Copies de commentaire.

Commentaire. « Le rat qui s’est retiré du monde » La Fontaine.

Texte dans le corpus: http://ekladata.com/sxSQ9U1BvQ5x6SQZ_8nWCwmgZDs/CORP_hypocrisie.pdf

Jean de La Fontaine est devenu célèbre au XVIIème siècle grâce à ses fables. Il a eu l’intelligence de camoufler les critiques qu’il voulait faire en écrivant des histoires distrayantes que les adultes comme les enfants pouvaient comprendre à différents niveaux. En effet, Jean de La Fontaine avait le sens de l’observation et un œil critique sur la société dans laquelle il vivait que ce soit les défauts des personnes ou le pouvoir du roi. « Le rat qui s’est retiré du monde » vient du recueil intitulé Fables, achevé en 1678. Ce poème s’inscrit parmi les autres et a comme eux une visée argumentative. Mais alors, en quoi cette fable est-elle une critique notamment de la religion catholique ?

Tout d’abord, cette fable est faite de façon distrayante mais aussi de façon à persuader et convaincre le lecteur. Donc, la fable n’est pas juste une histoire mais elle révèle un problème de société contemporain au poète.

Tout d’abord, le poète raconte une histoire. Cette histoire, selon ce qu’il écrit, ne viendrait pas de lui, mais d’une légende qu’il aurait entendue par un autre peuple, « Les Levantins » vers 1. Cette légende parle d’un rat qui en a assez du monde et part seul au loin. Le texte présente un schéma narratif simple : dans la situation initiale, le rat part loin, en ermite, lorsqu’on vient lui demander de l’argent (c’est l’élément perturbateur). Il refuse alors que le peuple souffre. A la fin, il se retrouve à nouveau coupé du monde. Dans le poème, on remarque des repères spatio-temporels tels que « en peu de jours » vers 9 ou « un jour » vers 13. Ces repères aident le lecteur dans la progression de l’histoire mais ils restent très imprécis, ce qui renvoie à l’idée d’une fiction.

Ensuite, cette fable s’adresse à un grand public, notamment aux enfants. En effet, on rencontre des animaux personnifiés comme le rat, son peuple ou leur adversaire « le peuple chat » vers 18. De plus, le lexique de l’imaginaire peut faire rêver les enfants ou du moins les amuser. Le complément circonstanciel de lieu « fromage de Hollande » vers 3 fait rire car on imagine que le rat va habiter dans un morceau de fromage. Les termes « gros et gras » vers 11, « tracas » vers 4, « pieds et dents » vers 8 appartiennent à un lexique simple. Enfin, la ville des rats « Ratapolis » vers 18 ajoute une touche de fantaisie et complète bien l’histoire. Ainsi, les enfants peuvent s’imaginer un décor en écoutant cette fable.

Mais, il y a aussi la morale à la fin caractéristique d’une fable. Ici, la morale constitue une strophe de quatre vers. Cette morale comporte trois questions qui remettent en cause l’histoire et plus particulièrement l’action commise par le rat. La morale semblerait explicite : le rat représente « un dervis » vers 34 comme l’explique La Fontaine et c’est pour cela qu’il n’est pas charitable. Est-ce cependant le vrai sens de la fin du texte ?

Deuxièmement, on comprend vite que le poète n’est pas neutre dans son poème et qu’il utilise des stratégies pour que son lecteur trouve tout seul le véritable sens du poème.

Tout d’abord, le poème met en scène un conflit entre les opposants, le peuple chat et les rats comme le montre le mot « contre » vers 17. Pour orienter la lecture, le poète emploie le pronom « notre » vers 7. Donc, le lecteur est invité à se retrouver dans le camp des souris. Et comme le lecteur se retrouve du côté du rat, il écoute mieux ses paroles lors du dialogue vers 24 à 29.

Cependant, le poète utilise une question rhétorique vers 10 : « que faut-il davantage ? » qui invite le lecteur à réfléchir. En plus, les termes « pauvre reclus » vers 26 et « il devint gros et gras » vers 11 sont en antithèse. Le lecteur se dit alors que le rat dévot est hypocrite. Ce n’est pas un bon religieux puisqu’il ment ; il se fait passer pour pauvre alors qu’il vit aisément. Cela le discrédite et désacralise son statut de « nouveau saint » vers 31.

Enfin, le poète utilise le ton ironique quand il dit que le rat est « dévot » vers 13 ou « le nouveau saint » vers 31. En effet, on peut relever ici l’antiphrase car le rat ne pense qu’à fuir la société dans laquelle il se trouvait : « las des soins d’ici-bas » vers 2 et « se retira loin du tracas » vers 4. De plus, le dernier vers est totalement ironique. Le verbe « suppose » qui a pour pronom « je » montre que La Fontaine n’est pas du tout sûr de ce qu’il dit. En réalité, il pense le contraire et se moquerait même des gens qui adhéreraient à sa proposition « Non, mais un dervis » vers 34. Cela remet toute l’histoire en cause, cela casse l’image du bon moine. En effet, le poète feint d’adhérer à ses propos dans la morale or, il n’en est rien.

