Critique de "La légèreté française"
Par ElodieS le 14 avril 2016, 20:34 - Critiques théâtrales - Lien permanent
La légèreté française est une pièce de théâtre contemporaine de Nicolas Bréhal.
La pièce retrace la dernière séance de pose de la reine Marie-Antoinette pour le célèbre portrait "à la rose" de la peintre Elisabeth Vigée-Lebrun en 1783 à Versailles. En effet, la pièce d'une heure et demie ne met en scène que deux personnages, la reine et la peintre, interprétées par Emeline Bayart et Julie Debazac.
La pose se déroule dans les appartements de la reine avec une scène étonnamment travaillé: des colonnes, une façade dorée et une estrade. Un grand voile coloré, et un jeu de lumière agréable en font un décor construit, contrairement à la pièce elle-même.
Cela commence avec l'entrée de l'artiste, et ce qui semble être sa voix off, puis la reine apparaît et prend la pose, en entamant une conversation avec la peintre. De nombreux sujets fort intéressants sont esquissés durant leur discussion, tels que la place de la femme dans la société, l'importance de l'amour dans le mariage, ou encore la question de la fidélité, il est regrettable qu'aucun d'eux ne soit jamais développé. En effet, les anecdotes prosaïques se succèdent tandis que le spectateur attend un quelconque retournement qui ne semble pas venir. Dans la suite de la pièce, le manque de comédiens se fait très vite sentir et difficilement oublier; il semblerait que la crise n'épargne personne. L'essentiel de la pièce se déroule comme cela: les deux femmes parlent, le public s'ennuie. Après près d'une heure de banalités, on peut encore se demander d'où vient le titre de la pièce, La légèreté française, et où se cache son intérêt.
La pièce se caractérise par un rythme irréguliers et longuet, qui se veut sans doute artistique, mais plutôt que de garder le spectateur dans l'attente, il le distrait et les longues pauses de la pièce lui offrent le temps de, successivement: espérer (un retournement) - analyser (l'absence de contenu) - désespérer (de revoir jamais le jour). On appréciera cependant les quelques tentatives d'humour glissées dans la pièce, et on notera le réalisme de l'atmosphère du 18ème siècle présent dans les costumes, mais que l'on ne retrouve pas dans l'attitude trop familière des deux femmes.
En conclusion, on peut dire qu'il s'agit d'une pièce décevante, déconcertante ( certains diront "exaspérante"), qui déçoit rapidement les attentes du spectateur quant au contenu, que l'on cherche toujours. Si son rôle est de banaliser cette scène royale, alors c'est un chef d'oeuvre: elle présente une reine futile et ennuyeuse, néanmoins parfaitement interprétée.
Et la question du "pourquoi la Légèreté française?" reste sans réponse...
Cette pièce est fortement déconseillée aux personnes impatientes ou hypersomniaques.