Crépuscule d'été

 

Alexandra marchait dans l’allée latérale gauche du jardin. Elle ne voyait que le bon côté de l’endroit. Les arbres vert tendre taillés il y a peu lui semblaient s’être dressés ici uniquement pour sa venue. Émerveillée, elle regardait autour d’elle avec une expression fascinée. Tout dans ce monde fantastique lui paraissait miraculeux, comme si la vie s’était construite au fil du temps bien plus ici que dans les autres endroits de la Terre.


La lumière inondait les feuilles et leurs ombres apaisantes se distinguaient sur les graviers. La clarté du lieu était si importante qu’elle semblait puiser toutes les réserves de lumière du soleil. L’air embaumait la verdure et les fleurs printanières. Ces dernières s’ouvraient au passage d’Alexandra, à tel point qu’elle avait l’impression d’être une fée, comme si son pouvoir irradiait le lieu. Contrairement à la monotone routine des parisiens, c’était le côté imprévu et magique du jardin qui lui plaisait le plus. Au lieu de faire la manche et de danser pour gagner quelques sous, elle pouvait s’évader en imaginant tout ce qu’elle désirait. Chaque brin d’herbe, chaque bouton d’or, chaque feuille semblait obéir et apparaître dès qu’elle le souhaitait. Voltigeant à travers les pétales de fleur, elle ne pensait qu’à la beauté du lieu. Dans l’ancienne robe en tulle rose légère de sa mère, elle tournoyait telle un oiseau en liberté au milieu de cette tempête de sensations. L’enfant qu’elle était regardait cet univers majestueux avec tellement d’envie, de bonheur, qu’il aurait été impossible de l’arracher de ses rêveries. Les tons chauds du ciel lui réchauffaient le cœur et délivraient son imagination. Continuant à danser et à courir dans les allées, elle se prit à rêver que rien ne l’empêcherait jamais de partir. Le prodige réalisé par la vie ici semblait encore plus beau que dans un conte de fée. Encore un rayon de soleil, puis la lumière s’éteint. Alexandra resta dans l’ombre un moment, avant de repartir vers les rues tristes et noyées de monde de Paris. Son imagination ne la suivit hélas pas, et tous ses rêves furent abandonnés le temps d’une année, en attendant un nouveau crépuscule d’été.

Morgane C.