J'étais assise à mon bureau, en train de faire mes devoirs, comme tous les dimanches quand ma sœur est entrée dans ma chambre, un sourire aux lèvres. "Il neige", m'a-t-elle dit .En effet, je n'avais pas relevé la tête depuis vingt bonnes minutes, je ne pouvais donc pas avoir vu les flocons blancs tourbillonner, prisonniers du vent qui soufflait et leur faisait faire des tours et des tours, comme un manège aux chevaux minuscules et irréels.
Nous ne sommes qu'au mois de Novembre et il neige. Quelques passants surpris se hâtent de rentrer chez eux, la main devant le visage, se protégeant du vent, du froid et des flocons. Ils courent presque, impatients de se blottir chez eux, qui sait, peut-être près d'une fenêtre d'où ils pourraient observer cette tombée miraculeuse.
Les spécialistes étaient si pessimistes, ils disaient que la neige ne tomberait plus par ici ; on était tous résigné à ne voir ces doux flocons qu'en rêve inaccessible. Et pourtant, je les vois bien continuer à virevolter dans le vent. J'aimerais tellement qu'ils tiennent, pouvoir enfoncer mes bottes dans cette couche de matière blanche et molle, pourquoi pas m'asseoir dedans et observer la torpeur dans laquelle la ville est plongée, attendant et redoutant la fin de de cette tombée inespérée. Mais déjà ,ils rapetissent, le vent faiblit, leur danse se fait moins entraînante. Mais la ville n'en reste pas moins silencieuse, mis à part le bruit des moteurs qui continuent à sillonner le quartier, imperturbables.
Tout défile comme au ralenti. Seule la neige à une vitesse normale, comme le pianotement des touches sur le clavier.
Cela n'a duré qu'un instant. Les flocons tombent, presque invisibles, si on les gomme de l'image, la ville paraît normale.
Mais c'est la première neige de l'année .