Préparer l'entretien oral 1ère ES5
Par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91)) le 06 novembre 2017, 15:26 - Lien permanent
Vous trouverez dans cette page les documents à réviser pour l'entretien oral (2ème partie de l'oral du Bac).
Par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91)) le 06 novembre 2017, 15:26 - Lien permanent
Vous trouverez dans cette page les documents à réviser pour l'entretien oral (2ème partie de l'oral du Bac).
Commentaires
Si Antigone était un plat, ce serait…
- une pizza Calzone / tomates farcies
La forme de la tomate farcie rappelle la tour dans laquelle on enferme Antigone. De même, la grosseur de la pizza renvoie au même élément. L'oeuvre est structurée par les corps que l'on enterre ou pas : le corps de Polynice laissé à l'air libre, dévoré par les charognards, le corps d'Etéocle ensencé dans un tombeau, le corps d'Antigone, emmurée vivante, le corps d'Hémon qu'on cherche à sortir du tombeau, le corps d'Euridyce, qui se vide de son sang dans une chambre d'enfant.
Quand on ouvre cette grosseur, l'oeuf se répand : quand Créon cherche à sauver son fils en détruisant la tour, c'est un flot de chagrin qui l'envahit. Alors qu'il a refusé une tombe à Polynice, son propre fils meurt dans ta tombe d'Antigone.
Les deux plats sont composés de sauce tomate : c'est évidemment le sang d'Hémon et de sa mère Euridyce. Cependant, dans la pièce, ce sang n'est pas visible car ces scènes de mort sont racontées par le messager.
Les deux plats ont cependant une consistance assez moelleuse : la pâte de la pizza, le farce ou le riz. On peut penser à la tendresse de la nourrice pour les deux filles de Jocaste qu'elle cherche à protéger, à l'amour des deux sœurs, à l'amour d'Hémon pour Antigone...
- des escargots :
Plat onéreux que l'on mange dans de grandes occasions (fêtes de Noël par exemple) : peut renvoyer à l'appartenance sociale des personnages, descendants d'Oedipe, d'orgine aristocratique. Ce sont les personnages typiques de la tragédie. Cette orginie est davantage revendiquée par Ismène qui a la conscience de son rang.
La coquille cache l'escargot : Antigone cache à sa nourrice au départ le vrai motif de sa sortie matinale. Antigone laisse planer un quiproquo : elle dit qu'elle est allée retrouver son amoureux.
De même, Créon a caché la vérité sur les deux frères : leur vraie nature et le fait qu'on n'a pas pu reconnaître leur corps. Il révèle cette vérité pour faire plier Antigone et la forcer à considérer son acte comme absurde.
De même Créon s'est forgé une armure (= la coquille) pour diriger Thèbes. Il a une apparence dure et sans pitié quand il décide la mort d'Antigone. Il ne cède pas face aux supplications de son fils, il en perd du même coup son humanité.
Cependant, lors de leur confrontation, Antigone révèle le côté « mou » de Créon, qui a accepté son devoir sans avoir dit « non » : il apparaît donc comme un personnage soumis, compromis et impuissant, un anti-héros, alors même qu'il détient le pouvoir absolu.
- une raclette :
Composée d'éléments différents : charcuterie, pomme de terre, fromage. Représentent les différents personnages présentés par le Prologue au début de la pièce. Ces personnages sont différents : des personnages de tragédie (roi…) et des personnages de comédie (garde, nourrice…). Des personnages sérieux et graves (Créon, Antigone) et des personnages frivoles (Ismène).
Ces différents éléments qui composent ce plat peuvent aussi faire penser au mélange des registres présents dans la scène du garde vers la fin de la pièce : les propos tragiques et angoissés d'Antigone qui a peur de mourir s'opposent au récit comique de la rivalité entre le garde et le sergent.
Le fromage recouvre tous les autres aliments : il fait penser à Antigone qui envahit tout le texte. C'est le personnage éponyme (= qui donne son nom à la pièce). Elle est très présente sur scène. Tous les personnages sont « happés » par elle, en particulier Ismène et Hémon qui veulent la suivre dans la mort. Dans le dialogue avec Créon, celui-ci peut représenter la pomme de terre du plat, droite et massive, mais qui se laisser envoûter ou fasciner par Antigone car elle dit « vous buvez mes paroles ».
Antigone apparaît ainsi comme un individu « contagieux », elle possède une sorte de magnétisme qui transforme les autres personnages en disciple de sa révolte.
- un poulet mexicain au haricots noirs :
Créon et Antigone resprésentent le poulet qui tient la majeure place du plat. Ce sont les deux personnages principaux. Ce sont tous les deux des victimes du destin puisque Antigone va mourir et Créon sera éprouvé par deux deuils successifs : celui de son fils et celui de la femme.
Ils sont également les deux personnages présentés comme solitaires pour le prologue.
Les haricots noirs sont les gardes qui encerclent les personnages. Ils sont aussi l'image du destin qui piège les personnages prisonniers de la tragédie.
C'est un plat épicé qui rappelle la révolte et l'orgueil d'Antigone, capable de se rebeller obstinément contre l'ordre établi et de dire « non ».
Ce qu'on peut retenir sur la fable des Troglodytes dans les Lettres persanes de Montesquieu.
- la façon dont la religion est présentée: elle n'est pas absente de la fable mais est davantage développée dans la 2ème partie: les "bons" troglodytes pratiquent un culte (processions...) qui favorise la solidarité et l'harmonie, mais qui n'est pas nommé. C'est le contraire de la religion catholique à l'époque de Montesquieu puisque cette religion est plutôt porteuse de dissentions et de violence.
- le rôle d'une utopie (= u: "non" et topos: "lieu": lieu qui n'existe pas): donner un modèle et aussi permettre d'aiguiser son esprit critique (= mesurer la différence entre le récit raconté et notre propre vie de lecteur ou l'état de notre société). On peut se demander si notre société est plus proche de celle des Troglodytes 1ère partie ou de celle des Troglodytes 2ème partie...
Les deux parties manquent de nuance: c'est une vision stéréotypée ou manichéenne que l'on retrouve dans les contes pour enfants. Mais, texte faussement naïf qui nous amène à nous positionner par rapport à ces évocations: qu'est-ce qui dans ma société ressemble à ce qui est décrit dans la 1ère partie du texte? Dans la 2ème partie? À quoi est-ce que j'aspire en tant qu'individu?
C'est un texte qui fait réfléchir plus que rêver.
- le rôle de la femme dans ce texte: ce n'est qu'un objet (les hommes se l'arrachent dans la 1ère partie). Même si la femme n'est pas un sujet central dans cette fable (composée quasiment uniquement d'hommes), on peut aussi y lire une image de l'asservissement des femmes qui "délèguent" leur liberté à l'homme (symbolisé par le vieillard de la fin).
- Montesquieu nous laisse à l'extérieur du texte:
directe pour La Boétie qui s'adresse directement à nous quitte à nous violenter et indirecte pour La Fontaine et Montesquieu qui passent par l'apologue et laissent le lecteur libre de tirer les conclusions de leur texte, quitte à ce qu'il ne comprenne pas le message.
Les illustrations du Loup et le Chien.
1) Oudry et Chauveau.
Importance du décor dans ces deux images: un décor rural, bucolique, qui souligne aussi l'isolement des deux animaux (le chien est perdu et le loup chasse seul). En dehors des villes, ce qui efface en partie les rapports de force.
Egalité entre les deux animaux, quasi interchangeables: on a du mal à les identifier. Le loup et le chien ont la même nature: le chien est un loup domestiqué.
Illustration Oudry: le loup prend l'ascendant sur le chien, en retrait.
= liberté du loup, malgré sa maigreur.
= expression du loup plus "satisfaite": le chien au contraire semble un peu surpris que le loup s'émancipe et s'échappe ainsi.
= le loup semble vouloir guider le chien: renversement des rôles par rapport à la fable. Le loup marque une distance avec le chien qui se laisse distancer.
Illstration de Chauveau
Situation de dialogue: le chien est en train de parler / le loup l'écoute.
Le loup en hauteur, les oreilles en pointe, aux aguets. Garde son caractère plus sauvage alors que le chien est un animal domestique.
2) Granville et Doré.
Des personnages anthropomorphisés, personnifiés. L'intention des artistes (le fabuliste et l'illustrateur) est bien de critiquer des comportements humains.
Les deux images illustrent le moment où le loup découvre la marque du collier: moment de forte intensité dramatique et rebondissement. Le personnage du loup pointe son doigt vers le col du chien. Mouvement de recul du chien qui est démasqué et gêné.
Un contraste entre les deux personnages qui incarnent des statuts sociaux différents:
Le chien:
- Granville: la caricature du Bourgeois (chapeau haut de forme, un air supérieur = vanité, se porte bien, bien nourri) en pleine lumière.
- Doré: au premier plan: un officier au service du maintien de l'ordre (chapeau bicorne: un gandarme?) avec une meute de chiens dociles.
Le loup:
- Granville: un accoutrement de gueux: pas de chaussures (= + animal que le chien), canne (faiblesse), en guenilles. Pas éclairé. Il se baisse car son attention est attirée par un détail: un observateur qui montre son esprit critique.
- Doré: à l'arrière-plan: une tenur plus débraillé (= un braconnier? Un hors la loi? Un bandit?). Son geste est plus accusateur. Une figure du rebelle marginal qui s'oppose à l'ordre incarné par le chien.
