Des plaisirs et des jours

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A la manière de Madame de Sévigné (Wiem)

                                                       À Jouars-Ponchartrain, le 18 janvier 1715

          Ma chère fille bien aimée,

        Aujourd'hui, je vous écris pour vous raconter ma dernière terrible aventure. Je me suis retrouvée dans un endroit répugnent et d'une odeur infecte de moisissures, de déchets et d' excréments. Il y avait toutes sortes de créatures qui m'ont suivis tout au long de cette aventure périlleuse et pleine de dégout. Plus j’avançais, dans ce tunnel sans fin, plus je sentais que ma dernière heure était proche. J'étais pétrifiée par la cascade de toutes sortes de bestioles ressemblant à de petits cyclopes affamés, j'étais vêtue de la somptueuse robe en satin que tu m'avais offerte et je sentais que je la perdais: les traces de salissures s'accumulaient, le tunnel se rétrécissait au fur et à mesure du chemin, mon chapeau perdait de sa beauté tellement le plafond était bas, puis, à un moment je me suis rendu compte que j'étais perdu dans le futur, j'en oubliais le présent, cela faisait une éternité que je tournais en rond, je m'étais perdue...

     J'ai paniqué, je hurlais, mais comme tu peux t'en douter, dans les souterrains j'étais quelque peu isolée du reste du monde. Les minutes passèrent, les heures, puis les jours, sans que je ne puisse trouver le moyen de m'en sortir, je tournais en rond, je mangeais les restes du pain qui avait moisi dans ma poche. Cela faisait quelques jours que j’entendais des bruits de claquements, à bout de forces je ne me suis même pas rendu compte que cela faisait deux semaines que j'avais la possibilité de partir et de retrouver une vie "ordinaire". En effet, il y avait une trappe au-dessus de moi. Alors je pris ma ceinture et tentais en vain de l'accrocher à la poignée de la trappe. Enfin après une multitude d'essais je parvins enfin à m'échapper, je me souviens que je voyais flou et que je ne tenais pas debout. J'ai fermé les yeux et quand je les ai rouvert j'étais allongée sur un lit entouré d'une multitude de personnes vêtues de blanc, mes larmes coulèrent. Je ne savais pas si j'étais en vie chez les fous ou tout simplement au paradis.

     J'avais perdu tous mes repères, puis je suis restée sept jours, sept jours à penser à toi ma chère petite fille. Quand je suis enfin sortie j'ai trouvé un merveilleux panier garni de toutes les choses dont j'avais besoin pour le long voyage qui m'attendait avant de te retrouver, et surtout la robe étincelante que tu m'avais offerte. Je t'écris cette lettre pour te raconter cette aventure pleine de rebondissements.

                                          À toi ma chère fille,

                                                                                              Madame de Sévigné