Une école bienveillante qui porte un certain regard sur ces enfants qui rencontrent des difficultés

Si des élèves ont réussi à mettre en place de véritables stratégies pour ne pas avoir à affronter la situation d’apprentissage, ce n’est pas uniquement à cause de lacunes dans le domaine de la mémoire, de l’attention, des repères spatio-temporels ou de coordination oculomotrice. C’est aussi et sans doute surtout parce qu’accéder à la connaissance constitue pour eux une menace contre leur équilibre personnel, induit des sentiments de dévalorisation ou de persécution et provoque la réactivation de peurs archaïques. 

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 Car acquérir du savoir, ce n’est pas seulement mettre en jeu son intelligence, c’est aussi rencontrer des limites et des règles, se confronter à des insuffisances, accepter d’abandonner ses certitudes. Un enfant qui s’est construit sur la base d’un bas seuil de frustration, de l’absence de repères et de contraintes, du tout, tout de suite et de l’exclusivité de la relation, va opposer une résistance farouche à l’exigence qu’implique l’apprentissage. Ce qu’il développe alors, c’est une véritable phobie du temps de suspension nécessaire à cette démarche qui crée une brèche où s’engouffrent les pulsions de violence et de passage à l’acte. Ce qui est courant chez la plupart de ses congénères ne l’est pas pour lui : il n’épure pas la charge émotionnelle et émotive pour accéder au symbolique. C’est l’accès au symbolique qui réactive ses peurs.

« Il n’aura jamais accès à la connaissance, tant qu’il n’acceptera pas de ne pas savoir, tant qu’il refusera d’affronter la souffrance que lui impose la rencontre avec ses limites, tant qu’il ne sera pas capable de se détacher de ses préoccupations infantiles et de se laisser guider » *

*L'enfant et la peur d'apprendre

Serge Boimare, Collection: Enfances, Dunod

Par Odile Souillard | le 12 mars 2017 18:23