Interview des comédiennes de Soeur, je ne sais quoi frère

Vous êtes cinq femmes sur scène, où sont les hommes dans votre spectacle ?

Nous sommes effectivement que des femmes sur le plateau et il y en a aussi beaucoup autour, dans l’équipe artistique entière. Je ne sais pas si c'est plus simple ou pas de travailler comme cela mais cela nous a sûrement aidé à construire l'univers féminin de la pièce. Les hommes ? On en parle beaucoup. Il y a le père, le fiancé, le frère qui est dans le titre… mais on ne les voit pas, ils sont absents comme des fantômes. La raison est que Philippe Dorin a choisi d’écrire pour nous cinq, qui avions déjà travaillé ensemble sur ses précédents spectacles. C'est pour cela que nos personnages portent nos propres noms dans la vie.

Après le travail d'écriture, est-ce que l'auteur est intervenu pendant les répétitions ?

Philippe Dorin n’écrit pas des histoires en une seule fois du début à la fin. Quand il commence à écrire, il ne sait pas forcément où il va. De notre
côté, avant même que les répétitions ne commencent vraiment, nous avons fait des petits ateliers de travail qui ressemblaient à des moments de
recherches collectives, d’expérimentations. On a par exemple cherché au cours d'improvisations muettes à essayer des possibilités de scénographie, ou bien à développer les relations qu’entretiennent ces filles, ce qui pourrait bien les lier entre elles. On s'est par exemple amusé à imaginer que les sœurs avaient une entreprise familiale de couture. De temps en temps il y avait un danger qui venait de l’extérieur. Philippe Dorin assistait à nos séances sans intervenir mais après il retravaillait son texte en s'inspirant de nous et revenait quelques semaines plus tard avec plein de nouvelles scènes. Les répétitions du spectacle ont vraiment commencé un an plus tard, une fois que le texte était écrit. Et là on a travaillé un mois et demi avant la première représentation.

Vous jouez 5 sœurs de 10 à 70 ans, correspondant à l'âge des actrices du spectacle, c'est étrange, non ?

Philippe Dorin a voulu mettre en scène l’histoire de cinq sœurs de générations différentes. Evidemment ce n’est pas possible dans la réalité. Mais pour lui, être sœur relève plutôt de la sensation. Se sentir sœurs conviendrait peut-être davantage… Un des moteurs de la pièce est de parler
de la famille et des secrets de famille mais aussi de la Russie. Quand on parle des relations entre sœurs, on pense évidemment à Tchekhov, sauf
que nous ne sommes pas trois mais cinq. On pense aussi aux matriochkas chez qui la grande protège la petite et ainsi de suite, comme dans la pièce. L'univers du conte est très présent dans la pièce de Philippe Dorin. Parce qu’on peut penser que toutes les scènes qui sont racontent sont complètement inventées par les personnages, que se sont des histoires pour jouer.