Sœur, je ne sais pas quoi frère, la pièce-puzzle de Philippe Dorin

Dans Sœur, je ne sais pas quoi frère, Philippe Dorin tire les fils de multiples histoires vécues ou imaginées par cinq sœurs et signe une pièce-puzzle où se mêlent poésie et mystère.

La pièce de Philippe Dorin semble un peu floue. Les histoires racontées par les cinq sœurs sont à la fois drôles et étranges, entre la réalité et l'imaginaire, si bien qu’on se demande si les histoires qu’elles se racontent sont vécues ou inventées. Pas toujours facile pour le public de s'y retrouver. Le texte propose plusieurs secrets de famille qui se présente comme un puzzle où il manquerait des pièces car il n'y a pas vraiment de fin. Le comique du spectacle vient des nombreux jeux de mots ou de manières de parler, quand par exemple une sœur parle et qu’une autre finit sa phrase.

Cinq actrices jouent cinq sœurs âgées de 9 à 70 ans. Évidement cette situation est impensable car elle n'est pas réaliste. On comprend donc un univers différent du nôtre en découvrant cette fratrie de femmes. Au début de la représentation, Catherine, Sophie, Lily, Elisabeth et Carole se présentent au compte goutte puis se mettent en statue comme pour une photo de famille. Par la suite, elles évoluent dans les différentes pièces d’une maison (le salon, le bureau, la chambre, la cuisine) comme sur un plateau de jeu de Cluedo qu’elles font exister avec quelques éléments : plusieurs tapis disposés sur des sols différents, deux matelas, deux tables, des murs en plexiglas, des lumières en forme de poupée. Les éclairages illuminent au fur et à mesure les pièces où se trouvent les personnages. Pour recréer l'atmosphère de la nuit, les cinq filles portent des chaperons qui réfléchissent la lumière sur leurs visages.

Le problème est que l'on éprouve des difficultés à saisir le caractère des personnages. Heureusement, la différence d’âges, les costumes et les accessoires apportent des précisions qui nous permettent de mieux les identifier. Par exemple, Lily porte une belle robe bleue qui correspond parfaitement à la phrase qu'elle répète régulièrement : « Et ben moi y a une dame qui m'a dit que j’étais très jolie ». Carole porte toujours un fusil et est la seule à porter un pantalon car elle s’'identifie a un homme. Sophie nous a touchée par son côté gaffeuse. Les actrices jouent toujours ensemble, il y a de la tendresse même dans les moments de dispute. Elles ne quittent jamais le plateau sauf au dénouement de l'histoire où elles parviennent à confesser l'une après l'autre leur secret.