Lecture analytique 2 Réparer.

Nous avançons dans notre lecture de ce roman atypique qu'est Réparer les vivants de M. de Kerangal. J'espère que tout va bien dans votre exploration solitaire du livre. Attention, car ensuite, on enchaîne avec la Peste de Camus (autre "gros morceau").

Pour permettre la comparaison fine entre ces deux oeuvres justement, je vous propose l'analyse de ce texte (voir commentaire 1) qui sera notre deuxième texte pour l'oral de cette séquence. Je vous laisse le découvrir sans vous en dire plus mais j'aimerais bien une chose: si vous aviez un titre à donner à ce texte précis, quel serait-il?

A vous lire!

Commentaires

1. Le 29 octobre 2018, 18:02 par mme baudry

Thomas lave le corps, ses mouvements sont calmes et déliés, et sa voix qui chante prend appui sur le cadavre pour ne pas défaillir tout comme elle se dissocie du langage pour s'affermir, s'affranchit de la syntaxe terrestre pour aller se placer en ce lieu exact du cosmos où se croisent la vie et la mort : elle inspire et expire, inspire et expire, inspire et expire ; elle convoie la main qui revisite une dernière fois le modelé du corps, en reconnaît chaque pli et chaque espace de peau, y compris ce tatouage en épaulière1, cette arabesque d’un noir émeraude qu'il avait fait inscrire dans sa chair l'été où il s'était dit que son corps était à lui justement, que son corps exprimait quelque chose de lui. Thomas comprime maintenant les points de ponction qui subsistent à l'endroit où les cathéters perçaient l'épiderme, il lange le garçon dans un change, et même il le recoiffe de manière à faire rayonner sa figure. Le chant s’amplifie encore dans le bloc opératoire tandis que Thomas enveloppe la dépouille dans un drap immaculé – ce drap qui sera noué ensuite autour de la tête et des pieds -, et l’observant travailler, on songe aux rituels funéraires qui conservaient intacte la beauté du héros grec venu mourir délibérément sur le champ de bataille, ce traitement particulier destiné à en rétablir l’image, afin de lui garantir une place dans la mémoire des hommes. Afin que les cités, les familles et les poètes puissent chanter son nom, commémorer sa vie. C’est la belle mort, c’est un chant de belle mort. Non pas une élévation, l’offertoire2 sacrificiel, non pas une exaltation de l’âme du défunt qui nuagerait en cercles ascendants vers le Ciel, mais une édification : il reconstruit la singularité de Simon Limbres. Il fait surgir le jeune homme de la dune un surf sous le bras, il le fait courir au-devant du rivage avec d’autres que lui, il le fait se battre pour une insulte, sautillant les poings à hauteur du visage et la garde serrée, il le fait bondir dans la fosse d’une salle de concert, pogoter comme un fou et dormir sur le ventre dans son lit d’enfant, il lui fait tournoyer Lou – les petits mollets voltigeant au-dessus du parquet –, il le fait s’asseoir à minuit en face de sa mère qui fume dans la cuisine pour lui parler de son père, il lui fait déshabiller Juliette et lui tendre la main pour qu’elle saute sans crainte du mur de la plage, il le propulse dans un espace post mortem que la mort n’atteint plus, celui de la gloire immortelle, celui des mythographies, celui du chant et de l’écriture.
pages 287-288

2. Le 01 novembre 2018, 11:43 par elo

Après avoir lu ce texte pour moi je donnerai comme titre : " Une renaissance" puisque dans tout le texte Thomas s'imagine la vie de Simon, il le voit un surf a la main, il voit son tatouage, il fait même référence à un héros grec venu mourir. Il parle de son âme qui est entre la vie et la mort qui se croise dans le cosmos, en parlant de lui comme Thomas le fait, c'est une sorte de renaissance pour le mort. Il prend soin de Simon en l'habillant et le coiffant, il honore en quelque sort sa mémoire et ça le fait presque renaître. Quand on lis le texte on s'imagine totalement Simon Limbre encore en vie, on le voit avec son surf, on le voit dans cette cuisine avec son père et sa mère, on le voit même avec Juliette.
Donc pour moi ce titre correspond a cet extrait du livre.

