L'usage de l'art (et de la littérature) : mourir ou danser ?
Par Aline Reyes (Lycée Camille Pissarro, Pontoise) le 29 octobre 2017, 14:21 - Art et Littérature - Lien permanent
Dans la suite de notre réflexion sur le regard, les effets miroirs et l'intermédiaire du portrait - notamment à travers les textes de Flaubert, de Stendhal, de Zola, de Poe, que nous avons lus, et les tableaux de Manet, Gilbert, Magritte, que nous avons vus, voici un extrait du film de Jean-Luc Godard Vivre sa vie. Puis, après une réflexion sur le bon usage de l'art (ou de la littérature) un extrait dansant et musical d'un autre de ses films, Bande à part.
Cet extrait du film Vivre sa vie de Jean-Luc Godard (film en douze tableaux, 1962), met en scène une évocation du Portrait ovale d'Edgar Poe. Remarquons que se pose à la fin la question de savoir si l'art peut remplacer la vie. Dans la nouvelle d'Edgar Poe, nous avons vu qu'une telle conception peut entraîner la mort - du moins une mort symbolique, en privant des joies de la vie l'artiste et son modèle. Il y a une certaine mise en abyme dans ce passage, l'actrice, Anna Karina, étant alors l'amour et l'inspiratrice du réalisateur.
Rappelons le moment du premier texte que nous avons étudié au début de l'année, ce passage de la première Éducation sentimentale de Flaubert (1845) où Mme Renaud se sert du portrait de la sœur d'Henry comme médiation entre le jeune homme et elle : "Dites, trouvez-vous qu'elle vous ressemble ?" Là le portrait, l'art, était utilisé dans le but de servir la réalité.
L'extrait suivant de Bande à part, autre film de Jean-Luc Godard (1964), où nous retrouvons Anna Karina accompagnée des acteurs Claude Brasseur et Sami Frey, peut rappeler le tableau de Manet Un bal aux Folies Bergère, avec son décor de bar, son personnage de jolie femme et la présence d'hommes. (La musique qui accompagne ici l'extrait entier n'est pas la musique originale du film, mais une reprise par le groupe Nouvelle Vague datant de 2006). Par rapport au tableau de Manet, avec ses miroitements inquiétants, pouvant rappeler le genre des Vanités en peinture, donc la mort, la scène se place du côté de la vie, dans un moment de partage et de joie. La femme n'est pas coincée entre un comptoir et un miroir, l'art cette fois fait pleinement partie de ce qui est vécu : d'abord avec la petite danse des doigts de l'acteur et de l'actrice, puis la danse des trois personnages, accompagnée de musique.
Un bref extrait de cet extrait avec la musique originale, de Michel Legrand :
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Quelles réflexions tout cela vous inspire-t-il ?
Commentaires
Bonsoir Madame !
Personnellement sans vous contredire je trouve que mis à part le décors il n’y a pas véritablement de ressemblance entre les vidéos (peut être à part la première) et la photo des folies bergères.
Je pense selon moi que l’idée principale qui émane du tableau c’est le fait que l’on soit à l’intérieur de l’homme en haut à droite; mais effectivement la première vidéo nous montre le plus souvent un angle de la caméra fixé sur le visage de la femme ce qui peut nous amener à nous dire que nous sommes dans la tête de l’homme qui lit son livre.
En tout cas bonnes idées à développer !
Bonne soirée
nous avons étudié ce tableau en classe et j'ai bien aimé la description du tableau
ce tableau est intéressant a étudié , en classe quand nous l'avons eu en noir et blanc c'était beaucoup plus difficile de voir que derrière la femme était enfaite un miroir ce qui, en voyant la femme de face ne parait pas :on a pas l'impression qu'elle parle a quelqu'un. Ce tableau est donc tres interessant.