Du Bellay vs Hugo.

Notre dernière séquence de l'année les élèves...

On prend notre élan et on lit le livre V de Châtiments (accompagné de "Nox" et "Lux"): un titre programmatique...

En parallèle, on retrouve notre Du Bellay avec un autre versant des Regrets: une fois à Rome, que faire sinon faire un portrait acéré de ses contemporains.

Voici deux poètes, voici deux époques, deux styles différents: vers qui va votre préférence? J'attends votre regard sur ces deux oeuvres!

Commentaires

1. Le 25 avril 2019, 00:09 par Hugo

Répondre à la problématique posée est un réel défi pour moi, j'avoue n'avoir aucune préférence pour ce coup-ci.
Tout d'abord, Victor Hugo avec Les Châtiments. J'ai apprécié les débuts et le style poétique de l'auteur, et j'étais même choqué voir impressionné de voir de telles paroles dans un livre, tout en ayant le contexte de la date de la publication du bouquin. Cependant, ces injures et ces menaces m'ont lassés à un moment, j'avais l'impression de lire la même chose en boucle. D'ailleurs, à force de voir cela, je commençait à me demander si Victor Hugo n'insultait pas le lecteur des fois, ou lui parlait méchamment pour qu'il réagisse. Simple élève du XXIème siècle j'imagine mal interpréter la chose, donc je pense qu'il souhaitait faire bouger les choses comme le voulait La Boétie. De plus, le livre est – évidemment du coup – centré autour de Napoléon, donc de la politique, donc je dois bien avouer que déjà je ne suis pas très intéressé par la politique mais surtout que je ne comprenais tout simplement pas certains poèmes de par leur propos et leurs termes politiques. C'est bien pour ça d'ailleurs que j'ai du mal à faire mon propre avis sur lequel des deux livres j'ai préféré, la plupart du temps je ne comprenais pas tout ce que disais ou bien dénonçait le poème de par mon manque de culture personnelle sur le sujet, mais aussi à cause gouffre qui sépare aujourd'hui à l'époque de Victor Hugo. Ce gouffre m'empêche d'apprécier tous les poèmes comme il le faudrait. Mais pour quand même dire quelque chose de positif sur le bouquin, et bien que je risque de me répéter, je dois avouer que le style d'écriture de Victor Hugo est très agréable, tout comme les rimes et le vocabulaire, et tous cela ne m'a empêché de me déconnecter du livre. Nonobstant, pas comme avec Du Bellay avec Les Regrets.
Les Regrets donc, alors je n'ai pas du tout aimé, encore moins que Les Châtiments, cependant j'ai mes raisons de ne pas en favoriser un par rapport à l'autre, déjà car j'en aimes aucun en particulier mais aussi car, contrairement à Victor Hugo, Du Bellay semble plus contemporain dans ses paroles, plus grossier pour le coup, et donc j'ai pu mieux comprendre son message. Mais je vais éviter de me perdre dans la positivité et je vais plutôt me concentrer sur les mauvais points, selon moi. Je n'apprécie pas DU TOUT le style d'écriture de Du Bellay, il souhaitait rentrer ses plaintes à l'intérieur d'un poème en alexandrin, sauf que c'est très compliqué ! Et que donc il a décidé de modifier des mots et même des prénoms et des noms de famille pour que ces derniers puissent sois rimer, sois rentrer à l'intérieur d'un alexandrin, sur certains mots j'étais absolument perdu, heureusement que le bouquin expliquait certains point pour le lecteur. Je ne veux plus voir d'apostrophes sur un poème, à part s'ils ne servent pas à faire l'abréviation d'un mot et qu'on ne modifie plus des verbes et leur prononciation non plus par pitié. Du coup j'avoue avoir un peu décroché pendant la lecture car, comme Victor Hugo, j'avais l'impression de lire le même poème des fois, sauf que ce sentiment de déjà vu n'était pas à cause du champ lexical de la violence et de haine mais plutôt à cause du style d'écriture et des sujets qui n'était jamais connecté. Ce qui est plus embêtant, bien que cela n'empêche pas le lecteur d'interpréter les paroles de l'auteur. Bref, sinon ce que je n'ai pas aimé c'est sa manière de parler, sur certains passages il semblait se sentir supérieur et donc se comporter comme un fanfaron. Un détail que j'ai apprécié par contre ce sont les références mythologiques et donc son côté humaniste, bien que des fois sois c'était un peu trop répétitif, ou bien des fois trop variés et du coup j'avais l'impression qu'on me lançait des informations au visage, tout en espérant que le lecteur comprenne le message de l'auteur, c'était particulier comme situation. D'ailleurs, dernier détails avant que je passe au bon point, c'est que je me demandais des fois – remarque qui vise Victor Hugo notamment – si Du Bellay faisait parler des personnes, ou si il faisait parler le lecteur, ou bien lui-même, sur certains passages du livre il parle de personnes et de leurs entourages et donc des fois je me suis demandé s'il parlait en leur nom ou pas. Bref c'est compliqué à comprendre, à expliquer et à vivre, les bons points des Regrets maintenant ! Comme j'ai pu le dire auparavant, j'ai apprécié le langage de Du Bellay, plus contemporain et moderne, j'ai pu donc mieux comprendre certains passages. Ce que j'ai notamment apprécié c'est l'humour de l'auteur car, au moins, bien qu'on restait dans les poèmes le registre ainsi que le climat du bouquin en entier n'étaient pas les mêmes que dans Les Châtiments.
Pour en finir je dois dire que finalement je ne peux choisir entre les deux œuvres car les camps « J'aime », « J'aime pas », sont plutôt équilibrés pour une fois.

