L’histoire que relate Mohammed Aïssaoui dans son essai est celle d’un homme exploité et asservi par les défenseurs de l’esclavage.

Grâce à un travail acharné et minutieux, l’auteur est parvenu à retracer des pans de la vie de Furcy par le biais d’archives et de témoignages.

Sa mère, l’élément déclencheur de sa révolte, était une Indienne venue sur l’île de Bourbon au service d’une religieuse qui l’avait affranchie ; Furcy n’était donc pas esclave car il avait moins de sept ans lors de son affranchissement.

La combativité du jeune homme et de son avocat, Gilbert Boucher, va l’amener à mener un combat de vingt sept ans pour recouvrer sa liberté et cela bien avant l’abolition de l’esclavage.

Cet homme peu loquace durant ses différents procès, préférant laisser la parole à ses défenseurs, se livre au long des sept lettres qu’il adresse à Gilbert Boucher afin de ne pas tomber dans l’oubli.

Comment Furcy humilié, torturé, perçu comme une marchandise par ses maîtres car « l’esclave était considéré comme telle », a-t-il trouvé le courage de poursuivre son combat quand tous l’abandonnaient ? Quelles raisons ont poussé Mohammed Aïssaoui à rencontrer cet esclave oublié dans l’histoire ?

Qui a lu Le nègre de l’Amistad de Barbara Chase-Riboud, et vu sa transcription cinématographique par Steven Spielberg, fera forcement le parallèle entre Furcy et Joseph Cinque, esclave venu de Sierra Léone. Ils dégagent tous deux une force tranquille et une détermination à toutes épreuves.

Le travail journalistique et l’écriture de Mohammed Aïssaoui ont mis à jour l’histoire oubliée d’un esclave indien, Furcy, devenu l’emblème d’un combat contre l’esclavage.

L'Affaire de l’esclave Furcy de Mohammed Aïssaoui, paru aux éditions Gallimard, a reçu le prix Renaudot Essai en 2010.

A lire :

Barbara Chase-Riboud, Le Nègre de l'Amistad, Albin Michel, 1989,

qui a inspiré le film de Steven Spielberg, Amistad (1997).