroupement d’entreprises, généralement de petite taille (TPE/PME) appartenant à un même secteur d’activité. Elles intègrent des acteurs de la formation, de la gestion, de l’innovation et de la recherche) et les pôles d’excellence rurale (label attribué à des projets de développement des territoires ruraux fondé sur un partenariat entre collectivités locales et entreprises privées) sont d’autres exemples de politiques impulsées par l’Etat à travers la DATAR.

Exemple : Le plateau de Saclay