Un jour à Drancy

Alex Horsman était un garçon de 14 ans d’origine juive. Il est déporté avec sa mère et son père au camp de Drancy le 23 Juillet 1942. Sa mère resta 5 jours à Drancy avant d’être déportée à Monowitz. Son père est resté à Drancy avec lui, ils vivent dans la même chambrée.

4 Septembre 1943

Bonjour, mon ami, aujourd’hui les S.S. nous ont réveillés une demi-heure plus tôt que d’habitude (6H30) car il fallait nettoyer les latrines (toilettes) puis, nous sommes allés nous laver. On se lave très souvent sans savon et il faut faire vite, car, un gardien prend plaisir à nous frapper. Il y a différents types de douches : les douches froides et chaudes, je vais plus dans les douches chaudes. Il y a aussi les douches de désinfection mais ces douches sont pour laver les matelas. Il y a même un salon de coiffure ! Papa y est allé et a dit que c’était bien. A 7H, une fois les latrines nettoyées, les S.S. nous conduisent au réfectoire pour prendre ce qu’ils appelent « petit déjeuner » (croûton de pain avec de l’eau chaude noirâtre ressemblant à du café).

A 7H30 nous nous dirigeons vers la place d’appel où nous sommes comptés et appelés par nos matricules.C'est vraiment très long de rester debout sans bouger dans le froid ! A 7H50 le coup de sifflet retentit signe que le travail va commencer. A 8H nous partons travailler. Un travail, quel travail ! Je passe mon temps accroupi à casser des pierres (je suis au terrassement, c’est cela mon métier) et si j’ai l’audace de m’asseoir, le S.S. qui nous surveille viendra me matraquer les reins 25 fois. Je le sais car j’ai vu beaucoup de mes amis endurer ces coups, du sang sortait de leurs yeux et de leurs bouches, j’étais terrifié !

A 12H, le travail s’arrête. A 12H03, je pars prendre le « déjeuner ». Quand j’ai enfin fini de manger mon espèce de soupe, je me précipite vers ma chambrée où m’attend Papa, nous commençons à bavarder. Soudain, il baisse la voix, je l’écoute attentivement, il me décrit l’avancée du tunnel que lui et quelques adultes sont en train de fabriquer sous le camp. En entendant cela un sentiment d’espoir naît en moi, un sentiment de liberté !

A 13H20 le coup de sifflet retentit à nouveau, signe du travail qui reprend, je dis au revoir à Papa et à 13H30 je pars au travail. J’ai brisé de la pierre pendant cinq heures.

A 18H30 le travail cesse, chaque partie de mon corps me fait mal. Oh ! J’ai oublié de te dire que je reçois des colis parfois. Des colis alimentaires et vestimentaires sont autorisés sauf pour certains. Je peux donc recevoir quelquefois des colis alimentaires de mon grand-père.

Les six premiers escaliers de l'immeuble de l’ancienne cité de la Muette sont réservés à ceux qui doivent partir pour les camps en Pologne.

A 20H il y a l’appel du soir puis nous avons quartier libre jusqu’à 21H30. Maman me manque je ne sais pas où elle est ni ce qu’elle fait en ce moment mais je suis sûr qu’elle pense à moi constamment. L'heure et demie de pause est passée, il est l’heure de rentrer dans les chambrées, je dis au revoir à Papa et je vais dormir. Nous sommes très serrés dans ces espèces de dortoirs, on dort les uns à côté des autres.

En me couchant je pense à l’avenir. Quand sortirons-nous de cet enfer, merci à toi, toi mon ami à qui je me confie chaque jour que je passe ici, j’espère qu’on sortira de cette impasse. Merci à toi, Papa, de me soutenir et de rendre mes journées plus faciles, à toi aussi, Maman, où que tu sois. Merci à toi, la vie continue.

Alex

Alex Horsman sera déporté à Auschwitz le 8 août 1944 où il sera fusillé pour avoir voulu rester avec son père. Sa mère sera gazée 4 mois après son arrivée. Son père sera le seul survivant.

Commentaires

1. Le 21 mars 2016, 19:42 par Alexandre PARIS

Un bon récit d'un personnage fictif mais qui permet de bien comprendre le quotidien des internés au camp de Drancy.