Le petit Frank McCourt raconte son enfance, ses souvenirs comme il les a vécus et ressentis, avec le rêve de sortir de la misère, de voir sourire sa mère sans qu’elle ait honte de sa pauvreté, de voir ses frères habillés correctement et sa famille manger à sa faim. Le récit contient toute l’innocence et la naïveté du jeune garçon. Le style, enfantin au début, évolue en même temps que Frank. Le récit est simple à lire mais dur à parcourir car il est difficile de s’immerger dans toute cette misère.

Le récit sert aussi de prétexte à diverses réflexions sociales et philosophiques.

Il évoque ainsi la famille, une famille qui doit supporter une vie horrible, une famille qui a le désir de vivre et de résister, mais en même temps une famille qui peut être désunie – comme au moment où Malachy, le père, décide de partir sans jamais revenir et sans envoyer la moindre petite pièce, malgré le fait qu’il ait obtenu un travail. Voilà la leçon qu’en retire l’auteur :

« Meublez votre esprit, meublez-le. C’est la maison qui abrite votre trésor et personne d’autre au monde ne peut s’immiscer à l’intérieur. (…) Vous pouvez être pauvres, vos chaussures peuvent être en piteux état, mais votre esprit est un palais. »

Le récit évoque également la religion et la dure vie que peuvent avoir les familles irlandaises à cette époque. Frank McCourt montre à quel point la mort était présente dans son univers. Petit à petit, les membres de sa famille meurent – Margaret, Oliver, Eugène et sa grand-mère – mais aussi d’autres personnes qu’il aime comme Theresa. Ces morts sont souvent causées par l’humidité et par l’abus de travail qui entraîne les maladies.

L’école et l’éducation restaient, même dans ces années-là, un point important pour le petit Frank. En revanche, ce qu’on apprenait à l’école différait d’aujourd’hui : les enseignants étaient très portés sur la religion, comme le montre le devoir de Frank sur « le Christ à Limerick ». La vie des enfants en Irlande constitue ainsi un élément central de réflexion.

Le livre est un peu long mais se lit très vite car il est vraiment intéressant. Le lecteur arrive facilement à se mettre à la place de Frank et à mieux comprendre comment étaient l’Irlande et l’Europe à cette époque.

Que Frank McCourt garde aussi peu de rancœur par rapport à cette enfance misérable peut paraître stupéfiant mais c’est aussi ce qui donne envie de lire la suite : C’est comment l’Amérique ?

A lire :

Frank McCourt, Les Cendres d'Angela, ainsi que les deux autres volumes de la trilogie : C'est comment l'Amérique ? et Teacher man : un jeune prof à New York (tous trois disponibles en français et en format poche aux éditions Pocket).