La mise en scène de N. Briançon (extrait de la vidéo disponible sur internet à 1.06 minutes).
Les photographies de mise en scène Antigone.
- les costumes: doc 1: Antigone en costume de garçon, cheveux courts. Sa féminité disparaît derrière son combat. Une actrice frêle et maigre, ce qui est renforcé par la chaise, également fragile. Créon en revanche se caractérise par sa corpulence: il est habillé comme un banquier. On a l'impression qu'il a le pouvoir de l'argent et qu'il méprise Antigone, qu'il s'en moque.
doc 3: Créon et Antigone portent des costumes qui montrent leur appartenance à une classe sociale aristocratique. Antigone avec une longue robe noire, très sobre, Créon en smoking. Ces costumes peuvent faire référence à l'enterrement d'Etéocle qui vient de se passer en grandes pompes ou alors à une fête mondaine sur laquelle la mort planerait.
- les regards: doc 1: les personnages se fixent droit dans les yeux. Antigone défie Créon du regard.
Doc 2: Créon regarde Antigone avec un regard paternaliste. Ses lunettes lui donnent un côté protecteur. Cependant Antigone regarde derrière son épaule inquiète par cette menace: elle a le regard d'une bête traquée.
Doc 3: Créon regarde Antigone avec insistance. Il veut l'influencer. Son regard est assez agressif. Mais, Antigone paraît intouchable car elle a un regard fixe, comme si elle n'appartenait plus à ce monde.
- le positionnement des personnages: doc 1: les personnages sont très éloignés l'un de l'autre. Ils sont vraiment opposés. Antigone veut dominer Créon en étant juchée sur sa chaise mais sa tentative est dérisoire tant la chaise est fragile.
Doc 2: Antigone tourne le dos à Créon qui s'"approche d'elle pour la contrôler.
Doc 3: antigone et Créon sont proches, ils sont assis. Créon se penche vers Antigone comme une sorte de prédateur. Ses mains trahissent la tension nerveuse qu'il ressent. Antigone lui résiste. Celle-ci a les mains jointes dans une attitude calme, posée et en même temps très déterminée. Elle semble faire une prière, ce qui lui donne une allure mystique.
Interprétation des "Bijoux" par L. Ferré (1967).
- un style "jazz" avec une forte présence des instruments à vent (trompette, saxophone), qui donnent un côté très sensuel à la mélodie, quoiqu'avec une pointe de mélancolie. Un refrain ponctue chaque fin de strophe, rajoutant un effet harmonieux et musical à un poème déjà riche en effets sonores.
- voix lente du chanteur qui met en valeur le poème. Le rythme lent et équilibré du poème se retrouve dans cette interprétation. La voix du chanteur épouse les mouvements amoureux et langoureux de la femme.
- atmosphère intimiste: on a la sensation d'une ambiance confortable et rassurante. Or, le poème a des côtés menaçants et gênants. L'érotisme et la violence latente du rapport entre le poète et la femme sont complètement masqués. On n'a pas l'impression que ce poème a pu être censuré.
Romantisme noir en France au XIXème. la part d'ombre, d'excès et d'irrationnel
- aux origines :
1) le roman gothique anglais : goût pour les abbayes abandonnées, les vieux châteaux propres à créer une atmosphère d'horreur et de mystères fantastiques. Ex : Frankenstein de M. Shelley, les nouvelles de Poe que Baudelaire a traduites. son goût du mystère et du macabre
2) le fantastique allemand : les contes d'Hoffmann (l'homme au sable).
- le romantisme Français cultive un goût pour le fantastique (épisodes mystérieux au coeur d'une vie réelle)
Ouvrant les portes défendues, le lecteur descend aussi en lui-même, explorant le gouffre insondable de ses hantises et de ses désirs secrets. Plus que la nuit, c'est la menace permanente du néant, la tentation d'une liberté et d'un érotisme sans bornes, qui teintent ces récits d'une indélébile couleur noire.
A quoi sert la versification?
1) les types de vers et de strophes:
- les vers les plus courants: l'alexandrin: c'est le vers le plus long et le plus majestueux de la poésie française. C'est aussi le vers de la tragédie. 12 syllabes.
- le décasyllabe (10 syllabes) et l'octosyllabe (8 syllabes).
Un poète choisit un vers plus court s'il veut donner de la légèreté à son texte. En revanche, l'alexandrin s'ancre dans une tradition poétique noble.
Les poètes peuvent utiliser des vers de différentes longueurs : hétérométrie (voir La Fontaine): l'alexandrin signale toujours plus d'importance ou de gravité.
Pour obtenir le bon nombre de syllabes, il faut appliquer la règle des e qui doivent se prononcer quand ils sont suivis d'une consonne. Attention aussi aux diérèses: on allonge artificiellement un mot comme dans "sci (1) ence (2)" dans "les métamorphoses du vampire".
La règle des e ou les diérèses sont évidemment une manière de mettre le mot en valeur. il faut donc s'en servir pour commenter le texte.
Les strophes: c'est le quatrain le plus courant. C'est une strophe équilibrée. On a aussi le tercet (3 vers) ou le quintil (5 vers).
Rappel: un sonnet est composé de 2 quatrains et de 2 tercets. Les poètes exploitent souvent cette structure déséquilibrée en ayant une thématique dans les quatrains et une autre (parfois plus pessimiste) dans les tercets.
2) les effets rythmiques et sonores.
La poésie est souvent perçue comme une musique littéraire. Il faut remonter au mythe d'Orphée pour l'expliquer (la figure du poète musicien).
- le rythme: il faut être attentif aux déséquilibres, quand une phrase excède le vers (on est alors obligé de lire le vers suivant pour que le sens soit cohérent). Cela signifie que c'est un passage clé pour le poète. Par exemple, dans "les bijoux", quand le poète explique que les seins de la femme s'avancent plus câlins que les anges du mal, il fait un enjambement strophique pour qu'on comprenne la menace...
Le rythme peut être aussi binaire: quand le vers est coupé à la césure (moitié du vers) par une virgule, séparant ainsi le vers en deux hémistiches réguliers, cela est une marque de régularité et d'harmonie (quand par exemple, Baudelaire parle du corps de la femme "poli comme de l'huile,/ onduleux comme un cygne").
Les sonorités: d'abord, il y a les rimes (plates AABB, croisées ABAB ou embrassées (ABBA). Les rimes peuvent être pauvres (un seul son en commun), suffisantes (2 sons en communs) ou riches (3 sons ou plus en communs). Il peut y avoir aussi des rimes inclusives: moi/ émoi; moelle/elle.
Le plus intéressant, ce sont les effets d'échos sonores dans le poème: les allitérations (répétition de consonnes) ou assonances (répétition de voyelles) qui relient les mots entre eux et créent ainsi une ambiance sonore agréable ou désagréable: par exemple: "flanc", "gluants", "pus"etc...des "métamorphoses du vampire" inspirent le dégoût à cause de l'allitération en l ou l'assonance en u.
A partir du milieu du XIXème siècle avec le romantisme, on commence à remettre en cause ces règles fixées au XVIIème siècle. Hugo va "casser" l'alexandrin dans ses pièces de théâtre et Baudelaire va écrire en prose (en s'affranchissant du vers). Cela avant de voir naître la révolution surréaliste avec les vers libres.
Interprétation des métamorphoses du vampire par L. Ferré.
1) une atmosphère oppressante.
L. Ferré s'accompagne seul de son piano, sans chercher la douceur ni l'harmonie, ni un son mélodieux. Au contraire! il reproduit le malaise que peut créer le poème chez le lecteur par des notes heurtées et brutales. L'interprète n'hésite pas à accrocher les notes pour que la musique ne soit pas lisse ni agréable à l'"oreille, jusqu'à la caricature. On peut croire qu'il ne sait pas jouer mais c'est de la provocation. Il ne joue qu'avec deux doigts pour montrer une apparente improvisation. Il joue cependant très fort.
Ferré se met en scène pour créer une ambiance chaotique, où la folie est présente, ce qui renvoie à la folie de la femme diabolique. C'est une ambiance de cauchemar.
Ferré recherche la dissonance, un son désagréable à l'oreille. Recherche de la modernité en produisant des sons agressifs, dérangeants et violents comme le "cri" de l'enseigne dans le poème de Baudelaire.
2) la jouissance dans le mal
L. Ferré a toujours le sourire aux lèvres quand il joue. cela exprime une joie propre à la provocation.
Il ponctue chaque point d'exclamation par l'interjection "ouais!": un ton victorieux, solidaire de Baudelaire dans sa transgression de l'ordre moral. Contraste entre ce "ouais" familier et l'alexandrin noble de la tragédie, ultime provocation.
Les rapports entre Les métamorphoses du vampire de Baudelaire (1857) et la morte amoureuse de Gautier (1836).
1) les personnages féminins: Clarimonde et la femme "à la bouche de fraise" du poème.
- les femmes ont une beauté surnaturelle, la beauté du diable. Elles tentent les hommes en les détournant du droit chemin (rappel de la figure d'Eve). Des envoyés du mal, des vampires qui se nourrissent du corps des hommes. Des créatures fantastiques et fantasmées et empreintes d'érotisme: importance du corps et du désir des hommes dans les deux oeuvres.
