Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, « Tour de France » ne raconte pas l’histoire d’un cycliste mais celle d’un jeune rappeur parisien ayant une réputation déjà forgée dans son milieu. De son nom Faroud Ben Saïd, il tire son nom de scène Far’ Hook. Mêlé à des problèmes de gangs, il décide de se faire oublier avant son concert à Marseille. Pour cela, il fait appel à son producteur Matthias (Bilal) qui lui propose de faire le tour des ports de France avec le père de celui-ci, Serge, interprété par Gérard Depardieu. Durant le voyage Far’Hook découvre le passé de son ami producteur et de Serge, vieux campagnard raciste au passé compliqué, nourri de clichés.
Serge quant à lui découvre le rap et apprend à ouvrir les yeux grâce à son interlocuteur, jeune et immigré, mais visible plus ouvert que lui à ce qui l’entoure. Ce film fait se rencontrer deux arts différents, la peinture et le rap, interprété par le rappeur Sadek. Il fait aussi se rencontrer un jeune des cités, orphelin, immigré aux gouts variés et un vieillard de la campagne, renfermé sur sa vision d’une France blanche et catholique, ayant perdu sa femme et son fils.
Durant le film, le réalisateur Rachid Djaïdani utilise des symboles forts, en particulier un air interprété de manière différente. Serge dit qu’il peint le passé à partir de son bleu : un lien peut-être fait avec le personnage qui vit encore dans le passé. Puis dans une scène, de l’eau est mélangée à du sang et de la peinture bleue. On retrouve dans ses couleurs le drapeau français. Au début du film, Far’Hook porte une casquette rouge et se fait tirer dessus, on peut donc assimiler le rouge à Far’ Hook, donc au sang. Far’Hook étant représentatif de la France « nouvelle » donc du futur, la scène représentant le drapeau français peut aussi cacher le symbole de réconciliation entre deux hommes pas si différents, entre deux époques, entre deux milieux.
Pour donner mon avis sur le film, je dirais donc que j’ai beaucoup aimé « Tour de France », car il met en scène deux opposés qui ne le sont finalement pas beaucoup, l’un interprété par Gérard Depardieu très convaincant dans ce rôle et l’autre un jeune rappeur, ce qui me touche personnellement. Celui-ci réussit à tenir tête à Depardieu, malgré son charisme impressionnant, et à défendre sa musique, son origine, et sa religion, en gardant les pieds sur terre, en étant ouvert à ce qui l’entoure. Finalement, ma seule déception aura été de ne pas avoir pu rencontrer l’équipe du film !