30 novembre 2014

Interview des comédiennes de Soeur, je ne sais quoi frère

Vous êtes cinq femmes sur scène, où sont les hommes dans votre spectacle ?

Nous sommes effectivement que des femmes sur le plateau et il y en a aussi beaucoup autour, dans l’équipe artistique entière. Je ne sais pas si c'est plus simple ou pas de travailler comme cela mais cela nous a sûrement aidé à construire l'univers féminin de la pièce. Les hommes ? On en parle beaucoup. Il y a le père, le fiancé, le frère qui est dans le titre… mais on ne les voit pas, ils sont absents comme des fantômes. La raison est que Philippe Dorin a choisi d’écrire pour nous cinq, qui avions déjà travaillé ensemble sur ses précédents spectacles. C'est pour cela que nos personnages portent nos propres noms dans la vie.

Après le travail d'écriture, est-ce que l'auteur est intervenu pendant les répétitions ?

Philippe Dorin n’écrit pas des histoires en une seule fois du début à la fin. Quand il commence à écrire, il ne sait pas forcément où il va. De notre
côté, avant même que les répétitions ne commencent vraiment, nous avons fait des petits ateliers de travail qui ressemblaient à des moments de
recherches collectives, d’expérimentations. On a par exemple cherché au cours d'improvisations muettes à essayer des possibilités de scénographie, ou bien à développer les relations qu’entretiennent ces filles, ce qui pourrait bien les lier entre elles. On s'est par exemple amusé à imaginer que les sœurs avaient une entreprise familiale de couture. De temps en temps il y avait un danger qui venait de l’extérieur. Philippe Dorin assistait à nos séances sans intervenir mais après il retravaillait son texte en s'inspirant de nous et revenait quelques semaines plus tard avec plein de nouvelles scènes. Les répétitions du spectacle ont vraiment commencé un an plus tard, une fois que le texte était écrit. Et là on a travaillé un mois et demi avant la première représentation.

Vous jouez 5 sœurs de 10 à 70 ans, correspondant à l'âge des actrices du spectacle, c'est étrange, non ?

Philippe Dorin a voulu mettre en scène l’histoire de cinq sœurs de générations différentes. Evidemment ce n’est pas possible dans la réalité. Mais pour lui, être sœur relève plutôt de la sensation. Se sentir sœurs conviendrait peut-être davantage… Un des moteurs de la pièce est de parler
de la famille et des secrets de famille mais aussi de la Russie. Quand on parle des relations entre sœurs, on pense évidemment à Tchekhov, sauf
que nous ne sommes pas trois mais cinq. On pense aussi aux matriochkas chez qui la grande protège la petite et ainsi de suite, comme dans la pièce. L'univers du conte est très présent dans la pièce de Philippe Dorin. Parce qu’on peut penser que toutes les scènes qui sont racontent sont complètement inventées par les personnages, que se sont des histoires pour jouer.

24 novembre 2014

Vidéos Soeur, je ne sais pas quoi frère

Sœur, je ne sais pas quoi frère, la pièce-puzzle de Philippe Dorin

Dans Sœur, je ne sais pas quoi frère, Philippe Dorin tire les fils de multiples histoires vécues ou imaginées par cinq sœurs et signe une pièce-puzzle où se mêlent poésie et mystère.

La pièce de Philippe Dorin semble un peu floue. Les histoires racontées par les cinq sœurs sont à la fois drôles et étranges, entre la réalité et l'imaginaire, si bien qu’on se demande si les histoires qu’elles se racontent sont vécues ou inventées. Pas toujours facile pour le public de s'y retrouver. Le texte propose plusieurs secrets de famille qui se présente comme un puzzle où il manquerait des pièces car il n'y a pas vraiment de fin. Le comique du spectacle vient des nombreux jeux de mots ou de manières de parler, quand par exemple une sœur parle et qu’une autre finit sa phrase.