- A travers la conquête amoureuse des hommes, c'est un combat contre Dieu qu'elles livrent. Dans le poème, la femme annonce la défaite des "anges impuissants" qui eux-mêmes tombent sous son charme. Dans la nouvelle de Gautier, Clarimonde apparaît justement le jour de l'ordination de Romuald pour l'arracher à la religion. Sérapion est l'adversaire de Clarimonde et Romuald est le terrain où s'affronte Dieu et le Diable.
- Cependant, Clarimonde semble plus douce que la femme du poème cruelle et sans pitié. Clarimonde ne se nourrit que d'une seule goutte de sang (tout en le regrettant): raconter la scène de l'aiguille. La femme du poème recherche la mort et l'humiliation de tous les hommes alors que Clarimonde est fidèle.
- Dans leur désignation, on remarque que la femme du poème n'a pas de prénom: elle reste abstraite, tandis que le prénom "Clarimonde" montre son ambiguïté; on peut y voir l'adjectif positif "clair" mais aussi l'adjectif péjoratif "immonde".
2) Les personnages masculins: Romuald et le poète.
- ils sont prisonniers entre le rêve et la réalité, ne sachant plus où se situe la frontière entre les deux (propre au registre fantastique), ce qui confine à la folie des personnages. La réalité ressemble à un autre cauchemar et ne procure pas d'apaisement aux deux personnages: Baudelaire est face à des débris de squelette et Romuald doit vivre sa vie de curé sans désir.
Cependant, le poète semble plus fort que le prêtre. Il réagit par la moquerie, il se venge en dévalorisant la femme (rime ridicule en "ette") alors que le prêtre aime encore Clarimonde. Même si les deux hommes sont fascinés par ces femmes et ressentent un fort sentiment amoureux, on voit que le poète utilise l'arme de l'écriture pour se désenvoûter.
- le rôle de la religion: dans le poème, victoire du Mal, la religion n'est présente qu'à travers les figures des anges qui sont plus faibles que la femme. Le poète est seul, sans secours de la religion: c'est son écriture qui lui sert de rempart contre la puissance maléfique de la femme, à la foi source d'inspiration et menace de mort. Dans la nouvelle, Sérapion, ange gardien de Romuald (Sérapion = Séraphin). Mort de Clarimonde, qui cependant est toujours présente dans le coeur du prêtre. Victoire de la religion dans la nouvelle de Gautier? Sérapion reste un personnage mystérieux et inquiétant (dernière scène): déterrer un mort est un sacrilège. On se demande si ce n'est pas Sérapion qui est diabolique, voulant le malheur de Romuald. Clarimonde en revanche s'avère protectrice, permettant à Romuald de découvrir les plaisirs de la vie.
Un objet symbolisant le poème "le léthé"?
- la boîte d'allumettes: on doit frotter une allumette contre la boîte pour l'allumer. Baudelaire a besoin d'un contact avec la femme aimer pour écrire. La femme est une muse inspiratrice. Le mouvement de l'allumette peut aussi rappeler le mouvement de la main du poète qui écrit.
L'allumette contre la boîte: un mouvement régulier ce qui peut rappeler la structure des vers, toujours la même. Il s'agit de décasyllabes répartis en quatrains et de rimes embrassées.
L'allumette produit du feu, métaphore conventionnelle de l'amour. Les mots de l'amour sont très présents dans le texte comme "mes baisers" v. 11répétés vers 16 "tes baisers". L'adjectif possessif "mes" et "tes" montre que l'amour est réciproque. On note encore "mon cœur" v. 1. Il s'agit d'un poème lyrique dans lequel le poète nous parle de ses sentiments amoureux.
L'allumette contre la boîte produit une odeur particulière qui vient du toucher. Les sens sont primordiaux dans le texte (synesthésie: mélange des sens): le vocabulaire de l'odorat avec "respirer"v. 7, "parfum" v. 5 ou "doux relent" v. 8 côtoie le vocabulaire du toucher "corps poli"v. 12, "jupons" v. 5, plonger mes doigts tremblants" v. 3.
Boîte d'allumette: un objet clos qui peut aussi rappeler un enfermement. Le poète est prisonnier d'un destin tragique "martyr", "destin", "prédestiné", "condamné" dont il ne souhaite pas sortir!! "destin" = "délice"!
- le tube de crème: emprise de la femme sur le poète comme la crème qui entre dans la peau. Le poète s'adresse à la femme aimée à la deuxième personne comme si elle était présente. L'univers féminin est très présent avec "jupons"v. 5, "ta bouche" v. 15, gorge" v. 23. Le vocabulaire du corps est empreint de sensualité érotique: reprise de la tradition du blason. On remarque aussi que la femme au début du poème est habillée "jupons" puis elle est nue" bouts charmants de cette gorge aiguë".
Le poète est aspiré par la bouche de la femme: son état est proche de la noyade avec "engloutir" ou "abîme de ta couche". Comme la crème qui pénètre dans la peau, le poète se fond dans la femme, au risque de perdre son âme.
Enfin, la crème peut apaiser: c'est le rôle de la femme consolatrice qui berce le poète comme un enfant "dans tes jupons remplis de ton parfum/ ensevelir ma tête endolorie" v. 5 et 6. Le népenthès est un baume apaisant également. On notera ici le côté maternel de la femme.
- la cigarette: suscite un désir, un manque, une dépendance, comme le poète a besoin de la femme pour oublier son spleen et aussi pour écrire. "Les doigts tremblants" v. 3 peuvent rappeler les doigts d'un grand fumeur qui tiennent une cigarette. Ici, on peut aussi parler de drogue: Baudelaire consommait de l'opium et le poème met en avant cette volonté d'oublier le réel: "je veux dormir! dormir plutôt que vivre!" v. 9.
La cigarette est également destructrice: elle est porteuse de mort mais sans que cela soit visible tout de suite, c'est insidieux. La mort dans le poème est aussi présentée de façon douce et euphémisée "dans un sommeil aussi doux que la mort" v. 10.
La bouche est la partie du corps la plus importante du poème "ta bouche" v. 15, "je sucerai" v. 21, "baisers".
Enfin, la cigarette a une odeur et répand des cendres qui peuvent faire penser à la mort. Dans le poème, les odeurs ne sont pas forcément agréables "doux relent" v. 8 et elles sont associées à la mort "amour défunt".
Les autres objets proposés: le chandelier, les fraises au chocolat, etc.
HAMLET. - Etre, ou ne pas être : telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune, ou à s'armer contre elle pour mettre frein à une marée de douleurs ? Mourir... dormir, c’est tout ;... Calmer enfin, dit-on, dans le sommeil les affreux battements du cœur ; quelle conclusion des maux héréditaires serait plus dévotement souhaitée ? Mourir... dormir, dormir ! Rêver peut-être! C’est là le hic. Car, échappés des liens charnels, si, dans ce sommeil du trépas, il nous vient des songes... halte-là ! Cette considération prolonge la calamité de la vie. Car, sinon, qui supporterait du sort les soufflets et les avanies, les torts de l'oppresseur, les outrages de l’orgueilleux, les affres de l'amour dédaigné, les remises de la justice, l'insolence des gens officiels, et les rebuffades que les méritants rencontrent auprès des indignes, alors qu’un simple petit coup de pointe viendrait à bout de tout cela ?
William Shakespeare,
Hamlet, Acte III, scène 1, extrait (1601), traduction d’André Gide, in Œuvres complètes, tome 2, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1
Pour une définition du Spleen:
Voici la définition que le musicien Hector Berlioz donnait de l'état de mélancolie qui le traversait souvent :
Je ne sais comment donner une idée de ce mal inexprimable. Une expérience de physique pourrait seule, je crois, en offrir la ressemblance. C’est celle-ci : quand on place sous une cloche de verre adaptée à une machine pneumatique une coupe remplie d’eau à côté d’une autre coupe contenant de l’acide sulfurique, au moment où la pompe aspirante fait le vide sous la cloche, on voit l’eau s’agiter, entrer en ébullition, s’évaporer. L’acide sulfurique absorbe cette vapeur d’eau au fur et à mesure qu’elle se dégage, et, par suite de la propriété qu’ont les molécules de vapeur d’emporter en s’exhalant une grande quantité de calorique, la portion d’eau qui reste au fond du vase ne tarde pas à se refroidir au point de produire un petit bloc de glace.
Eh bien ! il en est à peu près ainsi quand cette idée d’isolement et ce sentiment de l’absence viennent me saisir. Le vide se fait autour de ma poitrine palpitante, et il semble alors que mon cœur, sous l’aspiration d’une force irrésistible, s’évapore et tend à se dissoudre par expansion. Puis, la peau de tout mon corps devient douloureuse et brûlante ; je rougis de la tête aux pieds. Je suis tenté de crier, d’appeler à mon aide mes amis, les indifférents mêmes, pour me consoler, pour me garder, me défendre, m’empêcher d’être détruit, pour retenir ma vie qui s’en va aux quatre points cardinaux.
On n’a pas d’idées de mort pendant ces crises ; non, la pensée du suicide n’est pas même supportable ; on ne veut pas mourir, loin de là, on veut vivre, on le veut absolument, on voudrait même donner à sa vie mille fois plus d’énergie ; c’est une aptitude prodigieuse au bonheur, qui s’exaspère de rester sans application, et qui ne peut se satisfaire qu’au moyen de jouissances immenses, dévorantes, furieuses, en rapport avec l’incalculable surabondance de sensibilité dont on est pourvu.
Cet état n’est pas le spleen, mais il l’amène plus tard : c’est l’ébullition, l’évaporation du cœur, des sens, du cerveau, du fluide nerveux. Le spleen, c’est la congélation de tout cela, c’est le bloc de glace.