Pour finir, la fable a un double niveau de lecture.

Tout d’abord, le rat représente certains moines. Le poète les critique en disant que ceux-là se cachent derrière la religion et ne sont pas un exemple de générosité. En effet, ils se cachent dans des recoins « au fond de l’ermitage » vers 9 et ne se soucient guère des « tracas » de l’extérieur. De plus, ils sont hypocrites et ne veulent pas donner alors que l’un des principes de la religion est la charité et la pauvreté pour soi-même. Ici, La Fontaine vise certains membres du clergé et les attaque implicitement. Il critique les abus, l’enrichissement égoïste.

De plus, La Fontaine critique les préjugés des catholiques qui pensent qu’un moine musulman est un mauvais moine. La question finale dans la morale dévoile que le poète feint de prendre un ton méprisant pour imiter celui de ses contemporains.

En conclusion, la fable est une forme d’apologue. D’apparence distrayante elle a un double niveau de lecture. Elle n’est donc pas faite que pour les enfants mais aussi pour les adultes. Mais d’autres formes plus proches de la réalité comme l’essai par exemple peuvent aussi atteindre l’opinion du lecteur.

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Texte: http://www.toutmoliere.net/acte-3,405402.html#scene_v

Rédaction de la première partie du commentaire.

Ce qui frappe tout d’abord à la lecture de ce texte, c’est la grande colère qu’exprime Arnolphe. Il est trahi par celle qu’il a élevée « selon sa politique » : la prédiction de Chrysalde commence à se réaliser… En effet, on constate qu’il entre dans une vraie fureur. Il a dû retenir ses sentiments devant Horace. Une fois seul, il éclate de colère. On peut relever par exemple la répétition du verbe « enrager » vers 12, 13 et 24 : « Ah ! je crève, j’enrage ». La ponctuation expressive montre bien aussi le bouleversement du personnage. Le parallélisme de construction vers 12 et 13 : « J’enrage de trouver cette place usurpée,/ Et j’enrage de voir ma prudence trompée » insiste sur ce déchaînement de fureur chez Arnolphe. Cette violence verbale ressemble à un défoulement. Mais, elle peut aussi suggérer l’impuissance du personnage : il subit l’action alors qu’il voulait tout contrôler.

De plus, Arnolphe est fou de colère parce que Agnès l’a trahi. Le champ lexical de la trahison parcourt le texte avec « elle a feint », « la traîtresse » vers 4, « le traître » vers 7, « prudence trompée » vers 13, « elle trahit » vers 21, « ce lâche tour » vers 22 et « un trait si noir » vers 27 qui connote la fourberie. Agnès, qu’il croyait sotte, va utiliser toutes les astuces possibles pour faire triompher son amour. Arnolphe voit tous ses projets s’écrouler : on comprend alors son amertume, son sentiment d’injustice. Il va même jusqu’à maudire Agnès, la croyant jouet du diable : pour lui, Agnès est coupable.

Cependant, il va également s’en prendre à lui-même : sa colère se tourne contre lui. Il utilise un adjectif à connotation péjorative « sot » vers 24. L’hyperbole « je me souffletterai mille fois le visage » vers 25 montre l’excès du personnage. Arnolphe s’en veut de se laisser aller à ses émotions. Il veut rester maître de la situation pour ne plus de laisser aveugler par ses sentiments.

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La Controverse de Valladolid est un roman de JC Claude Carrière publié en 1992. Ce récit raconte la confrontation entre le dominicain Las Casas et le professeur de philosophie Sepulveda en 1550. Ces deux orateurs s’opposent sur une question cruciale, qui agite la société à cette époque : les Indiens ont-ils une âme ? Dans le passage proposé, le cardinal Ronciéri, légat du pape, juge et arbitre de la controverse, vient de se livrer à une expérience jugée cruelle par Las Casas : il a demandé à l’un des colons d’enlever l’enfant de l’indienne présente dans le monastère et de menacer de le tuer, le but étant de déterminer si les Indiens ont les mêmes réactions que les Occidentaux. Las Casas et Sepulveda s’opposent sur les conclusions à tirer de cette expérience. Comment les deux orateurs vont-ils s’affronter, en utilisant quelles armes de l’éloquence?

Nous tenterons de répondre à cette question en étudiant d’abord les conclusions de Sepulveda pour ensuite analyser la réfutation de Las Casas.

Les conclusions du professeur tendent à montrer que les Indiens sont des êtres primitifs, sauvages, sans cœur. Tout d’abord, il va rapprocher leur comportement de celui des animaux. On peut relever en effet le champ lexical des animaux attribué aux Indiens : « animaux », « petits » l 2, « femelles » l. 3, « mâles » l. 7. Cette assimilation dénigre les Indiens car elle a une connotation très péjorative. Ils sont deshumanisés, animalisés par l’image méprisante employée par le philosophe.

