L'Echange de Claudel.
Par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91)) le 23 décembre 2018, 18:20 - Lien permanent
C'est le texte qui va clore notre séquence sur l'Illusion comique de Corneille.
C'est une oeuvre de la toute fin du XIXème siècle.
Pour nous aider à mieux le cerner, je vous invite à répondre à une question simple: trouvez-vous ce texte agréable à lire ou pas? on s'occupe de cela en classe à la rentrée.
Commentaires
Au premier abord je me suis demandé ce qu’il y avait de désagréable à lire puis j’ai commencé a lire le chapeau et juste les noms des personnages m’ont surprise : Lechy Elbernon , Thomas pollock NAGEOIRE ... quel couple
Pour commencer, je n'apprécie pas trop la manière dont Lechy dépeint le monde du spectateur (la salle comme de "la chair vivante et habillée", les spectateurs comme des "mouches". Elle vit grâce à eux, et si ils n'étaient pas là, sa carrière d'actrice ne serait rien. Elle porte un regard si péjoratif sur les gens... Pour elle, le spectateur est endormi, et la pièce alimente le rêve mais en fait c'est comme si ces gens étaient une armée de pantins ou des "visages blancs" comme elle dit (alors certes avec leurs différences : l'un est caissier, l'autre est une mère dont l'enfant va tomber malade mais TOUS rêvent).
Après, je remarque qu'il y a un contraste entre ce que dit Lechy, qui décrit le théâtre comme un songe, et puis Marthe qui s’efforce de raccrocher le tout à la réalité (ça se repère surtout dans la dernière phrase "L'oeil est fait pour voir et l'oreille pour entendre la vérité). La vérité...
Ça m'irrite parce que je ne porte pas du tout ce point de vue sur le théâtre, mais voilà comment je comprends sa description dans ce texte : c'est une gigantesque mascarade où les gens sont cloîtrés dans une pièce sans lumière, coupés de l'extérieur et du réel, à moitié endormis par la nuit après leur journée. Tous assistent à une pièce censée les divertir, qui les coupe de la morosité de leur quotidien.
Grh... Je me sens outragé en tant que spectateur, j'ai rien de passif face à un spectacle, pour moi rire et pleurer c'est prendre part à la pièce, montrer qu'on est bien vivant et le contraire de ces visages livides.
Enfin, oui, j'ai trouvé ce texte agréable à lire, pour son message assez fort (bien que je n'aille pas dans son sens).
Je trouve ce texte problématique, je n'arrive pas à choisir un camp. Les arguments de Lechy pour le théâtre sont pour moi vrai, je suis d'accord sur le fait que le théâtre purge le malheur des gens. Mais je suis tout de meme d'accord avec Marthe que c'est ridicule de regarder des choses irréelles alors que nous avons des rêves. Je trouve donc ce texte ambigu parce que nous sommes indécis entre ces deux choix.
J'ai été surpris par les noms des personnages... Agréablement surpris. Ensuite, Lechy a une manière de parler d'elle très égocentrique, ce qui a effacé le sourire que j'avais lors de la lecture du chapeau... Je pense qu'elle ignore le fait que sans les spectateurs, sa carrière n'aurait jamais existé (je rejoins Ju là dessus).
Je sais pas trop quoi en penser, mais je dirai que ce texte est agréable à lire, pour les constructions des vers et la dernière phrase : "L'oeil est fait pour voir et l'oreille pour entendre la vérité".
Je rejoins Nolwenn sur le fait que choisir un camp dans ce texte est difficile. En effet, nous avons là seulement un couple qui définissent le théâtre. Rien d'exaltant...
Je trouve cet extrait pourtant mystérieux puisque le personnage qui ignore tout du théâtre ( en occurrence Marthe), est pourtant lui-même comédien au sein d'une pièce.
Je dirais donc que l'aspect problématique de cet extrait ne rend pas cette lecture forcément agréable.
Après lecture des divers commentaires sur le blog, j'avoue que mon opinion est toujours le même. Oui, je trouve l'extrait agréable à lire malgré ce que peut dire Lechy. Je trouve que c'est grâce à ce personnage que le texte peut être agréable, car sans son « expérience » de la scène ainsi que son opinion, nous ne pourrions pas faire le notre d'opinion. Et je trouve très original également le fait de donner un opinion à un personnage sur – surtout – son public, témoignant de la scène tel un personnage à part. Et puis je trouve ça original de mettre le spectateur, lui-même, en position de doute et d'hésitation sur eux-même au lieu de les mettre dans cette position en leur demandant de se mettre dans la peau d'un des personnages jouant sur la scène, ils restent eux-même, un même public et pourtant pas le même opinion selon les spectateurs et lecteur. A ce moment, on oublie les émotions des personnages et nous nous focalisons sur les notres, ce qui est, je trouve, très original. Et en tant que spectateur je pense que j'apprécierais ce passage – de par les points proposés jusqu'ici – mais aussi car cela met le spectateur – ou le lecteur pour le coup – dans une position – encore une fois – de supériorité face au personnage, alors que ce dernier n'existe pas. Puisque le personnage, n'étant pas sur scène ( le décor en tout cas de la scène ) dans l'extrait, devient naïf, se révèle être hypocrite, égoïste, et se laisse emporter par sa liberté de parole. Le public peut se sentir trahi, comme dans les divers commentaires que j'ai pu lire sur le blog. Au lieu de transmettre des émotions, les personnages transmets du doute. Cela met le spectateur dans la case qu'il souhaite. Soit victime des propos de Lechy – comme certaines personnes sur le blog -, soit supérieur puisqu'elle semble parler de nous – public – comme si elle pouvait lâcher sa « haine » sans la présence de ce dernier, dans son dos en somme, alors que le public sait tous, entend tous sur les différents personnages. Ce qui pourrait même faire croire que le public est un personnage à part qui est cité dans l'oeuvre mais pas essentiel dans l'histoire. Les spectateurs verront Lechy plus au rôle de comédienne que de personnage dans cet extrait puisqu'elle peut également être la porte-parole de l'auteur, Claudel, sur ses spectateurs et lecteurs. Ce qui me donne une raison d'aimer l'extrait encore une fois, puisqu'à force, j'avoue, j'aime lorsque les pièces utilisent des mises en abîmes et lorsqu'ils brisent le quatrième mur, en pleine scène, parlant du public comme si il ne s'y trouvait pas, et aussi du théâtre en général. Du coup, selon moi, cet extrait est un très bon extrait. Cela me donne envie de voir le reste de la pièce bien que je ne sache pas de quoi parle cette dernière.
