Le salon de coiffure

Le petit Jean arrivait tout juste au salon de coiffure, en face du magasin de jouets. Déjà tout angoissé, il leva la tête et découvrit l’immense façade, d’un blanc agressif...

Le petit Jean arrivait tout juste au salon de coiffure, en face du magasin de jouets. Déjà tout angoissé, il leva la tête et découvrit l’immense façade, d’un blanc agressif, semblable à une porte vers la torture, vers la douleur. Jean apercevait déjà un nombre infini de clients entassés, tous hurlant, subissant la colère des coiffeuses sous la lumière insistante. Les hautes et larges fenêtres laissaient place à de nombreux produits redoutables et agressifs. Il passa la porte.

            Là, tout semblait l’oppresser, le torturer. Les grands murs rougeâtres se resserraient, les lavabos lançaient des éclairs et le sol brûlant s’effondrait sous son poids. Voilà cinq ans  qu’il allait chez le coiffeur. Une coiffeuse menaçante lui tendait un long tablier vivant. Tout était vivant : les brosses arrachaient, les pinces brûlaient, les ciseaux tranchaient, les pinces écrasaient, les tabliers étouffaient. Jean suffoquait d’épouvante sur le fauteuil imposant. Il craignait chaque mouvement de la coiffeuse, brutale, qui le faisait souffrir, endurer un supplice infernal.

            Après cette interminable punition, il se leva encore tout tremblant, et courut à travers toute la pièce, ne supportant plus aucune douleur. Jean détalait hors de la boutique. Dehors, l’angoisse se calma et devint de l’inquiétude.


Claire M.