2. Le 27 avril 2019, 16:18 par Ju

Quel choix cruel à faire ! Ô douleur, ô misère ! *Instaure le drame et la tragédie ici-bas*

J’ai préféré le livre V des Châtiments à la lecture. Sûrement parce que je saisis mieux le contexte et le sujet visé par Hugo. Chose qui me semble assez floue chez Du Bellay de par la barrière de la langue qui a bien trop évolué entre temps (de plus modifiée pour s’accorder à la forme assez inflexible du sonnet) mais également car il intègre toutes ses expériences de voyage aux Regrets, ce qui n’est pas sans me rappeler le côté Essai de Montaigne sous forme de sonnets.
Ses différentes histoires me perdent mais finalement je me dis qu’il garde un côté authentique et assez instantané malgré le travail de la rime. Je trouve que ce recueil -dont les poèmes n’ont pas de titres mais des numéros contrairement à Hugo qui les a organisés et préparés- est touchant car révélateur de l’émotion de Du Bellay. Un poème m’a particulièrement marqué pour ça, c’est le sonnet 129 quand ENFIN il rentre chez lui et qu’il aperçoit tous ses amis qui sont là pour l’accueillir. On pense « ça y est, ton calvaire est fini » et on est soulagé (128 sonnets de plainte c’est long pour lui comme pour nous) ! Après je me suis senti moins concerné quand il dédie ses poèmes, j’y ai compris des leçons de vie dont beaucoup tournent autour de la vérité et de ce que l’on montre aux autres... Arf, soit.

Maintenant parlons du grand Hugo. L’écrivain instaure une forme de joute poétique bien plus mordante que les canons du pitit Napoléon je trouve. J’y discerne une certaine hargne à travers l’ironie présente tout au long des Châtiments.
Puis j’aime sa capacité à faire dialoguer les grandes valeurs et symboles. Ils sont humanisés tout au long du recueil avec une lettre majuscule qui signe d’habitude les noms propres, en particulier dans « Tout s’en va » où seul le Mépris reste...
Et puis j’ai eu cette impression d’avoir lu une belle histoire, puisque Napoléon est en quête de son châtiment qu’il finit par subir. Le tout est assez aisé à comprendre malgré les références aux victoires/défaites et présences de personnes ayant joué un rôle important à cette époque qu’on ne connaît plus forcément aujourd’hui. En fait les Châtiments me rappellent J’accuse, mais en davantage mesuré. Hugo possède une certaine férocité adoucie par la censure et les figures de style poétiques tout en restant fiévreusement franc.

3. Le 09 mai 2019, 14:15 par Eline

Pour ma part, ce n'est pas un choix très compliqué étant donné que j'aime beaucoup Du Bellay et, malgré la qualité de la plume de Victor Hugo dans Les Châtiments, comme dans toutes ces oeuvres d'ailleurs ( même s'il est vrai que je ne les ai pas toutes lus ), mon choix se porte sans hésitation sur Les Regrets.
En effet, je trouve que les œuvres de Du Bellay sont intemporelles, bien plus simples à comprendre et par conséquent plus faciles à s'approprier pour des lycéens tels que nous.
Je rejoint bien évidemment Juliette sur le fait que Les Châtiments fait penser à J'accuse de Zola; d'une part par le point de vue critique et la franchise incontestable d'Hugo qui n'hésite pas à offrir son propre regard à travers ses œuvres et ici, en l’occurrence à travers Les Châtiments.

4. Le 10 mai 2019, 10:06 par Flo

Le choix de mon oeuvre préférée ne fut pas vraiment difficile : l'une des deux me fut incompréhensible, même à l'aide des fiches que notre chère prof a préparée afin de nous aider.
Du Bellay utilise un vocabulaire et un langage difficile à comprendre actuellement, et chaque poème était coupé par les astérisques que je devais sans cesse regarder pour tenter de comprendre ce qui était écrit... en vain. Je ne comprenais pas les références historiques, bibliques ou autres.
En revanche, Hugo a su dynamiser ses pensées tout au long de son oeuvre. Les termes utilisés sont plus évidents à comprendre, ainsi, je saisissais bien plus aisément ses volontés. Le fait que certains extraits soient sous forme de chansons connues ou de pièces de théâtre rend les textes plus vivants et proche de nous car les émotions y sont exprimées de manière différente. De la même manière, cet auteur utilise énormément de ponctuation.
Le dynamisme d'Hugo rattrape donc le niveau d'expression de Du Bellay à mes yeux.