Hector Berlioz, Mémoires, 1870
Un poème de Laforgue appelé "Spleen"
Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau,
En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie,
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.
Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah ! sortons, je verrai peut-être du nouveau.
Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le bec de gaz et je rentre à pas lourds...
Je mange, et baille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul, je ne puis dormir et je m'ennuie encor.
7 novembre 1880
Interprétation du léthé par L. Ferré:
1) une musique lente et douce qui emporte l'auditeur dans une sorte de rêverie. Cela rappelle une berceuse, très loin de la figure ambivalente de la femme (donneuse de mort également!!) et du scandale que ce texte a suscité à l'époque (a été censuré). On observe donc un lien
- avec le côté maternel de la femme qui console
- avec la façon dont la mort est montrée dans ce texte: elle est euphémisée, et atténuée puisqu'elle ressemble à un sommeil: la mort est "douce"
2) les instruments sont caractéristiques du jazz: saxophone, piano, guitare. Une mélodie harmonieuse et sensuelle, qui rappelle un slow. On image des corps enlacés de danseurs alors que le poème parle justement de l'échec de la communion amoureuse (le poème dit de la femme qu'elle n'a "jamais emprisonné de coeur"). La cruauté de la femme disparaît.
3) la voix chevrotante du chanteur: la voix tremble artificiellement.
- en accentuant certaines rimes en u ou en i, qui sont assez désagréables à l'oreille.
- la voix tremblante peut symboliser le désir érotique ardent du poète pour le corps féminin ou alors une sorte de peur qui peut reprendre "les doigts tremblants" que l'on trouve dans le poème: une sorte d'angoisse ou d'appréhension face à "ce tigre adoré".
Interprétation Léo ferré: à celle qui est trop gaie.
1) les instruments:
très peu d'accompagnement instrumental, très simple: le piano qui joue tout le temps le même accord, créant un rythme entêtant mais assez gai à l'image de la femme; le saxophone, instrument symbole de la musique jazz, qui introduit une note de sensualité là encore à l'image de la femme dont le corps est mis en valeur. Enfin, la guitare intervient au cours du poème.
Aucune rupture mélodique avec la seconde partie du poème. Léo ferré conserve les mêmes instruments sans en ajouter non plus, ce qui fait que le poème est unifié. La seconde partie qui est pourtant violente et a fait scandale provoquant un procès. Léo Ferré choisit de privilégier le chant d'amour.
2) la voix de Léo Ferré.
Variation dans la voix: il met l'accent sur certains mots à la rime comme "santé", "clarté" ou "bariolée", soulignant aussi "folle dont je suis affolé", marquant ainsi une forme d'élan du désir, d'enthousiasme et d'admiration pour la beauté de la femme. cette interprétation ressemble ainsi à un hommage, une louange de la femme.
Dans la deuxième partie du poème, le chanteur chuchote quand il évoque le fantasme du poète. L'atmosphère de mystère liée à la nuit est ainsi rendue. Léo Ferré insiste sur des sonorités plus dissonantes comme "ironie" ou "atonie" de façon assez amer ou aigre, montrant une souffrance ou une humiliation. Le dernier mot "ma soeur! " est mis aussi en avant: on dirait un appel.
cette représentation m'a beaucoup surprise, mais dans le bon sens du terme !
I J'ai trouvé que cette pièce était un équilibre parfait entre modernité et respect de l'oeuvre.
En effet de nombreux objets ou habitudes de la cours a l'époque ont été modifiés afin de ne pas perdre ou désintéresser le lecteur " non-expérimenté" : Les lettres de Célimène est un SMS sur un portable, le valet un interphone, le sonnet d'Oronte un rap... Ce qui peut bousculer ou "gâcher" certains passages pourtant riche et intéressant ( Le sonnet d'Oronte est devenu incompréhensible...) mais peut amener plus de vivacité et d'exotisme sur scène (le téléphone apporte de nouvelles perspective de jeux et le rap "casse" la monotonie des alexandrin et surprend les spectateurs.) Cela respecte cependant la pièce originelle car le texte n'est pas modifié, et reste en alexandrins. On peut aussi remarquer que Molière utilise les alexandrins, vers de la tragédie, pour se moquer de la cours. Cette modernisation accentue le côté comique de cette pièce.
II Mais cette pièce est elle vraiment comique ?
Le Misanthrope est bien l'une des comédies les plus connues de molière. Pourtant elle critique la cour et l'aristocratie, et pas le peuple qui est habituellement le sujet des farces de l'époque. Et voila pourquoi cette pièce n'est pas que comique : C'est une critique de la cour, société. Molière nous montre une société Hypocrite, et malgré les apparence qu'elle veut montrer fade, hostile et basse. toute cette problématique peut se représenter par le personnage d'Alceste, qui dans cette pièce est exagéré voir caricaturé, mais a cependant un discours a plusieurs facettes : sa réaction fait rire, pas son discours : il est contemporain et juste. Il est le pont entre nous, spectateur, et les autres personnages : il nous rappelle a tous ce que nous avons pu subir a cause de l'hypocrisie, et donne un aspect beaucoup plus profond. Il est d'ailleurs joué par un acteur de couleur de peau noire, le seul de la pièce , ce qui renforce encore la différence et l’écart entre le "marginal" et la cour.
III Le décor et les costumes des personnages sont à la fois simples et complexes
Le décor divise la scène en deux , une partie illuminée, la ou se passe la scène , et une partie dans l'ombre, plus ou moins éclairée ce qui rend les paravent opaques ou non. C'est le derrière de la scène , la ou se font les manipulation et critiques , la ou Célimène et les marquis se moquent de tout ou la ou se retrouve Philinte et Eliante alors que la scène est centrée sur Célimène et Alceste... Cela peut aider le spectateur a comprendre l'intrigue et ce qui se passe derrière les différentes scènes. C'est un choix artistique dangereux , car mal fait il aurait pu distraire les spectateurs de la scène principale, mais réussi car les deux scènes se complètent a merveille. La pièce éclairée est bien agencée, laisse de la place aux acteurs mais fournit les objets nécessaire ( la chaise de Célimène, les verres...)
Les costumes sont plus simples,moderne et peu coloré , le seul élément qui attire nos yeux sont les différentes foulards de couleurs qui nous permettent de différencier les personnages. Ces costumes " d'enfant sages" sont cependant complété par le jeu des acteurs, qui sont eux haut en couleurs, et poussent dans la caricature : des marquis stéréotypés, un Alceste constamment sur le nerf et criant, une Célimène allumeuse qui saute littéralement sur Alceste.... Cela est parfois un peu usant mais leur jeu reste cependant de très bonne qualité.
Pour conclure: Bien que le metteur en scène ai plus accentué l'aspect comique que tragique, le jeu des acteurs étaient original et bien pensé, les instants ajoutés étaient en accord avec l'esprit de molière et le décor était de très bonne qualité , voila pourquoi j'ai aimé cette pièce.
Très bonne synthèse: merci Aurore!
Plusieurs précisions:
- au niveau des costumes: les écharpes de couleur identifient les personnages: Alceste est l'homme "aux rubans verts" dans la pièce car Alceste est joué par Molière lui-même à l'origine et son costume très chargé comportait des rubans verts pour faire rire le public.
- à souligner également le passage où Alceste semble marcher sur un fil, comme au bord d'un précipice qui le ferait basculer hors scène: cela peut représenter le jeu dangereux qu'il joue aussi qui menace de l'exclure de la société (il est en procès avec deux personnages dans la pièce et il perd ses procès avec panache!). cela annonce le "désert" final dans lequel il se retire sans Célimène.
- La sensualité, voire la sexualité dans certaines scènes qui rompt avec la règle des bienséances en vigueur au XVIIème siècle. Alceste montre ouvertement son désir pour Célimène.
- le dénouement de la pièce contraste assez avec le texte de Molière: en effet dans la pièce lue, Philinte court derrière Alceste pour le rattraper et le dissuader de son projet de fuir. C'est bien Alceste le personnage principal. En revanche, dans la mise en scène, la pièce se termine sur le couple Philinte/ Eliante, le "modèle" amoureux en opposition avec le couple Alceste/Célimène qui a échoué. Le metteur en scène nous donnerait ainsi une sorte de "leçon" nous montrant le véritable "amour" vision assez romantique et pacifiée.
Que dire sur les documents iconographiques (le frontispice des Epaves et la caricature de Durandeau?)
Le frontispice des Epaves par Félicien ROPS (n'hésitez pas à aller voir sur internet d'autres oeuvres de cette illustrateur mort à Corbeil Esonnes!!)
- définition: un frontispice est une gravure qui se trouve à la première page d'une oeuvre lors de sa première édition: cette image est donc représentative de l'oeuvre.
Les Epaves: titre donné par Baudelaire au recueil qui rassemble les pièces condamnées des Fleurs du Mal en 1857.
- Des références religieuses détournées:
A noter également le squelette de Pégase échoué tel une épave (titre): la fin de l'Idéal?
La caricature de Durandeau.
- une chambre pauvre et sale (du linge pend...) qui correspond à la situation financière de Baudelaire (sous tutelle).
- des éléments qui rappellent le Mal ou la Sorcellerie: les chats (grande source d'inspiration de Baudelaire: lire quelques poèmes des Fleurs du Mal à ce sujet), le balais, les squelettes, les gargouilles, les instruments de magie noire/ d'alchimie (des alambiques sur l'étagère), l'ombre du diable à la tête du lit.