J'ai aimé ce texte, je l'ai trouvé assez simple à lire. Je l'ai lu avec ma soeur qui jouait le personnage de Marthe rendant l'échange plus vivant. Cependant je suis d'accord avec Cheyenne sur le fait que les noms des personnages étaient comment dire...particulier entre Lechy Elbernon et Thomas Pollock Nageoire...je doute du fait que je puisse retenir les noms si ceux de tous les personnages en porte d'aussi étrange.
Je n'ai pas forcément trouvé ce texte agréable ou même désagréable à lire. Enfaite c'est surtout les personnages que je trouve désagréables. Ils ne sont qu'une caricature. enfaite ce sont un peu comme un rat des villes et un rat des champs. Il y a la l'actrice qui vit en ville et qui dit tout connaitre des gens qui viennent voir ses représentations et la campagnarde innocente qui ne connait rien parce qu'elle vit à la campagne (je n'ai pas encore trouvé la logique de l'auteur mais bon…). Bref même si ce n'est pas un texte désagréable à lire en soit, je trouve que les personnages eux le sont.
Malgré les interventions "dérangeantes" de Lechy, je trouve tout de même que ce dialogue est agréable à lire, aucune complexité, un texte fluide, une interaction entre deux personnages intrigants, rien de plus, rien de moins. D'abord, l'ignorance de Marthe fasse au théâtre est assez étonnante, pour ma part je l'ai trouvé "mignon" dans sa façon de questionner Lechy: il m'a immédiatement fait penser à un enfant qui demande à sa mère en pointant de doigt "c'est quoi ça?" et puis sa manière de rétorquer met en valeur l'air "niais" du personnage marqué par l'inexpérience, par exemple, il paraît subjugué d'apprendre que des personnes venaient, assises en rangées, juste pour regarder un espace clôt (qu'il ne comprenne pas le ridiculise puisque c'est un adulte).
Ensuite, le personnage de Lechy est à mes yeux vraiment paradoxale et plus compliqué qu'il n'y paraît. Premièrement, Claudel brosse le portrait d'un personnage plutôt hautain (qui frôlerai même presque le narcissisme avec l'utilisation du "moi je..., j'ai..., je..." et tout ça en seulement deux petites lignes), elle décrit les spectateurs en les déshumanisant les prenant ainsi de hauts les comparants même à des mouches, mais le pire dans tout ça, c'est qu'elle décrit le théâtre il faut l'admettre, des gens qui ne quitte pas des yeux une scène, tous alignés et partageant des émotions. En tout cas, même si ce personnage peut paraître parfois déroutant, je le trouve avant tout intéressant.
L’extrait présenté m’a paru assez agréable : simple et précis dans son propos. Il n’a néanmoins rien de bien marquant, et si ce n’était pour les cours de français que je l’aurais lu, il y a fort à parier qu’il aurait été bien vite oublié. En ce qui concerne le jugement acerbe de Lechy, ce dernier n’a suscité mon intérêt que pour la beauté avec laquelle se dégage une misanthropie prétentieuse qui rend le personnage appréciable dans ses défauts : c’est un excellent effet de réel qui le rend plus humain. A part cela, je ne me suis pas senti visé par ses paroles. De toute manière je n’ai jamais vraiment apprécié le théâtre, préférant d’autres formes d’art à cette dernière.
synthèse des posts:
- un premier axe sur l'irréalité de ces personnages:
- un deuxième axe sur le rôle attribué aux spectateurs:
On peut se demander à cet égard si ce texte constitue un éloge du théâtre ou non d'ailleurs...Vous dites que le théâtre purge le malheur des gens. Aurait-il une utilité sociale ici?
- un troisième axe sur le personnage de Léchy, à la fois fascinant et repoussoir pour certains. Vous la dites volontiers égocentrique tandis que d'autres sont sensible à sa beauté supérieure, sa misanthropie prétentieuse la rend intéressante.
- enfin, une dernière piste sur l'énigme que représente ce texte: