Le titre original

Die drei Groschen Oper, l'Opéra des trois Groschen (petite monnaie, qu’on pourrait traduire par L’Opéra à deux balles

 

Une période troublée

République de Weimar, 1928. L’Allemagne, entre la défaite de la Première Guerre Mondiale, l’échec de la révolution spartakiste en 1919 et l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, vit une période troublée, de misère économique et sociale mais aussi de très grande créativité artistique (peinture, musique, littérature, cinéma, théâtre). Les Nazis parleront d’ « art dégénéré » et chasseront ou réduiront au silence ces artistes inspirés.

 

Deux créateurs subversifs :

Brecht : très engagé, anarchiste, puis marxiste (il voit la société comme un lieu de « lutte des classes » entre la bourgeoisie et le prolétariat, les riches et les pauvres, et il pense que le théâtre doit servir à une prise de conscience des mécanismes réels de la société).

Devenu un membre du Parti Communiste, il devra s’exiler d’Allemagne dès 1933, lors de l’arrivée au pouvoir des Nazis, d’abord en Europe puis aux Etats-Unis, d’où il sera chassé en 1947 par le maccarthisme. Il s’établira à Berlin-Est, en RDA, où il fondera le Berliner Ensemble, condamnera la révolte ouvrière de 1953 et finira comme l’un des artistes officiels du régime stalinien.

Weil, musicien de formation classique, il veut révolutionner la forme convenue de l’opéra en s’inspirant du jazz et des musiques de cabaret. Lui aussi devra s’exiler aux Etats-Unis, où il s’installera et deviendra le compositeur de comédies musicales fameuses à Broadway.

 

Un texte provocateur

Brecht s’inspire de « L’Opéra des Gueux » de John Gay, une œuvre du 18ième siècle, qui faisait déjà des parias de la société les héros de cette forme normalement réservée aux personnages nobles socialement et moralement qu’est l’opéra. Brecht raconte la lutte entre Peachum, qui dirige le gang des faux mendiants, et Mackie Messer (= Couteau en allemand), un autre chef de bande. Mais la situation se complique encore parce que Mackie a séduit Polly, la fille de Peachum. Et la police jouera un rôle non négligeable dans cette lutte entre les malfrats, dont Brecht veut montrer qu’ils ne sont pas très différents de ceux qui occupent les places d’honneur dans la société…

 

Une musique iconoclaste

Pour servir le texte sarcastique de Brecht, Weil écrit non pas des arias, mais des « songs », très inspirés par le music-hall.

Succès immédiat et durable de ce chef d’œuvre iconoclaste, qui vaut à Brecht et Weil la célébrité (et la haine des nazis), et qui est encore joué dans le monde entier. Les « songs » ont été interprétés par les plus grandes voix de la chanson, notamment aux Etats-Unis, alors qu’ils ont été écrits non pour des chanteurs d’opéra, mais pour des acteurs de théâtre sachant chanter.

 

Le metteur en scène :

Joan Mompart est un metteur en scène d’origine catalane. Lui aussi est engagé, il souhaite montrer sur la scène du théâtre ceux qui n’ont pas la parole dans la société : après les ouvriers de « Faut pas payer » de Dario Fo, les délinquants de « L’opéra de quat’sous ». Il s’intéresse aussi beaucoup au spectacle, et notamment à la relation entre musique et théâtre (les musiciens seront présents sur scène). Les scénographies de ses mises en scène sont souvent très originales.

Une présentation du spectacle, avec une interview du metteur en scène et quelques interprétations célèbres du song de Mackie sur le site du Théâtre 71.

http://www.theatre71.com/L-Opera-de-quat-sous.html