- le lit renversé d'où sortent deux jambes anonymes: plusieurs hypothèses:
- on remarque enfin au sol une valise (rapport au voyage) et des livres pour montrer l'érudition du poète (beaucoup de références mythologiques par exemple qui montrent ses connaissances).
Il vous reste à exprimer votre point de vue personnel sur ces deux images...
Etude comparée des mises en scène de la scène d'exposition du Misanthrope.
1) le frontispice de 1666.
Décor: un intérieur riche: grand espace, cheminée, cariatides en guise d'ornementation. Espace étrangement vide cependant. C'est l'antichambre du salon de Célimène.
Deux personnages quasi jumeaux: ils sont accoutrés de la même manière: chapeau orné de plumes, perruque, rubans aux souliers. Philinte porte une épée. C'est l'habit des aristocrates à l'époque de Molière. Les personnages sont le reflet des spectateurs contemporains nobles, sans caricature ni excès. Notons que Alceste est surnommé "l'homme aux rubans verts" dans la pièce. Il ne manque donc pas non plus de coquetterie.
La position des personnages: Philinte est debout alors qu'il n'a pas un rôle de domination dans le dialogue. Son visage, ses mains et un de ses pieds sont tournés vers Alceste, ce qui montre qu'il tente de le comprendre. Son visage est doux, il semble conciliant.
L'attitude d'Alceste contraste avec celle de Philinte: il est assis (ce qu'indiquait une didascalie du texte), les mains sur les genoux. Il semble campé sur ses positions. Son visage est tourné vers Philinte dans une attitude de reproche et de provocation, voire de défi. Il semble attaquer Philinte.
2) mise en scène du TNS de Stéphane Braunshweig (disponible sur youtube).
un décor très épuré: deux chaises et un grand miroir dans lequel se reflète non seulement les personnages mais aussi les spectateurs. Ce miroir peut être la métaphore du théâtre, qui révèle le comportement des hommes sur scène et qui nous invite à nous regarder lucidement et sans concession. Cela peut aussi montrer la duplicité inhérente à l'hypocrisie: chaque personnage porte un masque, comme un comédien.
Costumes contemporains des personnages qui montre peut-être l'actualité des enjeux de la pièce. Le tee.shirt différencie les personnages: rouge pour Philinte, couleur chaude et bleu pour Alceste, couleur froide. Le choix des comédiens est aussi différent: Philinte est plus posé, avec un visage rond tandis qu'Alceste est très mince, avec un visage anguleux.
Alceste exprime une colère rentrée, une amertume et un cynisme qui vient d'une sorte de rancœur. Il a bien été trahi par son ami. Il ne crie pas, mais persifle.
Deux éléments le ridiculisent cependant: il déplace sa chaise pour ne pas se trouver à côté de Philinte, de façon puérile, comme s'il boudait. De plus, Alceste porte un bouquet de fleurs destiné à Célimène, ce qui contredit son rigorisme moral. Le misanthrope est un amant transi! Ces deux images antithétiques créent un écart comique, lié au comique de caractère.
3) mise en scène de Morgan Perez au théâtre de Ris Orangis.
Les décors: deux espaces partagés. Côté jardin: un paravent qui cache ou laisse voir selon l'orientation de la lumière les comédiens qui dansent leur rôle, côté cour: un appartement ouvert au public avec une chaise, une méridienne, un lit. Un couloir sépare les deux espaces.
Les costumes sont modernes: assez classiques pour les femmes, même s'ils soulignent leur féminité. A noter, pantalon pour Arsinoé. Pour les hommes, costumes réalistes. Une écharpe de couleur différente les individualise.
Jeux de danse et de lumière. Circulation des comédiens qui rappelle la société, les relations humaines. Alceste a un jeu véhément, il crie, il se jette au sol, il est colérique. Philinte est plus moqueur. Il s'assied à ses côtés. Tension grandissante entre les deux personnages. A noter qu'Alceste est noir: doit-on y voir une intention du metteur en scène?
Pieter Bruegel l’Ancien, Le Misanthrope, Naples, 1568.
- Pieter Bruegel l'Ancien (1525-1569) est considéré comme le peintre flamand le plus important du milieu du XVI ème siècle: siècle du mouvement humaniste. Peinture marquée par la fantaisie (à la manière de Jérome Bosch) puis volonté de représenter le peuple dans ses peintures. Il y a souvent une dimension morale dans ses oeuvres.
- le tableau:
1) une opposition entre le misanthrope et le voleur:
- différence de taille: le misanthrope occupant la majeure partie du tableau, très grand/ le voleur accroupi, dans une position proche de l'animal.
- visage couvert du misanthrope: on devine cependant la barbe blanche d'un vieillard mais le visage caricaturé (nez disproportionné, bouche crispée, expression fermée qui symbolise la haine des hommes comme l'indique l'étymologie du mot "misanthrope") / visage découvert du voleur souvent assimilé à un enfant. Un visage joyeux mais qui peut être inquiétant avec des yeux exorbités et une chevelure hirsute qui symbolise la folie.
- les couleurs: une grande tâche noire pour la misanthrope, signe du deuil du monde: le personnage se renferme dans sa solitude, en rupture avec le monde, insociable, humeur sombre. Figure très austère qui l'assimile ici à un religieux/ le voleur: une tâche de couleur claire: ses vêtements sont troués, il est pieds nus: c'est un gueux.
- les mains: mains jointes pour le misanthrope dans une posture de prière. Il semble absorbé dans ses pensées sans s'apercevoir du bon tour qu'on est en train de lui jouer / mains mobiles du voleur qui dérobe une bourse d'argent. On peut aussi voir dans cette bourse la forme d'un cœur, ce qui montrerait l'insensibilité du misanthrope.
- les mouvements des personnages: le misanthrope marche en aveugle: il ne voit ni le vol ni les clous sur son chemin, symbolisant les embûches qu'il aura sans doute à affronter s'il conserve cette attitude de fermeture au monde / le voleur est en revanche en alerte mais il est emprisonné dans une sorte de globe symbolique surmonté d'une croix. Il serait l'image du monde tel que le conçoit justement le misanthrope: un monde rempli de mensonges, de pièges et de mauvaises intentions. Voir l'inscription en bas du tableau (sans doute apocryphe: "Parce que le monde est si perfide / Pour cela je vais dans le deuil").
= les deux personnages sont renvoyés dos à dos: la folie du misanthrope c'est de croire que le monde est fou et qu'il vaut mieux le fuir. Par cette attitude, il est devient une figure ridicule dont on se moque.
2) le décor: une nature présentant des aspects contradictoires
- une scène champêtre: un moulin, un berger avec ses moutons (allusion chrétienne du Christ figure du berger menant ses brebis = les croyants?). Une scène paisible et bucolique: le berger n'intervient pas à la vue du vol, comme s'il pensait que ce châtiment était mérité.
- un arbre mort, creux: tout l'aspect négatif du misanthrope?
S'interroger sur les points communs et les différences entre cette représentation du misanthrope et le personnage qu'en fait Molière et peut-être dans une monde mesure Y. Reza avec le personnage de Marc.
Mise en scène de la scène d'exposition par P. Kerbrat.
A retenir:
1) Le personnage de Marc se présente dans la pénombre au début pour son monologue. Il apparaît froid, insensible, avec une diction mécanique. On pourrait presque penser qu'il est inquiétant. Il est dans l'ombre car il masque encore ses sentiments qu'il va dévoiler par la suite. Les traits de son visage sont difficilement perceptibles par le spectateur. Son rejet du tableau ne se manifeste que par une légère teinte d'ironie dans le mot "art".
2) le tableau va projeter la lumière sur la scène. C'est une sorte de nouveau soleil qui va éclairer les relations entre les personnages et montrer ce qui était caché.
Le décor est à l'image du tableau: tout blanc, une uniformité sur laquelle se détache les personnages vêtus de noir.
Le nom du peintre "Antrios" a une consonance grecque et rappelle ainsi les dieux de l'Antiquité qui présidaient au destin des humains. C'est comme si le tableau était un personnage spectateur qui allait influencer la vie des autres personnages.
3) importance du silence dans cette mise en scène: le moment sans mots montre les oppositions entre les personnages qui ne se regardent jamais:
Serge semble amoureux de son tableau: il sourit d'un air béat comme s'il montrait sa nouvelle conquête.
Marc en revanche prend ses lunettes pour examiner le tableau comme un expert. Il ne voit pas que Serge attend son assentiment, Serge est dépendant du jugement de son ami alors que Marc commence à être jaloux du tableau. Un malentendu de départ.
Mise en scène de P. Kerbrat (dénouement).
Mise en scène de Ris Orangis.
ACTE V. Scène 1. Alceste, Philinte
Alceste entre en scène par jardin. Porte une chemise noire. Marche à reculons, comme en équilibre sur un fil, alors qu’il annonce sa sortie du monde des hommes.
Derrière le paravent côté jardin → Oronte à plat ventre aux pieds de Célimène
Scène 2. Oronte, Célimène, Alceste
Alceste assis sur le lit, derrière paravent cloison. Oronte demande une réponse à Célimène. À nouveau à plat ventre devant elle. Puis Alceste arrive → Célimène doit choisir. Debout entre les deux, qui s’approchent au fil des répliques. Elle est enserrée, n’a plus le choix.
