La vie est un songe de Calderon.

Nous nous lançons dans cette lecture cursive en prolongement de l'Illusion comique. C'est bien la thématique baroque qui nous préoccupe tout de même, le théâtre étant LE genre baroque par excellence: art de l'illusion, du trompe-l'oeil, entre rêve et réalité. On pourrait presque dire que le théâtre est une métaphore de la vie.

La Vie est un songe est une pièce espagnole, petit détour pour vous dire que ce mouvement a un ancrage européen (et pas seulement français). On pensera aussi à Shakespeare  et au Songe d'une nuit d'été.

Conseilleriez-vous l'oeuvre de Calderon à un ami? oui? non? Pourquoi? (3 arguments attendus).

Commentaires

1. Le 20 décembre 2018, 10:21 par Ju

Je ne sais très honnêtement pas si je recommanderai l'oeuvre de Calderón. Je lis de nombreux classiques, mais je trouve le baroque très compliqué à aborder.
Dans La Vie est un songe, je trouve assez désagréable le fait de se faire balader par l'auteur, quand on croit saisir le réel, l'existant, le consistant, des faits concrets, un personnage -et je vise en particulier Sigismond, qui à chaque fin de conversation glisse une réplique telle que
-"Qu'est-ce que la vie ?
-Une fureur. Qu'est-ce que la vie ?
-Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes mêmes ne sont que songes."-
nous propulse dans le monde onirique. Tandis que quand on pense enfin parcourir le rêve, un long monologue complet sur l'histoire d'un personnage nous interrompt -je pense notamment à Rosaura, qui révèle ses origines à Sigismond quand celui-ci projette de renverser son père-.
En suite, je trouve assez curieux l'écart entre l'éloquence et les pensées d'un personnage comme Sigismond, comparées à son costume et son histoire. Calderón considère Sigismond comme une bête humaine, soit. Il a quasiment été élevé à l'écart des hommes, mais qu'est-ce qu'il s'exprime nettement ! Mon expérience de l'homme sauvage se réfère plutôt à Mooglie qui ne savait parler la langue des hommes. Alors certes, il a été élevé par Clotaldo, mais un vieillard ne peut égaler la foule face à laquelle le nouveau prince s'est prononcé.
Pour finir... C'est l'orgie de malheurs qui m'étouffe, les plaintes et complaintes qui ne cessent d'entraver le lecteur dans sa lecture. Alors qu'il y aurait des moyens vraiment plus efficaces d'exprimer ces sentiments. L'irrationalité des actions et des personnages me fatigue, comme la mort de Clarin. Il faut lui céder 13 lignes de dialogue dans mon texte pour qu'il daigne rejoindre le Styx ! Se prendre une balle et mourir dans un gémissement me parait convenable, mais de là à raconter où, quand et comment il a rencontré la mort... "Arrête donc de t’exhiber, et laisse la place au dénouement !" ai-je envie de lui crier.
C'était dur à suivre, mais sur scène se doit être autre chose, et j'ai envie de le découvrir.
Je pense que je proposerai La Vie est un songe à un ami si celui-ci ne connait pas le baroque, mais je ne viendrai pas de mon plein gré lui chanter les louanges de l'oeuvre de Calderón.

2. Le 20 décembre 2018, 19:28 par Hugo

Bon… La Vie est un Songe…
Pour répondre à la question posée, je vais devoir d'abord exprimer mon opinion globale sur le livre. Alors… Je ne l'aime pas. Ça c'est sûr, mais je ne sais pas si c'est pour autant que je ne le conseillerais pas à un ami.
J'ai beaucoup aimé le livre car certains passages m'ont fais rire et je trouvais le livre plus comique et ridicule que sérieux et dramatique.
Cependant, je n'ai pas beaucoup aimé l'écriture des personnages. Alors cela semble très irrespectueux comme ça, mais j'avoue que je ne ressentais rien à l'égare d'un des personnages de la pièce en particulier, et cela m'a dérangé. Comme par exemple lorsque l'un des personnages meurt – sans citer de nom -, je n'étais ni triste ni choqué je trouvais ça absurde de mourir de cette façon, et surtout que je trouvais ce personnage laissé à l'écart et donc pas très développé pour le lecteur. Et de même je n'ai pas vraiment apprécié la fin, me semblant être trop négligée ou conclue trop rapidement. Et puis l'organisation du livre semblait être complexe notamment, avec des « jours » et maximum 3 scènes par jour. Puis, il y a notamment la présence de la notion de la musique que je trouvais original au début mais bizarrement placé à certains endroits. Nonobstant cela m'a parût étrange de voir une pièce de théâtre sans réelle vers, bien que certains sons semblaient sonner entre eux, jouant avec l'ouï comme l'a fais Pedro Calderón de la Barca, l'auteur de la pièce avec la notion constante de la musique – que même les personnages ont cités -.
Mais en même temps je trouve cette pièce assez critique dans un sens où je la trouve parodique. Elle me rappelle la scène d'exposition de la pièce de théâtre jouée dans l'Illusion Comique de Corneille au début de l'acte V. Après tout, les deux « pièces de théâtre » sont étrangement liées :
Scène Luxueuse et condition des divers personnages aisée
Description des vêtements semblants être très élégants
Une histoire d'infidélité et d'amour
Un fanfaron – bien que ce détail soit plus globale - ( que je considérerais être Sigismond )
Un ou des personnage meurt
Et d'ailleurs je trouve que la fin semble indiquer que c'est parodique puisque que donc à la fin, Sigismond se tourne face au public pour lâcher ses derniers mots. Et – personnellement -, c'est à ce moment où je me suis posé des questions. Sigismond a brisé le quatrième mur, bien qu'il y ait une absence de mise en abîme contrairement à l'Illusion Comique.
Tous semble être fais pour donner l'impression, comme l'a fais l'Illusion Comique à l'acte V, que la pièce soit une banale pièce de théâtre tragique sans réelle fond – La Vie est un Songe se démarquant puisque le livre semble posséder plusieurs registres et climats différents ( dont le registre comique et un climat de conflit constant )-.
Donc si cela ne tenais cas moi : non, je ne conseillerais pas le livre à un de mes amis.
Mais cependant, oui, je le conseillerais car j'avoue n'avoir fais le rapprochement qu'après avoir fini le livre, donc peut-être qu'il faut savoir que c'est une pièce parodique avant de lire le livre pour ne pas croire qu'il s'agit d'une simple et banale pièce de théâtre tragique. Pour le coup il faut connaître l'intérieur de livre pour apprécier le livre en lui-même selon moi car si le lecteur ou le spectateur ne prenait pas ce détail en compte, il se peut que le lecteur ou le spectateur soit lassé de la pièce et arrête de suivre l''intrigue et sa fin surtout, la connaissant d'une manière ou d'une autre.