3. Le 01 novembre 2018, 17:59 par Ju

« Le repos du héro »
Un soupçon épique, une pincée commémorative, une poignée d'histoire.
Je ne voudrais pas utiliser le terme « mort ». Ça me semble trop cru pour ce morceau de récit qui lui, n'a rien de triste ou de sombre, tout du moins, directement dans l'écriture -oui, bien sûr c'est émouvant de perdre un jeune garçon-. Mais, le relire, isolé du reste du livre, ça me donne vraiment cette impression que Simon est ce fameux héro grec. On chantera ses louanges. Alors après ses maintes aventures, de la course qu'il faisait son surf sous le bras, jusqu'à la main qu'il tendait à sa Juliette pour qu'elle saute le mur de la plage, j'estime qu'il a le droit au repos, comme un guerrier.
Au début, c'est aussi un Thomas détaché, qui semble heureux qui apparaît. Après tout il chante, il revisite encore le corps de notre héro grec, il embellit Simon pour l'insérer dans la légende.

4. Le 03 novembre 2018, 13:46 par Cheyenne

Pour le titre je suis d´accord avec elorane mais je choisirai « un nouveau départ » .
Thomas lui redonne vie mentalement et physiquement .
Mentalement car a la fin du texte il s´imagine vraiment un Simon qu’il pense connaître , avec le surf , les désaccords, sa copine... Et physiquement, il prend soin de lui , il est délicat et attentionné comme si, il avait un homme vivant devant lui « il le recoiffe », « il lange le garçon dans un change » « ses mouvements sont calmes et déliés » . Quand l’auteur écrit « la beauté du héros » , et que Thomas le compare à un héros grec . C’est que physiquement il se porte bien . il est beau et par « héros » je pense qu’on entend qu’il est donneur d’organe donc sauveur de vie , même si il est mort.

5. Le 03 novembre 2018, 14:01 par Melissa

J’ai eu du mal à trouvé un titre qui se collerait parfaitement au texte, je pensais peut-être : Les souvenirs intactes du défunt. .
Je rejoins le point de vu de Juliette sur le fait qu’au départ nous avons un Thomas détaché, il chante tout en faisait son travail, pour la dernière fois il touchera le corps de Simon.
Puis après en voyant son tatouage, Thomas s’imagine la vie qu’il a pu avoir avant de mourir. Que ce soit ses passions comme le surf qui représentait vraiment tout pour Simon, il l’imagine alors en direction de la mer surf en main mais aussi l’amour, en parlant de Juliette et de sa famille qu’il aimait, les moments qu’il a pu avoir avec sa petite sœur Lou.
Simon a beau être mort, chaque moment qu’il aura vécu avec ceux qu’il aime resteront des souvenirs intactes dans leurs mémoires, comme c’est décrit dans le texte par le surf, son tatouage, les moments dans la cuisine et les autres avec Juliette. Il est mort mais il gardera toujours cette place importante dans le coeur et la mémoire de ceux qui l’aimaient.

6. Le 04 novembre 2018, 19:31 par Hugo

« L'Art éphémère de la Vie »
Bien que ce titre peut sembler très morbide et maussade aux premiers abords, selon moi cet extrait du roman montre la précision des médecins s'occupant d'un corps, d'une forme d'Art. Faire attention à ne rien casser de l’œuvre, une œuvre n'appartenant pas aux médecins d'ailleurs, mais à la famille de Simon, celle qui a créée une forme de vie, une personne. Je ne serais pas le premier – ni le dernier je suppose – de parler de cette partie, où, avec une précision spéciale aux détails du corps et des émotions, une comparaison est faite entre un héros grec et le défunt. Le Mythe et le réel. Que j’interpréterais comme une comparaison entre une sculpture en pierre d'un Dieu, une personne idéalisée, et un homme fait de chair et d'os, sculpté par le temps, les fréquentations et la croissance rythmé et compté par la vie d'un jeune-homme jusqu'à son repos éternel précoce. Il ne peut-être idéal, mais il peut aider des gens dans le besoin. Il a sauvé la vie de plusieurs personnes, c'est un héros parti trop tôt aux yeux de nombreuses personnes. Une hyperbole semblant montrer une certaine reconnaissance de la part du narrateur – pour peut-être d'autres personnages - qui, lui, a suivit toute la réelle histoire du personnage de Simon Limbres.

7. Le 05 novembre 2018, 17:43 par Arthur

Je donnerai comme titre à ce texte La vie tout simplement car Thomas qui est en train de préparer le corps de Simon pour être mis en cerceuil s'imagine Simon en train de faire des choses qu'il aurait très bien put faire de son vivant comme par exemple faire du surf ou encore jouer avec sa petite soeur Lou. Thomas s'imagine Simon faire des choses qu'il faisait sûrement avant alors qu'il est mort il redonne en quelques sortes vie à Simon ou en tout cas à son esprit

8. Le 07 novembre 2018, 13:52 par Eline

Je pense que je attribuerai à ce passage le titre de:" un moment d'évasion " puisque Thomas sort, pendant un instant, de la situation réel afin de s'évader dans son imagination dans laquelle il vois la vie du jeune Simon.

