Bilan sur la séquence argumentation la question de l'homme.
Par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91)) le 08 octobre 2018, 14:24 - Lien permanent
C'est avec un texte de Leslie Kaplan, une psychanalyste née en 1943 aux Etats-Unis et élevée en France qui a participé au mouvement de mai 68 que nous clôturons la séquence.
Vous lirez ce texte (commentaire 1) du fil de discussion et je souhaiterais que nous fassions un texte collectif en s'en inspirant en comptant que la contribution de chacun.
Commentaires
Un homme libre, qu’est-ce que c’est ?
C’est l’instituteur d’Imre Kertész emmené dans un convoi pour Auschwitz qui garde la portion de nourriture de l’adolescent évanoui à côté de lui et qui lui rend quand il se réveille, alors qu’il aurait pu, naturellement, la manger ;
c’est Fritz Lang qui part pour Paris le 20 juillet 1933 en sortant du bureau de Goebbels qui vient de lui offrir la direction du cinéma allemand ;
c’est Simone Weil qui malgré tout ce que la bonne société française lui renvoie d’injures et de calomnies fait voter la loi sur l’avortement ;
c’est un paysan du Chambon-sur-Lignon, il y en a eu beaucoup, qui a caché un enfant juif pendant la guerre sans même se poser la question ;
c’est Miguel Angel Estrella enfermé dans la prison de Liberta en Uruguay à qui un tortionnaire vient dire, Je vais te casser les doigts, et qui lui répond : Comme vous le savez, je suis pianiste, si vous faites cela, vous me supprimez ma raison de vivre, et je serai très triste pour vous ;
c’est une femme déportée dans un camp d’extermination qui tous les jours se lève et va se laver dans l’eau glaciale ;
c’est Sigmund Freud qui découvre l’Inconscient et qui dit, Ils ne le savent pas mais nous leur apportons la peste ;
c’est un ouvrier préposé à la chaufferie à qui son chef demande d’augmenter le rythme et qui refuse, s’en va, et ne remet plus jamais les pieds dans une usine ;
c’est Che Guevara, la jambe mitraillée, qu’un officier vient chercher pour le tuer et qui se met debout en disant, Tu vas voir comment meurt un homme libre ;
c’est un homme qui a passé sa vie en prison en subissant le pire et qui sort avec un visage ouvert, radieux. Nelson Mandela.
c’est une femme qui a toujours pensé qu’elle était l’égale de l’homme ;
c’est Bartleby le copiste de Melville qui un jour arrête tout en disant, I prefer not to, Je préfère ne pas. Quand on finit par le mettre en prison et que son ancien patron vient le consoler, Regarde le ciel bleu, regarde l’herbe verte, il répond seulement, I know where I am, Je sais où je suis.
c’est Gisela Pankow qui reçoit chez elle pour la première fois le frère d’un patient schizophrène qu’elle a suivi, qui a l’intuition brutale que cet homme vient pour la tuer, et qui lui dit, Mais qu’est-ce que vous ferez de mon cadavre ?
c’est Françoise Dolto à qui une patiente téléphone en lui disant qu’elle va se suicider et qui après l’avoir écoutée raccroche en disant, Je vous garde toute mon estime ;
c’est Baruch Spinoza qui n’a jamais été découragé, qui ne s’est jamais arrêté de penser, malgré les persécutions et l’excommunication de sa communauté ;
c’est Yéhuda Lerner qui à dix-sept ans déguisé en tailleur et armé d’une hache organise avec d’autres la révolte du camp de Sobibor où tous les nazis sont tués ;
c’est Franz Kafka qui n’a jamais réussi à se marier mais qui peut, en imaginant la Statue de la Liberté, voir, à la place de la torche, un glaive ;
c’est un homme qui dit, alors qu’il est enfermé à Dachau, “La nuit était belle”. Robert Antelme.