Scène 3. Éliante, Philinte, Célimène, Oronte, Alceste
Entrée d’Éliante → Célimène se jette dans ses bras → recherche de secours. Mais Éliante ne l’aide pas. Célimène doit se déclarer.
Scène 4. Acaste, Clitandre, Arsinoé, Philinte, Éliante, Oronte, Célimène, Alceste
Scène de révélation du caractère de Célimène. Acaste lit les lettres sur smartphone. Clitandre filme la scène. Sorties → Clitandre, Acaste, Oronte.
Arsinoé tente une dernière approche d’Alceste → elle se retire.
Célimène au sol, en larmes, pitoyable. Alceste s’approche d’elle → réaction de crainte d’Éliante et de Philinte.
Il est comme un fou, un mari abusif violent. Célimène en parfaite petite victime
Quand il veut l’emmener au désert → vraiment il a l’air d’un grand malade, alors qu’elle est pitoyable.
(notes sur la mise en scène prises par Mme Sigaud).
Ajoutons que le rideau tombe sur le couple Philinte/Eliante en train de s'embrasser.
mise en scène du TNS de Stéphane Braunshweig (disponible sur youtube): le dénouement.
- le décor a changé: les miroirs forment un angle concave dessinant un chemin qui dirige vers la sortie: il symbolise la destinée des personnages voués à se séparer.
Ces miroirs diffractent le reflet des personnages: leur image se reflètent plusieurs fois (reflet du coeur d'Alceste qui ne peut faire le deuil de son amour?) mais elle est également brisée, comme un masque qui se fissure (très visible pour l'image de Célimène).
- Tous les personnages sont réunis comme lors de la grande scène des portraits. Mais ici, inversion des rapports de force:
- Célimène/ Alceste; Eliante/ Philinte: des couples antithétiques:
- leurs costumes ont des couleurs différentes
- leurs regards ne se croisent pas souvent: Alceste se met toujours en scène à chacune de ces déclarations, voulant qu'on admire son sacrifice héroïque: il incite Eliante et Philinte à être des spectateurs de sa proposition et se tourne souvent vers le public.
- Alceste ne prend pas la main de Célimène quand elle lui propose le mariage et Célimène réagit par la peur et l'angoisse quand Alceste lui propose de le suivre dans son désert. Cependant, quand elle refuse, elle se lève et retrouve une force de caractère et une dignité.
- portent tout deux du rouge
- se rapprochent, en isolant progressivement Alceste. Philinte prend la main d'Eliante.
- cependant, le couple est séparé par l'intention de Philinte de ratrtaper Alceste. Moue dubitative d'Eliante qui doute de l'efficacité des efforts de Philinte pour ramener son ami à la raison.
Debut de la pièce Célimène et le Cardinal de J. Rampal (1992). Suite du Misanthrope: Alceste et Célimène se retrouvent après vingt ans de séparation. Beaucoup d'auteurs avant Rampal ont voulu imaginer une suite à la comédie de Molière, ce qui montre qu'elle a une fin ouverte, propre à susciter toutes les hypothèses...
La pièce de Rampal est en alexandrins, dans la continuité du Misanthrope. Extraits disponibles sur internet (dailymotion notamment).
1) Célimène.
- Elle ouvre la pièce par un monologue (alors qu'aucun monologue dans la pièce de Molière). On découvre (enfin!!) ses sentiments. Elle n'est plus entourée par une cour d'amants: on devine sa déchéance sociale. Elle est mariée à un riche bourgeois et a quatre enfants. Un milieu très différent de la cour!
- elle guette par la fenêtre l'arrivée d'Alceste. On la voit agitée, inquiète, angoissée et impatiente: elle se dit "perdue", "comme une enfant". On la voit troublée et encore séduite par Alceste, charmée par son "beau regard" et "sa pâleur extrême". Elle apparaît aux spectateurs comme une amante blessée, dont les désirs se rallument.
- elle est en prière au début, ce qui permet de présenter le contexte (scène d'exposition): mélange de sacré et de profane car elle tient la lettre d'Alceste nerveusement contre son coeur.
- on constate cependant qu'elle n'a rien perdu de son talent pour converser et son intelligence met Alceste en difficulté.
2) Alceste.
- entrée en scène dramatisée pour créer un effet d'attente chez le spectateur:
- il porte l'habit de cardinal:
Une allure hautaine, supérieure et arrogante de l'aristocrate. Elégance, grandeur et majesté du personnage conscient de sa supériorité sociale.
Le retrait dans la religion peut s'interpréter de deux manières:
- une barrière entre Alceste et Célimène: Alceste a trouvé son absolu dans l'amour de Dieu.
- une hypocrisie car on apprend que le "désert" d'Alceste se trouvait très près de Paris; son habit montre la richesse de son rang ce qui est contraire au voeu de pauvreté d'un religieux. Son attitude manque de modestie et son désir pour Célimène trahit son voeu de chasteté.
- un personnage comique:
Le spectateur est face à un dialogue de sourds, une incompréhension mutuelle sous tendue par un désir réciproque inavoué.
La comparaison entre le Misanthrope de Molière (1666) et "Art" de Y. Reza (1994).
Les points communs:
- les deux pièces se terminent par un mariage: celui d'Yvan et de Catherine et celui de Philinte et d'Eliante. Dans les deux cas, ce ne sont pas les personnages principaux qui se marient. Egalement, ces mariages sont entachés par des séparations: le mariage de Philinte se déclare sur les ruines de la relation entre Alceste et Célimène. Et Yvan associe son mariage avec la mort et le raconte sur un ton mélancolique en évoquant sa "propension" à pleurer depuis la période d'essai. On retient surtout la rupture entre les amis. Dans les deux cas, la comédie frôle la tragédie.
- les personnages de misanthrope dans les pièces: Alceste et Marc. Ces deux personnages exigent un amour exclusif. Marc ne supporte pas d'avoir été remplacé par l'Antrios, il est très ironique face à l'achat de son ami en utilisant l'antiphrase "art": il est radical dans ses propos. Alceste somme Célimène de choisir entre Oronte et lui (comme Marc va demander à Serge de choisir entre lui et son tableau ce qui va amener la scène du graffiti) et menace de rompre avec Philinte après avoir vu qu'il faisait des politesses à un inconnu. Les deux personnages peuvent être taxés de narcissisme ou d'égocentrisme.
- les deux pièces ont des fins ouvertes qui appellent un retour au début (structure circulaire): Marc répète exactement les mêmes mots que dans la scène d'exposition: "mon ami Serge...", de même Alceste qui s'enfuit dans son "désert" parlait dès le début de "rompre en visière à tout le genre humain". Cependant, Marc évolue là où Alceste reste le même: Marc découvre sa sensibilité face au tableau alors qu'il en parlait durement au départ. Il révèle sa part d'humanité en s'intégrant au tableau. Alceste prend au contraire la ferme décision de quitter le monde des humains.
Les différences:
- le langage: la pièce de Molière est en alexandrins, le vers de la tragédie, qui convient à des personnages nobles. Dans la pièce, les personnages appartiennent à l'aristocratie de l'époque de Molière: il y a une unité sociale qui rassemblent ces personnages appartenant à une même caste réglée par les mêmes codes.
Le langage utilisé est donc ambivalent: l'alexandrin pour Alceste mais ponctué de mots familiers comme "Morbleu", "têtebleu" ou "mettre aux cabinets": Alceste ne supporte pas l'hypocrisie de l'alexandrin. De même, Serge utilise des termes comme "modernissime" ou "déconstructionisme" qui insupportent Marc qui n'hésitent pas à utiliser des termes comme "merde". Les deux pièces sont très satiriques face à des milieux ciblés: la bourgeoisie intellectuelle dans "art" et l'aristocratie courtisane dans le misanthrope.
- dans le misanthrope, pas d'aparté ni de monologue: on ne sait pas ce que pense réellement Célimène par exemple, qui reste un personnage mystérieux. Les difficultés de communication se font ressentir par des non dits et des disputes. La vérité éclate avec l'affaire des lettres de Célimène trouvées par les marquis. Dans "art" au contraire, beaucoup d'aparté et de monologues qui permettent aux personnages de se confier au public, considéré comme un psychanalyste. On peut ainsi mesurer les différences entre les monologues et les dialogues, envahis par l'hypocrisie.
- les femmes dans "art" sont quasi absentes: Paula ou Catherine n'interviennent pas. Il n'y a pas d'intrigue amoureuse. Cependant, on peut considérer l'Antrios comme objet du désir de Serge qui admire son tableau, en le mettant sur un piédestal. Les femmes jouent au contraire un grand rôle dans le Misanthrope: elles sont toutes attirées par Alceste malgré son caractère (Eliante, Célimène et Arsinoé). L'intrigue est amoureuse, même si les personnages n'arrivent pas à se dire qu'ils s'aiment (Célimène et Alceste).
Document complémentaire: Lamentation sur le Christ mort de Mantegna (1480). Renaissance italienne.
- une perspective originale: on est aux pieds du Christ: forte proximité physique, le spectateur peut presque le toucher:
* mise en valeur des stigmates: mains, pieds percés, coup de lance au flanc. Cependant, pas de trace de sang. Un corps exsangue.
* mise en valeur du corps du Christ dans toute son humanité: réalisme du corps:
1) auréole présente mais peu visible
2) mains crispées sur le drap, témoin de la douleur passée
3) corps athlétique: impression d'un corps vivant, musculature visible, belle chevelure. Pas de marque de décomposition.
