La rue

La rue est calme,ensoleillée. Le soleil fait briller les feuilles et les fleurs encore humides de la rosée. Rien ne bouge même pas les petites fleurs blanches, fragiles, ou les touffes d'herbes...

 La rue est calme,ensoleillée. Le soleil fait briller les feuilles et les fleurs encore humides de la rosée. Rien ne bouge même pas les petites fleurs blanches, fragiles, ou les touffes d'herbes. Les maisons autour de la route,calmes, ont leurs fenêtres et leurs portes fermées. Un petit garçon,Charles, attend là. Il pleure et ne bouge pas. Il vient de s'enfuir de chez lui, son père le bat.

    Il regarde ces maisons, froides,closes, en briques et en pierres, en plastique, bois et verre, autour de la route, qui semblent vouloir le dévorer. Charles a l'impression qu'il n'y a personne dans ces énormes maisons blanchâtres en ciment. Autour de lui, des arbres verts, gigantesques, des plantes,angoissantes, d'un vert écoeurant, semblent se rapprocher et lui vouloir du mal. Charles est apeuré. Il se sent comme prisonnier, enfermé dans ce labyrinthe de maisons en pvc et de nature foisonnante aux allures inquiétantes.

 

    Ses pieds sont glacés, il marche sur la route froide et sombre sans rien aux pieds. Il se sent faible. Il s'allonge. Sur cette herbe humide, froide, il a mal. Les petits brins d'herbes, les cailloux, la terre, sont comme des clous qui s'enfoncent dans ses plaies ouvertes. Toujours personne dans les rues. Le feuillage vert foncé des arbres lui fait peur. Pour lui, c'est une cage qui empêche de voir le ciel bleu. Les faibles rayons de soleil, ces lames de feu, lui transpercent le corps et les yeux. Il entend des bruits effrayants qui se rapprochent. Charles court se cacher, terrorisé, dans les buissons foisonnants entre-mêlés de branches d'arbres au bord de la route. Des voitures, voilà ce qu'il entend. Elles passent, se croisent, sur la route de goudron noir.

 

    Peu après, les lumières et les volets s'ouvrent dans les maisons. Une vision cauchemardesque pour Charles : des monstres aux yeux de feu ! Des gens sortent et se pressent dans la rue. Chacun vaque à ses occupations. La rue devient alors pour le petit garçon une sorte de foire effrayante remplie de bruits et de couleurs.

 

Marianne