c’est Katow qui donne son cyanure à son voisin qu’il entend pleurer alors qu’ils attendent avec des dizaines d’autres prisonniers d’être jetés vivants dans les chaudières bouillantes des locomotives de Tchang-Kai-Tchek ;
c’est une vieille dame à qui deux jeunes gens viennent de prendre tous ses bijoux et qui dit, Peut-être ils ne savent faire que ça ;
c’est chacune des mères de la place de Mai à Buenos Aires ;
c’est John Cassavetes qui a mis, combien d’années, pour faire avec sa famille et ses amis, Faces ;
c’est David Rousset qui écrit dans L’univers concentrationnaire : “Les hommes raisonnables ne savent pas que tout est possible” ;
c’est une femme qui n’a peur de rien, de rien, de rien, qui n’est intimidée ni par Nietzsche, ni par Rilke, ni par Freud, et qui aime par dessus tout la rencontre, avec Nietzsche, avec Rilke, avec Freud. Lou Andreas Salomé.
c’est James Baldwin, noir, homosexuel, qui s’exile de New-York où il ne peut pas vivre et qui dit, I want to be an honest man and a good writer, Je veux être un homme honnête et un bon écrivain ;
c’est Paul Cézanne tout seul qui veut donner “la vérité en peinture” et qui la peint ;
c’est Charles Chaplin qui dans chacun de ses gags va à l’encontre de la réalité opprimante, l’usine, la prison, la misère, et par-dessus tout, la bêtise, la bêtise, la bêtise ;
c’est Hannah Arendt qui écrit Eichmann à Jérusalem et qui montre que la banalité du mal ce n’est pas que le mal est banal mais qu’il peut être le fait de personnes complètement banales ;
c’est un homme qui au plus fort de la guerre enragée contre l’intégration dit, I have a dream, Je fais un rêve. Martin Luther King ;
c’est le prince Egmont qui s’oppose sans hésiter à la tyrannie du roi d’Espagne.
Leslie Kaplan, mis en ligne le samedi 26 mai 2012
texte écrit pour Marcial Di Fonso Bo, récitant pour Egmont, de Beethoven, à Lausanne en 2005
C'est Jean Moulin qui a enduré son châtiment au coût de sa vie, sans jamais dire un mot à l'ennemi.
C’est aussi d’après Emmanuel Kant, artiste, écrivain et philosophe allemand. Il a dit, je cite :
« Le droit est l’ensemble des conditions qui permettent à la liberté de chacun de s’accrocher à la liberté de tous. »
C'est Rosa Parks qui, malgré le fait de rester assise, s'est tenue debout pour l'égalité de toute une population.
C'est Nelson Mandela qui a passé 27 de sa vie en prison pour avoir défendu ses droits et ceux des noirs
C'est William Shakespeare, qui a rédigé "Roméo et Juliette" afin de dénoncer toutes les oppositions des parents au choix sentimentales et amoureux de leurs enfants.
C’est Louise Michel qui a combattu toute sa vie pour l´Anarchisme et la liberté sexuelle de la femme. C’est elle qui a fait de la prison une grande partie de sa vie pour ses combats. C’est elle qui n’avais pas peur de dire qu’un homme n’etais pas le sexe fort.
C'est Shirin Ebadi prix Nobel de la paix, militante activiste et féministe, défenseur des droits de l'homme qui malgrés les menaces de morts et l'oppression continue de se battre sans relâche pour la paix et la liberté en Iran.
C'est Coluche, qui malgré les risques, dénonce les sujets tabous, puis les valeurs morales et politiques de notre société, il crée ensuite Les Restos du cœur
Ce sont des hommes dont la religion, la couleur de peau, le genre, l’âme-sœur, la place dans cette société hiérarchisée, l’handicap, l’origine, les richesses ainsi que tant d’autres choses, importent peu et qui se retrouvent, tous, soudés pour partager une journée de liberté.
