Ma grand-mère se nomme Djora Djoumer, de son nom de jeune fille Djora Boussaïd. Elle est née le 23 août 1950 à Amagaz en Kabylie, sans connaître son père, qui était parti en France. La première fois qu’elle le voit, en 1958, elle a donc huit ans. de France, son père lui rapporte une poupée, mais malheureusement le destin voulu qu’il meurt lors d'un bombardement, devant la porte de chez lui, peu de temps après, en 1957 lors de la guerre d’Algérie.

 

Mon grand-père Brahim Djoumer est né le 8 juin 1949. Il prend le prénom de son père qu’il n’a jamais connu, car il s’est blessé avec un outil en travaillant la terre et est mort un mois avant sa naissance du tétanos. Sa mère l’a donc élevé seule, lui et ses 3 frères, en  travaillant la terre pour subvenir à leurs besoins. A l’âge de 5 ans, mon grand-père devient berger dans les montagnes à 1150 m d’altitude, mais lorsqu'il a 7 ans, des soldats français viennent dans son village pour piller leurs biens et voler leurs bêtes. Mon grand-père et sa famille se retrouvent alors sans rien.

Peu de temps après, les soldats réunissent plusieurs villages dans celui de Amagaz,  le village de ma grand-mère. Mais celui-ci est entouré de fils barbelés et tous doivent cohabiter avec les autres familles. Le village étant complètement fermé au commerce, les soldats donnent un casque de semoule par personne pour une semaine aux villageois. A la fin de la guerre, mon grand-père, âgé de 13 ans, commence à travailler la terre.

 

Pendant ce temps-là, ma grand-mère qui accueille donc des gens chez elle, a l’opportunité d’aller à l’école. Mais les problèmes arrivent plus vite que prévu car le professeur parle arabe, et ma grand-mère ne comprend que le Berbère Kabyle. Plusieurs fois, elle est frappée par le professeur en question.

A l’âge de 17 ans, mon grand-père épouse ma grand-mère qui n'en a alors que 16. Il s'agit d'un mariage arrangé par les deux mères qui s’entendaient bien. Mes grands-parents ont ensuite trois enfants : Farid l’ainé, Samia ma mère et Nordine le plus jeune.

 

En 1970, mon grand-père quitte l’Algérie pour aller chercher du travail en France et dès le premier jour, il réussit à en trouver grâce à un ami de son village rencontré par hasard dans un bistro de Paris. Cet ami savait d'ailleurs où se trouvait son frère, qu'il n’avait pas vu depuis 6 ans et l’a guidé à lui. Mon grand-père a ensuite travaillé dans le même hôtel que son frère.

Une fois en France, il envoie tous les mois de l’argent à ma grand-mère qui est restée en Algérie avec les enfants. Puis en 1975 mon grand-père emmène l’aîné, Farid, avec lui en France et un an après, il fait venir ma grand mère et le benjamin Nordine. Ma mère Samia quant à elle, vit encore un an avec mon arrière grand-mère en Algérie avant de pouvoir rejoindre sa famille en France avec l’aide de son oncle.

En France, mon grand-père a pris des cours de français à l’Alliance Française et m’a grand-mère dans une association bénévole. Il a travaillé durant 25 ans dans une imprimerie et ma grand-mère est devenue assistante maternelle à l'âge de 31 ans.

Mes grands-parents ne regrettent pas d’être venus en France car grâce à cela, ils ont pu offrir une bonne éducation et de meilleures conditions de vie à leurs enfants.