Ensuite, Sepulveda tire des conclusions sur le plan moral. Pour lui, les Indiens sont dépourvus de sens moral : ce sont des égoïstes, des individualistes. On remarque en effet la succession des négations « n’ont pas montré grande bravoure » l. 7-8, « n’a pas fait le moindre geste » l. 8-9, « n’a cherché qu’à s’enfuir d’ici » l. 9 et la répétition de l’adjectif négatif « aucun » : « aucune fraternité » l. 16, « aucun lien social », « aucune de ces attitudes solidaires » l. 17. Ces négations suggèrent que les Indiens sont inférieurs aux Espagnols : non seulement, ils sont ignorants de ce qui fait le principe de base de toute civilisation, mais en plus ils sont lâches. Pour lui, les Indiens vivent selon la loi du plus fort, comme à l’état de nature. Cela peut s’observer par l’antithèse entre l’expression méliorative désignant implicitement le monde occidental « la force des vraies sociétés » l. 18 et la comparaison dévalorisante « comme dans une forêt jamais pénétrée » l. 19-20. Cette mise en parallèle montre l’éthnocentrisme du philosophe convaincu de la barbarie du peuple amérindien. Ses paroles sont des paroles d’intolérance, de racisme, de rejet de l’autre dans sa différence.

Enfin, le discours de Sepulveda est bien articulé : il utilise la logique pour faire triompher ses arguments. On remarque en effet qu’il ne prononce que des affirmations pour imposer son discours à l’auditoire : son ton péremptoire peut impressionner le public. Sa démonstration semble être sans faille. De plus, il a recours à une vérité générale « C’est une autre loi de la nature » l. 3, un argument d’autorité pour donner plus de poids à ses paroles. Le discours frappe par sa rigueur et se démarque du côté impulsif de Las Casas. Sepulveda cherche donc à convaincre l’auditoire.

Dans une deuxième partie, nous analyserons la contre-attaque de Las Casas. Dans son discours, l’émotion est perceptible : c’est l’indignation qui le fait parler. On remarque en effet, l’utilisation très importante de la ponctuation expressive comme par exemple à la ligne 13 : « Ce n’est pas son enfant ! s’écrie Las Casas ». Cette intervention spontanée montre qu’il est scandalisé par les propos de son adversaire. On sent qu’il est très impliqué dans ce qu’il dit : c’est comme si on ne pouvait plus l’empêcher de parler. A la fin du texte, en effet, il monopolise la parole : il déverse toute sa colère et son indignation sur Sepulveda. On voit donc ici le caractère véhément et passionné de l’orateur qui parle avec son coeur. Las Casas cherche à persuader son auditoire, à susciter sa révolte mais aussi sa compassion.

Mais, Las Casas ne s’arrête pas là : il attaque frontalement Sepulveda. Le pronom personnel « vous » dans « avancez-vous » l. 21, « vous risquez-vous » l. 28 implique le destinataire directement dans le discours. Les impératifs comme « sortez » l. 21 suggèrent que Las Casas se permet de donner des ordres à son adversaire, qu’il le domine d’une certaine manière. Ainsi, l’appellation « monsieur le professeur » l. 29 est-elle assez ironique. Cette fonction connote habituellement le savoir, la connaissance et l’expérience. Or, ici, Sepulveda est accusé d’ignorance et d’aveuglement. Les multiples interrogations rhétoriques comme « Avez-vous une idée de la peine de vivre ? » l. 30 remettent en cause les certitudes du « professeur ». Il s’agit ici d’une attaque ad hominem, proche de l’insulte. Las Casas accuse Sepulveda d’être enfermé, d’être hors des réalités du monde, d’être coupé du monde. En même temps, Las Casas s’est laissé aller à ses émotions : il montre son point faible. Sepulveda, resté très calme, pourra facilement le contrer.

Enfin, Las Casas fait le blâme de la société occidentale. Il va renverser les valeurs en montrant que le modèle occidental est une illusion. On observe en effet une antithèse entre « le royaume le plus riche du monde » l. 26-27 renforcé par le superlatif de supériorité qui désigne l’Espagne et l’énumération des nécessiteux : « mendiants, indigents, estropiés » l. 25. L’Espagne est loin d’être un modèle puisque le fonctionnement du pays repose sur l’inégalité, l’écrasement des plus pauvres dont personne ne se soucie. Las Casas reprend ainsi les paroles de son adversaire en les mettant à distance avec les guillemets : « attitudes solidaires » l. 28. Il critique l’individualisme de l’Espagne. Pour terminer, on relève une antithèse entre « le royaume le plus riche du monde » et la métaphore filée de la forêt « la forêt sauvage » l. 31 « portes de chêne » l. 33. Le monde le plus « civilisé » est en fait une jungle dans laquelle il est difficile de survivre.

En conclusion, on pourra retenir de ce texte la relativité de la notion de civilisation. Las Casas donne une leçon d’humanité aux Espagnols, qui se permettent de juger alors que leur propre société est malade. On pourrait rapprocher ce texte des « cannibales » de Montaigne. Dans cet essai, Montaigne donne une leçon aux Français par l’intermédiaire des Brésiliens, qui loin de s’extasier face à la civilisation occidentale, critiquent l’inégalité entre les riches et les pauvres.

Publié le 23 avril 2015 par Muriel Tostivint (lycée Marie Laurencin, Mennecy (91))