C'est une jeune fille juive, ayant survécu face à l'occupation allemande et à la Shoah, face à la discrimination des femmes en France. Ayant gagnée pour que les femmes puissent perdre leurs stéréotypes, qu'elles soient aussi libres que les hommes. Ayant perdu sa mère, son père, son frère, mais qui a gagnée et créée une nouvelle famille. Une famille libre. Simone Veil.
C'est Simone Weil qui malgré l'opinion public a réussi a donner a la femme la liberté de disposer de son corps.
C'est Oscar Pistorius, qui nous à prouvé qu'un handicap n'empêche aucunement de réaliser ses rêve.
C'est Desmond Tutu , prix Nobel de la paix en 1984 pour sa contribution à apporter une solution et mettre fin à l’apartheid et élu par Mandela comme président de la commission Vérité et réconciliation , pour son combat pour la construction "d'une société juste et démocratique sans division raciale"
La liberté, c'est être esclave de soi même, que ce soit pour le meilleur comme pour le pire.
La liberté auquel on peut prétendre n'est pas absolu, et c'est mieux ainsi.
On est tous, que cela nous plaise ou non, au service de la morale, des lois, de l'opinion publique, de notre opinion personnel, de nos dogmes religieux, philosophiques ou politiques.
La vrai liberté, on ne la trouve que dans la mort qui nous délivre de nos pulsions comme de nos sentiments. Nous dirons donc pour conclusion qu'Antigone est véritablement libre et que tous ceux qui se prétendent libre de leur vivant devraient plutôt considérer que tous les esclaves ne portent pas de chaînes.
C'est aussi une personne qui s'assume sans faire attention au regard et jugements des autres.
C'est Agnodice, qui après avoir pris le risque d'apprendre la médecine en Égypte, reviens à Athènes déguiser en homme pour aider les femmes à accoucher. Grâce à elle, les femmes médecins seront autorisées à Athènes à partir de 350 av. J-C.
La liberté, c'est aussi simple que complexe. Jamais nous ne sommes satisfaits de ce que l'ont crée, jamais nous ne sommes satisfaits des réponses que l'on apporte à nos questions. La liberté, c'est cette aisance que l'humanité a, à puiser plus profondément encore que la fois précédente dans ses ressources, et encore, et encore... Jusqu'à ce que son désir de savoir, de pouvoir soit assouvit, pour un simple petit moment, et elle reviendra puiser là-bas, très vite, assoiffée de désirs insatisfaits, ce pour toujours, tandis que le monde continue de produire plus de questionnements que de réponses.
Mais c'est aussi une femme noire qui se bat tout les jours pour trouver un travail et nourrir sa famille pendant les année 60 au États-Unis
C’est Jacques Prévert qui a dit non à l’ordre établi à travers le simple charme des mots.
C'est une jeune militante pakistanaise, prix Nobel de la paix qui c'est imposée face aux talibans pour la scolarisation des filles, Malala Yousafzai.
C'est une artiste performeuse italienne qui, vêtue d'une robe de mariée symbolisant l'espoir et la paix entre les peuples, parcourut le chemin de Milan à Jérusalem en auto stop. On retrouva son corps à Gebze en Turquie. C'est Pippa Bacca.
C'est Jeanne d'Arc qui, malgré l'infériorité des femmes et leur impossibilité de se battre, a dirigé une armée pour sauver Orléans.
C’est la Palestine qui lutte depuis des années pour récupérer ce qu’il lui appartient.
C'est Simon Segouin, une résistante de la libération de Paris âgée de 18 ans.
C’est Che Guevara qui pour abollir les inégalités socioeconomiques va mené une révolution .
C’est les membres du Black Panther Party qui ce sont battus pour affirmer leurs droits en défendant leur communauté et en subissant certaines violences
C’est Ahed Tamini qui, du haut de ses 16 ans, devient le nouveau visage de la revolte palestinienne.