Un soir d’été où les étoiles commençaient à se montrer, je partis pour une dernière ballade promener mon chien. Comme il était très excité, je décidai de prolonger la promenade et pris un sentier qui menait dans les champs. Arrivée dans une petite clairière, je vis une femme ou du moins quelque chose qui y ressemblait. Je m’approchai et vis que la créature était très petite et, chose encore plus bizarre, elle avait une robe avec des énormes fleurs roses et vert-kaki. Elle était en train de dessiner.
J’eus d’abord peur puis j’eus soudain l’illumination : on dit souvent que l’été, lorsque les étoiles filantes se rapprochent de la terre, des extraterrestres ont une chance de visiter notre planète. Très intriguée, j’engageai la conversation :
- « Bonjour, qu’est-ce que vous dessinez ? »
Elle me répondit d’une voix étrangement métallique et chevrotante :
- « Je dessine des scènes de mon enfance ».
Très excitée de voir à quoi ressemblait sa planète, je lui demandai si je pouvais les regarder. Elle accepta et me montra un dessin très étrange. Elle m’expliqua que c’était elle enfant, quand elle avait été punie. Sur le dessin, il y avait une petite fille habillée en une espèce de blouse et coiffée d’un bonnet à oreilles qui ressemblait à la coiffure de l’esclave dans La Guerre des étoiles épisode 6. Pas de doute ! C’était bien une extraterrestre !
Puis, elle tourna la page et je vis une petite maison. Je lui demandai si c’était la sienne. Elle acquiesça. La maison était composée d’une seule pièce ! Il n’y avait ni cuisine, ni salle-de-bain.
Pas étonnant ! Pour se nourrir, j’imaginai que les extraterrestres transformaient directement les cellules en aliments d’un tour de main !
Je lui demandai ensuite de me montrer le paysage. Je me représentais intérieurement plein de cratères et de lave avec des fumées vertes qui sortaient d’océans très salés.
Mais elle me répondit : « Oh, tu sais, comme toutes les autres femmes, je ne sortais pas beaucoup de chez moi ».
Quelle société absurde !
Enfin, elle me montra le dernier dessin de son cahier : il s’agissait d’une espèce de tige en cuir. Je lui demandai à quoi servait cette sorte de fouet et elle me répondit avec un sourire triste : « à éduquer les enfants ».
Là, je n’avais plus du tout envie de partir sur cette planète !
A ce moment, elle plongea dans une sorte de rêverie dont il semblait qu’elle ne sortirait pas avant longtemps. Je hasardai tout de même :
- « Vous allez bientôt revenir ? »
- « Oui, dans les jours qui viennent car les soirées sont douces »
Je partis alors, tout excitée de raconter mon aventure à mes amis et à mes parents lorsque j’aperçus mon copain Balthazar :
- « Ah, Ninon, t’as pas vu mamie ? Ça fait deux heures qu’on la cherche ; elle est partie dessiner dans les champs ! »