- des éléments du décor rappellent les rituels funéraires:
* le marbre de la morgue
* le linceul: les plis du drap donnent du mouvement à la toile et rappellent le dessin des muscles du corps.
* flacon à droite de la tête destiné à laver le corps.
Cependant, l'oreiller fait plutôt penser au sommeil: visage abandonné roule sur le côté, yeux mi-clos renforcent cette idée.
- 3 témoins occupent une petite partie en haut à gauche (Vierge Marie + apôtres). Ils s'opposent au Christ:
Visages convulsés de douleur: masque de tragédiens, presque caricaturé.
Chagrin symbolisé par le mouchoir
visage "endormi" et serein du Christ.
le drap qui couvre une partie du corps.
- les rapports avec la lecture analytique 1 Réparer: la belle mort.
Réalisme de la mort: la dalle de marbre.
Un corps blessé et agressé: les stigmates. Idée d'un combat mené.
réalisme de la mort: le bloc opératoire l. 13.
un corps abîmé: "les cathéters perçaient l'épiderme" l. 11. Idée d'un combat mené.
la chevelure auréolée
beauté du corps
la beauté de la chevelure qui "rayonne" l. 12
beauté du corps: détail du tatouage.
Dialogue sur le don d'organes.
Pers.A: En ce qui me concerne, le don d'organes est une bonne chose. Le corps est mort, il n'y a plus de vie qui le remplit. Il faut plutôt sauver quelqu'un grâce aux organes d'un autre, plutôt que de le laisser se dégrader dans une tombe.
Pers. B: Je ne suis absolument pas de cet avis. Tu dis que le corps est "mort", qu'il est "vide"...mais t'es-tu mis une seule seconde à la place des parents qui voient le corps de leur enfant encore chaud et vivant? Car oui, le coeur continue de battre, certes artificiellement, mais il continue de battre, je le répète! Tu touches la main de ton enfant et elle est chaude! Des infirmières continuent même de lui parler! Il est vivant!
De plus, je ne suis absolument pas de ton avis car pour ma part, le corps doit garder son intégrité pour la cérémonie de l'enterrement. Les proches doivent se recueillir sur une dépouille qui leur laissera un beau souvenir et non pas sur un misérable mannequin, une personne vide et creuse dont on aura pris tout l'intérieur.
Pers.A: Comment pouvez-vous penser que la personne allongée dans le cercueil est "vide"? les organes ne constituent que l'intérieur du corps, ce qui le maintenait en vie mais pas sa personnalité, son âme, ce qui faisait ce qu'il était! et donner ses organes participent de cette personnalité qui peut se caractériser par sa générosité, sa solidarité et son altruisme dans la tête des vivants. Certes, les proches accordent une grande importance à la dernière image physique du défunt, je comprends tout à fait cela, mais sache que les infirmiers sont formés pour redonner au corps la belle allure qu'il avait avant le prélèvement d'organes. Dans le roman de Maylis de Kerangal par exemple Réparer les Vivants, le personnage de Thomas Rémige accorde un soin méticuleux et presque maternel au corps de Simon: il fait penser à un psychopompe d'Homère, au dieu Hermès qui redonne sa beauté au héros épique. C'est le concept de "belle mort" qui est repris ici.
Pers. B: Mais enfin! mentalement, cela signifie que le corps de votre parent est dans celui d'un autre, d'un inconnu! Tout ce qui le composait ne lui appartient plus! En enlevant ses organes, c'est tout à fait comme si tout ce qui le maintenait en vie disparaissait, c'est horriblement dur pour les proches à supporter. Cela marque la fin définitive de sa vie, la fin de tout ce qu'il a construit. D'ailleurs, dans le même livre que vous citez, la mère de Simon, Marianne, s'oppose elle-même à ce que l'on prélève les yeux de son fils! On voit bien que tout ne va pas de soi et qu'il y a une forte valeur symbolique attachée à tout cela.
Pers.A: Tu dis que les organes seront dans le corps d'un inconnu. Certes. Mais, dans quelle mesure ne faisons-nous pas partie d'une même communauté humaine? Entre la famille de Claire Méjean, le personnage qui reçoit le coeur de Simon et la famille de Simon, il y a des liens. Les deux familles se reflètent l'une dans l'autre: il y a des fils, les parents sont divorcés ou seuls, les liens sont très forts de part et d'autre. Si la personne est morte, ses organes peuvent sauver une autre vie! Il faut du temps pour la famille pour prendre la décision, c'est ce qui est difficile. On leur demande de faire le deuil de leur enfant ou de leur proche très, trop rapidement ce qui peut être un traumatisme. C'est l'intérêt de déclarer que l'on est donneur ou pas: cela évite ce dilemme.
Pers. B: Tu ne penses donc pas que le corps a assez souffert et qu'il mérite de reposer en paix?
Pers. A: Ce sont les vivants qui souffrent ou qui sont en paix. Et cela concerne les malades en attente de greffe et leur entourage.
Comparaison La Peste/Réparer les vivants.
- la mort des enfants: le fils Othon et Simon Limbres: des figures tragiques par excellence car ce sont des victimes pathétiques. Leur mort est absurde: accident de voiture et peste. Cependant, ces deux personnages sont assimilés à des héros malgré leur passivité (Simon est mort et le fils Othon agonise). Ils rappellent Ulysse dans l'Odyssée car leur mort prend de l'importance pour les vivants.
- le lien très fort entre les personnages et les éléments naturels comme la mer par exemple: le bain de Tarrou et Rieux, le surf de Simon + le sous bois final. Les sensations prennent de l'importance dans les textes, symbole de vie et d'espoir.
- le rejet de la récupération religieuse: athéisme de Camus. Rieux est ici son porte-parole dans son opposition à Paneloux. Le fils Othon est un crucifié grotesque. On ne peut pas parler de sacrifice de cet enfant car il meurt pour rien. Dans Réparer, l'auteur exclut aussi les images chrétiennes, celle de l'âme qui monte au Ciel (texte belle mort) pour renouer plutôt avec les textes antiques (texte sur la belle mort).
- la famille est touchée et détruite: Rieux perd sa femme à la fin quand les parents de Simon perdent leur enfant dès le début du roman. Cependant, une autre unité se forme: la communauté des engagés.
- les points de vue sont différents: Tarrou et Grand occupent aussi la place de narrateur. Dans Réparer, on explore les points de vue de tous les personnages. Il n'y a pas vraiment de personnages secondaires.
- Dans la Peste, la mort touche une population entière. Sensation d'apocalypse, d'un fléau expression d'une vengeance divine développée dans le prêche de Paneloux. Image terrifiante des tramways transportant des morts sans sépulture. Importance de la communauté oranaise, du comportement des habitants face à la maladie. Dans Réparer, l'enjeu semble plus individuel: Simon est le seul mort. Roman plus intime, resséré dans la sphère privée.
- le narrateur est interne dans la Peste: on le découvre au milieu du roman, comme un coup de théâtre. Le combat et la révolte de Rieux en font au milieu du roman le narrateur. Une approche réaliste et scientifique. Le ton de la chronique implique une objectivité. Dans Réparer, nous n'avons pas de narrateur interne. Le narrateur est externe mais on le devine présent en tant qu'observateur.
- Il y a un personnage principal dans La Peste, c'est Bernard Rieux, le "héros", même s'il ne fait pas d'acte exceptionnel. Il se distingue par son empathie. Dans Réparer, on passe d'un personnage à un autre, comme un relais, image du coeur qui passe d'une personne à une autre: un roman choral. Cependant, dans les deux oeuvres, on a l'idée dominante de solidarité et de communauté humaine: Bernard Rieux seul ne peut rien faire. De même, Thomas Remige a besoin des parents pour pouvoir accomplir le don. L'engagement ne peut être solitaire.
- la perception de la mort est différente dans les deux oeuvres: dans La Peste, la mort est un non sens, elle est absurde: la mort de l'enfant Othon est un scandale. En revanche, les personnages de Réparer s'efforcent de donner un sens au scandale: certes, la mort de Simon confronte les parents au chaos, au non sens (texte sur le don) vertigineux mais la proposition du don d'organes permet que cette mort ne soit pas un point final. Elle permet de faire exister non seulement Claire Méjean mais aussi tous les personnages, y compris Simon, dans la mémoire collective (texte belle mort).
- une lecture politique de La Peste est possible. Le roman de Camus s'étale sur une période plus longue que pour Réparer condensé en 24 heures comme une tragédie classique. On peut donc lire La Peste comme une allégorie de la 2nde guerre mondiale avec des allusions à la dictature nazie:
* les événements qui se produisent pendant la peste: clôture de la ville, les restrictions alimentaires, la quarantaine, l'imposition aveugle d'un nouvel ordre social font penser aux zones occupées ou aux ghettos.
* les éléments du décor: les camps installés dans les stades, les fosses communes, les tramways font penser aux rafles et aux déportations vers les camps.
* la mort déshumanisée: la mort violente et massive, la crémation, l'absence de sépulture
* les souffrances et les sentiments des Oranais: la séparation, la panique, le désespoir, l'allégresse finale qui ressemble à la Libération. Rieux fait figure du Résistant contre la peste.
Réparer présente aussi une forme d'engagement humaniste (pour le don d'organes). Mais, on ne peut pas vraiment parler de lecture politique pour ce roman.
La belle mort (document complémentaire).
