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09b854ff-d188-4108-a7db-81afd9f6a679.jpg, avr. 2016

Je ne vois rien mais j’entends tout, tout ce qu'ils disent, «ils!?» Je sens mes yeux lourds qui se décontractent. Des gens parlent mais je ne comprends pas leur langage, soit je suis encore abasourdie soit c'est une autre langue donc forcément je suis dans un autre pays. J'écoute la porte claquer et percer mes tympans. Je reste immobile pendant un long moment puis je sens mes yeux qui s'ouvrent de plus en plus, la lumière du soleil m'éblouit. Un mal de tête me couvre l'esprit ce qui m'empêche de réfléchir. Une personne très étrange ouvre la porte, s’arrête et me fixe, comme si elle savait que j’étais réveillée. J’aperçois d’un œil à moitié ouvert sa fine silhouette qui ne touche pas le sol. Je fais mine d’être encore dans le «coma» pour ne pas qu’elle s’aperçoive que je suis bel et bien éveillée, je préfère rester discrète avant de me dévoiler. La forme humaine fait demi-tour et me fixe juste avant de refermer doucement la porte.

 

Cette fois-ci, j’ouvre les yeux entièrement et vérifie qu’il n’y ait pas de caméras ni quoi que se soit. Je tourne la tête difficilement, toujours avec un mal de crâne atroce. Je fais une analyse de ce que j’observe et de ce que je suppose:

 

-je ne suis pas chez moi

-je me suis réveillée d’un coma allongée sur un lit d’hôpital à l’hôpital

-je suis seule (pour l’instant)

-j’ai écouté des gens parler entre eux, mais je n’ai absolument rien compris.

 

En conclusion: j’arrive dans un «pays» étranger, la tête encore fracassée et aucun souvenir ni de traces. Donc je pense qu’il ne faut pas que j’attire l’attention car je pense que je ne suis pas très bien admise, je pense qu’ils trafiquent quelque chose contre moi…

Tiens je vois une autre personne à côté de moi mais elle m’a l’air toujours dans son sommeil. Je prends possession de mon corps et essaye de réanimer mes bras et jambes, il faut quand même que j’arrive à marcher! Je me lève, mais mes jambes sont tellement faibles que je tombe par terre en faisant le moins de bruit possible. Après environ trente minutes de rééducation de mes membres, je finis par marcher comme quelqu’un de normal. La fille qui est dans la même salle que moi dort toujours, cependant rien ne m’empêche d’explorer un peu la salle, enquêtrice comme je suis!

 

Je tourne en rond depuis longtemps et aucune trace de qui je suis! La pièce est vraiment petite et il n’y a ni tiroirs ni placard, que deux lits, deux chaises, deux tables de chevet et…

Ça y est!j’ai trouvé! J’ai trouvé une boîte sous mon lit! Je l’ouvre et je trouve une fiche avec inscrit un nom, un âge, une adresse, un lieu, une taille, bon j’en conclus que c’est une fiche de renseignement.

 

Soudain les yeux de la fille s’entrouvrent. Ses yeux bleus à moitié ouverts m'observent légèrement puis se referment. Une image de cette jeune fille, un flash back me traverse l'esprit: cette fille qui jouait avec moi dans l'herbe, quand nous avions une dizaine d'années me hante la tête. J'ai encore ce fichu mal de tête, je trouve dans la boîte des médicaments, je ne sais pas ce que c'est mais j'espère que cela m'aidera à me sentir mieux.

 

Doucement je me rapproche du lit de la fille et essaye de la réveiller. Soudain ses yeux s'ouvrent et à peine ai-je le temps de lui expliquer qu'elle sursaute de peur mais elle reste paralysée.

Tout à coup la porte s'ouvre d'un seul coup, je découvre que c'est un ange : elle avait l'air d'être surprise de nous voir éveillées, tout comme nous. Ses yeux sont verts, fins comme ceux de l'aigle, elle porte une robe très blanche qui lui arrive jusqu'aux genoux. Elle est de petite taille, ses grandes ailes sont blanches, du blanc le plus joli que j’aie jamais vu autre part qu'ici. Deux cornes sont dressées sur le haut de ses ailes et enfin ses pieds sont recouverts de corne si dure que des chaussures lui sont inutiles.

 

Elle sourit comme si elle était contente de nous voir:

«Bonjour! Je m'appelle Pia, je suis un ange mais n’ayez pas peur je ne vous ferai aucun mal, au contraire je vais vous protéger des dangers autour de vous.