Cinq actrices jouent cinq sœurs âgées de 9 à 70 ans. Évidement cette situation est impensable car elle n'est pas réaliste. On comprend donc un univers différent du nôtre en découvrant cette fratrie de femmes. Au début de la représentation, Catherine, Sophie, Lily, Elisabeth et Carole se présentent au compte goutte puis se mettent en statue comme pour une photo de famille. Par la suite, elles évoluent dans les différentes pièces d’une maison (le salon, le bureau, la chambre, la cuisine) comme sur un plateau de jeu de Cluedo qu’elles font exister avec quelques éléments : plusieurs tapis disposés sur des sols différents, deux matelas, deux tables, des murs en plexiglas, des lumières en forme de poupée. Les éclairages illuminent au fur et à mesure les pièces où se trouvent les personnages. Pour recréer l'atmosphère de la nuit, les cinq filles portent des chaperons qui réfléchissent la lumière sur leurs visages.

Le problème est que l'on éprouve des difficultés à saisir le caractère des personnages. Heureusement, la différence d’âges, les costumes et les accessoires apportent des précisions qui nous permettent de mieux les identifier. Par exemple, Lily porte une belle robe bleue qui correspond parfaitement à la phrase qu'elle répète régulièrement : « Et ben moi y a une dame qui m'a dit que j’étais très jolie ». Carole porte toujours un fusil et est la seule à porter un pantalon car elle s’'identifie a un homme. Sophie nous a touchée par son côté gaffeuse. Les actrices jouent toujours ensemble, il y a de la tendresse même dans les moments de dispute. Elles ne quittent jamais le plateau sauf au dénouement de l'histoire où elles parviennent à confesser l'une après l'autre leur secret.

Court-Miracles, une tragicomédie pour acrobates et marionnettes

Dans le cadre de la 32e édition du festival théâtral du Val d'Oise, nous sommes allés voir Court -Miracles, mis en scène par Christian Coumin et interprété par la troupe Le Boustrophébon. Cette pièce programmée au théâtre L'Orange bleue, à Eaubonne, raconte la guerre d’une manière amusante grâce à ses acrobates et leurs marionnettes.

Le spectacle est surprenant car il se joue sans dialogues. En effet, les personnages jouent bien ensemble mais sans se parler. Un pianiste accompagne et rythme ce qui se passe sur scène comme dans les films muets de Charlie Chaplin. La musique jouée en direct sert à exprimer les sentiments des personnages et les transmettre aux spectateurs. L’absence de mots oblige les comédiens à jouer en accentuant leur gestuelle pour réussir à nous faire comprendre ce qu'ils font.

Au début et à la fin de la représentation, on aperçoit des rats qui gravitent autour de la cabane en bois qui sert de décor. Ils symbolisent la saleté et la puanteur en période de guerre. Les costumes bien réalisés représentent les corps mutilés des soldats revenus du front.

Les hommes blessés s’entraident pour lire le journal, se rouler une cigarette et ont aussi recours à des pantins à l’aspect comique et grotesque. Ils s’unissent et se complètent sur scène pour accomplir des numéros de jonglage, de danse sur rollers, de funambulisme sur un fil électrique… souvent humoristiques car déséquilibrés.

On ne distingue plus vraiment les hommes des marionnettes qui une fois animées paraissent elles-mêmes humaines. Citons pour exemple, le petit garçon qui porte sur son dos un sac de patates où est caché le marionnettiste qui le rend mobile. Quand une charrette remplie des corps morts à la guerre est tirée par un fossoyeur, le haut du corps de l’acteur vivant mime un des cadavres tandis qu’avec ses jambes, il fait avancer la marionnette qui le transporte.

Au début du spectacle, une infirmière porte un petit garçon blessé et essaie désespérément d’enlever le bras du bonhomme qui lui tombe sur la figure. Ce genre de comique de gestes revient souvent et rend plus drôle le sujet terrible de la pièce.

- page 7 de 8 -