C'est une notion issue des oeuvres d'Homère, poète de l'Antiquité grecque, notamment de L'Iliade qui raconte la guerre mythique entre la Grèce et Troie au cours de laquelle s'affrontent les héros soutenus par les dieux, en particulier Achille et Hector (voir Troie avec B. Pitt).
Ce qu'il faut retenir, c'est que la mort est embellie et sublimée: elle n'est plus synonyme de décomposition ou d'horreur. On est loin de toue réalisme ici.
- le corps du héros épique mort au combat doit conserver sa jeunesse et sa beauté initiale pour que les vivants gardent un souvenir de lui glorieux. Les dieux interviennent pour conserver sa beauté: voir le vase sur le document et le rôle de Thomas Rémige dans le texte sur la belle mort. Sur le vase, on voit Thanatos, le dieu de la mort et Hypnos le dieu du sommeil, tous les deux ailés (= des psychopompes) qui portent le corps du héros. Le petit personnage au-dessus du corps du défunt représente son âme. Dans le texte d'Homère sur le document, c'est Aphrodite qui écarte les chiens de la dépouille d'Hector et qui évite la corruption du corps: le sang est lavé et les cicatrices refermées, exactement le geste de Thomas Rémige, dont le nom rappelle un oiseau également.
- le chant de l'aède (poète antique qui s'accompagne d'une lyre) a la même fonction que celle des dieux: il conserve la mémoire de la gloire du héros qui peut ainsi entrer dans une mémoire collective et être célébrée. A cet égard, Simon Limbres est comparé à Hector ou à Sarpedon (le fils de Zeus). Il a le même traitement.
Textes complémentaires: la mort de Gavroche dans les Misérables et la mort de Jacques dans L'Oeuvre.
- univers irréel alors qu'on est en pleine révolution, face à des soldats: Gavroche est un être féerique, c'est le "gamin-fée". Il semble invulnérable doté de pouvoirs surnaturels.
- beaucoup de verbes d'actions sous forme énumérative: la mort semble un jeu. Gavroche sautille comme un oiseau: sensation de légèreté qui contraste avec la tension dramatique environnante.
- un texte tragique: les insurgés assistent impuissants à la scène. Gavroche est seul contre tous. Lecteurs et spectateurs de la scène sont réunis dans la peur de la mort de Gavroche symbolisée par la chanson interrompue. Importance de l'effet pathétique: Gavroche est tué en plein vol.
- la mort à cet égard est une apothéose du personnage. Gavroche meurt en résistant (il ramasse les cartouches): Hugo parle de cette "petite grande âme" qui fait de Gavroche un héros et un mythe. Il marque par son courage: son arme est la facétie, l'innocence, la malice, la moquerie et la générosité. Gavroche est l'allégorie du peuple parisien. Il en a le langage. Il représente un élan de solidarité, le dévouement à l'idéal républicain.
= la mort de l'enfant peut être lue comme un étendant politique.
- bouleversement du père Claude qui au début du texte réagit fortement à la mort de son fils.
- cependant, progression du texte qui montre une métamorphose quasi diabolique de Claude: il a une émotion esthétique et non plus affective. L'enfant mort devient une source d'inspiration et non plus une source de chagrin. Claude ressent un sentiment de satisfaction, voire de jouissance face à l'oeuvre accomplie qui le "passionna".
- profanation du corps sacré de l'enfant transformé en nature morte: "il n'y eut plus qu'un modèle", c'est un objet déshumanisé. A la fin du texte, Claude utilise le démonstratif méprisant "ça" qui montre qu'il n'y a aucune valeur affective attachée à la peinture si ce n'est une occasion d'avoir du succès. Cela provoque le dégoût et l'inquiétude du lecteur.
- réaction désespérée de la mère qui relève le manque d'amour paternel. Le père semble tuer son fils une deuxième fois en le voyant non plus comme un fils mais comme un modèle.
Analyse de la fin du film Réparer les vivants: Katell Quillévéré.
- la musique est omniprésente: c'est le fil rouge qui relie les scènes entre elles et qui accompagne le voyage épique du coeur de Simon escorté par des policiers comme une personne importante (= héros). Cependant, moment de silence dans le bloc opératoire où règne un silence religieux:
* différence avec le livre: la scène de la toilette mortuaire est silencieuse. Thomas Rémige ne chante pas, ce qui enlève la grandeur de ce passage. Thomas Rémige n'a plus la fonction d'aède que le roman lui donnait.
* les scènes d'opération sont composées comme des tableaux: les personnages sont réunis autour du corps de Simon et semblent assez statiques. Leur positionnement peut rappeler la Cène, dernier repas du Christ avant son arrestation. Les apôtres sont rassemblés autour d'un repas au cours duquel Jésus fait la relation entre la nourriture qu'ils mangent et son corps qui va bientôt être sacrifié. La table est dans le film le table d'opération et le corps de Simon, celui d'où l'on prélève la vie. Il y a un don dans les deux cas.
- le film met en parallèle les deux familles (celle de Simon et celle de Claire).
* les fils: les deux fils de Claire = Simon
* les parents: les liens familiaux se resserrent. Les parents de Simon sont solidaires dans la douleur et la compagne de Claire rencontrent ses fils.
- le coeur semble être le personnage principal:
* tension dramatique: le spectateur ne sait pas si le coeur va battre. La dernière image prolonge cette effet d'attente car on ne sait pas si Claire est vivante ou morte. Finalement, Claire ouvre les yeux lentement, visage très éclairé comme pour célébrer le miracle de la vie, une forme de résurrection.
* lors du prélèvement, il est examiné, il est célébré pour ses qualités physiques, il est personnifié et le prélèvement ressemble à une sorte d'accouchement. L'échographie renforce ce parallèle avec le naissance d'un enfant.
Questions possibles en entretien:
M. De Kerangal aurait-elle été satisfaite de cette adaptation selon vous?
Pensez-vous que le film est tragique?
Bilan sur le roman: peut-on parler de "roman-poème"?
Rappel corpus:
- texte 1: "la belle mort": Réparer.
- texte 2: la fin ("Feu!"): Réparer
- texte 3: le don ("Bam"): Réparer
- texte 4: le crucifié grotesque La Peste.
1) des textes qui évoquent une réalité concrète loin de toute poésie!
* un vocabulaire familier avec des onomatopées comme "Bam" texte 3, des activités quotidiennes sans grandeur: la mère qui fume dans la cuisine (texte 1) ou alors des actions concrètes qui n'entrent a priori pas dans le champ littéraire: faire du surf ou "pogoter" texte 1. Simon est présenté comme un anti-héros assez ridicule quand il sautille les poings levés (texte 1).
* réalité concrète de l'assiette de frites et de l'entrecôte saignante. De même, langage oral que l'on devine dans le texte 2 avec l'appellation familière "petite Harfanguette".
* le vocabulaire technique chirurgical comme les "cathéters" (texte 1), les "écarteurs à crémaillère" (texte 2), l'odeur de l'enfant agonisant (texte 4).
2) cependant, une écriture qui rappelle l'écriture poétique fondée sur la musique et la répétition.
* des procédés d'amplification qui donnent une grande envergure aux textes:
- des phrases très longues (textes Réparer).
- des répétitions anaphoriques comme "le temps que" texte 2: un rythme qui mime le rythme cardiaque.
- un effet de boucle: le roman Réparer les vivants se termine à 5h49 en écho à la fin du premier chapitre "5.50".
- des hyperboles surprenantes: le fils Othon frêle et nu se métamorphose en navire luttant contre les éléments déchaînés "la fureur de la peste", la peste est aussi assimilée à un animal sauvage qui lui mord l'estomac. La proposition de don est comparé à l'atterrissage d'un Rafale (texte 3). Agrandissement épique: la réalité prend une ampleur stupéfiante: les personnages sont assimilés à des héros exceptionnels ce qui rappelle les épopées homériques, notamment l'Odyssée (importance de l'univers maritime dans les deux oeuvres).
= ces oeuvres ont ainsi une portée universelle, elles décrivent la condition humaine, faite de faiblesse, de fragilité, de mortalité mais aussi d'efforts, de courage et de lutte.
* l'importance de la musique: la poésie s'appuie sur la dimension musicale du langage (voir le mythe d'Orphée).
- le chant de Thomas Rémige traverse les 3 textes de Réparer. Ce personnage est central: à la fois oiseau (voir son nom), il est aussi un dieu des morts et un aède (un poète chanteur) qui accompagne le personnage vers l'espace "post-mortem" (texte 1) au-delà de la mort, vers la mémoire collective. Absence du chant dans le texte 4 de Camus, ce qui rend sans soute ce texte plus violent et torturé.
- un travail sur les allitérations et les assonances dans ces textes ainsi que sur les rythmes: répétition : "inspire et expire" l. 5 comme un souffle de vie. (texte 1), la phrase l. 19 "la frêle carcasse pliait sous le vent furieux de la peste et craquait sous les souffles répétés de la fièvre" : parallélisme de construction + allitérations traduisent la tempête (texte 4)...
* des images saisissantes de poésie:
- l'image du sous-bois final de Réparer directement inspirée du "Dormeur du val" de Rimbaud, avec des associations étranges: les mousses bleuissent...
- des oxymores très forts du "crucifié grotesque" (texte 4) ou de la "belle mort" (texte 1), la juxtaposition d'images très contrastées: le Rafale, le calligraphe japonais et l'amorti du tennisman (texte 3).
= une place accordée au rêve au coeur de la plus tragique des réalités.