9. Le 07 novembre 2018, 15:47 par Floralie

En lisant le texte, une idée de titre ne m'est pas venue à l'esprit si facilement, mais une idée générale plutôt : Les souvenirs.
Puis en réfléchissant et en jetant un oeil aux commentaires de chacun, j'ai fini par trouver quelque chose de plus précis : Souvenirs éternels.
Les exemples et arguments restent tout de même similaires aux autres. Thomas fait vivre et revivre chaque instant de la vie de Simon, qu'ils soient réels ou non, et cela même s'il est parti.Grâce à cet extrait, aux pensées de cet homme notamment, Simon semble à la fois immortel, et un lointain souvenir disparu qui nous revient en mémoire parfois. Thomas fait vivre Simon et se proches à travers son imagination tout en chantonnant une mélodie dont le volume augmente progressivement, ce qui pourrait alors rythmer doucement le corps inerte posé à ses côtés.

10. Le 07 novembre 2018, 15:51 par Nolwenn

Selon moi ce texte s'intitulerait Funeste image puisque Simon est mort prêt a être emmené vers son lieu de repos éternel et malgré le cerveau de Simon noyé dans son sang, Thomas chante et essaye d' imaginais Simon comme était-il en tant que vivant. Ce que Thomas s' imagine sur Simon nous y avons tous réfléchi au moins une fois. Imagination de Thomas est opposée à la mort du cerveau de Simon.

11. Le 07 novembre 2018, 15:51 par Manuela

"La purification éternel"
Serait le nom que je donnerais à cette texte. Comme le dit le texte, "Thomas lave le corps" du jeune défunt, d'une certaine manière il nettoie les pêchers présents sur le corps de Simon nous permettant ainsi de faire un lien avec une purification. De plus le fait que le cadavre soit enveloppé d'un "drap immaculé" le faisant ressembler à un héros Grec s'étant sacrifié au combat et dont on chantent les louanges. Ce détail n'est pas sans importance. En effet, les chants sont une des rares choses impérissables de ce monde, même plusieurs années après ils peuvent toujours être chantés. Thomas semble également offrir une deuxième vie à Simon Limbres, si on peut dire. Il nous permet de retourner sur ce qu'était le jeune homme avant son décès prématuré. La mort n'est plus en mesure d'atteindre le défunt comme dit dans le texte, il devient immortel tout en récupérant son innocence pure d'enfant.

12. Le 07 novembre 2018, 16:04 par Noa

"Fin."
Je ne vois dans ce texte, rien de plus que la clôture d'une vie, une clôture faite de manière honorable, Maylis de Kerengal qui, d'après l'écriture de ce passage, fait face aux événements, tandis que tout le roman durant, elle s'attardait sur des descriptions, des analepses et des prolepses, repoussant ainsi les événements phares, peut-être le faisait-elle pour mieux les appréhender, c'est ainsi que je le vois, et donc, je comprends une prise de courage chez l'auteure qui passe directement aux descriptions essentielles pour en finir une fois pour toute, "ça y est, c'était le plus gros morceau, c'est fini, j'ai été forte".

13. Le 07 novembre 2018, 16:05 par Guillaume

Je choisirais comme titre à ce texte "Souvenirs" , en effet car Thomas qui prépare le corps de Simon pour la mise dans le cercueil voit et imagine ce qu'il aurait pu faire avec Simon si il était encore là , mais malheureusement cela est maintenant impossible car Simon est mort , mort mais pas dans la tête de Thomas.

14. Le 07 novembre 2018, 18:25 par Esteban

Je donnerais comme titre a cet extrait « Une seconde vie » car Simon revit à travers tout les souvenirs évoqués. En faisant cela on a l’impression que Thomas fait vivre à nouveau Simon tout en l’idéalisant et le glorifiant a l’image du héros grec.

15. Le 07 novembre 2018, 18:25 par Dimitri

Ce texte présentant à la fois une résurrection symbolique, irréelle, rêvée de Simon et une commémoration élogieuse de ce dernier à travers le chant de Thomas, je choisirai comme intitulé « le chant de la vie » pour insister sur la place majeure de l’acte concret –à savoir celui de chanter– et de son lien plus qu’important pour la mise en place du spirituel : la dernière étincelle de vie avant la mort de Simon.