 

- Je suis désolée, mais je crains que ma camarade et moi sommes loin de savoir ce qui se passe autour de nous, déjà que nous savons à peine nos noms et prénoms, dis-je.

 

- Excusez- moi je suis allée un peu trop vite dans ma présentation. Ici vous n'êtes pas dans un pays que les humains sont en capacité de découvrir. On vous a recueillies ici car vous et votre vaisseau vous avez sombré. Il me semble que vos parents n'y étaient pas. Je sais qu'il y en a une qui s'appelle Jeanne et l'autre Éléonore. Mais je ne saurais vous dire qui est qui.

 

- Tout à l'heure j'ai fouillé pour avoir des traces de moi et de ce qui s'est passé, j'ai vu qu'il y avait une fiche de renseignements sous mon lit, je l'ai observée, il y avait écrit le prénom «Éléonore» donc je suppose que c'est moi, reprends-je.

 

 

-Et moi j'ai du mal à suivre, dit Jeanne en bafouillant.

 

- Ne t’inquiète surtout pas, lui dit l'ange, c'est tout à fait normal je vais t'aider. Mais juste avant je dois aller dans la salle d’à côté faire quelque chose.»

 

Sans qu’elle le sache, je là suis et pose mon oreille sur la porte. Je distingue une voix d’homme et celle de Pia qui parlent tous les deux:

 

« N’oublie pas ta tâche, tu dois les convaincre qu’ici n’est pas assez bien pour elles et qu’il faut qu’elles partent au plus vite sans que tu racontes l’histoire qui s’est produite ici. Je te rappelle qu’à cause des humains notre île s’est séparée en deux et que si des humains foulent cette terre, l’île explose. Souviens-toi de cette île qui ressemblait à un iceberg: une partie à la surface, une autre sous l’eau. Ta mère y a laissé sa vie.

 

-Je sais mais vous savez comme je suis, je suis toujours généreuse! Ces filles n’ont pas l’air comme les autres humains. Je pense qu’elles ne poseront pas de problèmes et qu’il faut leur donner une autre chance.

-Je me fiche de ce que tu dis! Tu fais ce que je te demande et tu le fais sans discuter ! dit-il , en colère.

 

-A votre souhait monsieur,» dit-elle d’une voix déçue.

 

Et elle se dirige vers la porte. Je cours jusqu'à la chambre pour prévenir Jeanne mais je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’elle est déjà là. Elle prononce quelques mots:

 

«Je suis désolée mais vous allez devoir repartir chez vous, sur la terre ferme.

 

-Comment ça «terre ferme!?», où sommes-nous? Répond, affolée, Jeanne.

 

-Sur une île qui s’appelle Paz, une île qui n’est pas connue des humains et qui ne le sera jamais, une île qui auparavant a souffert à cause de vous, être humains. Vous croyez que c’est normal de croiser un ange chez vous? Cette île est faite pour accueillir des animaux qui cherchent un regard sans haine, des animaux parlant la langue. Vous les humains vous croyez que vous avez tout trouvé, que tout est à portée de vos mains et que tout vous appartient. Vous êtes loin de savoir ce qui se passe dans le monde irréel. Avant de repartir vous devez me promettre que vous n’en parlerez à personne.

 

- Peux-tu nous décrire cette île?

 

- C'est un château qui ressemble de loin a un nuage pas comme les autres car quand on se rapproche on peut distinguer un beau royaume ornée de fleurs tricolore et de très grands vitraux, il est entouré d'arbres de divers type comme les chênes, orangers, cerisiers. On peut contempler la ville, les maisons ont chacune une couleur différentes. Au milieu de l'île si place un lac qui s'écoule et tombe en cascade. Au fin fond de l'océan, le même château, identique. Quand la nuit tombe et que les lumières du château s'allument, on l'appelle «le Cœur de l'océan» car la lumière est si claire et forte qu'on a l’impression d'être en plein jour. Ici au lieu des arbres c'est des rochers qui forment un forteresse et qui résiste à la pression de l'eau.

 

Soudain la lumière d’une lampe me brûle les yeux, un poids m’écrase le ventre. Je me réveille sur un autre lit: dans ma chambre. Il y a ma sœur qui saute sur mon lit pour me secouer. Dès qu’elle me vue éveillée, elle se rapproche de moi et me dis:

 

«Et oh! Maman nous attend dans la voiture avec papa, nous allons passez la journée avec mamie! Aller! Dépêche-toi!» Me dit-elle surexcitée.

 

Je me lève et enfile une robe, je repense à Pia et me rends compte que tout ça n’existait pas: tout n’était qu’un rêve…