3. Le 20 décembre 2018, 22:17 par Floralie

Durant la lecture de cette oeuvre, il m'a été difficile de me faire un avis précis. En effet, le livre possède de bons côtés comme de mauvais.
Déjà, je le conseillerais car il m'a tout de même fait rire, principalement grâce à l'innocence de Rosaura et le personnage même de Clairon, ridicule et comique. Le moment que j'ai le plus apprécié est certainement celui où Sigismond jette le valet par la fenêtre. L'aspect tyran changeant du tout au tout de Sigismond est aussi très agréable.
Nonobstant, j'étais plutôt confus en lisant le livre : l'histoire se déroule sur trois journées, mais cela passe si vite qu'il est difficile de suivre toute l'histoire de bout en bout. Rosaura parle également de son passé avec sa mère, son père parti et, apparemment, un lien avec Astolfe, mais le conte n'est pas développé pour autant.

4. Le 26 décembre 2018, 10:50 par Cheyenne

Pour ma part je ne sais vraiment pas si je le conseillerai à un ami car cette oeuvre a de bon coté comme des mauvais. Durant ma lecture je me suis trouver assez confuse je n’ai absolument pas compris si le premier reveil de Sigismond etais un reve , une parenthèse, une analepse ou autre chose... puis a son second reveil c’est une autre personne , un autre Sigismond nous apparaît complètement changé..?? Je n’ai vraiment pas compris ses passages-ci..! Mais après on comprend mieux qu’il a été droguer , utiliser pour donc changer son caractère. Et je trouve cela tres intéressant en effet le premier « test » étais rater mais le second lui etais comme le roi souhaitait.
Ce que j’ai aimé dans cette pièce c’est réellement la philosophie presque indirecte de la vie est elle un rêve ? Et avec l’exemple de sigismond ou bien meme de l’illusion comique le theatre est il la vie ou la vie est elle un theatre et puis le film truman show on a bien l’impression que notre vie est déjà dictée déjà prête. Alors’oui Je pense que cette pièce devrait etre lu , en soit elle est assez intéressante et ce n’est pas une pièce banale avec les memes histoires ! Elle m’a plus et je la conseillerai bien

5. Le 30 décembre 2018, 20:16 par Yasmine

Bon attaquons-nous désormais à La vie est un songe.
Il est vrai que c’est une œuvre qui demande une certaine réflexion et qui demande une remise en question de la vie elle-même, puisque c’est cela le livre.
Est-ce ce que le vie est un songe ?
Je l’ai compris comme ça. Pour les personnes aimant ce genre de réflexion je conseillerai le livre évidemment.
Pour ma part j’ai appréciée ce livre, notamment la façon dont est écrite l’histoire. Puisque Sigismond est constamment perdu entre le rêve et la réalité, un peu comme dans Inception, il ne sait pas si il est entrain de rêver ou si il est dans la vraie vie et c’est ce qui rend le livre super intéressant.
Et puis j’ai vraiment aimée tout les liens entre les personnages, Sigismond qui est le fils du Roi, Rosaura qui est la fille de Clotaldo, Astolfe qui est l’ancien amant de Rosaura... À la fin, on est jamais déçus nous lecteurs puisque nous avons constamment des rebondissements. Enfin j’ai trouvée que l’idée de cette histoire en elle-même est bien, Sigismond qui est le fils du Roi et qui a vécu toute sa vie prisonnier dans une prison et qui du jour au lendemain se retrouve dans un magnifique château et est Roi, je trouve l’idee super, cela m’a fait pensée directement à L’homme au masque de fer, c’est à peu près le même scénario.
Ainsi je conseillerai ce livre à un(e) ami(e), ce livre en plus d'être une courte lecture est un livre intéressant.