16. Le 07 novembre 2018, 18:53 par Jesse

Je donnerais à cet extrait le titre de "Post Mortem" car bien que Simon soit mort depuis des heures son coeur battait encore jusqu'à l'opération on a donc une majeur partie du livre qui se déroule "Post Mortem" à Simon. A présent que Thomas se charge de lui rendre "la singularité de Simon Limbres" on peut lire qu'il le sort du simple état de dépouille dans lequel il était lors de son décès en lui redonnant un véritable aspect humain comme si on ne lui avait pas retiré d'organes. Bien entendu il s'agit d'une phrase du texte comme "Réparer les vivants" est à la fois le titre du roman et une phrase énoncé par le narrateur.

17. Le 07 novembre 2018, 20:38 par Léa

Si je devais choisir un titre à ce texte, je l’intitulerai « vivre encore ». Je trouve que cela correspondrait tout à fait à ce passage. En effet, malgré le fait que Simon soit mort, il continuera de vivre dans le cœur de son entourage. Il vivra à travers leur amour, car ce sont les âmes qui aiment et non les corps. Il vivra également à travers leurs souvenirs et dans chaque moments heureux qu’ils vivront. Il sera en quelque sorte toujours à leurs côtés. C’est également ce que fait Thomas, il le fait revivre quelques instants en l’embelissant, il lui offre ces moments banals que vit un jeune homme, il lui offre encore un peu de souffle.

18. Le 07 novembre 2018, 20:38 par Léa

Si je devais choisir un titre à ce texte, je l’intitulerai « vivre encore ». Je trouve que cela correspondrait tout à fait à ce passage. En effet, malgré le fait que Simon soit mort, il continuera de vivre dans le cœur de son entourage. Il vivra à travers leur amour, car ce sont les âmes qui aiment et non les corps. Il vivra également à travers leurs souvenirs et dans chaque moments heureux qu’ils vivront. Il sera en quelque sorte toujours à leurs côtés. C’est également ce que fait Thomas, il le fait revivre quelques instants en l’embelissant, il lui offre ces moments banals que vit un jeune homme, il lui offre encore un peu de souffle.

19. Le 07 novembre 2018, 21:07 par Yasmine

Le titre que je donnerais serait "La fin d'une vie".
Simon n'est plus, il est désormais passer dans les royaumes des morts et donc n'existe plus. Les souvenirs qui défilent à travers les gestes de Thomas sonnent comme la fin d'une histoire, une belle histoire, courte mais qui fut remplie de moments intenses de joies et de bonheur, Simon peut s'en aller maintenant et reposer éternellement à travers ses souvenirs.

20. Le 07 novembre 2018, 21:23 par Nesrine

« La mélodie des dernières heures. »
Dans ce texte Thomas lave le corps mort de Simon et l’enveloppe dans un drap. Durant ce temps il chante et évoque des souvenirs de la vie de Simon ce qui adoucit la scène et provoque en nous de la mélancolie. Il honneur en quelque sorte les dernières heures qu’ils restent à Simon au cœur de la vie humaine.

21. Le 07 novembre 2018, 22:20 par Florian

Je donnerais comme titre "Une deuxième vie" ou "Un nouveau départ " car Simon vit encore d'une certaine manière. Il est mort mais vit encore a travers sa famille et tout son entourage. Thomas accentue cette impression.

22. Le 07 novembre 2018, 23:37 par Lorédana

Pour ma part, je donnerai à ce texte le nom de: l'Ascension Satiné. Alors que Thomas s'occupe du corps sans vie de Simon, durant son élévation vers le calme éternel, il se regarde être vêtu d'un drap intact, la douceur du drap se mélange à la berceuse de Thomas qui continue le nettoyage, il se retrouve enfermé dans un mémorial et ses ultimes souvenirs se tournent vers sa famille. Il sent la fraîcheur du drap et se noie dans les paroles de l'infirmier.

23. Le 19 novembre 2018, 21:32 par Muriel Baudry (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))

Copie d'Eva:

Dans ce texte, on remarque une énumération des faits de la vie de Simon: "pogoter comme un fou", "dormir", "bondir dans la fosse" ou "déshabiller Juliette" ponctuent cette existence. Cela donne une dimension mélancolique au texte: l'auteure nous replonge dans la vie de Simon une dernière fois. Cela apporte de l'émotion étant donné que ce jeune homme est en réalité sur une table d'opération au même moment: il vient de subir un prélèvement d'organes et son corps n'est plus qu'un "cadavre". Cette énumération donne l'impression que l'auteure fait défiler un film sur la vie de Simon et c'est ce qui nous frappe car cela crée une sorte de bulle spatio-temporelle qui nous emmène en voyage une dernière fois dans la vie de ce jeune homme.