6. Le 05 janvier 2019, 13:47 par Mel

Honnêtement je me suis retrouvée assez perdue dans certains passages, mais plus on avançait dans l’histoire et mieux on l’a comprenait. Cette histoire se passe en trois journées ce qui change des pièces de théâtres habituelles. Concernant le lieu, la Pologne semble être le lieu où tout se passe, mais la mention reste vague. Comme si l'auteur avait voulu brouiller les pistes, il mêle le réel et imaginaire avec des unités de temps et d'espace floues. J’ai également trouvé que parfois certains monologues pouvaient être long, et je rejoins le point de vue de Juliette concernant la mort de Clarin, il est mort et basta, je ne trouvais pas cela nécessaire de lui céder autant de lignes. Néanmoins,j’ai trouvé une belle morale à cette pièce, en effet, l’auteur nous fait nous interroger sur ce qu’est la vie et montre que nous sommes acteurs de notre destin et non spectateur de notre vie. Je pense que cela peut-être intéressant à lire donc pourquoi pas conseiller ce livre à une personne aimant le théâtre ou tout simplement la lecture.

7. Le 09 janvier 2019, 19:03 par Dimitri

Un détail tout particulier m’a fait apprécier La vie est un songe : l’usage des didascalies. Là où l’Illusion Comique se contentait de nous donner l’indication de l’Acte, de la scène et des différents protagonistes présent, la pièce de Calderón nous donne des précisions sur le lieu, la gestuelle, le son, les actions. Il y a un appel aux sens qui, à mon goût, manque trop souvent aux versions écrites des pièces de théâtre alors que cela est essentiel, le théâtre étant censé être avant tout un art scénique.
J’ai également apprécié le style d’écriture, qui était élégant sans être trop alambiqué, ce qui permet d’ailleurs une bonne compréhension de la trame narrative et du rôle de chaque protagoniste. Enfin j’ai beaucoup apprécié le personnage de Clairon de par son attitude décalé par apport aux situations dans laquelle il peut se trouver. Ses interventions ne sont que rarement utiles au développement du récit et sont d’ailleurs copieusement ignorés par les autres personnages, accentuant le ridicule comique qu’il apporte à la pièce. D’ailleurs, j’ai eu l’impression que ce dernier avait à peu près le même niveau d’importance que les valets anonymes qui parcourent la pièce. Je suis donc l’avis de Sigismond concernant Clairon : « Dans ce monde tout nouveau où je me trouve, toi seul m’as plu. »
Je proposerai donc volontiers à mes amis de lire La vie est un songe, et ce pour les raisons que j’ai listé.

8. Le 23 janvier 2019, 15:49 par mme baudry

Synthèse de vos avis:
- d'abord, le mélange des registres dans cette pièce:

  • vous notez le comique du valet Clarin notamment
  • également la scène au cours de laquelle le prince Sigismond jette le valet par la fenêtre, en proie à une démesure incontrôlable
  • il y a tout de même une mort: celle de Clarin justement, ce qui nous inviterait à ranger cette pièce dans la tragi-comédie. C'est paradoxalement le valet bouffon qui endosse le rôle tragique.
  • on retrouve enfin tous les ressorts du romanesque dans cette pièce: vous parlez à juste titre de "conte" ou bien de "rebondissements" puisque on trouve un réseau de pères cachés (le roi pour Sigismond et Clothaldo pour Rosaura), des amours trahies (entre Astolphe et Rosaura). Et c'est vrai que la trame dramatique rappelle l'histoire du masque de fer (légende sur le frère jumeau/ le fils illégitime de Louis XIV emprisonné).

- On observe un parallèle entre le lecteur et Sigismond:

  • le lecteur perdu dans l'histoire "on se fait balader par l'auteur" dites-vous entre songe et réalité, à la frontière entre plusieurs registres (la mort de Clarin serait "absurde" et la pièce peut-être "parodique"?)
  • Sigismond est évidemment au centre de l'oeuvre, objet devenant sujet durant l'oeuvre. Ce même personnage n'est pas sans paradoxe lui-même: c'est une bête humaine, oui, mais très éloquente!
  • la fin n'en est pas vraiment une (ou bien elle est ratée):la mort de Clarin n'est pas vraiment un événement marquant et les couples se forment de manière artificielle et décevante (Sigismond + Etoile/ Rosaura + Astolphe)

Tout cela est bien irrationnel! C'est la raison pour laquelle le terme "conte" serait ce qui conviendrait le mieux. Conte pourvue d'une moralité toute baroque: le rêve est au coeur de nos vies, nous rêvons notre vie. Le vertige baroque donne à cette pièce un tour philosophique existentiel qui répond bien à la définition du théâtre par Léchy Elbernon dans l'Echange. Cette pièce de Calderon donne une réponse à l'énigme de notre condition humaine.